Humeurs

Sans aller jusqu'à dire que cette catégorie est un défouloir, elle pourrait néanmoins ressembler à un espace d'expression libre pour son auteur qui y laisse son point de vue personnel sur des thématiques diverses et variées, se rapprochant parfois de suje

Humeurs : "Vous avez des bleues ?"

IMG_0632.jpgJ'avais évoqué il y a plus d'un an à présent le cas des musiciens du métropolitain qui n'avaient pas laissé mes doigts engourdis d'ennui devant mon clavier ...Le sujet me paraissait inspirant, au regard des innombrables expériences en la matière subies par nos oreilles durant le récurrent supplice d'un concert (?) improvisé comme imposé au cours d'un simple voyage dans le Paris intra muros souterrain.

Ce soir il en sera presque de même (enfin je l’espère) avec ce billet d'humeur consacré à ce qui fait le charme de la capitale mais aussi à ses petites turpitudes finalement bien légères. Vous serez immanquablement intéressé par l'article du jour si, comme moi vous êtes un(e) célibataire parisien, ou que vous sortez fréquemment en couple (légitime ou pas, l'amour n'est pas regardant sur la disponibilité des annulaires). Lorsque vous prenez un verre ou dînez en compagnie d'une personne du sexe opposé, vous avez inévitablement droit (en fonction tout de même du lieu que vous avez choisi pour votre soirée), à l'inévitable passage d'un vendeur de rose (enfin ce qui peut y ressembler) qui accostera (ou du moins tentera), votre table, dans l'espoir de vous vendre un exemplaire de la soit disant « reine des fleurs » de l'amour qui semble toutefois se flétrir déjà dans son enveloppe de plastique. En cette saison estivale, propice aux rencontres et aux amours (d'un jour ou pour toujours ?) je souhaitais évoquer et creuser à travers quelques lignes ce sujet qui fleurit aussi bien sur les blogs parisiens comme sur les pages de vidéos du net ou encore celles des journaux nationaux : celui des vendeurs de roses à la sauvette. Le sujet serait il sérieux, voire sensible ? 

Lecteur, vous avez forcément votre petite expérience personnelle avec ces vendeurs qui suscitent diverses réactions lorsqu'ilsIMG_0632.jpg passent, une brassée de roses rouges et blanches dans les bras espérant séduire les couples, jeunes ou moins jeunes. Qui sont ils ces colporteurs de romantisme bon marché pour effectuer cette tâche, sinon ingrate du moins fatigante et assurément très peu rémunératrice ? 

Et bien la plupart d'entre eux sont de simples réfugiés politiques, pakistanais ou assimilés. Et il faut bien avouer que ces malheureux fleuristes de la dernière heure, qui font de leur tournée de roses une activité de fortune (pas au sens propre, puisqu'ils n'empochent pas plus de quelques euros sur la soirée contre une poignées de fleurs vendues après avoir acheter celles ci à vil prix à Rungis, bref un autre Eldorado que le Paris chic et romantique qu'ils essaient tant bien que mal de vendre), n'ont pas peur du refus.

Car s'ils peuvent encore trouver un petit succès auprès des tables investies en été par les couples de touristes qui peuvent être plus facilement conquis par le cliché romantique "so parisien", il n’en va certainement pas de même en hiver quand ce sont les parisiens eux même, pour certains excédés, qui rendent la vie plus difficile encore à ces expatriés malgré eux. 

IMG_0632.jpgPassant de terrasses en terrasses, ils se glissent discrètement dans les cafés et restaurants de la capitale, tendent des roses, parfois déjà en fin de vie, en souriant et essuient bien souvent les regards condescendants des parisiens au parisianisme exacerbé qui n'hésitent plus pour certains, en plus d'adopter un mépris assumé, d'accompagner celui ci par quelques sorties du style :  "On n'est pas ensemble", "C'est un rendez vous professionnel, merci" (une justification qui cacherait quelque chose ?), "Ben, on a déjà couché c'est bon..." (réplique piquée à Alain Chabat et que beaucoup se sont ensuite approprié afin de ne pas plomber l'ambiance, ou au contraire la plomber, en fonction de l’identité et de la sensibilité de leur interlocuteur/trice), ou bien un peu plus pervers : "Vous avez des bleues ? S'il n'y a pas de bleues, je ne prends pas", quand ce n'est pas une indifférence notoire et affichée pour faire fuir ceux qui malgré toutes ces marques de non affection et de manque de compassion profond, continuent leur circuit (invariablement toujours le même, parfois plusieurs fois de suite, et ce du lundi au lundi....).

Mais cette situation peut tout de même laisser planer un certain embarras quand vous êtes,IMG_0632.jpg non pas dans un speed dating mais néanmoins en galante compagnie, sans heureusement complètement griller un rendez vous.  Car aux yeux d'une sensibilité un peu trop romantique, voire kistch, (que je n'ai pas), la dame ou la demoiselle peut mal prendre ce refus de marquer un signe de déférence et de galanterie vis à vis d'elle (u_u..... cette dernière pouvant en profiter pour étiqueter son vis à vis de goujat fini ou de rat près de ses sous-sous.....). Même si Monsieur comme Madame ou Mademoiselle ne sont plus vraiment attirés aujourd'hui par ces clichés kitsh qui sont définitivement réservés aux touristes (encore que...), il reste en chacune de nous un sursaut de besoin de constater que l’on plait…

Pour ma part, afin de ne mettre personne mal à l'aise en voyant arriver "Mister Rose" je décoche le plus séduisant des sourires à mon interlocuteur comme au malheureux vendeur qui ressortira une poignée de secondes plus tard du restaurant avec le même nombre de fleurs qu'en arrivant, en déclinant poliment. Attitude un peu forcée certes, mais qui a le mérite de ne froisser personne et de rester un peu glamour en toute occasion....

Ô temps, suspends ton vol...

p5200495.jpgAvez vous déjà remarqué combien Paris peut compter d'horloges ? Du gros cadran de la gare de Lyon, à celui bleu nuit cerclé d'or du beffroi de St Germain l'Auxerrois, en passant par le discret mais bien présent cadran de notre hôtel de ville, l'image du temps qui passe ne peut nous échapper dans la capitale. Dans chaque quartier, sur bien des bâtiments publics comme privés, la fuite du temps est mis en avant et se rappelle encore et toujours à nous....comme si nous pouvions l'oublier... Alors ce soir il sera une nouvelle fois question de temps, celui là même qui permet à chacun qui sait attendre et qui sait prendre son temps justement, de tout voir venir à point, comme le disait justement Clément Marot.

Sur les façades anciennes comme modernes, les banques,les églises, sous les passages couverts et biendscn0528.jpg sûr les halls de gare, bien des architectes ont choisi d'inclure la notion de temps dans leurs réalisations, à l'image de l'énorme cadran du 61-63 de la rue Réaumur, où là tout n'est que référence au temps qui fuit, au temps qui passe, au temps qui ne sait pas marquer le pas. Et dans une ville comme Paris où tout va toujours très vite, il est encore plus difficile de ralentir la course du temps.....Et pourtant, pour(temps)....

Témoins de nos tranches de vie, des bons comme des mauvais moments, des réussites comme des ratés (qui peut oublier la date et l'heure d'un fait marquant et important), les cadrans jalonnent nos trajets pour invariablement se rappeler à nous.

dscn2626.jpgDes aiguilles ouvragées aux horloges administratives noires et blanches, sans âme et sans âge que l'on croise dans les rues de Paris, le temps se rappelle partout à notre bon souvenir.
Mais quelques fois, les cadrans se rebellent, nous jouent des tours, n’indiquant que des heures erronées pour mieux nous perturber dans notre organisation quotidienne. Le temps aurait il  donc de l'humour ? 

Oui, de temps en temps (tiens, voilà donc que le temps s'invite même dans monp5200498.jpg style rédactionnel....), ces mêmes cadrans prennent leur temps et retardent les heures, comme pour nous obliger à nous dépêcher encore un peu plus, ou bien ils prennent un peu d'avance, comme pour calmer notre hyperactivité et notre désir de ne pas perdre de temps, ce dernier qui finira malgré tout par nous rattraper.... Parfois, ils ont tout simplement cessé de fonctionner, auraient ils donc démissionné ? Préférant laisser à chacun sa propre liberté face au temps qui de toutes les façons continuera toujours sa fuite un peu plus en avant, cette grève des cadrans est un peu comme un arrêt dans cette ébullition des heures et des minutes pour éviter que tout ne finisse par s'évaporer... Et puis, de temps à autre, l'heure s'est tout simplement arrêtée, comme anesthésiée, à l'image de "l'heure pour tous" qui trône au coeur de la Cour du Havre. Tantôt encore, les cadrans se font doubles, comme dans la rue du Louvre, sous l'admirable voûte des bâtiments de la Poste, où, telles deux jumelles un peu pernicieuses, elles vous rappellent imperturbablement dans un quasi parfait alignement l'heure de la dernière levée pour votre courrier...
DSCN0381.jpgLe temps nous pousse parfois d'un pas mal assuré vers un futur qui n'est jamais certain et heureusement, un demain qui nous fait découvrir, les joies et les plaisirs comme les aléas et les imprévus sur lequel nous n'avons de toutes les façons aucun contrôle.
Que tirons nous de cette accumulation de rappels à l'ordre sur nos horaires quotidiens, personnels, souvent si formels ? Fort souvent du temps que nous consacrons sans doute à ce qui n'est pas si important, à des choses futiles alors que celles qui le sont moins et encore plus les êtres qui nous sont chers mériteraient sans doute davantage que nous leur accordions un peu de notre précieux temps. Car le temps a un défaut insurmontable, il emporte la vie et nous coupe de ceux dont l'existence à nos yeux ont du prix. Puissions nous prendre un peu plus conscienceIMG_1365.jpg que le temps emporte ceux que nous aimons, ceux auprès desquels la vie n'est pas un fardeau mais bien un cadeau. Il nous indique encore qu'à trop vouloir courir derrière lui, on ne voit plus le présent, cet instant à chérir pour ce qu'il a de meilleur à nous offrir....
Quand bien même le temps ne pourra jamais suspendre son vol comme l'aurait souhaité Lamartine, heureux serions nous si nous étions capable d'en profiter à sa juste valeur, au bon moment...
Attelons nous donc à faire de ce temps qui passe invariablement et qui permet un perpétuel renouvellement, une nouvelle chance à chaque instant, une accumulation de souvenirs, qui, lorsque le temps n'aura plus d'emprise sur nos vies qui s'achèveront alors, apporteront la certitude d'avoir mis à profit durant toute une vie la course du temps.
Voilà que pendant l'écriture de ce simple billet, les aiguilles n'ont cessé de tourner.....Espérons que pendant cette course elles m'auront aidé à vous apporter un agréable moment et ne vous aura pas fait perdre votre temps !

dscn2667.jpg"Ô temps ! Suspends ton vol, et vous, heures propices ! 
Suspendez votre cours : 
Laissez-nous savourer les rapides délices 
Des plus beaux de nos jours !
 
Assez de malheureux ici-bas vous implorent, 
Coulez, coulez pour eux ; 
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent, 
Oubliez les heureux.
 
Mais je demande en vain quelques moments encore, 
Le temps m’échappe et fuit ; 
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore 
Va dissiper la nuit.
 
Aimons donc, aimons donc ! De l’heure fugitive, 
Hâtons-nous, jouissons ! 
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ; 
Il coule, et nous passons"

Alphonse de Lamartine
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Conte de Noël parisien

dscn5589.jpgLa nuit de Noël, tout est possible et je dirai encore plus dans Paris, lorsque le temps de quelques heures pendant la nuit la plus longue de l'année, ce qui semble figé et éteint s'anime et s'allume soudain, un soupçon de malice et de magie aidant, qui aime à planer durant ces dernières heures de l'année ...

Alors que pendant les jours qui précèdent cette nuit qui reste tout de même pour beaucoup d'entre nous celle de la Nativité, les guirlandes sont accrochées, les bougies sont allumées, les vitrines animées et les rues illuminées, c'est le soir du 24 décembre que tout le mystère se révèle enfin, faisant de Paris une ville pleine de fête et de poésie. L'année dernière j'avais déjà dans un premier opus révélé un peu des secrets de cette nuit pas comme les autres. Et si ce n'est pas forcément une nuit totalement étoilée (maudite soit cette pollution qui ravit la présence des astres à nos yeux), elle l'est malgré tout par ces étoiles que l'on peut s’imaginer voir monter au firmament avec la poésie et la féerie qu'un peu de sensibilité suffit à créer.

Comme il y a exactement un an, Paris me reste et je reste en Paris, dans les rues un peu désertées où brillent les lumières ; les lumières de la ville mais aussi et surtout les lumière du commerce, de la consommation, de l'artifice parfois mais aussi et surtout de la fantaisie.dscn5712.jpg

Alors pour goûter aussi un peu à ce spectacle unique de cette nuit pendant laquelle on peut croire innocemment à l'impossible, la princesse a enfourché la petite reine pour aller faire un promenade à la nuit tombée dans les rues quasi désertées par des passants pressés de retrouver proches et amis autour d'une bonne table et de paquets emballés. Moi mon cadeau c'est de vivre le plus intensément chaque instant de cette nuit de fin d'année, sous les ors et les lumières de la cité, en longeant les vieux murs de la capitale qui ne sont plus à une nuit de Noël près...il faut dire que Lutèce en a vu d'autres, des nuits du 24 décembre, des tristes comme des plus gaies, des tragiques comme des frivoles....

