"Introduction à l'art de l'auto-stop : Pour arrêter les voitures, lever un doigt ! "Parce que c'est bien plus chouette de pédaler ensemble quelle que soit la direction" "L'amour, c'est comme les animaux, Monsieur, ça ne se dresse pas ça s'apprivoise"..."Les souvenirs, c'est comma la vieille moutarde si ça ne pique plus c'est que c'est périmé"...
C'est rue St Denis que j'ai croisé la première fois Madame il y a quelques mois sans savoir que je la reverrai, le minou qui est devenu, semble t-il, sa mascotte, m'ayant à l'époque un peu tapé dans l'oeil.
Depuis, j'ai trouvé d'autres citations et mes propres murs ont même fini par adopter ces conseils avisés. Des conseils, en tout genre donc, à suivre peut être pas, mais qui vous distingueront du commun des mortels et vous fera briller dans les dîners et autres petites sauteries (oops...). Madame est une sacrée bonne femme. Le verbe haut et piquant, le ciseau habile et le pinceau de colle qui ne l'est pas moins ; dans un cadavre exquis aussi littéraire que visuel, pratiqué en solitaire, Mademoiselle (pardon, Madame) s'essaye dans un succès qui ne fait que grandir, à distiller dans les rues de Paris des messages tel un corbeau à l'humour tant burlesque que potache et à mettre en scène tout un petit théâtre tiré tout droit des pages de vieux magazines dont les détails imbriqués dans un joyeux bric à brac bien pensé font surgir un monde imaginé par un esprit déluré. Ou comment faire du kitsch de bon goût et de bon ton....
Madame nous interpelle par ses billets doux mais aussi à coup de semonce de tête de chat et autres maquereaux bien frais (enfin, ça reste à vérifier), accompagnés parfois de donselles presque en chaleur malgré la froideur des murs contre lesquelles elles sont plaquées.
L'animalerie accompagne souvent les protagonistes, ainsi le chat (celui là même qui a déjà noircit quelques lignes de ce blog, ce félin des rues parisiennes, jungle de notre environnement urbain actuel) côtoie la poiscaille ici, un cheval de bois par là, ou bien encore un poulet roti qui trône sur le devant de la scène. Les artifices en tout genre sont autorisés, au gré de l'humeur de la fauteuse de trouble, pourvu qu'ils fassent plus sourire que réfléchir : perceuse, couronne tout est bon à prendre.... le maquillage est tout aussi fantaisiste : lunettes, étoiles (dans les mirettes ou ailleurs) et bien souvent pour tout le monde une ostensible moustache fine et élégante sur les protagonistes de l'affaire, cette même moustache qui signe invariablement et tout aussi ostensblement le délit, dans un rouge vermillon qui ne pourra qu'attirer l'oeil du promeneur.
Les mots doux sont chez Madame trempés dans une verve acidulée (pour ne pas dire acide) qui fait tout le charme de la chose. Grivois ? peut être, léger, sûrement, absurde et hétéroclite assurément, à l'image de la technique utilisée qui marie un peu tout et n'importe quoi dans une alchimie unique, propre à la sensibilité de l'artiste. Ainsi surgissent sur les murs de notre quotidien des effigies des années 30, 40 ou 50 échappées des grandes heures de Jours de France, Marie Claire, ou Match, Madame Figaro ou encore ELLE. Madame libère ainsi complètement non seulement les femmes de ces magazine figées dans leur époque mais aussi celles à qui ces bonnes pages étaient dédiées. Et même si la démarche de la paire de moustaches rouge n'est pas exactement celle là, c'est aussi comme cela que je l’interprète.
En tout cas cette désinvolture vive et alerte me plait bien et il semblerait que je ne sois pas la seule à apprécier ces scènettes légères, témoignage d'une poésie hirsute et joyeuse. Détournement de la banalité des mots de la presse pour en faire de bons (que dis-je d'excellents) mots fabriqués de bouts de papiers oubliés, à l'heure du tout numérique, la matière reprend tout à coup de la valeur.....
