Une rose rouge,
Sauvagement cueillie,
Dans la lueur écarlate,
Du ciel illuminé
D’un soir d’été
Au coeur de la forêt,
Arrachée à la vie,
Cette rose rouge éclairée,
Par le rayon assombri,
Du soleil couchant
Cueillie par un éternel rêveur,
A la quête du mystère de la vie,
Cette rose rouge autre fois si belle,
N’est plus qu’un vieux débris
Mais son souvenir éclatant est éternel
Sa beauté rayonnante demeure toujours,
Dans nos pensées les plus belles,
Tel est de même pour l’amour,
Éternellement éternel,
Même brisé il demeure toujours.
Depuis le début de la campagne présidentielle, j'ai eu l'occasion de rencontrer Marianne à quelques points stratégique d'affluence parisienne. La première fois sur la place du Châtelet, au pied de la fontaine du Sphinx, déjà évoquée entre les lignes de ce blog, la seconde sur les palissades d'enceintes des travaux du jardin du forum des Halles. Un espace de choix pour notre allégorie républicaine qui prend quelques libertés ces derniers temps sous le crayon et le pinceau de Liox. C'est qu'elle a de l’humour la miss, faisant de notre grand messe politico médiatique présidentielle une parenthèse de choix pour une Marianne nationale à la cocarde et au bonnet phrygien un brin déjanté.
Ma dernière balade sur la petite reine m'a permise de faire la connaissance d'un joyeux drille que je n'avais jusqu'alors pas croisé à pied. Dans la rue Drouot, dans un angle d'immeuble de bureaux, j'ai vu surgir cette tête de toutou, mi-goguenarde, mi-amusée, un brin moqueuse, un peu railleuse....En tout cas, ostensiblement joyeuse... Cette petite incursion fait d'un bout de papier coloré, collé à un endroit bien en évidence m'a fait sourire.
Et comme il n'y a à priori rien de particulier à dire de plus sur cette interprétation singulière d'un spécimen canidé, je laisse la place à quelques mots, plus littéraires que les miens, en l'occurence ceux de Baudelaire et vous faire ainsi partager sa propre vision de la gent canine, à travers "les bons chiens". Je ne sais pas dans quelle catégorie se situe celui que j'ai croisé dans mon quartier, sans doute que l'homme de lettre le trouverait quelque peu inclassable pour le coup !
Bien plus volontiers je m'adresserais à Sterne, et je lui dirais: "Descends du ciel, ou monte vers moi des champs Elyséens, pour m'inspirer en faveur des bons chiens, des pauvres chiens, un chant digne de toi, sentimental farceur, farceur incomparable! Reviens à califourchon sur ce fameux âne qui t'accompagne toujours dans la mémoire de la postérité; et surtout que cet âne n'oublie pas de porter, délicatement suspendu entre ses lèvres, son immortel macaron!"
Arrière la muse académique! Je n'ai que faire de cette vieille bégueule. J'invoque la muse familière, la citadine, la vivante, pour qu'elle m'aide à chanter les bons chiens, les pauvres chiens, les chiens crottés, ceux-là que chacun écarte, comme pestiférés et pouilleux, excepté le pauvre dont ils sont les associés, et le poète qui les regarde d'un oeil fraternel.
Fi du chien bellâtre, de ce fat quadrupède, danois, king-charles, carlin ou gredin, si enchanté de lui-même qu'il s'élance indiscrètement dans les jambes ou sur les genoux du visiteur, comme s'il était sûr de plaire, turbulent comme un enfant, sot comme une lorette, quelquefois hargneux et insolent comme un domestique! Fi surtout de ces serpents à quatre pattes, frissonnants et désoeuvrés, qu'on nomme levrettes, et qui ne logent même pas dans leur museau pointu assez de flair pour suivre la piste d'un ami, ni dans leur tête aplatie assez d'intelligence pour jouer au domino!
A la niche, tous ces fatigants parasites!