C'est en empruntant le chemin du coeur de Paris, de mon Paris de coeur, où j'ai croisé cette année durant du merveilleux comme de l'inattendu, que j'ai imaginé un autre Paris qui n'existe et ne vit que pendant cette nuit de Noël. En descendant le boulevard de Magenta, j'ai pensé au passage du Désir tapi dans un recoin du boulevard de Strasbourg, le passage de mes états d’âme hivernal, où les larmes silencieuses ont illustré un mal qui laisse le coeur impuissant et désarmé devant la cruauté des sentiments, bien réelle.

dscn6026.jpgArrivée place de la République, le chant des porte-voix de "l'art est public" résonne encore à mes oreilles. Il faut dire que ces revendications de l'automne ne sont pas si lointaines. Là, mesdames Liberté, Egalité et Fraternité gardant la vertueuse République (enfin lorsque celle ci n'était qu'à ses balbutiements dans l'esprit utopique des Lumières...) trônent sur leur piédestal qui surplombe le centre névralgique de Paris et faisant de cette place symbolique le point de départ de bon nombre de revendications actuelles en tout genre.

Longeant le boulevard Beaumarchais qui relie la place de la République à celle de la Nation, je songe à tout ce que j'ai déjà écrit sur Paris dans mon roman-photos cette année et souris en croisant la façade du Bataclan qui, il y a quelques semaines, faisait encore l’objet d'un article illustré de quelques photos colorées....

La Nation, le boulevard dénommé Diderot (décidément en cette nuit de Noël, je roule sous les Lumières au sens propre comme au sens figuré, plutôt de bonne augure pour une promenade par une nuit noire...) puis emprunte  le Viaduc des Arts pour rejoindre l'ange doré de la Bastille qui culmine sur sa colonne de Juillet. Il devrait profiter de ce calme exceptionnel pour se dégourdir un peu les jambes. Car cette pose sur un pied à l'année doit être depuis bien longtemps aussi inconfortable qu'ennuyeuse....et puis personne ne le remarquerait...sauf moi peut être...dscn6145-1.jpg

Le temps de passer sous le regard insolent de Beaumarchais et me voilà déjà à longer la place des Vosges, hommage au discret louis XIII, pour ensuite retrouver l'hôtel de Sully et ses cariatides aux formes avantageuses et au sourire mutin...pas le temps de rentrer sous le porche pour vérifier que "taupologie" est toujours là. La bestiole a du déménager depuis cet été. Peut être est elle rentrée dans ses galeries souterraines et laisser ainsi aux dames dénudées des façades vénérables retrouver grâce aux objectifs et autres regards inquisiteurs du tout venant visiteur.
Je longe le rue de Rivoli si distrayante, animée et parfois même bien encombrée ; dans chacune des rues et des avenues, Paris s'est mis sur son 31 : branchages blancs, boules colorées et lumières éparpillées, disséminées, le spectacle réside dans le moindre détail quand on a les yeux pour s'émerveiller. Un peu plus loin, l'ancienne place de Grève s'est transformée en féérie....Nous ne sommes plus à Paris mais bien au royaume de la Belle au bois dormant ou d'un conte à la Peau d'Ane : la rêverie s'est bien installée et le vieil hôtel semble soudain abriter un conte extraordinaire, brillant et scintillant comme si des pierres précieuses avaient été accrochées ici et là, la vieille façade qui en a vu bien d'autres ressemble presque à un Château d'Ussé qui inspira Charles Perrault...
dscn6238.jpgQuelques lumières plus loin et la Tour du Châtelet se découpe dans un ciel "entre chien et loup", lorsque le rose du soleil couchant flirte avec le bleu des dernières heures de la journée. En parcourant cette artère chargée d'histoire j'imagine quelles ont pu être toutes les nuits de la Nativité parisiennes depuis que l'on a construit ces monuments qui ont donné à notre capitale la personnalité qu'on lui connait.
Arrivée place de la Concorde, c'est la grande roue qui fait son show aux côtés de notre tour métallique nationale qui apparait dans le ciel, préparant ses atours scintillant, illuminant à celle seule ce petit joyau d'architecture et d'urbanisme, une place également marquée par le sceau de l’histoire de France.
En tournant dans la rue Royale, je pense à l'Hôtel de la Marine dont l'avenir est encore aujourd'hui inconnu. Si l'on ne sait pas encore ce qu'il adviendra de ces vieux murs et de ces salons qui furent pendant bien longtemps le garde meuble royal et le théâtre de bien des évènements mystérieux (comme le vol des bijoux de la couronne durant les jours funestes de la Terreur) ou bien encore dramatiques, en étant le spectateur silencieux de centaines (voire de milliers) de décapités pendant les heures sombres et barbares de la Révolution), on se souvient bien sous les frontons dessinés par le génial Gabriel de ce que l'Histoire a connu d'heures de gloire comme d'heures dramatiques.
Un peu plus loin sur le rond point de la Madeleine et alors que je pense déjà au billet qu'il me tarde encore d'écrire sur ce bâtiment hors du commun, je vois les derniers achats fébriles des consommateurs insatiables qui entrent et sortent d'un Fauchon ou d'un Hédiard, à chacun ses préoccupations....
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Le boulevard Malesherbes engagé, se découpe déjà le grand dôme de St Augustin (oui oui, l'église pas le saint...), légèrement éclairé de quelques point de lumière faisant de cette apparition du Second Empire le fantôme d'une époque où Paris vivait dans un bouleversement permanent de travaux et de révolution urbaine engendrée par le génial mais non moins controversé Haussmann, qui en cette nuit de Noël doit bien avoir envie lui aussi de descendre de son piédestal pour aller se balader dans ce qui reste "son" Paris, lui le révolutionnaire urbain du XIXème siècle à qui l'on doit la physionomie actuelle de notre capitale.
Au pied de l'église, se dresse notre Jeanne nationale, toute épée brandie, qui ainsi, toute l'année durant, qu'il neige ou qu'il vente, semble prête à affronter et à bouter tous les ennemis possibles, juchée de sa petite taille sur son déstrier presque trop grand pour elle...
La cour du Havre de la gare Saint Lazare où "l'heure pour tous" d'Arman n'est toujours pas à l'heure...mais qu'importe la nuit de Noël, le temps est comme un peu suspendu...Immobiles, ces aiguillles d'un temps à jamais figées semblent marquer le pas à notre fébrilité citadine continuelle.
La Trinité et ses vertus cardinales......puis l'Opéra où Garnier (dont je devrai reparler bientôt), reste discret au pied de l'oeuvre de sa vie. Il ne voit d'ailleurs pas tout à fait d'où il est caché, la perspective qui s'offre au promeneur le long de cette avenue qui nous amène moi et mon vélo au pied du Louvre, entre les deux fontaines de la Place Malreaux. Les lumières de Noël et de la ville se rappellent encore à moi avec le "crépuscule persistant" que j'aime tant ; ce son et lumière artistique et historique qui fait de cette petite place parisienne un symbole discret du pouvoir (le dscn6325.jpgConseil d'Etat, le Conseil Constitutionnel et le ministère de la culture étant tout proches....).
La mantille des bons enfants ne scintille pas, mais je la connais, je sais qu'elle me sourit sous la lumière artificielle de l'éclairage public...
La petite rue Jean-Jaques Rousseau et ses témoignages de street art qui surprennent parfois le promeneur, la rue du Louvre et son bureau de poste historique, je retrouve alors la rue du faubourg Montmartre et mes pénates ne sont plus très loin. La boucle sera bientôt bouclée en passant sous les grappes colorées qui jalonnent les grands boulevards, signalant ça et là l’entrée des passages couverts qui sont autant de distraction en cette période de cérémonie commerciale mais qui gardent heureusement tout leur charme et leur authenticité de quartier.
Le vélo attaché et la porte refermée, les lumières ne s'étteignent pas, les doigts courrent sur le clavier essayant de traduire ce que les yeux ont croisé et l'esprit imagnié....
La tête pleine d'images et le coeur peuplé de sentiments étoilés, qu'une sensibilité douce vient nourrir encore et toujours d'un peu plus de poésie dans mon Paris chéri. La nuit n'est pas terminé et je sais que dans chaque rue, square, jardin et avenue tout Paris va fêter cette veillée qui reste pour tous un temps particulier ...

Humeur : "11.11.11...et après ?"

pb110040.jpgSans nul doute je classerai ce billet dans ma rubrique "humeur"....

Si le 11 novembre dernier j'avais rédigé un billet sur le sens et la raison d'être de ce jour férié, dit "jour du souvenir", avec quelques trémolos, non pas dans la voix mais dans les doigts courant sur le clavier, cette année il n'en est pas de même......il faut dire que ce 11 novembre 2011 n'est pas un jour tout à fait comme les autres 11 novembre. En effet, cette année le calendrier fait fi du souvenir historique et militaire pour ne voir qu'en ce vendredi un jour d'alignement parfait : 11.11.11.....prêtant par là même une occasion rêvée, non pas pourpb110044.jpg effectuer son devoir de mémoire et de commémoration afin de ne pas oublier le courage de nos anciens, mais bien pour s'obséder à ne voir dans cette journée qu'un signe obscur de la fin des temps ou de l'approche de toute autre apocalypse....

Quels sont les médias qui n'en ont pas parlé ? D’ailleurs un grand quotidien titrait en fin de matinée sur le net "vent de folie autour du 11.11.11 à 11h11"...article que je n'ai lu qu'à 11h18... Ouf, je suis sauvée...

pb110043.jpgSi l'on prédisait le pire, heureusement, cela n'a pas empêché les parisiens de sortir de chez eux et d'affronter le risque de voir comète et autres astéroïdes tomber sur la capitale, en ce jour funeste et fatidique propice à toutes les prédictions, toutes plus fantaisistes les unes que les autres et dignes de Nostradamus en mal de reconnaissance (un beau loupé en soi...). Oui, les parisiens sont sortis, tout comme moi d'ailleurs. Et c'est au cours de ma promenade que j’ai suivi, tel le Petit Poucet ses cailloux blancs, la trace d'un petit malin qui lui a bel et bien tourné en dérision ce vendredi 11 novembre 2011.

Le malicieux s'est en effet amusé à coller sur les murs, juste en dessous de nos chères plaquespb110041.jpg de rues bleues et vertes, une ode à la vie, pleine de dérision, de poésie et de fantaisie, ayant pour chapeau une frise de 11 au dessus de ce j'aime à voir un bonhomme assis en tailleur (position de la sagesse et de la médition ?), le symbole du "peace and love" venant parachever discrètement cette action isolée. "rue de la Bonne idéee", "rue de la Terre", "rue de la Chance", "rue du Monde", "rue de la Patience"...voilà comment étaient rebaptisées aujourd'hui quelques unes des rues du 1er et du second arrondissement...une façon plutôt positive et poétique de voir Paris en ce jour particulier et de prendre le parti de sourire à ce journée qui ne se retrouvera que dans 100 ans... 

Je ne sais pas si beaucoup de promeneurs auront vu ce petit clin d'oeil à la bêtise de la superstition, en tout cas je suis contente d’avoir photographié ce souvenir aussi insolite qu'amusant de ce jour pas vraiment comme les autres.

Et si on aura certainement plus parlé aujourd'hui de cette fantaisie calendaire que des poilus de la grande guerre, espérons que l'année prochaine, "la journée du souvenir" reprendra ses droits...
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"Au chien qui fume", les volutes du souvenir de Désiré s'évanouissent...

photo-2-1.jpg"Au chien qui fume"....tout un style, toute une image, toute une ambiance qui resteront encore quelque temps dans ma mémoire, car il marque, outre l'esprit du bistrot typiquement parisien, une de ces pages de la vie que l'on tourne parfois lentement, mais dont le bruit du papier imaginaire fixe dans votre esprit la fin d'un petit chapitre de votre histoire et en même temps (et surtout heureusement) le début d'un autre.....le "Chien qui fume" aura donc eu en ce samedi ensoleillé, cette simple mais positive vocation.

Mais plutôt que de relater mes états d'âme de parisienne, autant vous conter l'histoire de ce Chien pas tout à fait comme les autres. Fondé en 1740, ce restaurant au nom estampillé en lettres d'or sur de longs stores rouges, reste depuis cette date une table dont l'accueil et la convivialité sont aussi importantes que la consistance de l'intitulé du menu.

Située entre le Centre Pompidou et le Musée du Louvre, à la croisée de la rue St Honoré et de la rue du Pont Neuf, au pied du jardin du forum des Halles, cette adresse reste une référence dans l’histoire du bistrot parisien, où, derrière les deux portes à battants patinées par lesphoto-3.jpg multiples passages des garçons de café au long tablier blanc amidonné, le chien, dans tous ses états, y est roi. Pourtant si je n'en ai surpris aucun en train de fumer, la décoration kistch à souhait laisse néanmoins la fantaisie de l'imaginer....