L'objectif de Madame ? Faire un grand pied de nez général, une langue tirée en permanence à tous les emmedeurs...mais pas n'importe comment, avec l'élégance subtile et le langage indirect qu'offre la créativité artistique...le vecteur privilégié pour faire passer tous les messages même les plus subversifs. Ah oui, mieux que mes mots, voyez donc les photos sur le site perso de la rigolote.
Au cours de mes dernières promenades parisiennes, le hasard (enfin presque), m'a conduit vers un endroit chargé de souvenirs et d'émotions, aux pieds de la Grande Mosquée de Paris. Les quelques vers de Robert DESNOS qui suivent et que j'ai aussi trouvé un peu par hasard m'ont donné envie d' évoquer les jardins nichés derrière les grands murs blancs de la place du puits de l'ermite. C'est un havre de paix et de sérenité qui est préservé à l'ombre du minaret de 33 mètres de haut. Les couleurs froides de la végétation se mariant harmonieusement aux couleurs chaudes des matériaux utlisés procurent au visiteur une paix intérieure propice à ce lieu de culte. Mais au delà de la prière symptomatique du pratiquant, c'est surtout une prière du coeur qui nait spontanément de mon âme, un peu malgré moi, venant ainsi faire écho à la plainte du poète.
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.
Robert DESNOS
Il est des petits coins parisiens bien secrets, farouchement préservés et souvent placés tout près de lieux très fréquentés qu'on les ignore inconsciemment et involonairement. Il en va ainsi pour le havre de paix, sinon de tranquillité. La cours Damoye fait partie de ceux ci. C'est par ces quelques lignes que je vous emmène avec moi dans ce passage qui sommeille au coeur de Paris, et qui fait la joie de mon emploi du temps du samedi.
C'est Voltaire qu'on assassine ! Oui, je sais en principe on ne parle pas du grand philosophe en ces termes et le titre du roman de Gilbert Cesbron qui s'applique à l'origine au génial Mozart, se trouve ainsi dénaturalisé dans cette introduction.
Comme le froid a du bon de temps en temps....c'est sans doute à lui que je dois ce retour à mon clavier et mes clichés...souhaitons non pas que le froid polaire perdure mais bien que ce regain rédactionnel persiste le plus longtemps possible. Pour reprendre le fil des lignes et des photos en ce début d'année, je pars du coté de St Lazare. Au coeur des allées et venues des milliers de voyageurs qui transitent quotidiennement dans ce quartier animé, commercial et si bouillonnant d'activités en tout genre, il reste imperturbable depuis une trentaine d'année que l'on les y a là érigées, les deux compositions d'Arman : "l'heure pour tous" qui trône dans la Cour du Havre et qui avait d'ailleurs en son temps (!) inspiré la rédactrice herbe que je suis ; et "consignes à vie" qui se dresse sous le gros horloge de la cour de Rome. Ces deux oeuvres dans leur genre imposantes, ont toutefois su se fondre dans le décor à tel point que si on les décriait au moment de leur installation, elles sont presque aujourd'hui oubliées, tant les passants semblent les avoir intégré dans leur quotidien.
Mais revenons à nos bagages. L'accumulation commandée et installée en 1985 s'élève sur plusieurs mètres dans le ciel parisien. Aux heures ensoleillées sous les auspices de cieux bleutés les valises qui s'enchevêtrent dans une savante composition bien caractéristique du sculpteur prennent une jolie teinte brillante qui fait ressortir le teint naturel du bronze. Mais sous la pluie et les nuages bas, l'ensemble donne une impression triste, plus que mélancolique et dont la patine sombre évoque presque les heures troubles de la SNCF.
Une invitation au voyage ou bien celle de rester à quai ? Là où la toile, le cuir, le plastique ou le composite des bagages de nos petits et grands voyages ont fait place à un imputrescible bronze dont l'immortalité pérennise ce qui fait nos trajets divers et variés, les allées et venues de notre routine quotidienne comme celles des grands évènements, le temps poursuit toujours sa course, que l'on soit resté ou bien parti. L'artiste n'indique pas s'il s'agit de la consigne de départ, ou bien celle de l'arrivée, à chacun d'imaginer la vie de ces bagages en transit ou bien oubliés.