Qu'ils retournent à leur niche soyeuse et capitonnée! Je chante le chien crotté, le chien pauvre, le chien sans domicile, le chien flâneur, le chien saltimbanque, le chien dont l'instinct, comme celui du pauvre, du bohémien et de l'histrion, est merveilleusement aiguillonné par la nécessité, cette si bonne mère, cette vraie patronne des intelligences!
Je chante les chiens calamiteux, soit ceux qui errent, solitaires, dans les ravines sinueuses des immenses villes, soit ceux qui ont dit à l'homme abandonné, avec des yeux clignotants et spirituels "Prends-moi avec toi, et de nos deux misères nous ferons peut-être une espèce de bonheur!"
"Où vont les chiens?" disait autrefois Nestor Roqueplan dans un immortel feuilleton qu'il a sans doute oublié, et dont moi seul, et Sainte-Beuve peut-être, nous nous souvenons encore aujourd'hui.
Où vont les chiens, dites-vous, hommes peu attentifs? Ils vont à leurs affaires.
Rendez-vous d'affaires, rendez-vous d'amour. A travers la brume, à travers la neige, à travers la crotte, sous la canicule mordante, sous la pluie ruisselante, ils vont, ils viennent, ils trottent, ils passent sous les voitures, excités par les puces, la passion, le besoin ou le devoir. Comme nous, ils se sont levés de bon matin, et ils cherchent leur vie ou courent à leurs plaisirs.
Il y en a qui couchent dans une ruine de la banlieue et qui viennent, chaque jour, à heure fixe, réclamer la sportule à la porte d'une cuisine du Palais-Royal; d'autres qui accourent, par troupes, de plus de cinq lieues, pour partager le repas que leur a préparé la charité de certaines pucelles sexagénaires, dont le coeur inoccupé s'est donné aux bêtes, parce que les hommes imbéciles n'en veulent plus.
D'autres qui, comme des nègres marrons, affolés d'amour, quittent, à de certains jours, leur département pour venir à la ville, gambader pendant une heure autour d'une belle chienne, un peu négligée dans sa toilette, mais fière et reconnaissante.
Et ils sont tous très exacts, sans carnets, sans notes et sans portefeuilles.
Connaissez-vous la paresseuse Belgique, et avez-vous admiré comme moi tous ces chiens vigoureux attelés à la charrette du boucher, de la laitière ou du boulanger, et qui témoignent, par leurs aboiements triomphants, du plaisir orgueilleux qu'ils éprouvent à rivaliser avec les chevaux?
En voici deux qui appartiennent à un ordre encore plus civilisé! Permettez-moi de vous introduire dans la chambre du saltimbanque absent. Un lit, en bois peint, sans rideaux, des couvertures traînantes et souillées de punaises, deux chaises de paille, un poêle de fonte, un ou deux instruments de musique détraqués. Oh! le triste mobilier! Mais regardez, je vous prie, ces deux personnages intelligents, habillés de vêtements à la fois éraillés et somptueux, coiffés comme des troubadours ou des militaires, qui surveillent, avec une attention de sorciers, l'oeuvre sans nomqui mitonne sur le poêle allumé, et au centre de laquelle une longue cuiller se dresse, plantée comme un de ces mâts aériens qui annoncent que la maçonnerie est achevée.
N'est-il pas juste que de si zélés comédiens ne se mettent pas en route sans avoir lesté leur estomac d'une soupe puissante et solide? Et ne pardonnerez-vous pas un peu de sensualité à ces pauvres diables qui ont à affronter tout le jour l'indifférence du public et les injustices d'un directeur qui se fait la grosse part et mange à lui seul plus de soupe que quatre comédiens?
Que de fois j'ai contemplé, souriant et attendri, tous ces philosophes à quatre pattes, esclaves complaisants, soumis ou dévoués, que le dictionnaire républicain pourrait aussi bien qualifier d'officieux, si la république, trop occupée du bonheur des hommes, avait le temps de ménager l'honneur des chiens!