Sur les murs recouverts de lambris et de peintures mettant en scène canins et autres toutous, entre bouquets de fleurs artificielles et sculptures de canidés en plâtre, se dressent les tables aux nappes damassées immaculées ainsi que des bancs capitonnés et des chaises cannées invitant ainsi dans la chaleur du velours rouge, le visiteur affamé par une promenade dans ce quartier parisien si bouillonnant d'activité, le poussant ainsi spontanément à consulter le menu, qui, que l'on soit touriste ou autochtone noctambule, sera toujours prêt à vous satisfaire, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit.

photo-2.jpgC'est donc sous les tentures cramoisi, au son des bavardages et entourés de compagnons à quatre pattes que j'ai arrêté, le temps d'un déjeuner, ma promenade avec Désiré. Mais plus que de stopper au sens propre le déroulement d'une journée, ce déjeuner a également permis, au sens figuré, de mettre un terme à un autre chemin, plus abstrait celui là.

Le sourire d'un maitre d'hotel, le son des voix parvenant des tables voisines, le regard figé des chiens observant les va-et-vient des serveurs et la bonne humeur des clients défilant, ont subitement mis en lumière la froideur, les sarcasmes et l'indifférence de mon vis à vis. Comme si les lampadaires aux boules opaques égayant la salle du restaurant éclairaient tout à coup le tableau de cette relation indéfinissable, m'apparaissant soudainement détestable. 

En croisant pour la dernière fois le regard du garçon de café, aimable et accueillant (d'aucuns diront tout simplement professionnel...) et en quittant la horde de caniches, de fox terriers et de bassets en faïence, j'ai compris que le souvenir du narcissique Désiré s'évanouirait comme les volutes de fumée du "Chien qui fume"....

Mais où est passé Mélodie ?

Mais où est passée Mélodie? C'est par cette interrogation à connotation toute personnelle, je le reconnais, que j'entame ce billet livrant ce soir une petite humeur parisienne...

"Mélodie" c'était le basset de ma grand tante, une chienne pataude, au regard larmoyant, que j'ai connu dans mes années d'enfance quand elle finissait sa vie de toutou entre les murs d'un appartement de la rue Beaujon, dans le tranquille 8ème arrondissement. Je garde encore en mémoire son pas nonchalant et un peu lourd effleurant la moquette mais surtout cet air mélancolique, caractéristique de cette race de chien, qui ne correspondait pas vraiment au nom qu'on lui avait donné.....(oui, car personnellement je préfère avoir en tête l'idée qu'une mélodie est gaie et non pas triste...).

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Pourquoi est ce que j'évoque "Mélodie" ce soir ? et bien parce que ce chienchien parisien qui illustre quelques uns de mes souvenirs d'enfant reste associé à une image, elle aussi parisienne, concernant directement la vie de nos chers amis à quatre pattes....

Justement, dans le quartier où habitait Mélodie (mais pas seulement), il y avait, il y a encore quelques années apposé sur le trottoir de façon distincte, un marquage à l'effigie de notre Mélodie souligné d'une flèche indiquant le chemin du caniveau pour les cabots et leur propriétaire ...(enfin surtout pour les toutous....).

Cette image qui faisait partie de la signalétique urbaine parisienne, un rien désuet, un brin stéréotypée...nous amusait enfants, mais semble aujourd'hui bien dépassée, oubliée, effacée, à l'image de la photo de ce qui m'apparait être comme l'un des derniers exemplaires qu'il m'a fallu traquer pendant des semaines avant de le trouver.

En effet, il semblerait que les "Mélodies" qui hier rythmaient de leur pa-pattes et leurs oreilles, les trottoirs de Paris aient bel et bien disparu....Les services de la mairie auraient ils décidé de ne plus faire passer ce message (pourtant important pour la propreté des rues), aux propriétaires de canidés ? 

C'est plus probablement un changement de fond dans la gestion de ce problème qui a effacé les petites Mélodies du sol de la capitale...Il faut dire qu'elles n'étaient peut être plus très efficaces pour faire respecter le civisme canin et permettre ainsi à Paris de rester (ou plutôt de devenir) une grande métropole propre.

Ainsi, depuis 2002, date à laquelle le problème des déjections canines est pris à bras le corps par les pouvoirs publics parisiens, il est désormais interdit de laisser la gent canine parisienne prendre le pouvoir sur les trottoirs en laissant ici ou là des nuisances plus que notables pour les semelles de chaussures.... Depuis l’arrêté du 2 avril 2002, "Il est fait obligation aux personnes accompagnées d'un chien de procéder immédiatement, par tout moyen approprié, au ramassage des déjections que cet animal abandonne sur toute partie de la voie publique, y compris dans les caniveaux, ainsi que dans les squares, parcs, jardins et espaces verts publics".

Le caniveau n'est donc plus la sanisette canine.....seul le ramassage de l'objet du délit (ayant pou seule destination définitive la poubelle publique) est autorisé....et Mélodie n'a plus besoin de montrer le chemin du caniveau à se congénères....Et pour que ces dispositions réglementaires soient appliquées dans la plus grande sérénité, une campagne de sensibilisation et la présence d'éducateurs canins professionnels ont même été mises en place.

Voilà sans doute pourquoi Mélodie a disparu...je regrette personnellement ce petit "gimmick" amusant, certes un peu vieillot mais tellement sympathique qui apportait un petit charme supplémentaire aux quartiers résidentiels de la capitale...mais c'est pour la bonne cause : celle de la propreté, qui effectivement est déjà sur la bonne voie depuis que Mélodie a pris sa retraite en 2002....

 

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Humeur : "Le Chevalier de Coeur" poursuit sa croisade urbaine...

Des phrases, des mots et des photos ; des pérégrinations sous le soleil de l'été, le vent de l'automne, le froid et la neige de l'hiver, la pluie du printemps et de nouveau le ciel bleu de l'été... Et voilà venir le 300ème billet. Oui, déjà..... quelques albums bien remplis, des soirées (et des insomnies) bien occupées, des promenades à faire fléchir mes gambettes et la tête de "Mlle des Jolis Mots", farcie d'images et de belles phrases.... Alors quel sujet lui accorder à cet entrefilet un peu particulier ? Il convient effectivement de bien marquer cette énième page de mon roman-photo parisien ....

Alors voilà qu'un paquet surprise, un dessin, une parole appropriée viennent pousser une porte déjà entre-baillée dans mon organisation rédactionnelle, aiguisée par mon inétanchable soif artistique.....C'est donc avec un second tome de l'épopée du "Chevalier de coeur" que je viens entamer cette nouvelle centaine de feuillets ...Voilà donc mon sujet tout trouvé pour signer cette 300ème page et remercier Monsieur Fred le Chevalier.
Oui, car depuis mon premier opus qui m'avait permis de décrire, dans un style qui se cherchait alors encore un peu, ses collages, j'ai eu tout le temps et le loisir de lire une écriture artistique qui me semble aussi facile qu'agréable à parcourir, ponctuée d'une poésie singulière que seule une âme sensible parlant un langage fait de doux mots et signant d'un trait élégant, peut écrire. 
Ainsi, depuis mon premier script, j'ai rencontré des totems, quelques amis de notre Chevalier au grand coeur, une enfilade de jolis mots, surpris quelques amoureux sur les murs esseulés (soudain un peu moins tristes), quelques bêtes un peu particulières, un certain nombre de petits coeurs rouges (qui justifient ainsi pleinement le surnom que je lui avais alors spontanément attribué) et puis, par ci par là, quelques "odieux personnages", également croisés sur les murs du Pied de Biche et dont un exemplaire me scrute à présent de ses yeux perçants sur mon bureau.

Ici rue des Archives, qu'il semble affectionner, là au coeur de Pigalle par ici encore dans cette petite rue du 5ème ou un peu plus près de mes pénates, dans un recoin de la rue Montmartre, tout Paris semble à présent un peu habité par ces petits personnages de papier, bien particuliers. D'ailleurs les lieux que tout ce petit monde investit sont fréquentés comme plus retirés : dans ce petit boyau du 11ème ce sont deux amoureux dans une mandorle quasi mystique qui se font face dans un halo protégé, dans cette rue passante du Marais, c'est notre ami qui court (encore et toujours) les yeux bandés, après un amour (impossible ? Mystère et boule de gomme......). Ainsi, tout reste à imaginer, tout reste à supposer dans cette poésie qui finalement définit à elle seule, le petit univers du Chevalier de Coeur. Sous ce crayon agile, les âmes semblent apaisées, les traits des visages sublimés, les actes et les pensées presque épurés.

Depuis mon premier chapitre il est toujours accompagné de quelques camarades, tout comme lui collés sur les murs de la capitale : Tristan (ou bien Tristane !....), toujours en proie à ses limbes, ayant définitivement quitté toute intégrité (mais s'en moquant bien joyeusement...ou devrais je dire plutôt cyniquement.....), toute perdue qu'elle est dans son introspection chirurgicale ("fouillons encore ce coeur et ce corps pour voir si la réponse à mes mots et mes maux, ne serait pas cachée dans cette enveloppe charnelle"...), ou bien cette petite Sardine qui prend les traits d'un toutou comme d'un p'tit gars à la tignasse noir de jais, qui elle aussi à quelque chose à nous dire de son écriture majuscule, un peu tâtonnante parfois, dans un message succinct, quasi télégraphique ("Est ce que tu me reçois" ?....) Et si ce n'est pas avec ces deux là que s'affiche le Chevalier, c'est qu'il est en compagnie de Dame Pole Ka...Une association presque étonnante : où quand la poésie évanescente et légère se lie d'amitié avec une obscurité surréaliste exquise, parfois presque dérangeante, car sous cette plume douce, délicate et féminine on semble presque lire en filigrane..."Là où je vais personne ne peut me suivre....le labyrinthe où j'aime me perdre, c'est moi qui l'ai dessiné, moi seule en ai la clé"....

Mais revenons aux tribulations du héros de ces petits papiers découpés... Avec lui les armes sont factices, les méchants ne sont jamais vraiment méchants, les amoureux s'aiment éternellement, l'école n'est jamais bien loin et la cour de récréation n'a pas de murs....pour laisser à l'imagination le loisir de s'évader vers d'autres mondes, un peu moins cruels (mais finalement peut être pas forcément si innocents qu'il n'y parait..... Mais cela seul l'auteur le sait...). D'ailleurs ce chemin n'est il pas déjà entrepris par ce drôle de couple formé par un aventurier, casque vissé sur la tête, celle ci baissée, les yeux rivés sur sa route (imaginaire, évidemment...), l'esprit déjà tout occupé par son objectif à atteindre ? Vers quelle destination roule t-il ? Qui va t il croiser sur ce chemin que lui seul connait ? Accompagné d'un chat (qui en un seul coup d'oeil suffit immanquablement à me faire décrocher un sourire, même par un jour de pluie ou de sinistrose, belle vocation, pour un matou de papier...), il semble en tout cas foncer sur le chemin de la dérision. 

Ces deux aventuriers, dont la présence marque notamment l'entrée du centre Pompidou, m'évoque un certain symbole qui a spontanément suscité dans mon esprit vagabondant une jolie problématique : où s'arrête l'art urbain et où commence le monde muséal ? Les deux ne sont ils pas finalement imbriqués et interdépendants ? Il m’apparaît que sur de nombreux plans, ces deux points d'un même monde à première vue opposés soient en réalité intimement liés....

Car hormis le cadre où elles sont exposées et la reconnaissance que l'on veut bien accorder à celles qui sont à l'abri des institutions et des pouvoirs publics et à celles qui s'offrent, à ciel ouvert, gratuitement, à l'approbation ou au rejet du plus grand nombre, amateurs, détracteurs ou indifférents, ces oeuvres restent réalisées dans la même démarche : celle de l'expression, la transmission d'un message, d'une émotion, d'une idée, d'un idéal, d'un sentiment, d'une question (personnelle ou universelle). En somme, inconnue ou reconnue, dans la rue ou dans un musée, elles expriment la mission de l'Art à travers l'âme de ceux qui veulent la transmettre..... 
Alors voilà que ce billet qui se voulait une nouvelle explication de texte du langage du dessinateur-découpeur-colleur se transforme en une esquisse philosophique. A croire que la symbolique en noir et blanc ponctuée de rouge du Chevalier de Coeur m'inspire des envolées philosophico-philosophales...Une autre pierre de Rosette pour décortiquer cette écriture personnelle ?
Il n'en est rien car au delà de connaitre le pourquoi du comment d'un coeur rouge, d'une tribu de copains, d'une bande de gamins et de ce petit monsieur au complet parfaitement coupé et à la chevelure soigneusement peignée, qui semble si occupé par ses aventures où le temps et l'espace n'ont plus rien de commun avec notre petit univers parisien, je préfère rester à l'entrée du jardin secret et laisser ce petit monde continuer de tourner et ses acteurs de gambader dans les imaginaires des passants qui apprécient, je l'espère, comme moi ce décor fait de quelques fleurs rouges, de bougies allumées, de halos et d'arabesques, et où plus rien n'a jamais vraiment la même forme et le même sens qu'ailleurs.
Et n'allons pas voir trop rapidement dans ce noir et blanc récurent, ces regards impassibles et ces lèvres serrées, ces profils hiératiques, ce trait sage et ces cheveux bien coiffés, une expression autobiographique : "Je suis ce que je crée mais ce que je crée ce n'est pas moi", semble murmurer sur les murs de la capitale ce petit bonhomme, toujours si investit dans son action.

