Art contemporain et patrimoine

A travers ces quelques billets est évoqué la question de l’implantation des oeuvres dites "contemporaines", dans un cadre et un contexte portés par l'Histoire, chargé de symboles et d'éléments propres au patrimoine parisien. Où comment une oeuvre contempo

Art contemporain et patrimoine : Consigne éternelle

p8080574.jpgComme le froid a du bon de temps en temps....c'est sans doute à lui que je dois ce retour à mon clavier et mes clichés...souhaitons non pas que le froid polaire perdure mais bien que ce regain rédactionnel persiste le plus longtemps possible. Pour reprendre le fil des lignes et des photos en ce début d'année, je pars du coté de St Lazare. Au coeur des allées et venues des milliers de voyageurs qui transitent quotidiennement dans ce quartier animé, commercial et si bouillonnant d'activités en tout genre, il reste imperturbable depuis une trentaine d'année que l'on les y a là érigées, les deux compositions d'Arman : "l'heure pour tous" qui trône dans la Cour du Havre et qui avait d'ailleurs en son temps (!) inspiré la rédactrice herbe que je suis ; et "consignes à vie" qui se dresse sous le gros horloge de la cour de Rome. Ces deux oeuvres dans leur genre imposantes, ont toutefois su se fondre dans le décor à tel point que si on les décriait au moment de leur installation, elles sont presque aujourd'hui oubliées, tant les passants semblent les avoir intégré dans leur quotidien. 

Mais revenons à nos bagages. L'accumulation commandée et installée en 1985 s'élève sur plusieurs mètres dans le p8080573.jpgciel parisien. Aux heures ensoleillées sous les auspices de cieux bleutés les valises qui s'enchevêtrent dans une savante composition bien caractéristique du sculpteur prennent une jolie teinte brillante qui fait ressortir le teint naturel du bronze. Mais sous la pluie et les nuages bas, l'ensemble donne une impression triste, plus que mélancolique et dont la patine sombre évoque presque les heures troubles de la SNCF.

Une invitation au voyage ou bien celle de rester à quai ? Là où la toile, le cuir, le plastique ou le composite des bagages de nos petits et grands voyages ont fait place à un imputrescible bronze dont l'immortalité pérennise ce qui fait nos trajets divers et variés, les allées et venues de notre routine quotidienne comme celles des grands évènements, le temps poursuit toujours sa course, que l'on soit resté ou bien parti. L'artiste n'indique pas s'il s'agit de la consigne de départ, ou bien celle de l'arrivée, à chacun d'imaginer la vie de ces bagages en transit ou bien oubliés.

L'extrême précision propre aux oeuvres du maitre du Nouveau Réalisme en est même un peu énigmatique. On est presque tenté de grimper sur l'amoncellement pour tenter d'ouvrir les bagages qui semblent tenir les uns avec les autres dans une savante composition défiant les lois de l'équilibre et de l'apsesanteur, pour tenter d'en savoir un peu plus sur les propriétaires de ces valises abandonnées à la postérité.

p8080578.jpgMais qu'est ce qui a bien inspirer Arman à baptiser son érection métallique "Consignes à vie" ?

Ici la définition de consigne sera forcément celle relative aux dépôts de nos biens dans les gares. Pas de dépôt temporaire comme l'indique le dictionnaire mais ici c'est bien à vie...et il faut dire que la consigne de ces valises géantes qui a débuté dans les années 80 ne semble effectivement pas être transitoire, enracinée comme elle est sur le parvis de la gare.

Le titre gravé dans le bronze indique "Dépôt de l'Etat", mais l'histoire ne dit pas si les présidents se transmettent le ticket de la dite consigne lors de leur transmission de pouvoirs...et ce n'est pas M. Arman qui repose quelques pieds sous terre au Père Lachaise qui pourra répondre à cette question...



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Art contemporain et Patrimoine : Sur le fil d'Arachnée...

arachnee.jpgVoilà que la douceur printanière vient faire (re)fleurir les murs et les places de la capitale d'un regain d'inventivité, de poésie et de créativité et par là même, m'offrir l'occasion d'un petit entrefilet cousu de fil non pas blanc mais quasi invisible. Le fil des mots, le fil abstrait de la créativité artistique empreinte d'une douce rêverie et d'un peu de mythologie, qui suffit pour renaître une inspiration assoupie par l'hibernation hivernale...