Et que de fois j'ai pensé qu'il y avait peut-être quelque part (qui sait, après tout?), pour récompenser tant de courage, tant de patience et de labeur, un paradis spécial pour les bons chiens, les pauvres chiens, les chiens crottés et désolés. Swedenborg affirme bien qu'il y en a un pour les Turcs et un pour les Hollandais!
Les bergers de Virgile et de Théocrite attendaient, pour prix de leurs chants alternés, un bon fromage, une flûte du meilleur faiseur, ou une chèvre aux mamelles gonflées. Le poète qui a chanté les pauvres chiens a reçu pour récompense un beau gilet, d'une couleur, à la fois riche et fanée, qui fait penser aux soleils d'automne, à la beauté des femmes mûres et aux étés de la Saint-Martin.
Aucun de ceux qui étaient présents dans la taverne de la rue Villa-Hermosa n'oubliera avec quelle pétulance le peintre s'est dépouillé de son gilet en faveur du poète, tant il a bien compris qu'il était bon et honnête de chanter les pauvres chiens.
Tel un magnifique tyran italien, du bon temps, offrait au divin Arétin soit une dague enrichie de pierreries, soit un manteau de cour, en échange d'un précieux sonnet ou d'un curieux poème satirique.
Et toutes les fois que le poète endosse le gilet du peintre, il est contraint de penser aux bons chiens, aux chiens philosophes, aux étés de la Saint-Martin et à la beauté des femmes très mûres".
Comment ne pas faire en ce mercredi "street art" un clin d'oeil à notre actualité politique nationale ? C'est bel et bien d'une affiche électorale originale, qui m'a d'emblée fait sortir mon appareil photo, dont il s'agira ici ce soir, affiche qui me permet par la même occasion de faire un petit laïus civique qui a toujours son importance à chaque de scrutin.
Aux côtés des candidats de tout bord, une figure (qui pourrait bien devenir emblématique sur les murs de Paris...) apparait sur le panneau 0....Le candidat Roman Kay !
C'est par l'image d'un triptyque que j'entame ce nouvel article street art. Cela faisait d'ailleurs quelques temps que je n'avais pas fait courir mes doigts sur le clavier pour évoquer les rues parisiennes parées de couleurs, de papiers collés reflétant toujours un ensemble de sensibilités enchevêtrées dans un flot de messages plus ou moins lisibles, mais surtout plus ou moins vus et appréciés.
Un triptyque donc....un
Peut être aurez vous deviné si vous avez déjà parcouru mon premier article (mais aussi le second) qu’il s’agit pour la troisième fois de celui que j'ai surnommé le "Chevalier de Cœur" qui poursuit encore et toujours sa croisade, ici en plein Paris mais aussi un peu (et parfois même beaucoup) plus loin... Un troisième opus donc qui constitue ainsi avec les deux premiers, un vrai triptyque, à l'mage de celui qui devrait sans doute bientôt orner mes murs.
Si sur mes cimaises personnelles les dessins de Fred le Chevalier continuent de s'aligner, celles de la rue, les cimaises "publiques", ne sont pas non plus en reste cher lecteur, car depuis mon dernier entrefilet, l'artiste a encore approfondi son sujet, perfectionné son trait, et ainsi sévi à coup de petits cœurs rouges et de regards impassibles, apportant par la présence de ce microcosme qui tourne au cœur de notre propre petit monde parisien souvent gris et anonyme, un peu de fantaisie et de rêverie.
Depuis mes premiers clichés affichant un dessin encore réservé, des personnages parfois un peu trop perdus dans des escaliers et des murs souvent esseulés, le "Chevalier de Coeur" a franchi quelques étapes et gagné de nombreuses batailles urbaines. La conquête des murs, certes, au fil des semaines puis des mois de pérégrinations faites de coloriages, de découpages et de collages, mais aussi la conquête des parisiens. Car à force de rouleaux de papier, de coups de pinceaux et de mots sibyllins il a apprivoisé tous les quartiers mais surtout charmé le coeur de leurs habitants.
Presque surpris de son succès (que j’avais pourtant un peu pressenti…), le Chevalier continue de dessiner, de coller, d'arpenter et de poursuivre son chemin tapissé de petits et grands (voire très grands) papiers découpés, vouant à la rue plus de considération qu'aux galeries qui ouvrent désormais leurs portes au dessinateur discret.