Et quand bien même on vient parfois à arracher la vie à tout ce petit monde et qu'il reste malgré ce rejet stupide, un oeil, une main, une corne, un bout d'écharpe ou un pt'it coeur, c'est toute l'âme du dessin et du poète qui reste sur le mur et qui symbolise l'évanescence et la quintessence de l'oeuvre urbaine.
Souhaitons en tout cas au Chevalier de Coeur de poursuivre sa croisade : qu'elle soit dans la rue, sur nos murs gris qu'il éclaire subitement de son trait simple mais si délicat et de sa poésie, comme sur les murs d'une galerie ou de quelques objets dérivés. Ce qui permet ainsi à ce petit monsieur, de quitter son univers pour aller encore un peu plus loin et rencontrer de nouvelles têtes, au gré de ceux qui ont envie de le faire voyager.  

Un grand merci à tous les lecteurs qui auront été jusqu'à la fin de ce "roman-photo" fleuve !

Le chat parisien...

Le chat est définitivement parisien, à l'effigie du "Cachou" de mon amie Marlène.......Pensez donc, outre à courir les toits et autres bords de fenêtre de cette démarche agile qui caractérise ce petit félin des villes, il apparait également à chaque coin de rue, ici bombé par Miss Tic, taggé par là, collé par le Chevalier de Coeur ou par Catwalk, ici encore peint par JB, sans parler de "M. Chat" qui, de son sourire "ultra bright", semble à lui seul éclairer la ville... Bref il envahit Paris...Qu'il soit jaune, rose, blanc, mais le plus souvent de ce pelage noir qui lui donne son petit côté mystérieux, il est le compagnon, de nos soirées urbaine d'hiver, certes, mais aussi de nos promenades comme de nos trajets quotidiens...

Je ne sais pas si le chat et l'animal emblématique parisien, mais depuis le succès du cabaret du "Chat Noir", célèbre et non moins emblématique guinguette de Montmartre, l'amour que nous portons à cet animal à quatre pattes ne s'est jamais réellement démenti....
Voici dans ce diaporama un petit aperçu des spécimens que vous aurez peut-être vous même croisé...
Et pour clore ce court billet je laisserai faire la poésie et la fantaisie de Bashung qui aimait tant les chats et dont l'élégance, mais aussi le caractère silencieux, rapellait celle de l'animal....
"J'enfile des perles à rebours
Capitaine prend le nemo
C'est pas uniquement un bruit qui court
Souris dansez, notez greffier

Le chat veut en finir en beauté

Ballerina cache une ride
Lézard premier degré
Mona Lisa suit le guide
Tu me fais croquer, fromage râpé

Le chat veut en finir en beauté

Le chat veut en finir en beauté"

Alain BASHUNG - "Chat"

Lorsque l'Opéra parait...

Lorsque l'Opéra parait.... En ce printemps propice et symbole à tout renouveau, je souhaitais revenir sur un sujet et un lieu qui me tiennent un peu à coeur....Par deux fois j'ai évoqué le cas des édifices publics dont la rénovation étaient supervisées et réglées par des entreprises privées, imposant en contrepartie un affichage intempestif sur le bâtiment en question...
Le premier et le deuxième opus marquaient et reflétaient le débat qui planait sur cette façon de mener les chantiers de rénovation d'édifices appartenant au patrimoine public.
C'est donc avec ce troisième (petit) volet que je propose une suite au début évoqué précédemment et clore légèrement et peut-être plus objectivement et positivement le sujet suscitant la polémique, tant en France qu'à l'étranger.
En fait depuis plusieurs semaines, à mesure que l'hiver s'estompait et laissait place au printemps, les oripeaux commerciaux dont était affublé l'Opéra Garnier (aveuglant presque passant comme automobiliste passant par le carrefour Scribe), oripeaux néanmoins nécessaires puisque le bâtiment faisaient (et fait encore) l'objet d'un toilettage extérieur commençaient à tomber pour (re)trouver la beauté du Second Empire et la vision joyeuse de cette petite confiserie architecturale faite d'éclectisme romantique.
Pour reprendre succinctement les deux premiers chapitres rédigés sur le sujet et comme certains médias le soulignaient également, je posais la question du prix du mécénat français pour les bâtiments publics. En guise de protection durant les travaux, l'Opéra se parait de "splendides" bâches publicitaires à l'effigie qui d'une entreprise automobile (cherchons bien le lien en effet entre les chevaux et la grande musique...) ou bien d'une banque ou enfin d'une entreprise d'intérim. Un décor plus ou moins appréciable et ne mettant guère en avant la beauté du patrimoine parisien.
Mais aujourd'hui  plus rien de tout cela, plus de couleurs criardes et de devanture aussi tapageuse que décalée, non l'Opéra dans toute son élégance a petit à petit laissé choir ses écharpes colorées, ses vêtements d'hiver lourds et épais, pour dévoiler sous ce soleil printanier et le ciel si bleuté, sa peau claire et soignée. J'ai pu constater jour après jour que la dame s'effeuillait dans la discrétion et le chic qui n'appartient qu'aux belles figures parisiennes...Le teint diaphane, pur et aristocrate il nous apparaît, rayonnant sous le soleil parisien. Retrouvant sa beauté initiale qu'avait dessiné Garnier, il ne permet que mieux de mettre en valeur la toiture (que dis je la chevelure...) au verdâtre subtil paré d'ornements dorés.
Alors...si les compliments et la satisfaction semblent prendre le dessus, comment ne pas remercier le mécénat et le sponsor (même si ce terme me dégoûte un peu en matière de patrimoine historique et artistique), qui nous permet aujourd'hui d'admirer et de faire admirer aux hôtes étrangers les bijoux du patrimoine français ? A l'heure de la crise économique, de la mondialisation et d'une certaine libéralisation, il semblerait qu'on ne puisse en effet refuser toute aide visant à préserver, conserver et mettre en valeur notre patrimoine. S'il fallait supporter ce drôle de décor plus ou moins agréable, pendant plusieurs mois, je suis la première à reconnaître que cela en valait bien la peine !

La petite reine parisienne : "Stupeur et tremblements" ? presque...

Non je ne parlerai pas littérature ce soir... mais plutôt vélo...Il y a quelques mois déjà j'avais fait une petite (oh, vraiment toute petite) critique de l'utilisation et de la place du vélo à Paris....Le retour du printemps aidant, les bicyclettes et autres "vélo tout chemin" (parce que la pavé parisien le vaut bien) refont surface sur le bitume, les pistes cyclables (parfois même dans les sens interdits et sur les trottoirs... ), qui, sortis des cours, des garages et des stations de Vélib, valent bien une suite au premier opus...
Je reprends donc mon clavier ce soir pour évoquer de façon plus personnelle le cas de la petite reine dans la capitale et c'est presque encore toute essoufflée d'une balade à de coups de pédale et d'huile de gambettes (si si ça se dit...) que je rédige ce billet. "Un véritable art de vivre la ville différemment" avancent même certains (pour ne pas citer notre maire très investit dans le développement de l'utilisation de cet engin), il est vrai que le vélo reste un moyen de transport très pratique, très agréable, simplissime d'utilisation permettant rapidité dans les déplacements, accessibilité et qui plus est, très sain dans notre société de plus en plus tournée vers la "green attitude" et le développement durable.
Est ce son côté écologique, sportif ou économique qui est responsable de cet essor ? Quoi qu'il en soit, le vélo jouit  d'un engouement de plus en plus marqué de la part des parisiens comme de la part des visiteurs d'un jour. Et si le succès de ce moyen de transport est au rendez-vous c’est sans doute grâce à la place qu'on souhaite lui accorder.... et l'installation du système de location Vélib à qui l'on a fait la part belle dans Paris il y a maintenant presque 4 ans y est aussi sans doute pour quelque chose. C'est qu'il a su trouver ses adeptes ! Facile d'accès pour un coût restant modique, on voit absolument tout le monde sur un vélib....(sauf moi...u_u...snobisme de parisienne, je ne suis jamais monté sur un de ces engins gris dont on dit qu'ils sont lourds et peu maniables...Mistinguette a son propre matériel...) :  du retraité tranquille à l'ado énervé en passant par les touristes américains (que je finis d'ailleurs par dépasser en rollers...).....bref, cet appareil a su s'imposer dans les rues de Paris et même si la conduite de certains reste aléatoire (d'où sans doute la très utile initiative "cours de randonnée" délivrés aux enfants comme aux adultes, affichée comme une priorité pour la municipalité, ce qui me semble en effet être salutaire dans certains cas), chacun semble trouver sa place, son rythme, ses marques dans une ville qui reste bien envahie par l’automobile. Ainsi ce sont 80 millions de trajets réalisés depuis la mise en route (que dis je ...en selle !) de ces vélos estampillés Mairie de Paris et 162 000 abonnés longue durée en 2010... Et puis, l'investissement important visant à aménager l'espace urbain en faveur du vélo a permit de faire profiter aussi bien aux "vélibeurs" qu'aux autres amateurs de deux roues de leur déplacements : pistes cyclables, parcours, double sens cyclables, la maison des vélo, signalétique, stationnement, aménagement dans les parcs et jardins, application Iphone (si si...)
Malheureusement face à tous ces aspects positifs alliant l'utile qu'agréable, la courtoisie et la civilité des automobilistes et autres scooters laisse parfois à désirer et les vélos sont souvent pris pour des parasites de la chaussée, ce qui est assez dommage d'une part pour "le vivre ensemble" ainsi un peu mis à mal, mais surtout pour la sécurité des malheureux usagers à deux roues.
Pour avoir déjà essuyé quelques frayeurs dans les rues de la capitale, notamment une mémorable "prise en sandwich" entre deux voitures allant dans des directions opposées, place de la Bastille, j'ai bien cru mon dernier jour sur une selle de vélo arrivé... J'ai bien compris ce jour là que même en faisant attention à la place des autres, la (sur)vie ne tenait pas à grand chose.... Et que dire des taxis qui semblent parfois faire usage des couloirs de bus comme d'un circuit de formule 1 (les remakes de "Taxi" ce n'est pas à Paris que ça se passe...), ou bien qui ceux ne connaissent pas les règles de circulation des endroits phares de la capitale, comme ce jour où je me suis fait emboutir, à l'arrêt, par un taxi, laissant la roue arrière hors d'usage...), là encore l'acuité visuelle (ou la simple vigilance) semble faire défaut à certains...
Néanmoins, pour moi, avec ou sans taxi, en compagnie des pigeons bisets faisant du rase motte au dessus de ma tête (ces volatiles poussant même parfois le vice à venir en contresens.... effet garanti....), sous une averse inattendue, sur une piste cyclable ou sur un boulevard désert un dimanche midi, le vélo parisien c'est surtout le plaisir de voir Paris sous un autre angle, de passer de Picpus à Rivoli,  de la Madeleine à la gare de l'Est en quelques coups de pédale, au son du vent dans les oreilles.... et découvrir à chaque fois ici un détail jusque là inconnu, là un rayon de soleil sur la pierre ou les ardoises, l'architecture des bâtiments anciens se découpant sur un ciel sans nuage... bref, il y a toujours un moyen de joindre l'utile à l'agréable dans le moindre trajet en vélo dans Paris.

LA ou les LES parisiennes ?

Quel meilleur jour que celui consacré à la femme par notre calendrier international pour évoquer un sujet qui me tient à coeur depuis un moment, celui de LA parisienne ? Vaste question ma foi (déjà maintes fois traitée diront certains), qu'il m'a fallut élaborer en amont...Et pourtant je sais que cet article restera sans doute bien fade, très lisse et peut-être même relativement peu crédible aux yeux de quelques lecteurs....mais je prends tout de même le risque de m'aventurer sur ce thème aussi fragile que délicat (comme celles qu'il est censé encenser (?)..), car si subjectif ! Allez donc vous risquer à parler de la beauté, de la sensibilité ou de la personnalité, ça vous paraîtra toujours au final comme un peu à côté de la plaque...Alors parler des femmes, et qui plus est de celles qui habitent la capitale, c'est prendre un double risque....mais comme il s'agit de mes congénères, j'ose le prendre ce risque car, de près ou de loin, directement ou indirectement, je suis aussi un peu concernée....

Sans vouloir faire de l'ombre aux phénomènes qui ont déjà marqué l'histoire des parisiennes (je mets dans ce "panthéon" de la féminité parisienne (bien vivant !) des Sonia Rykiel, Inès de la Fressange, Andrée Putman, Chantal Thomass, Miss Tic et autres Madeleine Chapsal....) je vais tenter par les quelques lignes qui vont suivre de rendre compte de la parisienne d’aujourd’hui qui suit le chemin de celles qui l’ont précédé dans la capitale et de dresser l'ébauche de son portrait, tel que je le ressent.

