Le vent d'automne, la pluie et le ciel gris....malgré ces trois éléments telles des ritournelles annuelles qui valsent comme les feuilles tombant sur le bitume parisien, il y a dans Paris un peu de poésie et de féerie, qui cette année encore permet de ne pas voir en ce perpétuel cycle saisonnier autre chose qu'une sinistrose de fin d'année...
En réalité, dans la fantaisie colorée que je vais évoquer, il s'agit aussi d'une oeuvre d'art, animation éphémère et en même temps régulière, mêlant non pas son et lumière mais eau et lumière...Sur la place Malraux, l'un des deux bassins qui ont déjà fait l'objet d'un billet l’année dernière, l'artiste Nathalie Junod-Ponsard a réalisé en 2010, dans le cadre du cinquantenaire du ministère de la Culture et de la Communication, une installation habilement batpisée "Crépuscule persistant, aux couleurs de la République française, se définissant par un jeu coloré épousant le flux et le reflux de l'eau du bassin, venant ainsi presque mouiller les marches du Conseil Constitutionnel et du Conseil d'Etat.
Dans l'eau des bassins, que nous devons au décidément très productif Davioud (architecte de prédilection du baron Haussmann), tourbillonnement au gré du courant et du vent des feuilles, illuminées par un jeu de spots de couleurs alternant entre le rouge et le bleu, dans un rythme étudié, chacun d'eux s'allumant chacun leur tour.
Cette installation me plait beaucoup, elle n'est en fonctionnement qu'en basse saison, en période nocturne, comme pour mieux fêter l'automne et son ballet de feuilles mortes. Outre le fait d'intriguer et de plaire aux passants, elle illumine également la ronde de chérubins de Charles Gauthier qui restent pourtant immobiles et impassible malgré leur place qui les place, le temps de quelques secondes sous le feux de ces projecteurs originaux.
Il se dégage de ce mariage aussi éphémère qu'harmonieux entre lumière moderne, sculptures, eau et feuilles mortes, une grande poésie, qui bien que versatile, se renouvelle à chaque mouvement des ondes, des gouttes qui tombent dans le bassin inférieur et de chaque irruption de couleur.
Une installation qui peut être aurait plu au grand Malreaux, qui depuis a laissé son nom à la place qui accueille ces fontaines et qui reste sans doute le plus grand ministre de la Culture de notre Vème république. Un double hommage donc à notre institution.
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur monotone
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure
Je me souviens
Des jours anciens et je pleure
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deça delà Pareil la feuille morte