L'extrême précision propre aux oeuvres du maitre du Nouveau Réalisme en est même un peu énigmatique. On est presque tenté de grimper sur l'amoncellement pour tenter d'ouvrir les bagages qui semblent tenir les uns avec les autres dans une savante composition défiant les lois de l'équilibre et de l'apsesanteur, pour tenter d'en savoir un peu plus sur les propriétaires de ces valises abandonnées à la postérité.
Mais qu'est ce qui a bien inspirer Arman à baptiser son érection métallique "Consignes à vie" ?
Ici la définition de consigne sera forcément celle relative aux dépôts de nos biens dans les gares. Pas de dépôt temporaire comme l'indique le dictionnaire mais ici c'est bien à vie...et il faut dire que la consigne de ces valises géantes qui a débuté dans les années 80 ne semble effectivement pas être transitoire, enracinée comme elle est sur le parvis de la gare.
Le titre gravé dans le bronze indique "Dépôt de l'Etat", mais l'histoire ne dit pas si les présidents se transmettent le ticket de la dite consigne lors de leur transmission de pouvoirs...et ce n'est pas M. Arman qui repose quelques pieds sous terre au Père Lachaise qui pourra répondre à cette question...
Ah comme la paresse peut vous envahir parfois....Alors que j'avais pris la (mauvaise) habitude de délaisser mes habitudes rédactionnelles, le froid me rappelle à mes activités du coin du feu....(enfin plutôt du radiateur...). Alors pour reprendre le chemin des balades, des photos et des articles parfois sortis de pas grand chose, je publie ce soir un entrefilet qui attend que son auteur veuille bien le terminer (il convient tout de même de préciser que le dit article attend depuis la fin de l'été). Posté sur les ondes à cette époque il aurait été encore d'actualité, excusez donc cette légère péremption....
Pour reprendre le fil de mes pérégrinations parisiennes, je souhaite honorer et rendre hommage ce soir à un bâtiment que je connais bien pour la simple et bonne raison qu'il jouxta mes pénates durant quelques 12 années, durant lesquelles sa petite vie anima, à sa façon, la mienne et dont la danseuse qui prend la pose sur sa façade, croisa mon chemin plusieurs fois par jour, jusqu'à encore il y a peu. C'est en effet des nouveaux feux des Folies Bergère dont il s'agira ici.
En passant hier par la Place Félix Eboué, j'ai une nouvelle fois souri aux lions qui pendant plusieurs mois d'affilée ont été couverts d'échaffaudages, pour mieux réapparaitre dans leur teinte et leur pose initiales, celle, un peu stupide certes, du fauve accroupi sur ses pattes arrière : la pose hiératique du roi des animaux. Comme je les connais bien ces félins..."La fontaine au lions", ou "Fontaine du Château d'eau", a été réalisée par Charles Davioud, à qui l'on doit de nombreuses réalisations du même acabit dans Paris. Initialement prévue pour la Place de la République, elle échoit finalement à son emplacement actuel en 1880, lorsque la place s'appellait encore Place Daumesnil. Mais plutôt que de m'appesantir, peut-être un peu inutilement, sur l'histoire de ces fauves, je vous livre les quelques vers qu'ils m'ont inspiré.
Tu me parle du Général Daumesnil,
Je te réponds en évoquant Félix Ebouée,
Deux figures de l'histoire de France pour une place,
Et une fontaine majestueuse en son centre, telle une île.
J'avais évoqué il y a plus d'un an à présent le cas des musiciens du métropolitain qui n'avaient pas laissé mes doigts engourdis d'ennui devant mon clavier ...Le sujet me paraissait inspirant, au regard des innombrables expériences en la matière subies par nos oreilles durant le récurrent supplice d'un concert (?) improvisé comme imposé au cours d'un simple voyage dans le Paris intra muros souterrain.
Ce soir il en sera presque de même (enfin je l’espère) avec ce billet d'humeur consacré à ce qui fait le charme de la capitale mais aussi à ses petites turpitudes finalement bien légères. Vous serez immanquablement
Lecteur, vous avez forcément votre petite expérience personnelle avec ces vendeurs qui suscitent diverses réactions lorsqu'ils passent, une brassée de roses rouges et blanches dans les bras espérant séduire les couples, jeunes ou moins jeunes. Qui sont ils ces colporteurs de romantisme bon marché pour effectuer cette tâche, sinon ingrate du moins fatigante et assurément très peu rémunératrice ?