La parisienne reste un modèle (stéréotypé ?) qui laisse toujours songeur et parfois admiratif les étrangers, même les plus attentifs et les plus observateurs. Si le Nouveau Monde et la "Grosse Pomme" en particulier a ses "new-yorkaises" avec des Carrie Bradshaw et consorts, Paris est loin d'être en reste et ce depuis quelques siècles .....Déjà les Merveilleuses sous l'Empire étaient une caste à part entière de la population féminine de la capitale, que suivront un peu plus tard les belles décrites dans les romans de Balzac, puis leurs dignes descendantes qui s'essayent au fume-cigare et qui innovent la coupe à la garçonne pendant les années folles. Ce "modèle" féminin français reprendra vie après la seconde guerre mondiale sous le pinceau génial de Gruau qui dépeint une femme à la taille de guêpe, les lèvres ourlées du célèbre "rouge baiser", puis relayé par Kiraz et ses "parisiennes" depuis les années 60 et 70, image de la jeune femme sophistiquée, fine mouche, parfois écervelée, croqueuse d'hommes, sans jamais avoir l'air d'y toucher bien sûr....mais qui a plus d’un tour dans son sac (Chanel, évidemment). Différemment mais sûrement, la thématique est reprise depuis les années 1980 par le biais des jolies brunes de Miss Tic qui ornent de leur présence les murs de la capitale. Des phénomènes à l'allure chaloupée et qui ont toujours la réplique dans une verve qui n’appartient qu’à elles : « une tête bien remplie sur un corps bien fait »...

Car si la parisienne se distingue par ses formes, sa ligne, son style vestimentaire, sa coupe de cheveux ou son maquillage impeccable, elle se détache également par son esprit et sa vivacité intellectuelle. Et c’est surtout là qu’elle se différencie des autres…LA parisienne c’est le fond et la forme en même temps !

C’est aussi ce côté multi facette : élégante, cérébrale, spontanée, à l'écoute de tout ce qui bouge, elle a le teint clair et le menton qui pointe vers le haut, le sourire de celle qui sait ce qu'elle veut et ce qu'elle vaut...Sophistiquée, mais juste ce qu'il faut...jamais vulgaire, son piédestal le lui a toujours imposé...

Après avoir remonté le temps je me suis dit qu’en réalité la parisienne, comme son environnement avait pourtant bien changé. Il me semble que si elle était encore très typée il y a quelques décennies, elle le parait beaucoup moins aujourd’hui. Et si elle marquait assurément la vie de la capitale, elle a quelque peu disparu... (bon d'accord, je ne passe pas non plus mes journées chez Angelina, Carita et Alexandre Zouari)....l'élégance, la féminité et l'esprit auraient ils déserté Paris ? Non bien évidemment, mais la parisienne semble avoir changé de profil. L'égalité des sexes chère à nos mères y serait elle pour quelque chose ? Certainement, les bouleversements économiques et sociologiques de la fin du XXème siècle n’y sont pas complètement étrangers….rappelez vous : la lutte pour l’égalité des sexes, la parité, la révolution sexuelle, la crise de la famille, la mondialisation, la révolution du tout média, de l’image et la banalisation de celle de la femme (?!), mais aussi la crise économique….il me semble que tous ces paramètres ont mis quelque peu à mal l’icône de la parisienne qu’il m'arrive de croiser aujourd’hui sous les plastiques posés par les bouquinistes sur les couvertures de vieilles éditions de "Elle" ou de "Marie France", j'ai plus de mal à la croiser en chair et en os dans nos rues de la capitale. Non, pas de nostalgie pour moi ici, simplement un constat de ce que je peux voir et analyser dans Paris.

Et je ne pense pas non plus que l’on puisse classer LA parisienne par rapport à une catégorie socio professionnelle, à un salaire net, à une adresse et à style de vie…ce serait sans doute se tromper (cf : le roman "Hell"). Bien que parler de LA parisienne, c’est probablement évoquer ces éléments mais pas seulement. C’est aussi la classe, le chic, la vivacité d’esprit, la spontanéité, une attitude et une façon d’être et ça ne se monnaye pas, on les a ou on ne les a pas…

Oui, il me semble que la parisienne a changé de profil, au regard des bouleversements de la société française…pour utiliser une métaphore, je pense que le portrait de la parisienne d'aujourd'hui ressemble à un portrait cubiste, permettant ainsi plusieurs sens de lecture, à l'image de la parisienne actuelle qui présente elle même tant de diversité...

Ce portrait cubiste pourrait s’esquisser de la façon suivante à travers ces quelques coups de crayons :

Une "amazone" à la vie trépidante jonglant entre baskets et talons aiguilles, qui "run" tous les matins un Ipod dans les oreilles, pour entretenir ses jambes de gazelle qu'elle mettra ensuite en valeur par une robe bien coupée ; à la situation professionnelle qu'elle a su dompter (forcément, c'est une guerrière.....), qui arrive à se cultiver tout en essayant de se divertir ; qui pense aux autres (pour parfaire son équilibre), qui peut avoir un sourire en coin tout en relevant le menton et regarder d'un peu (trop) haut ; qui s'abreuve de Kusmi Tea détox, à l'affect réfléchi….mais c'est aussi une "futile" à ses heures perdues, la shoppeuse et la "clubbeuse" invétérée, un sac Vanessa Bruno à la main, des leggings en jean et des ballerines aux pieds, un smartphone en guise de troisième main. Elle sort rarement seule…. et de préférence dans un club privé sinon aux "bains douches" ou au  "Showcase". Au maquillage "nude".... elle est prête à faire la queue chez Angélina et devant les points de vente Ladurée, parce que justement c'est Angélina et Ladurée........(poncifs élimés ?). 

Parfois "glam-rock", un perfecto et une coupe à la garçonne, des yeux charbonneux, un béret et un savant mélange entre noir profond et couleurs vives...qui aime les concerts dans les petits bistrots du 18è aux grandes salles répertoriées, ou encore la "bo-bo" préfèrant le canal de l'Ourcq au quais de Seine, qui roule en vélib, plutôt qu'en "scoot", qui ne jure que par le "slow food" et le bio….la liste de ces petits clichés pourrait se poursuivre longuement (et chacun pourrait y aller avec ses propres étiquettes..), alors plutôt que de vous lasser lecteur, je terminerai pas ces quelques mots…

Il n'y a pas une parisienne, mais DES parisiennes, elles sont à elles toutes seules des romans, elles aiment la vie, et la ville qu'elles habitent, qu'elles soient de la rive gauche ou de la rive droite. Ce sont surtout des âmes, des sensibilités que la société actuelle a quelques fois moulé à sa convenance, des êtres qui au fond restent bien fragiles pour peu qu'on les considère autrement que pour ce qu'elles ne sont pas vraiment, c'est à dire souvent des clichés auxquels elles se conforment parfois. Loin de moi l'idée ou l'envie de compartimenter ou de cloisonner dans des cases, ce serait faire perdre à cet article tout son intérêt, car la parisienne, c'est un kaléidoscope. Chacune ayant son style, le principal étant qu’elle l’assume et qu’elle l’affirme avec le naturel qui est le sien.

La pollution visuelle est aussi sur les tuyaux...

Ah un petit coup de gueule....de temps en temps ça ne fait pas de mal...et celui là restera simplement une petite saute d'humeur urbaine....

Sans vouloir défendre les écologistes dont je ne partage pas toujours le point de vue, je suis assez sensible à l'environnement urbain et à la propreté des rues et autres espaces publics parisiens ...Non je n'évoquerai pas ce soir le cas des déjections canines parisiennes (ce qui en soit fera peut-être tout de même l'objet d'un prochain article...), mais j'avais plutôt envie  de parler d'un sujet dont je n'ai encore vraiment rien lui ni sur internet ni ailleurs...mais qui m'intrigue pour autant, depuis d'ailleurs un petit moment...oh rien d’extraordinaire, mais une fois que j'aurais évoqué la question je suis sûre que vous ne verrez plus les tuyaux, conduits cylindriques accolés entre deux numéros d’immeuble puisqu'en l’occurrence, il s'agit d'eux... de la même manière.
N'avez vous jamais remarqué qu'à chaque tuyau extérieur adossé à un immeuble (conduit pour l'eau ou l'aération, je ne sais pas...), sont collées de multiples annonces en tout genre allant du cours de yoga, à la vente de matelas futon, en passant par des petits ménages, des annonces de concerts de troisième zone, ou encore des cours de tango et autres rencontres (plus ou moins) alléchantes ? Souvent passées par le temps et victimes des aléas de la météo parisienne, elles finissent par tomber en lambeaux, parfois arrachées, ou bien effacées par la pluie, rendant finalement ainsi  leur contenu de moins en moins attractif pour le potentiel client....
Si en soit, le phénomène reste anodin, et guère nuisible, plusieurs questions subsistent en moi : Comment penser et espérer que les clients puissent être "accrochés", ou ne seraient ce qu'attirés par ce biais  ? Comment ne pas craindre une affaire plus proche de l'arnaque que de la valeur sûre ?  A l'heure d'internet et du tout média, comment peut on espérer gagner une clientèle par ce biais que l'on peut qualifier de quasi-misérable ? Sans doute que cette offre correspond au niveau de la demande qui ne sera pas très regardante sur la qualité et de la proposition et du service en lui même...?
Je ne sais pas si cette utilisation de l'espace public est encadrée et autorisée, mais il me semble en tout cas que ces annonces qui sont "hors circuit" , hors des chemins traditionnels de la publicité ne sont guère efficaces, qui plus est détériorent le cadre urbain et sont susceptibles d'être une (certes, petite) source supplémentaire de pollution...
Alors non, je ne pense pas être une vieille fille aigrie qui ne supporte pas un trait de travers une affiche qui dépasse ou légèrement décollée ; les tableaux peuvent pencher chez moi et je ne cours pas derrière le moindre grain de poussière....Oh que oui, je suis pour la libre expression, j'aime aussi le street art et je considère que si la rue, le plus grand espace public disponible, peut être investit pour la promotion de l'expression artistique, si celle ci peut être utile au développement et à l’épanouissement de sensibilités diverses et variées, il faut en effet que les jeunes pousses artistiques puissent profiter de cette occasion formidable .....Sauf que dans le cas de mes tuyaux, on est loin d'une expression artistique et de l'utilisation de l'environnement urbain pour s'exprimer, ce phénomène s'apparentant à de la publicité sauvage, et à une "pollution visuelle" certaine, participant certainement à la réputation du "Paris/poubelle" souvent décrié par nos visiteurs étrangers. Et pour quel gain ? qui sera intéressé par un cours du soir, dont la description et les coordonnées seront transmises dans la rue entre un mur et une bouche dégoût ? Pas moi...
Alors oui, c'est un petit coup de gueule, rien de bien méchant, mais mettez vous à regarder ces tuyaux, vous ne les percevrez plus comme avant...Je précise que mes illustrations restent très discrètes...j'ai croisé des tuyaux sérieusement plus "décorés"...

Pigeons ou pas pigeons ?

 Non, ne croyez pas que je vais (re)mettre ici en cause la crédulité des parisiens (comment le pourrais je en digne parisienne :)....), non, je vais plutôt voler dans les plumes du délicat sujet des pigeons bisets, vous savez ces gentils volatiles qui laissent ça et là une signature distinctive, qui sur un revers de veste, là sur un pare-brise (passe encore), ou tout simplement sur le sommet de votre crâne...). Oui, j'avais depuis quelques temps ce sujet en tête et je comptais bien publier une prose sur ce sympathique mais néanmoins envahissant compagnon de fortune des parisiens. Regroupés en tribu, voire en colonie à certains endroits de la capitale, ils sont donc rarement seuls (c'est qu'ils ont l'instinct grégaire ces zosiaux...), parfois même en nuée impressionnante, ils aiment (même si l'inverse ne se vérifie pas forcément) la compagnie des êtres humains que nous sommes. Leur présence suscite, d'un côté, les défenseurs qui apprécient cette inoffensive voire amusante présence animale dans Paris, les considérant même comme un véritable symbole de la capitale (on peut y voir en effet une palette de couleurs "ton sur ton" des plus chic et des plus gaie, composée de gris pigeon sur un gris asphalte, un gris ferraille et un gris "Seine polluée"....) ; de l'autre, les farouches opposants qui n’hésitent pas à poser des plaintes auprès de la municipalité de Paris pour nuisances multiples et pour certains de ces "anti-bisets", qui n'hésitent pas à liquider eux mêmes les volatiles encombrants... 

Mais pour mieux comprendre d'où vient cet envahissement à plumes, il convient de remonter un peu le temps, oh  juste deux ou trois siècle, quand sous l'ancien régime on élevait ces animaux pour ensuite le chasser afin d'en consommer le gibier. Beaucoup d'oiseaux furent ensuite relâchés jusqu'au XIXème siècle au moment où la mode du pigeonnier disparut. Depuis 150 ans donc ces pigeons vivent donc indépendants et totalement libres dans nos villes. Et quand on sait que leur croissance peut devenir exponentielle (6 couvées de 2 œufs par an et une capacité de reproduction possible à partir de 4 semaines.....) on comprend mieux la réalité de l'envahissement...

Aujourd'hui, à priori mieux acceptés par les touristes que par les autochtones de la capitale, les pigeons bisets parisiens (au nombre de près de 100 000 tout de même), suscitent donc controverse et plaintes auprès des pouvoirs publics, tant est si bien qu'en 2003 un projet pilote a été instauré dans le 14ème arrondissement en vue de réguler et d'encadrer la population au duvet gris, dans le respect de la vie animale et de l'éco-système. Le but de l'opération étant de fidéliser
 
la colonie à un endroit choisi, en lui donnant de la nourriture et de stériliser une partie des œufs en les secouant. La femelle les couve ainsi un temps, puis les repousse. Un pigeon pond plusieurs fois dans l’année, généralement dans le même pigeonnier. La première couvée est gardée, les autres sont stérilisées.Cette première expérience s'étant avérée positive, ce système a été mis en place progressivement dans chacun des arrondissement de la capitale. Ainsi, les parisiens ont pu voir fleurir de jolis pigeonniers contraceptifs (on est presque au planning familial), de forme carrée ou hexagonale dans les différents espaces verts de Paris.