Car depuis mon deuxième tome j'ai finalement croisé l'auteur de ces incursions dessinatoires. Oh non, pas pour un de ces interrogatoires journalistiques dont il n’est pas vraiment féru mais pour une simple rencontre amicale et artistique. J’ai ainsi fait la connaissance d’une vraie sensibilité intérieure aussi joyeuse qu'originale et volubile, que cachent avec pudeur une réserve et une retenue naturelles. Une grande générosité qui m'a permit de comprendre un peu mieux le petit monde en noir et blanc qui se déroule tous les jours sous nos yeux.
Un totem qui trône maintenant sur mon bureau, quelques sérigraphies et une poignée de badges plus loin, un fichier de photos numériques qui s'épaissit encore et toujours et me voilà encore à vous conter les aventures de ces bouts de papier à la vie bien brève pour certains mais pour d'autres beaucoup plus longues.
Les amoureux se tiennent toujours par la main, regardent vers le même destin, se fondent dans un baiser ou dans une osmose qui n'appartiennent décidément qu'à eux ; veaux, vaches, cochons, loups et tout ce qui peut s'apparenter au monde animal ou son dérivé surnaturel viennent ponctuer la vie de ces êtres en pleine quête...De quoi d'ailleurs ? Peut-être tout simplement de rien !.....ou bien si, de ce que vous souhaitez, car à chaque dessin, l'interprétation que chacune de nos sensibilité veut bien lui attribuer. Là où certains verront une fillette portant un foulard sur la bouche, imitant la tenue d'un cow-boy, d'autres verront un bâillon ou un pseudo signe religieux. Bref, ces collages sont source d’imagination pour chacun de nos regards, chacune de nos références personnelles.
Il en va de même pour le monde des "totems" personnalisant bien souvent les rencontres et les amitiés du Chevalier, au gré de ses références diverses et variées.
Créant ainsi sa propre mythologie née d'une inspiration littéraire, musicale et artistique multiple, l'artiste use d'une iconographie qui lui est véritablement propre, où les symboles s'entremêlent avec les actions et où le phrasé se traduit aussi bien par le trait de crayon que par les mots qui quelques fois les complètent, se suivant dans l'ordre poétique, un brin absurde même, que leur auteur a bien voulu leur donner. Message subliminal pour certains, limpidité pour l’esprit créatif qui les composé, maximes, dictons, proverbes, pensées, sentences et autres citations, ces mots doux accompagnent les arabesques formant ainsi un ensemble dans une cohérence aussi incompréhensible qu’évidente. A la croisée des chemins parisiens, les mots viennent alors souligner dans un halo de courbes et de volutes l'esprit en perpétuelle quête d'un autre univers qu'il souhaiterait rapprocher du notre....
Si la récurrente du cœur rouge est toujours là il y a encore eu bien des évolutions ces derniers mois dans les carnets de croquis de celui qui semble derrière son oeil vif et rêveur à la fois toujours partagé entre le monde qui le garde sur terre et celui, qui tourne presque un peu à l'envers, un peu plus haut vers les étoiles. A l'image de ces personnages dotés de jambes de bois et de ces chats qui portent ici et là costards et cravates venant, pourquoi pas, nous indiquer que nous nous comportons peut être un peu parfois comme des animaux, pas si évolués que cela...
Les premiers dessins qui ne mettaient souvent en scène qu'un ou deux personnages ont laissé place dans certains cas à de véritables scénettes où le papier est entièrement recouvert de ce trait invariablement précis, sûr mais si léger que, quand bien même une page entière serait noircie, elle resterait aérée et agréablement agencée....