Et bien la plupart d'entre eux sont de simples réfugiés politiques, pakistanais ou assimilés. Et il faut bien avouer que ces malheureux fleuristes de la dernière heure, qui font de leur tournée de roses une activité de fortune (pas au sens propre, puisqu'ils n'empochent pas plus de quelques euros sur la soirée contre une poignées de fleurs vendues après avoir acheter celles ci à vil prix à Rungis, bref un autre Eldorado que le Paris chic et romantique qu'ils essaient tant bien que mal de vendre), n'ont pas peur du refus.
Car s'ils peuvent encore trouver un petit succès auprès des tables investies en été par les couples de touristes qui peuvent être plus facilement conquis par le cliché romantique "so parisien", il n’en va certainement pas de même en hiver quand ce sont les parisiens eux même, pour certains excédés, qui rendent la vie plus difficile encore à ces expatriés malgré eux.
Passant de terrasses en terrasses, ils se glissent discrètement dans les cafés et restaurants de la capitale, tendent des roses, parfois déjà en fin de vie, en souriant et essuient bien souvent les regards condescendants des parisiens au parisianisme exacerbé qui n'hésitent plus pour certains, en plus d'adopter un mépris assumé, d'accompagner celui ci par quelques sorties du style : "On n'est pas ensemble", "C'est un rendez vous professionnel, merci" (une justification qui cacherait quelque chose ?), "Ben, on a déjà couché c'est bon..." (réplique piquée à Alain Chabat et que beaucoup se sont ensuite approprié afin de ne pas plomber l'ambiance, ou au contraire la plomber, en fonction de l’identité et de la sensibilité de leur interlocuteur/trice), ou bien un peu plus pervers : "Vous avez des bleues ? S'il n'y a pas de bleues, je ne prends pas", quand ce n'est pas une indifférence notoire et affichée pour faire fuir ceux qui malgré toutes ces marques de non affection et de manque de compassion profond, continuent leur circuit (invariablement toujours le même, parfois plusieurs fois de suite, et ce du lundi au lundi....).
Mais cette situation peut tout de même laisser planer un certain embarras quand vous êtes, non pas dans un speed dating mais néanmoins en galante compagnie, sans heureusement complètement griller un rendez vous. Car aux yeux d'une sensibilité un peu trop romantique, voire kistch, (que je n'ai pas), la dame ou la demoiselle peut mal prendre ce refus de marquer un signe de déférence et de galanterie vis à vis d'elle (u_u..... cette dernière pouvant en profiter pour étiqueter son vis à vis de goujat fini ou de rat près de ses sous-sous.....). Même si Monsieur comme Madame ou Mademoiselle ne sont plus vraiment attirés aujourd'hui par ces clichés kitsh qui sont définitivement réservés aux touristes (encore que...), il reste en chacune de nous un sursaut de besoin de constater que l’on plait…
Pour ma part, afin de ne mettre personne mal à l'aise en voyant arriver "Mister Rose" je décoche le plus séduisant des sourires à mon interlocuteur comme au malheureux vendeur qui ressortira une poignée de secondes plus tard du restaurant avec le même nombre de fleurs qu'en arrivant, en déclinant poliment. Attitude un peu forcée certes, mais qui a le mérite de ne froisser personne et de rester un peu glamour en toute occasion....
On ne peut pas vraiment les ignorer puisqu'ils sont un peu partout dans Paris, parfois dotés d'ailes qui pourraient bien leur servir pour s'échapper de ce qui pourrait être à leur yeux un enfer, mais pas toujours. Ils sont aussi parfois, les traits poupins à l'image de l'âge juvénile dont ils symbolisent également l'innocence ; ou bien encore l'étrange interprète et ambassadeur du monde célèste pour les pauvres mortels que nous sommes (je ne développe pas davantage de peur de tomber dans une interprétation pseudo thélogique de comptoir...). Chastement vêtus d'une robe ou bien simplement représenté par ces chérubins dont on ne connait de l'anatomie que ce visage joufflu si caractéristique, ils sont appliqués en guise de décoration sur de nombreux éléments
Ce sont les mots de Paul Marie Lapointe qui feront de cet article un collier de vers en hommage à ces jardins que j'affectionne tout particulièrement, ceux du Palais Royal, où entre les pierres qui hier appartenaient à la monarchie et qui reviennent à la République aujourd'gui, je trouve bien souvent ce calme et cette tranquillité à l'ombre des allées de tilleul et au coeur des bosquets.