Mais cette première mesure ne pouvait être complète qu'en étant couplée à une politique d'information auprès des habitants. Il a donc aussi été mise en place, une campagne de communication visant à informer les personnes alimentant à qui mieux mieux ces oiseaux des conséquences de prolifération et de l'impact de leur geste sur l'ensemble de la régulation de la population animale, mais également sur l'impact sanitaire. Il est donc à présent interdit de nourrir les pigeons (sous peine de condamnation et d'amende), une réglementation qui dépasse Paris intra muros. 

Voilà comment est dorénavant considéré le cas des pigeons dans la capitale...Mais pour ma part, je dois dire que je porte une certaine affection pour ces volatiles qui symbolisent effectivement si bien notre ville.....ils me rappellent le gris des toitures et le lustre des ardoises...et même si certains m'ont causé de belles frayeurs à vélo (je crois que ces bestioles ont un instinct leur permettant de dévier leur trajectoire avant un choc frontal...), je les trouve très attachants. J'aime beaucoup les observer et quand l'occasion se présente, les prendre en photos, dans toutes les situations et surtout les plus comiques. Qu'ils soient perchés sur une très sérieuse statue du Jardin du Luxembourg, sur une nymphe du parvis des Droits de l'Homme au Trocadéro ou sur le buste d'un homme politique ou d'un physicien dans un square de quartier ; qu'ils soient esseulés (ce qui reste assez rare), ou en attroupement il est toujours très amusant de regarder comment le comportement humain reflète parfois le comportement animal...

Dans chaque groupe on retrouve bien souvent des caractéristiques de la vie de groupe, le solitaire, le vaillant, le téméraire, le chétif, le peureux, le conquérant, le chef, le bien portant, le malade... qu'ils aient l'oeil vif ou le regard endormi, penchant la tête sur le côté en fixant on ne sait quoi, ou au contraire, le crâne rentré dans leur encolure duveteuse, ou encore trottinant tout en dodelinant,  ils expriment tous une humeur, un état, une énergie, presque un sentiment....si on ne peut pas tous être fana de ce type d'oiseaux pour les différentes nuisances que leur présence apporte, il n'empêche que celle ci contribue à la vie de la cité et à celle de toute communauté humaine, au même titre que l'ensemble du monde animal. Et si les parisiens ne les apprécient pas, je garde en mémoire un certain samedi de décembre où sur le parvis de Notre Dame, plusieurs centaines de bisets se sont retrouvés, comme magnétiquement attirés par une femme qui portait un sac de délicieuses miettes de pain et qui traitait ces oiseaux avec le même amour que pour le plus fidèle ou le plus aimant des animaux de compagnie....

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La pt'ite musique du métro...

DSCN5680.jpgAvec ces quelques lignes, je voudrais évoquer aujourd'hui un sujet qui me tient à coeur, enfin qui tient plutôt à coeur mes oreilles puisque depuis des mois cette idée de billet me trotte dans la tête et se souvient régulièrement à mes tympans, plus précisément dès que je rentre dans les couloirs du métropolitain. 

Je ne prends pas très souvent le métro, et je dois dire que mes oreilles s'en portent aussi bien. N'allez pas croire que je sois autiste, que je fuis le moindre bruit, que je vis dans le silence, que la musique n'adoucit pas mon âme et ne ravit pas mon coeur, loin de là... Je parle dans ce cas là de musique, mais pas de ce que j’appellerais "musicaille" que nos oreilles sont parfois obligées de subir dans certaines rames ou dédales de métro. Et là il n'y a pas de choix ("pour écouter faites le 1, pour supprimer, faites le 2"...), ni de fuite possible....Le son approximatif peut surgir à n'importe quelle station, dans n'importe quel train, sur n'importe quelle ligne et à n'importe quelle heure pourvu qu'il y ait quelques âmes sensibles (non, pas d'oreilles parfaites soudainement séduites pas le son donné), mais bien d'âmes compatissantes qui accepteront de sortir quelques cents de leur poche pour les artistes (ou devrais je dire plutôt les apprentis musiciens) qui passeront immanquablement à la fin de leur prestation entre les voyageurs avec un air larmoyant.... Car il s'agit effectivement pour eux de quémander plutôt que de se consacrer à un art ou à une passion dévorante pour la musique. Non, il s'agit plutôt là de pouvoir vivoter à l'aide de quelques pièces données en échange d'un accompagnement musical plus proche du martyre auditif que d'un véritable ravissement......
Que vous soyez parisien ou provincial vous avez forcément déjà été confronté à cette situation, où malgré la compassion et la bonne volonté, vous ne pouvez que finir votre voyage souterrain en mauguérant contre ces musiciens de 4ème zone (non, pas la 4ème zone géographique de la RATP mais bien la 4ème classe artistique) .....Si vous n'avez jamais été dans cette situation je vous en donne avec plaisir un bref aperçu.

En général deux personnes pénètrent au dernier moment dans le wagon, quand la sonnerie de fermeture des portes retentit, alarme qui sonne comme un diapason pour les musiciens qui affûtent déjà leurs instruments, à savoir, selon les jours, la ligne et la saison, un accordéon ou un violon (de fabrication industrielle) accompagné d'un magnéto branché sur un haut parleur accroché à un porte bagage comme en avait ma grand mère....à l'aide d'un vieux tandem de vélo.... Bref, l'attirail étant prêt, le voyage peut commencer, enfin plutôt le calvaire pour vos oreilles....car elles ne sont pas ménagées en l'espace de quelques stations (évidemment cela ne peut pas se faire simplement entre deux stations, ce serait trop court...et par là même trop beau).

Car outre les nuisances sonores inévitables dues à la machine qui permet de vous transporter entre deux adresses, nuisances encore acceptables et compréhensibles (même si parfois elles sont plus qu'accentuées, cf lignes 7, 8 et 13 u_u...) vos tympans se tapent également le haut parleur crachant des sons sortis d'un mauvais synthétiseur sur lequel viennent s'appuyer quelques notes d'accordéon auxquelles s'ajoutent encore parfois (ah les vicieux...), la voix d'une "diva" d'Europe centrale qui a souvent, il faut bien le dire, quelques peines à se poser et à se moduler sur l'instrument de son compagnon..... Quand il n'y a pas d'effet vocal la musique n'est pas pour autant plus réussie, les sons criards faisant écho aux crissements de la rame, qui, comme vos oreilles, semble elle aussi gémir de douleur. L'accordéon bâcle les morceaux choisis (histoire de pouvoir enchaîner le plus de titres entre deux stations), survolant rapidement les touches et ainsi les notes, faisant finalement tourner la tête et rendant cette dernière presque migraineuse.
Le répertoire choisi varie en fonction de la troupe, soit des classiques de la chanson française à faire retourner la môme Piaf dans sa tombe ou bien des morceaux de musique classique revus et corrigés à la mode "musique d’ascenseur" (mais attention ascenseur défaillant...). Vous avez aussi parfois  le registre musical tout droit sorti des Balkans qui apporte ainsi à votre journée une note  folklorique plus que douteuse.

Si vous avez un coeur un minimum compatissant, vous vous attardez sur le look "made in Romania" des musiciens, vous ravalez votre mauvais esprit et votre mesquinerie pour vous dire que finalement ces pauvres bougres font quelque chose de productif plutôt que de tendre simplement la main sous un distributeur automatique de billets, qu'ils ont un avenir incertain et une vie moins facile que la vôtre et vous acceptez en silence les sons discordants.

Si vous êtes un peu plus intransigeant, peut être aussi un peu de mauvaise humeur ou bien tout simplement avec une bonne crève, vous pestez en vous réfugiant à l'autre bout de la rame pour essayer de protéger au mieux vos tympans du désastre auditif annoncé. Quoi qu'il en soit, vous essayez de faire abstraction de ce contretemps musical qui n'a rien d'un agrément de voyage et vous patientez en vous disant que la distance entre deux stations ne représente finalement qu'environ une minute de trajet et vous pensez aux voyageurs du wagon suivant qui n'échapperont pas eux non plus à cet intermède dans quelques instants. 
Les sons se succèdent, le volume est suffisamment élevé pour démanger vos doigts de se rapprocher de vos oreilles en vue d'une protection qui ne resterait malgré tout que superficielle....la voix ne semble pas vouloir s'arrêter, Madame y met tellement de coeur et son compagnon s'acharne sur son instrument pour en faire sortir les notes les plus convaincantes possibles (en vain), tout en glissant des oeillades plus qu'exagérées vers la gent féminine, ce qui vous fait au mieux baisser pudiquement la tête, ou dans les mauvais jours, carrément toiser l'inquisiteur de votre regard froid de parisienne.

Si vous n'êtes pas descendu avant la fin du spectacle, vous aurez forcément droit au passage d'un des acolytes vous tendant un gobelet sorti tout droit d'un menu de Mc Do, ou d'un fond de bouteille plastique découpée. Comme la plupart des voyageurs, vous vous mettez subitement dans un état de méditation, laissant votre regard étrangement dans le vide et sourd à toute sollicitation de la part des musiciens. Ou alors vous plongez soudainement dans un livre de poche ou dans un quotidien gratuit que vous avez pris en entrant dans la bouche de métro, ou bien encore si vous êtes accompagné, vous vous tournez alors vers votre interlocuteur pour relancer votre discussion ou poser une question. A moins que, comme quelques rares âmes charitables, vous ne portiez la main à votre poche pour en sortir une pièce. Quoi qu'il en soit vous remerciez le ciel que le calvaire touche à sa fin et que le reste de votre voyage se déroule dans le bruit de fond de quelques conversations et le roulement de la machine sur ses rails ressemblant tout à coup à une berceuse....
C'est à ce moment là que prenez conscience que le brouhaha général de la vie souterraine n'est à côté de tout cela que bien peu de chose. Mais saviez vous qu'en réalité certains destins musicaux ont commencé dans les couloirs du métro ?

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Noël parisien - Partie 5 : Une nuit bien étrange....

A Noël tout est possible, enfin à ce qu'il parait (à mon avis le Père Noël n'en mettrait pas non plus sa barbe à couper...mais bon pourquoi pas...) alors pour rompre la monotonie du calendrier qui touche pourtant à sa fin, je vais laisser ce billet se porter à la rêverie et imaginer qu'effectivement tout est possible....pour clore cette année (enfin presque....) et passer le cap des 100 billets en beauté, je vais vous raconter ce qui se passe dans Paris, la nuit de Noël, pendant que les uns festoient, mangent, rient, déchirent les papiers cadeaux et font sauter les bouchons des bouteilles de champagne, pendant que d'autres encore, un peu plus seuls peut-être, choisissent de s'investir pour les autres par le biais d’initiative diverses et variées, ou bien restent encore tranquillement au chaud, devant leur écran d'ordinateur ou de télévision.... (tiens, eux aussi.. :)) 