Et puis, les petits bonhommes ont muté, admirablement grandi, comme dopés à une hormone artistique surnaturelle, à l'instar de ce couple qui a traversé en courant la cour du centre Pompidou, juchés sur ces désormais insignifiants mais gigantesques tuyaux blancs, qui il y a quelques décennies faisaient pousser des cris d'orfraie aux bien pensants parisiens à l'âme un peu trop conservatrice. Un esprit que l'artiste ne s'est pas fait sien. Non, toujours en avant, en recherche, marchant, que dis je, courant sur les chemins de la poésie, sur les allées d'un monde imaginaire où il fleure bon les sentiments heureux, la sérénité ponctuée néanmoins de cette inamovible réserve qui se lit toujours autant sur les visages de ces personnages à l’apparence bien sage… A l’image de leur créateur ? (le point d’interrogation ne me semble pas de trop…). Enfin, là où la signature avait du mal à apparaître dans les premiers collages, le pseudonyme a pris toute sa place, souvent sur cette banderole à l'esprit troubadour, comme si l'artiste assumait enfin au grand jour tout son talent.
La surface du support utilisé, le papier, rend l'ensemble du dessin encore plus lisse et accentue encore le sentiment de pureté et de dépouillement renforcé par le choix de laisser la plupart du temps le blanc s'opposer au noir. Un support graphique sans aspérité qui vient épouser celle des murs qui eux, en ont vu et en connaitront bien d'autres....Mais c'est bien quand l'œuvre est apposée dans la rue, qu'elle prend la patine du temps à coup d'averses parisiennes, de graffitis en tout genre, qu'elle s’effiloche au gré du vent comme de la bêtise des passants, qu'elle prend ainsi sa véritable étoffe, sa personnalité et vit enfin sa propre histoire loin du bureau, des crayons et des ciseaux du dessinateur.
Et puis, il n'y a pas que l'espace de la rue...quand l'artiste franchit le pas d'une galerie et que les cimaises à ciel couvert remplacent, même ponctuellement, celles qui s'offrent à ciel ouvert au passant de tout poil, c'est que le dit artiste se voit conféré une reconnaissance du monde du marché de l'art et par là même des intérêts économiques divers et variés, prenant ainsi (un peu faussement parfois) le pas sur l'intérêt artistique mais surtout humaniste qui reste intrinsèque à l'esprit et à la démarche pure et simple du street art.
C'est d'ailleurs pour ces raisons que je préfère aller à la rencontre du "Chevalier de Coeur" là où je sais qu'il se sent le mieux, c'est à dire dans la rue, quand bien même les endroits sont parfois gris et sales, là où ses dessins sont bien au jour et à la vue de tous, à l'image de ce petit homme de la rue du Temple vêtu de son manteau d'hiver et coiffé d'une paire de cornes, se détachant sur ce mur jaune patiné par les passages multiples des artistes offrant à cette cimaise urbaine utilisée à qui mieux mieux un supplément d'âme et à ce collage venant ainsi apporter sa voix à cet art "participatif", un caractère particulier.
La rencontre de cet art furtif et passager est bien plus belle dans la solitude d'une rue que je connais pourtant bien, l'animation d'un quartier que j'apprécie, un lieu de passage qui m'est familier et qui me l'est encore plus par la présence devenu coutumière de cette famille et de cette faune parfois étrange (toutefois sans jamais être véritablement étrangère) depuis que je cherche, je croise, je traque parfois, ces bouts de papier collés je le sais, avec joie et humour, philanthropie et dérision, mais surtout avec cette sensibilité et cette générosité aussi pudique qu’authentique.
Alors oui je le reconnais, je suis dithyrambique dès que je parle du "Chevalier de Cœur" ; oui, mon lyrisme va un peu à contresens de la simplicité du trait et de la mise en scène dépouillée qui caractérisent les œuvres de notre ami, mais qu'importe, cet article est tout d'abord un remerciement pour celui qui fait naître un sourire sur mes lèvres à chaque fois que je croise un de ses dessins dans la rue, invariablement dans le Marais, souvent dans les dédales du cœur de Pigalle, ou encore dans une rue inattendue, créant ainsi une heureuse surprise.