Silence dans la pierre poussière et jardin ici règne un passé faste,
Silence entre les murs dans la cour sans Cour où momentanément se pose le calme ciel de mai.
Un siècle retombe dans l’autre loin des agitations verbeuses,
et consommations sublimes dorures falbalas cuisses hautes.
Silence pause rectangulaire dans la fureur marchande
silence où l’on repose repus de bruits et discours loin des musiques mitraillées.
Silence où quatre allées sont disposées d’arbres ombrées,
de tilleuls quatre cent soixante arbres sur huit rangées?
Au cordeau tirées longuement s’allongent formant allées en allées.
Feuillages de tilleuls feuillages taillés dociles domestiqués,
bougeant à peine au souffle de mai ce matin.
Quatre allées voûtes vertes sont ainsi faites d’ombre ou de soleil,
selon le mouvement d’une feuille et d’autres constamment.
Quatre allées d’arbres encloses au pied de chaque tronc,
coiffé de verts divers près du sol émerge une feuille,
une tige parfois de tendre vert chacune ayant foré,
minuscule sous l’écorce le bois printanier,
poussant vers le ciel une sève impatiente.
Au pied de chaque tronc dans la poussière moulées,
cent pattes en étoiles de pigeons envolés.Papiers souillés mégots quelques brindilles.
Des bancs épars sous les arbres où rêvent lisent,
s’abandonnent des hommes des femmes de tous âges.
Vieillards sortis un moment du noir de l’oubli l’anonyme vie,
savourant les premiers ébats des corps les derniers éclats du parc,
avant la fin de tout des palais royaux de l’Histoire.
Vieilles dames solitaires abandonnées de tous jeunes gens oisifs,
dans la ville inutile jeunes filles du printemps paradant douces proies,
dévorées de regards de soifs enfants poussés dans des carrosses,
par des mères trop jeunes trop fraîches toujours prisonnières,
déjà d’écoliers absents qui s’échappent là-bas,
derrière les ballons vers les nuages infestés les miasmes de l’être,
bureaux commerces ateliers prisons où se tue le temps.Cour du Palais-Royal crissement des pas dans la poussière sablée des allées,
la rumeur diffuse de la ville tout autour s’étouffant promenade sans bruit,
glissement momentané des passants soulevant quelque peu cette poussière,
qui retombe aussitôt dans l’ordre des choses.
Au centre de tout cela qui n’est agité d’aucune guerre,
apparente loin des massacres et de la faim,
loin de la vie courante une vasque généreuse et fraîche,
où des fontaines richesse de cristal orgueilleusement,
déploient leurs eaux eaux d’artifices,
plus que parfaites se pavanant perruques et poudres,
jetées là pour la mort des rois jetées là,
dans le silence hurlé de mai.
Paul-Marie Lapointe
Notre héros du jour se tient debout dans une niche sur le fronton de laquelle figure son identité ainsi que ses dates de vie et de mort. Il porte l'habit que lui doivent son rang et sa naissance, propre à la mode du XVIème siècle. Sa posture témoigne de celle d'un chef de clan, d'un homme d'action comme le rappelle son épée évoquant les faits d'arme dont il a fait preuve, mais aussi son pouvoir et son ambition.
Elles sont parfois, à une date précise qui n'appartiennent qu'à elles et qui fait leur raison d'être, accompagnées d'un petit bouquet de fleurs souvent aux couleurs de la patrie, ou bien seules, nues posées sur le murs qu'elles sont censés marquer. Je veux parler ici dans un accent qui je l'espère n'est pas trop mélancolique, de ces plaques qui jalonnent les rues de Paris (et pas que d'ailleurs !) et dont l'unique utilité est de commémorer un lieu, une date, ou tout simplement le passage d'un grand homme, qu'il soit, de lettre ou d'état, ou bien encore un fait historique, parfois tragique, lié à un fait d'arme ou de guerre, rappelant ainsi qu’ici et là le fantôme de l'Histoire est passé, à travers les vies de nos anciens et les évènements auxquels ils ont participé.