Alors que se passe t-il dans Paris la nuit de Noël ? Et bien pour avoir mené ma petite enquête, et de source sûre (foi de parisienne....) voici ce qui se trame dans certains coins de la capitale....une fois que les derniers achats sont faits et que les rideaux de fer sont tombés.
Tout d'abord l'ambiance est également à la fête ! La musique et la danse n'étant en effet pas réservées qu'aux intérieurs lumineux et chaleureux des foyers parisiens....tendez donc l'oreille et fermez les yeux.... Là sur la Place Colette les deux noctambules (oui, vous savez le "jour" et la "nuit" qui surmontent les deux couronnes de la station de métro "Palais Royal") finissent par se rencontrer en cette nuit de la Nativité pour esquisser une valse élégante sur la Place qui sert de parvis à la Comédie Française.....
L'eau des fontaines de Paris jouent un concerto en "goutte majeur", formant ainsi toutes ensemble un formidable orchestre aquatique et pour certaines comme la Fontaine de la Place Malreaux, poussent même l'audace de joindre la lumière aux sons..... Une musique donc qui donne le tempo au "dance floor" général que devient Paris en cette nuit pas comme les autres....Paris n'est pas la capitale de la fête nocturne pour rien.....et des danseurs il n'en manque pas....pensez donc : les Miss brunes de Miss Tic descendent de leur mur pour prendre chair et entamer un tango sensuel et chaloupé....quant à Monsieur Nemo, il a enfin décidé de quitter son sempiternel imper noir pour revêtir, une fois n'est pas coutume, un costume plus gai et de circonstance afin d'inviter ces dames à danser !  Les statues austères de nos illustres ancêtres qui restent immobiles à longueur d'année dans le très sérieux jardin du Luxembourg se dérident enfin et quittent leur socle pour aller rejoindre le quadrille, bientôt rejointes par les nymphes de la fontaine Louvois et de la fontaine du Châtelet. Quant au "Génie de la Liberté" qui surplombe indifféremment la capitale du haut de la colonne de Juillet, Place de la Bastille, il n'est pas en reste et assure le show, lui qui est en tenue de soirée toute l'année ... Mais la reine de cette piste de danse improvisée reste sans nul doute notre Dame de Fer nationale, qui, revêtue de son habit de lumière, réalise une étonnante démonstration de Disco....(avec une robe à paillettes, comment pourrait il en être autrement....). La fête ne serait pas complète sans le son des instruments des musiciens de Jef Aérosol répondant ainsi au chant des fontaines et faisant également écho aux chants qui montent du choeur de St Eustache, laissant pour une fois, "l'Ecoute" d'Henri de Miller le visage serein, les yeux clos et un large sourire sur ses lèvres charnues....
Mais il n'y a pas que la musique et la danse pour animer les murs d'une Lutèce en fête.....qui dit festivités dit également jeu....Ainsi à quelques pas du Palais Royal, les colonnes de Buren sortent de leur immobilité verticale pour se lancer dans une joyeuse partie de saute mouton, dans la Cour d'Honneur transformée en une cour de récréation improvisée..... Au Jardin des Tuileries les statues à l'aristocrate blancheur se laissent aller à une partie de cache cache entre les arbres vénérables des allées et le "kiosque à rêves" laissé là par la FIAC il y a quelques semaines... Un peu plus haut, place de l'Etoile, l'Arc de triomphe marque le point de départ d'une chevauchée fantastique organisée par les carrousels de la capitale, offrant ainsi le spectacle d'une formidable course entre les plus beaux chevaux de bois des alentours.... (pour vous faire une idée, à côté le derby de Mary Poppins c'est de la gnognotte...) Pensez donc, une déferlante de chevaux aux robes crèmes, noires ou chocolat sur les Champs Elysées qui vient se terminer en beauté sur la Place de la Concorde sous les hourras des poupées, des ours et des marionnettes, qui, ayant achevé leur tâche de démonstration dans les vitrines des Grands Magasins, ont pris pour quelques heures la poudre d'escampette, bientôt rejoints par Ernestine la vache de Léo et Pipo...un spectacle inoubliable rendant les courses du grand Prix d'Amérique bien fades....
Mais la magie de Noël ne s'arrête pas là....elle vient également toucher les milliers de mascarons qui ornent le moindre édifice de notre patrimoine parisien comme le très digne Pont Neuf qui s'anime tout à coup de visages riant, souriant ou grimaçant, profitant de ces quelques heures de liberté pour décontracter rictus et autres zygomatiques..... et comme visiblement tout est possible en cette nuit inoubliable.....l'ours Polaire qui a échoué, on ne sait comment, à St Germain des Près retrouve enfin les siens... Sur les hauteurs de Ménilmontant, les pleureuses du cimetière du Père Lachaise sèchent leurs larmes et retrouvent le sourire.... au détour d'une allée, une silhouette, une cigarette à la main, ressemblant étrangement à celle d'Alain Bashung apparaît et disaparaît subitement comme celle du chat qui "finit en beauté" ... Et puisque Paris est la capitale de l'Amour, les amoureux transis ne sont pas en reste, aussi les amants de Rodin cantonnés à un éternel mais non moins parlant baiser à l'entrée du musée du Jeu de Paume, décident de donner suite à cette étreinte aussi fougueuse que passionnée et finissent par passer en position horizontale....(ben il était temps ... et vive l'amour...["soupir"]...). 
Voilà donc un bref aperçu de ce que la nuit de Noël laisse comme spectacle aux parisiens qui gardent leur âme d'enfant agrémentée d'un brin de fantaisie et de légèreté....Ah oui, j'allais presque oublier, malgré la frénésie de cette nuit un peu particulière tous les acteurs de cette féerie vous souhaitent un très joyeux Noël....

Noël parisien - Partie 4 : Les étables de Paris

Aux Féeries d'Auteuil Non je ne parlerai pas ce soir du Salon de l'Agriculture qui n'ouvrira ses barrières à la Porte de Versailles que dans quelques semaines, mais d'autres étables et plus précisément de mangeoires....C'est d'actualité puisque nous allons fêter la Nativité d'ici quelques 24 heures....

J'avais en réalité l'intention de faire un billet sur les  crèches (vivantes ou non) que pouvait nous proposer les lieux concernés de la capitale (c'est à dire de culte catholique), mais je dois dire que j'ai eu un certain mal à me mettre quelque chose sous la dent (ou devrais je dire plutôt dans la mangeoire..). En tout cas les crèches dignes de ce nom ne courent pas les rues, et dans les églises guère plus....
Non, vraiment pas de quoi affoler un âne ou un mouton et encore moins précipiter l'arrivée des rois mages sur le lieux de rendez-vous signalé par une étoile (d'ailleurs ceux là...ils se font de plus en plus rares, bon d'accord ils ont encore quelques jours pour se pointer sous l'auvent,  mais en même temps s'ils étaient là, ce Un berger, "made in Auteuil" seraient déjà plus amusant, parce que vraiment pour le moment c'est pas la grande fête sous les clochers..... Je m'explique....
Voulant mettre mon  blog et mes cartes virtuelles au diapason des fêtes de fin d'années et de la Noël, je me suis mise à la recherche de crèches à mettre dans le viseur de mon objectif...Et bien je ne pensais vraiment pas me retrouver en quête du Saint Graal... même par un dimanche de mois de décembre déjà bien entamé, la pêche fut plutôt maigre.......A la Madeleine je suis tombée sur une chorale qui répétait en vue d'un concert donné soit le jour même soit un soir suivant....A la Trinité je me suis fait refoulée car un concert (encore...) commençait et que évidemment je n'avais pas de billet (ba oui).... compte tenu de l’accueil plus qu'approximatif, je ne me suis pas fait priée (!!) pour ressortir non sans avoir jeté un rapide coup d'oeil sur la nef et les quelques chapelles latérales qui paraissaient bien vides.....Là aussi la paroisse n'avait pas non plus fait beaucoup d'effort en matière de Marie, "made in Auteuil" décoration....Et à Notre Dame de Lorette je trouvais porte close (un dimanche....), je dois dire que je commençais sérieusement à me décourager...
Heureusement que j'avais lors de ma visite aux Féeries d'Auteuil (voir le billet sur le sujet) quelques jours auparavant pu apercevoir quelque chose de plus conséquent....En effet plusieurs établissements placés sous la tutelle de la Fondation des Orphelins Apprentis d'Auteuil ont réalisé et exposé dans le petite église une série des crèches, certaines dans la plus grande simplicité, d'autres dans la plus grande originalité, mais toutes pleines de A Ste Cécile sensibilité et de personnalité....Malheureusement les photos n'étant pas de très bonne qualité, j'ai préféré repartir à la chasse pour finir par mettre quelque chose dans ce billet risquait de finir bien vide.... Alors aujourd'hui j'ai bien été frapper à la porte de l'église St Cécile dans la petite rue du Conservartoire, "l'église de Noël" comme j'aime à l'appeler à cause de tous ses éclairages qui mettent en valeur l'intérieur coloré et les dorures subtilement placées....bref, une illumination à elle toute seule (et à l'année) mais dans une certaine simplicité et une vraie douceur qui n'évoque en rien le clinquant ou l'ostentatoire. C'est effectivement là que j'ai trouvé une crèche....ma foi pas clinquante elle non plus : des statues en plâtre peint aux couleurs ternes et sans gaieté, vraiment rien de bien extraordinaire....Et puis une nouvelle tentative à Notre Dame de Lorette pour trouver deux parents, encore seuls en ce 23 décembre, devant une mangeoire vide.....des visages tristes et sans expression....à croire que la tradition de la crèche serait A Ste Cécile en véritable perdition. Lassée donc par ma pêche loin d'être miraculeuse j'ai encore vainement cherché sur la toile si je pouvais transmettre le témoignage d'une crèche vivante ou de la crèche de Notre Dame de Paris qui en général déplace encore un peu plus les foules qu'à l’accoutumée....mais là encore rien de notable excepté quelques vidéos amateurs qui ne s’attardent d'ailleurs guère sur une étable en modèle réduit.....
Moi qui me souvient du rituel de l’installation des santons à la maison, des bougies allumées le soir faisant scintiller tous ces petits personnages dans l'obscurité de la nuit d'hiver......animant le temps de quelques instants les figurines et faisant briller les couleurs franches des vêtements et des visages émaillés ....oui il est un peu loin ce temps de l'enfance, aujourd'hui la réalité de la vie adulte avec tout ce quelle comporte de déception et de cruauté a remplacé l'innocence de l'enfance, voilà peut-être aussi pourquoi je trouve les crèches d'aujourd"gui un peu fade, pauvres et sans aucune gaieté.....
Alors malgré la présence de ces quelques personnages figés et de ces deux ou trois animaux dans quelques brindilles de foin, je préfère encore rester avec le souvenir de quelques lumières vacillantes devant un miroir ou étaient placés les santons colorés et tendre l'oreille vers la cire qui fond dans le silence du soir, de quelques voix familières et des éclats de rire enfantins....en me disant que même si ce temps est révolu la vie continue vers toujours plus d'espérance et un renouveau certain...

 

A Notre Dame de Lorette

En décembre, les marchés ressemblent parfois à des grandes surfaces...

Sur les Champs Elysées Je proposais dans ma dernière "bande-annonce culturelle" de flâner dans les allées de marchés de Noël dont les petits chalets et les achalandages envahissent peu à peu les rues (passantes) de la capitale avant la grande cérémonie commerciale de la fin de l'année. Ayant quelques souvenirs de petites échopes rencontrées en province il y a quelques années j'avais envie de faire une brève note sur les marchés de Noël parisiens. L'année dernière c'est le boulevard Haussmann et les allées au jardin du forum des halles qui accueillaient, entre autres, les maisonnettes en bois, souvent décorées de rouge et de vert, proposant produits régionaux et autres inutilités qui font rêver les enfants sous ces petites cabanes quelques jours avant Noël et dont les adultes regrettent parfois l'achat quelques semaines plus tard...mais pas de mauvais esprit ici, l'ambiance doit être à la fête, à la douceur et au sourire...

Sur les Champs Elysées
Les marchés de Noël restent des endroits particuliers où l'ambiance est toujours bon enfant (les choeurs des hauts parleurs aidant..), chargés de personnalité diverses et variées. Mais si le flâneur a déjà le coeur et l'esprit ailleurs, c'est aussi et surtout (oserais je dire...) une grande entreprise où rien n'est laissé au hasard pour que les fluxs économiques soient les rois de la fête... J'ai d'ailleurs appris récemment que les exposants étaient démarchés (par des....démarcheurs...oui je ne vais pas dire "rabatteurs"....même si ça y ressemble un peu...) sur leurs territoires de province pour venir à la capitale, histoire de dépayser un peu ces parisiens...avec ici un peu de brioche vendéenne, là de la charcuterie, ici encore de la tartiflette, et si la diététique du froid ne les tentent pas, les séduire avec des sculptures en bois ou des écharpes en soie....Des idées de cadeaux certes....un esprit convivial et de fête, de jolis décors et un contexte qui prête à la dépense....mais c'est surtout pour beaucoup (et moi la première il faut bien le reconnaître), l'occasion d'une sortie en famille un dimanche après-midi de décembre, et de trouver des objets pas toujours si courants que cela....
Sur les Champs Elysées
Pour en avoir déjà traversé quelques uns en cette fin d'automne hivernale, voici trois exemples de marchés de Noël parisiens différents : 
Le premier que j'ai visité m'a emmenée directement dans une "grande surface" via une autoroute quatre voies : je veux évoquer ici sans état d'âme particulier le marché de Noël des Champs Elysées avec son enfilade de chalets blancs fabriqués et montés en série (comme les autres sans doute mais l'effet est ici particulièrement frappant), aménagés sans aucune personnalité, totalement anonymes, sans charme, aux odeurs de fritures et aux allures de fête foraine...sans intérêt sauf peut-être pour des touristes guère exigeants...c'est à peine si l'on se souvient qu'il s'agit de Noël, quant à une référence religieuse vous vous êtes trompés d'adresse...
Toute autre chose, dans un petit cercle assez confidentiel à la Fondation des Apprentis d'Auteil, un peu trop Du côté d'Auteuil typé à mon goût (ma pôv dame c'est qu'on est dans le 16ème tout de même..), mais une vraie ambiance familiale, des produits présentés, aussi originaux que de qualité, un bon et sain esprit....et de l'authenticité (comme le reblochon de Savoie :-)....)...Et puis, là par contre, pas aucune connotation au capitalisme effréné et au profit indispensable, quand bien même la Fondation en a réellement et utilement besoin (et sans doute plus que d'autres organisateurs de ce type de manifestations...). Un contact vraiment humain, assez éloigné d'ailleurs du lien purement commercial...
Un univers romantique et un peu "bobo" à St Germain des Près....où les moufles et les bonnets en fourrures jouxtent les matriochka aux mille couleurs, où l'air frais est parfumé par des effluves d'encens....quelques pas plus loin, des bijoux artisanaux ou des parapluies décorés aux motifs des Toiles de Jouy, des savons de Marseille aux jolies teintes pastels et le journal de votre année de naissance à votre disposition.....du blanc et de l'argent un peu partout, je n'aurai qu'un mot authenticité (la vraie...) du bon goût le tout dans une certaine simplicité...
Bref, les ambiances varient d'un marché à l'autre, sans doute en fonction d'une part des organisateurs démarchant tel ou tel exposant, et d'autre part en fonction de la clientèle de quartier et du type de visiteurs....quoi qu'il en soit, ces balades sont plutôt amusantes et si l'on y fait pas forcément ses achats de Noël c'est au moins le prétexte à une réflexion économico-sociologique de comptoir !

