"Madame" a tout d'une grande dame

p3310282.jpg"Introduction à l'art de l'auto-stop : Pour arrêter les voitures, lever un doigt ! "Parce que c'est bien plus chouette de pédaler ensemble quelle que soit la direction" "L'amour, c'est comme les animaux, Monsieur, ça ne se dresse pas ça s'apprivoise"..."Les souvenirs, c'est comma la vieille moutarde si ça ne pique plus c'est que c'est périmé"...

C'est rue St Denis que j'ai croisé la première fois Madame il y a quelques mois sans savoir que je la reverrai, le minou qui est devenu, semble t-il, sa mascotte, m'ayant à l'époque un peu tapé dans l'oeil.

Depuis, j'ai trouvé d'autres citations et mes propres murs ont même fini par adopter ces conseils avisés. Des conseils, en tout genre donc, à suivre peut être pas, mais qui vous distingueront du commun des mortels et vous fera briller dans les dîners et autres petites sauteries (oops...). Madame est une sacrée bonne femme. Le verbe haut et piquant, le ciseau habile et le pinceau de colle qui ne l'est pas moins ; dans un cadavre exquis aussi littéraire que visuel, pratiqué en solitaire, Mademoiselle (pardon, Madame) s'essaye dans un succès qui ne fait que grandir, à distiller dans les rues de Paris des messages tel un corbeau à l'humour tant burlesque que potache et à mettre en scène tout un petit théâtre tiré tout droit des pages de vieux magazines dont les détails imbriqués dans un joyeux bric à brac bien pensé font surgir un monde imaginé par un esprit déluré. Ou comment faire du kitsch de bon goût et de bon ton....

Madame nous interpelle par ses billets doux mais aussi à coup de semonce de tête de chat et autres maquereaux bien frais (enfin, ça reste à vérifier), accompagnés parfois de donselles presque en chaleur malgré la froideur des murs contre lesquelles elles sont plaquées.

L'animalerie accompagne souvent les protagonistes, ainsi le chat (celui là même qui a déjà noircit quelquesp3310285.jpg lignes de ce blog, ce félin des rues parisiennes, jungle de notre environnement urbain actuel) côtoie la poiscaille ici, un cheval de bois par là, ou bien encore un poulet roti qui trône sur le devant de la scène. Les artifices en tout genre sont autorisés, au gré de l'humeur de la fauteuse de trouble, pourvu qu'ils fassent plus sourire que réfléchir : perceuse, couronne tout est bon à prendre.... le maquillage est tout aussi fantaisiste : lunettes, étoiles (dans les mirettes ou ailleurs) et bien souvent pour tout le monde une ostensible moustache fine et élégante sur les protagonistes de l'affaire, cette même moustache qui signe invariablement et tout aussi ostensblement le délit, dans un rouge vermillon qui ne pourra qu'attirer l'oeil du promeneur.

img-0006.jpgLes mots doux sont chez Madame trempés dans une verve acidulée (pour ne pas dire acide) qui fait tout le charme de la chose. Grivois ? peut être, léger, sûrement, absurde et hétéroclite assurément, à l'image de la technique utilisée qui marie un peu tout et n'importe quoi dans une alchimie unique, propre à la sensibilité de l'artiste. Ainsi surgissent sur les murs de notre quotidien des effigies des années 30, 40 ou 50 échappées des grandes heures de Jours de France, Marie Claire, ou Match, Madame Figaro ou encore ELLE. Madame libère ainsi complètement non seulement les femmes de ces magazine figées dans leur époque mais aussi celles à qui ces bonnes pages étaient dédiées. Et même si la démarche de la paire de moustaches rouge n'est pas exactement celle là, c'est aussi comme cela que je l’interprète.

En tout cas cette désinvolture vive et alerte me plait bien et il semblerait que je ne sois pas la seule à apprécier ces scènettes légères, témoignage d'une poésie hirsute et joyeuse. Détournement de la banalité des mots de la presse pour en faire de bons (que dis-je d'excellents) mots fabriqués de bouts de papiers oubliés, à l'heure du tout numérique, la matière reprend tout à coup de la valeur.....

L'objectif de Madame ? Faire un grand pied de nez général, une langue tirée en permanence à tous les emmedeurs...mais pas n'importe comment, avec l'élégance subtile et le langage indirect qu'offre la créativité artistique...le vecteur privilégié pour faire passer tous les messages même les plus subversifs. Ah oui, mieux que mes mots, voyez donc les photos sur le site perso de la rigolote.

Ajouter un commentaire
Code incorrect ! Essayez à nouveau