Par une fin de matinée déjà très estivale je suis partie à la recherche d'un petit havre de fraîcheur et de paix que j'ai trouvé au bout de l'ile de la Cité. Là où bon nombre de touristes montent dans les bateaux mouches et prennent un peu le large, laissant les autochtones à leurs stress habituel le temps d'une petite croisière sur la Seine, j'ai atteint le bout du square du Vert Galant pour observer la vie de la capitale de ce point de vue pittoresque qui reste finalement pour moi assez méconnu.
Admirant les toiles encore humides
Des artistes apprentis
Qui peignent les moments de la vie.
Une brise légère
Dans les pommiers aux fleurs fières.
Une feuille de dessin
Tombe entre mes mains.
Comme une apparition
Tu nais d’un coup de crayon.
Vaporeuses formes dans un fond brumeux
Tu te bats, te déformes, pour revenir des cieux.
Demoiselle aux jupes décousues
Jeune fille au visage déchu
Tu as dû être belle
Dans un passé immortel.
Dans le square que tu hantes
Tu m’attires dans ton antre
Tu joues à te cacher
Derrière les grands marronniers
Tes longs cheveux au vent
Dansent dans le temps.
Assise sur le banc
Les minutes défilent lentement.
De ton corsage défait
Sortent tes petits seins émoustillés
De ton jupon relevé
J’aperçois ta jarretière décrochée
Il est parti, a disparu
Depuis longtemps il n’est plu.
Mais toi ici qu’as tu fait ?
Petite pimprenelle décharnée
Lancinante musique du vieux Paris
Ton corps suit le rythme ravi
Le long du quai de Seine
Tu apparais comme une reine.
Ancienne maîtresse
Tu cherches la tendresse
Tu envies tous ces amants
Tu les guettes, tu les sens.
Fantomatique présence
Tu joues, tu danses
Tu veux les posséder
Spectre au coeur léger.
Assise sous l’Olivier de Bohème
Tu attends qu’ils se promènent
Voleuse du temps présent
Tu enfermes les baisers des amants".
(...)
SLM
Un clin d'oeil...coquin, malicieux, parisien ..... Un clin d'oeil que seul mon complice, si par hasard passe sur cette page, comprendra... Voilà ce soir un entrefilet sur les portes cochères de Paris, celles là même devant lesquelles on passe le long des boulevard, des avenues comme des petites rues, au point souvent d'en oublier leur histoire, leur caractéristique et leur utilité. Pourtant il y a bien à dire sur ces ensembles architecturaux indissociables des hôtels particuliers qu'elles protègent de l'extérieur, indissociables de l'histoire urbaine de Paris et de la vie quotidienne de ses habitants. Que ce soit durant les siècles précédents, comme encore aujourd'hui, ces portes sous lesquelles nous passons, que nous longeons et parfois nous nous abritons, ne sont pas des éléments anodins de notre paysage mais bien des éléments chargés d'une certaine intensité.
Avez vous déjà remarqué combien Paris peut compter d'horloges ? Du gros cadran de la gare de Lyon, à celui bleu nuit cerclé d'or du beffroi de St Germain l'Auxerrois, en passant par le discret mais bien présent cadran de notre hôtel de ville, l'image du temps qui passe ne peut nous échapper dans la capitale. Dans chaque quartier, sur bien des bâtiments publics comme privés, la fuite du temps est mis en avant et se rappelle encore et toujours à nous....comme si nous pouvions l'oublier... Alors ce soir il sera une nouvelle fois question de temps, celui là même qui permet à chacun qui sait attendre et qui sait prendre son temps justement, de tout voir venir à point, comme le disait justement Clément Marot.
Sur les façades anciennes comme modernes, les banques,les églises, sous les passages couverts et bien sûr les halls de gare, bien des architectes ont choisi d'inclure la notion de temps dans leurs réalisations, à l'image de l'énorme cadran du 61-63 de la rue Réaumur, où là tout n'est que référence au temps qui fuit, au temps qui passe, au temps qui ne sait pas marquer le pas. Et dans une ville comme Paris où tout va toujours très vite, il est encore plus difficile de ralentir la course du temps.....Et pourtant, pour(temps)....