 

"Paris illumine Paris" ... dans un halo vert

Rue de Richelieu Je comptais évoquer des illuminations de Noël dans un prochain billet de ce mois de décembre mais après avoir croisé d'étranges décorations de Noël depuis deux week-end, je souhaite parler ce soir de l’initiative politico-économico-bobo-écolo tournée vers un Noël "vert" et s'inscrivant dans le cadre des festivités de la capitale"Paris illumine Paris"... Si les sapins de Noël sont des arbres persistants, quand ils sont faits de bouteilles plastiques ils le sont encore plus, et prennent une couleur "vert développement durable"....

Les trois opérateurs à l'initiative de ce projet veulent par ce biais sensibiliser les consommateurs que nous sommes tous (et d'autant plus en cette période de l'année traditionnellement tournée vers la surconsommation en tout genre),  au tri et au recyclage, et sont une galerie parisienne, le géant de la boisson gazeuse au goût subtil de cola et la Mairie de Paris herself...
Ainsi, pour rappeler aux parisiens la necessité et l'utilité du tri sélectif des déchets, les trois entités ont mis en place diverses décorations de Noël, plus ou moins présentées comme des installations artistiques......lumineux comme idée...ingénieux....et éco-responsable, bref, tellement dans l'air du temps...
Place Malraux
La première fois que j'ai vu ces ravissantes guirlandes, j'ai cru à un canular ou à l'oeuvre d'une école primaire de quartier dans le cadre d'une action particulière avc profits éventuels  pour une association à la clé...que nenni, il s'agit d'oeuvres plastiques très "hype", réalisée par des designers non moins "in" mais encore plus "green"...j'ai nommé la Deisgnpack Gallery, située dans la rue de Richelieu (1er) et qui investit (ou devrais je dire sévit ?) cette année pour la deuxième fois consécutive le quartier de la Comédie Française de centaines de bouteilles plastiques vides, savamment cabossées et assemblées pour réaliser de fabuleuses guirlandes et autres sapin de Noël.....si le ton utilisé ici pour évoquer cette initiative éphémère (.....ouf....) est quelque peu ironique voire sarcastique, c'est que je n'ai pas encore pu admirer ces oeuvres illuminées et il est vrai, que de jour, sans reflets ni jeux entre l'ombre, la lumière et le plastique coloré l'ensemble est un peu fade et sans aucune magie.... et a de quoi suscité l’étonnement voire un certain rejet......pourtant pour avoir vu quelques phoros de la précédente édition, je crois que de nuit ces installations sont très réussies et très gaies. 
Rue de Richelieu
Néanmoins si ces décorations interrogent le passant, elles ont atteint le but recherché par leurs installateurs, en effet que ce soit les designers, Coca-Cola ou la municipalité de Paris, ces derniers veulent montrer que les déchets ne sont pas une fatalité et que l'on peut trouver une seconde, et honorable, vie à des produits du quotidien. 
Si je ne vais pas jusqu'à considérer ces assemblages comme des oeuvres d'art il faut bien reconnaître que l'action est très louable, surtout quand on pense qu'avec quelques bouteilles vides on peut éviter la mort d'un sapin qui est certainement mieux en terre que dans un salon où il va perdre ses épines et dont le destin est inéluctablement le trottoir parisien dès les premiers jours de la nouvelle année....vu comme ça, c'est sûr moi aussi j'applaudis au sapin en plastique. Rue de Richelieu

Et comme pour mieux encore sensibiliser les particuliers et peut être notamment les jeunes générations, la Designpack Gallery innove cette année en proposant ces sapins en bouteilles de plastique en kit pour que chacun ait son lot (non pas de casseroles mais) de bouteilles chez soi.....une bonne action qui en vaut deux puisque sur la (modique) somme de 69 €, 2 € sont reversés à WWF pour la reforestation et l'entretien des forêts ...

Reste que ces sapins de Noël écolo manquent un tantinet d'authenticité et de charme, où et comment placer boules et autres guirlandes ???? les concepteurs ne le précisent pas :-p .....

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Pourquoi il faut continuer de commémorer le 11 novembre

Hier matin, je regardais le calendrier et me disais : "demain, férié", sans même me rappeler vraiment à qui et à quoi je devais ces quelques heures de farniente et ce surplus de sommeil... En sortant dans l'activité parisienne du milieu de journée et de semaine, je remarquais quelques drapeaux tricolores hissés ici et là sur les grands boulevards, sur internet, quelques articles, et le programme des politiques faisant leur devoir de commémoration, que ce soit dans la capitale entre deux chefs d'état comme dans la petite ville de province où le monument aux morts reprend chaque année des couleurs,  aux mêmes dates, l'espace de quelques jours, et s'égaye au son de quelques instruments, le temps d'une allocution, comme ces cérémonies auxquelles nos parents nous emmenaient lorsque nous étions enfants... Ainsi donc, un peu blasée, et ne me sentant pas vraiment concernée, je regardais ce que notre société actuelle pensait justement de ce devoir du souvenir....et suis restée entre étonnement et consternation en voyant un grand média interroger les internautes en vue d'un sondage postérieur : "est il encore utile de commémorer le 11 novembre" ?

La première réponse était claire et sans équivoque, faite d'un simple et unique "non"....l'internaute n'ayant même pas pris la peine d'étayer son point de vue.... Les avis suivants divergeaient très nettement du premier, et j'ai envie de dire heureusement, mais si la réponse tombe sous le sens pour la plupart des français (un reste de cours d'histoire aidant...) cela m'a néanmoins donné l'idée et l'envie de creuser un peu plus la question pour voir ce que la France et les français faisaient réellement de leur héritage historique, de ce leg marqué par le sang, de l’opiniâtreté d'un peuple, de son courage et de sa détermination. Des mots qui parfois sonnent creux aujourd'hui où tout est déjà, ou presque, acquis, du, où l'on attend souvent plus des autres que de soi, et où l'individu prime sur la communauté.....bref, j'ai cherché comment me faire une opinion plus précise qui pourraient s'étayer d'exemples vivants et de témoignages et ai donc consulté le programme des festivités....

J'ai constaté d'une part que cette année correspondait au 92 ème anniversaire de l’armistice (bon d'accord il suffisait de faire une simple soustraction......), mais surtout que notre illustre locataire de l'Arc de Triomphe fêtait ses 90 ans de résidence sous l'un de nos plus beaux et célèbre bâtiment français, une demeure historique pour un soldat, certes inconnu, mais qui reste pour nous un symbole universel et politique.
Mais ce qui me semble encore plus important, c'est que cette année soit marquée par le souvenir d'étudiants morts le 11 novembre 1940 alors qu'ils manifestaient contre l'occupation nazie, sous ce même Arc de Triomphe, triste anniversaire pour lequel est d'ailleurs dédiée une plaque commémorative, justement pour ne pas oublier....l'engagement et la détermination des jeunes générations d'une époque où la liberté était en danger.
Sous un ciel froid et humide je suis donc allée sous l'Arc de Triomphe, peu après le passage des officiels, et ai croisé là bas entre quelques camions de militaires et des patrouilles de police nationale, jeunes et vieux, français et étrangers, dans un joyeux brassage de langues et d'appareils photo.
Et bien c'est cela les commémorations et le devoir du souvenir, plus qu'une petite fanfare de quartier, un défilé devant les responsables politiques, les drapeaux hissés dans les monuments aux morts, c'est de voir écrit, et écrire encore, ce qui s'est passé sur notre sol, le nom de ceux qui se sont sacrifiés pour la liberté de notre pays, de ceux qui se sont sacrifiés pour celle d'un autre pays que le leur, pour la liberté de ses enfants, petits enfants et tous ceux qui suivront après ces générations.....c'est bien ça les commémorations, ça sert à ne pas oublier ceux qui sont morts pour leur patrie, pour que la France puisse encore écrire sa propre histoire, avec ses propres mots, qu'elle puisse garder ses symboles, comme ses trois couleurs, son "liberté, égalité fraternité", écrit sur le fronton des mairies, et tout ce qui ce rapproche de près ou de loin à ce qui fait son identité, identité qui se construit jour après jour. "Pour apprendre et se souvenir d'où vienenent nos institutions, nos acquis, et comprendre comment notre société s'est forgée" comme j'aurais pu l'entendre ou peut-être même entendu, un peu plus jeune pendant une sonnerie aux morts...pour se souvenir de ce que veut dire "le prix du sang", pour se rappeler ce qu'est l'absurdité de la guerre et que les nations veillent encore et toujours à se préserver des conflits, petits ou grands.
C'est pour toutes ces raisons, entre autres, qu'il faut continuer de se souvenir, d'amener les enfants voir les défilés, les gerbes de fleurs et les noms gravés dans la pierre, et écouter (même si c'est d'une petite oreille d'ailleurs) les explications des adultes, car c'est avec des signes visibles que les jeunes générations peuvent comprendre et se souvenir du passé, passé nécessaire à la construction de leur avenir.

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Toussaint versus Halloween - Partie 2

Allez....ce soir pour la seconde partie de ma petite étude sociologique je me penche sur les adeptes des toiles d’araignées et des frayeurs en tout genre et j'évoque la fête à neuneu...euh, je voulais dire Halloween....et bien je dois avouer que malgré bien des recherches d'internaute avertie, mes mirettes grandes ouvertes sur la toile (mais oui la toile des geeks bien sûr, pas la toile arachnéenne....) et dans la rue, il faut bien reconnaître qu'il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent...ou plutôt dans la citrouille....J'ai bien vu effectivement quelques potirons traîner ça et là et des araignées s’agrippant tant bien que mal dans la vitrine d'un ou deux boulangers, quelques étudiants faisant la queue devant un magasin de location de costumes cette semaine...Mais c'est bien les seuls témoignages d'un engouement qui ne se cesse de se réduire en poussière depuis quelques années. J'ai cherché ce qu'il pouvait s'en dire dans l'actualité, et bien rien....un trou noir....excepté la page d'accueil de Google qui vous oblige à vous souvenir de cette anomalie automnale héritée de nos cousins anglo saxons...

Halloween est donc reléguée aux annonces de soirées pour clubbers désirant casser la routine des nuits parisiennes trop monotones...en adoptant le temps d'une nuit un balai à la place d'un Iphone (encore que, à mon avis le précieux sésame pour la vie en 3G soit indispensable 24h/24h et ce en toutes circonstances...), un chapeau pointu en guise de couvre chef, pour les sorcières du XXIème siècle la panoplie intégrale de Cruella (quoique pour conclure, ce ne sera peut-être pas gagné...une verrue, non pardon, une délicate "mouche" bien placée dans le décolleté et un déguisement sexy en diable seront sans doute plus efficace pour finir la nuit ailleurs que sous les ponts), et des combinaisons noires ou apparaissent un élégant squelette blanc pour ces messieurs, à moins qu'un simple drap fantomatique en guise de vêtement, laissant ainsi planer tout fantasme sur ce qui se trame sur ce voile pudique, sot jugé plus attractif.....(mais pas plus chaud)...Pour être plus honnête, ce qui sera sans doute plus prisé ce soir appartiendra davantage au registre du gothique et du diablotin.... Côté ambiance on ne pourra sans doute échapper nulle part au "Thriller" de Jackson qui risque de passer en boucle, et d'être innocemment poussé à la surconsomation d'alcool (esprit de "fête" oblige)...... Voilà pour les "grands enfants".....
A l'opposé, ce sont les enfants, les vrais cette fois, qui sont ciblés, avec par exemple la parade "spéciale Halloween" dans un célèbre parc d'attraction de la région parisienne.....où les "méchants" (les personnages tombés dans leur "côté sombre") des films Disney ont déjà pris possession de l'espace habituellement investi par les princesses et les héros....(ainsi tous ceux qui sont ceux qui sont classés "out" dans l'univers de Mickey paraderont en cherchant ostensiblement à faire peur aux spectateurs, à faire pleurer les plus jeunes bambins et finir par énerver les parents)....mais encore les déguisements, les maquillages de circonstances, les jeux, farces et bonbons siglés "Halloween" qui seront de sortie que ce soit près de manèges ou dans un centre d'animation....
Certes tout ceci reste bien sympathique et finalement pas bien méchant, le côté commercial s'effritant petit à petit au fil des ans....mais si au moins on mettait un peu plus en exergue l'origine même de cette verrue du calendrier actuel ? Cet évènement faisant référence à la fermeture d'une année et à l'ouverture d'une autre, "période de rencontre possible entre l'autre monde et l'humanité"....que célébraient de lointains (très lointains) ancêtre celtiques...Textuellement Halloween est la contraction anglaise de "all allows eve" soit le soir de tous les saints, la veille de notre fête chrétienne la Toussaint .....et bien voilà on s'y retrouve.....on réconcilie ainsi, potirons et chrysanthèmes, fantômes et pierres tombales....