D'aucuns diront
Un grand merci donc pour Monsieur Fred le Chevalier de continuer malgré ce succès ascendant, croissant et qui ne se dément décidément pas, de faire de mon Paris de coeur, la plus belle des galeries (et un grand merci à tous les lecteurs qui seront allés jusqu'au bas de ce long billet !).
Au coeur de Paris, dans mon Paris de coeur, j'ai quelques fois croisé une bien étrange apparition, tel un ange sur les vieux murs de la capitale s'affiche le doux profil d'un enfant, fille ou garçon, un fantôme parisien aux ailes aussi aériennes qu'elles sont éphémères puisque dessinées à la craie. Tel un portrait comme aimait les réaliser Cocteau, ce visage léger et évanescent m'a bien souvent intriguée.
"Voici ce qu'un ange m'a dit
Un jour où je me promenais dans la rue
Ne croyant plus en rien
Qu'en la pauvre misère du monde
Ma ville est le paradis de l'anonymat et de l'ennui
Et à toi seulement je le dis
Que si c'était de moi je partirais d'ici
Ma ville est le paradis des anges perdus, sombrés dans l'oubli
Mais je sais que tu ne crois pas
T'as jamais reconnu le son de ma voix
Demain on verra
Si tu ne m'as pas oubliée
Puisque sans toi, je n'suis personne
Demain on verra
Combien de temps tu pourras rester
Seule sans jamais aimer personne
Ma ville est le paradis de tous ces rêveurs
Qui ne dorment pas la nuit
Je la vois dans toutes ses illusions
Je suis parmi ces gens qui n'ont pas de nom
Demain on verra
Si tu m'as encore oublié
Puisqu'avec toi, je ne suis personne
Demain on verra
La solitude dans un café
Pleurant de n'avoir aimé personne
Qui viendra me sauver moi
Je voudrais être comme toi
Dis-moi, qui viendra me sauver moi
Je voudrais être comme toi
Dis-moi, pourquoi, les hommes
Ne voient pas les anges
Demain on verra".
Des chats, des chats et encore des chats...décidément ce félin des villes est bien partout dans la capitale...au printemps dernier, j'avais déjà repéré rue Quincampoix cet animal tracé d'une main aussi agile que coquine (un peu à l'image du matou finalement), que j'avais instinctivement baptisé "Street art minou"....(oui, je reconnais je suis plutôt bon public...), ce clin d'oeil un brin farfelu tout droit sorti d'un imaginaire espiègle m'avait bien séduite, un image positive qui fait spontanément sourire et qui laisse un brin admiratif devant ce faciès vecteur de sentiments et d'émotion fait pour autant d'un simple trait...
"C'est un art délicat, que d'appeler son chat :
Le baptiser n'est pas un simple passe-temps.
Je ne travaille pas du chapeau, croyez-moi,
Mais sachez-le, un chat a trois noms différents.
Un chat a, tout d'abord, son nom de tous les jours,
Comme Pierre ou Jean-Paul, Aglaë, Pompadour,
Comme sylvain ou Luc, Chat-fouuré, Cyprien...
Tous sont des noms sérieux, pour chats bien de chez nous.
Mais un chat a besoin, il faut que ça se sache,
D'un vrai nom personnel, un nom plus majestueux.
Sans ce nom, il ne peut pas redresser sa queue,
Affirmer sa fierté, hérisser ses moustaches.
Des noms de cette sorte, en veux-tu, en voilà,
Comme Méta-Mhétyl. Ouitchi, Kalikola...
Mais par-dessus tout ça, il reste encore un nom,
C'est le nom que jamais nul ne peut deviner,
C'est le nom dont jamais nul ne saura le nom,
le chat qui le connait ne veut le révéler"...
Thomas Stearns Eliot - "Comment appeler son chat"
Il y a déjà quelques semaines, je livrais dans un billet un premier opus en hommage au chat parisien, le chat que nos amis street artistes aiment souvent afficher sur nos murs. En croisant un des derniers collage de M. JB, l'envie m'a pris de composer à nouveau un petit laïus sur nos amis à fourrure et à quatre pattes, au regard hypnotique et à l'âme indépendante.