Deux petits pieds de pierre sur un piédestal dans les allées vertes ceignant la place d'Italie. Le "Petit enfant nu" de Louis d'Ambrosio (1879-1946) réalisé en 1926 vient apporter un peu de douceur dans ce centre névralgique du sud est parisien, carrefour presque un peu brutal et source d'animations diverses et variées.
"Tu me dis que l’amour est toujours en enfance,
Qu’il se plaît, comme enfant, à mille petits jeux,
Et s’il blesse quelqu’un se jouant de ses feux,
Que le mal qu’il lui fait vient de son ignorance.
Qu’aveugle est cet archer qui n’a pas connaissance
Où frapperont ses traits qui sont si dangereux :
Et si pour son sujet quelqu’un est malheureux,
Tu m’assures que c’est une pure innocence.
S’il est vrai que l’amour ne t’est pas inconnu,
Qu’il est un imbécile, et qu’il va toujours nu,
Innocent, dépouillé de malice et de ruse :
N’ai-je point de raison, quand le mal que je sens
Me fait dire, qu’Hérode aurait eu quelque excuse,
S’il eut tué l’amour avec les Innocents".
Pierre de Marbeuf (1595-1645)
Le 13ème arrondissement fut l'objet d'une petite sortie en ce jour férié ensoleillé, avec pour objectif sportif en vue une petite escapade parisienne sur les bords du bassin de la piscine des "briques aux Cailles"....euh de la Butte aux Cailles, située sur la place Paul Verlaine à l'issue de la rue Bobillot qui débouche directement sur la Place d'Italie. Une adresse bien connue des sportifs et amateurs d'histoire parisienne et qui m'est familière depuis la participation à un concours de dessin qui m'a permis il y a quelques années déjà, une première approche de ce curieux bâtiment à travers quelques coups de crayons, des aplats d'aquarelle et un prix....modestement gagné après quelques heures passées au soleil
Je suis un chasseur parisien
Et j’habite avec mon chien
Sur une colline sans semailles,
Là-haut sur la Butte aux Cailles.
Mais ici j’ai beau chercher,
Je ne trouve plus de gibier,
À part pigeons et moineaux,
Martinets et noirs corbeaux.
Très tôt levé, le matin
J’erre dans les rues, tout chagrin,
Sur la tête un vieux chapeau
À la recherche de perdreaux.
Mon fusil, ma gibecière,
Mes cartouches et ma visière
Ne me servent plus à rien
Dans le métropolitain.
Quand je pense à ma forêt,
À la cabane sous les futaies,
Et à mes bons potes chasseurs
Quand nous partions de bonne heure,
Avançant dans les fougères
Tout en humant le bon air,
Vêtus d’un treillis kaki,
À mille lieues de Paris !
C’est vrai, j’ai la nostalgie
D’être loin de mon maquis,
Et quand je passe par malheur
Devant « le Merle Moqueur »
Un petit bistro fréquenté
Par des écolos friqués,
Je fuis vers les Deux Moulins
Recherchant sur mon chemin
Tourterelles et passereaux,
Jolis faisans et gibiers d’eau.
Et dans les vignes, en automne,
De belles grives sauvageonnes,
Toutes saoules par le raisin,
S’offrent à moi, à mes copains.
Je me réveille dans le noir
Marchant seul sur le trottoir.
C’est sinistre pour un chasseur
D’être privé de son gibier
Et de vivre pour son malheur
Éloigné de sa forêt.
Je suis un chasseur parisien
En compagnie de mon chien
Habitant dans la grisaille
Là-haut, sur la Butte aux Cailles.
Depuis des années, je longe parfois la rue Bergère et comme tout le monde je passe devant l'imposante façade du n°14, dégoulinante du pompeux style pompier, cher à cette fin du XIXème siècle où les bouleversements successifs en tous genre empêchent de voir se distinguer un style plus qu'un autre, amenant ainsi à un curieux mélange artistique que l'on ne peut qualifier que des plus éclctiques. C'est donc de cette imposante bâtisse, mais