Et en composant ces premières lignes, je repense soudainement à une "histoire de chat", un souvenir de chat parisien qui me touche directement. Il y a deux ans maintenant, par une soirée d'été, alors que les fenêtres laissées ouvertes jours et nuits, tentaient de faire passer un peu d'air, un félin au manteau roux et aux yeux verts vint me faire une visite "de courtoisie". Le matou avait fait irruption en longeant le toit des Folies Bergères qui jouxte directement mes pénates, pour atterrir directement dans ma baignoire....le sol glissant blanc des sanitaires ne semblant pas l'effrayer (l'indélicat semblait avoir déjà emprunté le chemin en mon absence et effectué un repérage "in situ"), il apparut devant la propriétaire des lieux plus qu'étonnée et surprise.
Passé les quelques minutes d'étonnement réciproque pendant lesquels nous nous sommes dévisagés, le minou en deux ou trois bonds agiles et habiles qui caractérisent la souplesse féline, monta sur ma mezzanine pour prendre la posture du sphinx, le menton relevé et les yeux clos, ronronnant de bonheur et visiblement très à l'aise dans sa nouvelle litière (en l'occurence la mienne....). En constatant que l'animal connaissait déjà bien mon univers, je pris le parti de profiter de cette petite compagnie impromptue, laissant le minet aller et venir à sa guise. Ce petit manège se renouvela plusieurs fois pendant l'été, puis le froid revenant, les fenêtres se refermant, mon ami des Folies Bergères épris de liberté ne revint plus....mais le souvenir de ce pacha de caractère me fait encore sourire....
Pour illustrer de façon plus appropriée les traits de ce "Minnaloushe" qui s'affiche sur les murs de la rue de Charonne et qui n'appartient qu'au monde des rêves que JB nous invite à entre apercevoir ici et là dans Paris, je laisse les vers de William Butler Yeats, qui mieux que mes mots, donnent vie à ce chat fantastique plein de douceur et, qui sait, peut être une fois les lumières de la ville éteintes, dans la nuit noire, ouvre enfin les yeux....
Il y a quelques mois déjà, j'avais tenté d'expliciter ou tout au moins de mettre en lumière, le travail de Miss Lili Tonnerre, dont les bombes sculpturales s'affichaient sur les murs du second arrondissement. Dans les mêmes rues que ces demoiselles aux tenues et aux poses affriolantes, étaient également apposés les collages d'une artiste, dont je souhaitais ce soir évoquer rapidement et poétiquement le travail....une artiste aux multiples talents, issue du même regroupement d'artistes que la Miss du Tonnerre, l'atelier 29, j'ai nommé Maycec (pour ne citer que son nom d'artiste et respecter ainsi sa véritable identité).
Robert Desnos sur le mur de l'église St Merri, Eugène Varlin au pied de Montmartre, telles sont deux figures que j'ai croisé récemment dans Paris, mais pas de n'importe quelle façon, par l'intermédiaire d'un artiste et plus précisément un mosaïste, bien discret, bien mystérieux, qui à l'image du Petit Poucet, dissémine ici et là quelques petits cailloux blancs...
"Cachez ce sein que je ne saurai voir".... Une réplique du Tartuffe de Molière pour faire de ce billet street art un billet littéraire ??? Non, non mais il s'agira tout de même malgré cette brève introduction aux inspirations lyriques caractéristique des comédies du grand siècle, d'une évocation de l'art urbain de notre siècle à nous....et dont l'expression graphique m'a immédiatement évoqué cette célèbre rétorque.
Vous aurez peut-être remarqué ce dessin récurent sur les murs de Paris, fait d'un trait dansant en quelques courbes et d'un point judicieusement placé...Une évocation néo érotique ? Je ne saurai dire.....Mais c'est comme cela que mon cerveau primaire l'a interprété... en effet, c'est ce que cette courbe coquine a spontanément fait naître en moi, en même temps qu'une réflexion aussi fragile que ce dessin, autour de l'expression libre urbaine faite d'un tout petit rien, tout comme ce trait courant autour de ce point suggestif.