Avec l'aide d'une âme "soeur" (à proprement parler) et d'un cliché pris par procuration, voici un clin d'oeil qui peut être comme moi, raviront la sensibilité de certains.
C'est Arachnée qui est passée le temps d'une installation éphèmère sur la petite place de Furstenberg juste derrière l'église St Germain des Prés. Un passage aussi furtif que léger, aussi gracieux que gracile, aussi transparent que résistant, le lien imaginaire entre le passé et le présent, l'union du réel et de l'imaginaire, du concret et de la mythologie. C'est donc une installation plastique (au sens propre comme au sens figuré) qui a élu domicile sur quelques mètres carrés, sous la forme d'une giganstesque toile d'araignée contemporaine reliant les éléments de notre paysage parisien.
Ce réseau filaire matérialise en quelque sorte l'élément de liaison d'un espace définit ici par les bâtiments et le mobilier urbain. Liaison entre ce que la nature a laissé (l'arbre) et ce que l'homme a construit (le lampadaire). Comme si Arachnée le temps d'une ronde sur cette petite place avait laissé sur son passage la trace du temps qui passe, qui fuit, trace légère et éphémère comme celle de nos vies. 
Vie fragile et fugace à l'image de celle de la jeune tisseuse de la mythologie, Arachnée, qui elle, se vit offrir une seconde vie par Athéna, sous la forme d'un araignée pour pouvoir éternellement tisser....Ainsi, c'est peut être elle qui est furtivement passé ici pour mettre un peu de poésie sous le ciel de Paris....
Un grand merci à ma Rose qui a judicieusement pensé à moi et a immortalisé à ma place ce canevas géant.

Art contemporain et patrimoine : "Crépuscule persistant"

pc040205.jpgLe vent d'automne, la pluie et le ciel gris....malgré ces trois éléments telles des ritournelles annuelles qui valsent comme les feuilles tombant sur le bitume parisien, il y a dans Paris un peu de poésie et de féerie, qui cette année encore permet de ne pas voir en ce perpétuel cycle saisonnier autre chose qu'une sinistrose de fin d'année...

En réalité, dans la fantaisie colorée que je vais évoquer, il s'agit aussi d'une oeuvre d'art, animation éphémère et en même temps régulière, mêlant non pas son et lumière mais eau et lumière...Sur la place Malraux, l'un des deux bassins qui ont déjà fait l'objet d'un billet l’année dernière, l'artiste Nathalie Junod-Ponsard a réalisé en 2010,  dans le cadre du cinquantenaire du ministère de la Culture et de la Communication, une installation habilement batpisée "Crépuscule persistant, aux couleurs de la République française, se définissant par un jeu coloré épousant le flux et le reflux de l'eau du bassin, venant ainsi presque mouiller les marches du Conseil Constitutionnel et du Conseil d'Etat.pc040203.jpg

Dans l'eau des bassins, que nous devons au décidément très productif Davioud (architecte de prédilection du baron Haussmann), tourbillonnement au gré du courant et du vent des feuilles, illuminées par un jeu de spots de couleurs alternant entre le rouge et le bleu, dans un rythme étudié, chacun d'eux s'allumant chacun leur tour.

Cette installation me plait beaucoup, elle n'est en fonctionnement qu'en basse saison, en période nocturne, comme pour mieux fêter l'automne et son ballet de feuilles mortes. Outre le fait d'intriguer et de plaire aux passants, elle illumine également la ronde de chérubins de Charles Gauthier qui restent pourtant immobiles et impassible malgré leur place qui les place, le temps de quelques secondes sous le feux de ces projecteurs originaux.

dscn5589.jpgIl se dégage de ce mariage aussi éphémère qu'harmonieux entre lumière moderne, sculptures, eau et feuilles mortes, une grande poésie, qui bien que versatile, se renouvelle à chaque mouvement des ondes, des gouttes qui tombent dans le bassin inférieur et de chaque irruption de couleur.
Une installation qui peut être aurait plu au grand Malreaux, qui depuis a laissé son nom à la place qui accueille ces fontaines et qui reste sans doute le plus grand ministre de la Culture de notre Vème république. Un double hommage donc à notre institution.

Les sanglots longs 
Des violons 
De l’automne 
Blessent mon coeur 
D’une langueur monotone 
Tout suffocant 
Et blême, quand 
Sonne l’heure 
Je me souviens 
Des jours anciens et je pleure 
Et je m’en vais 
Au vent mauvais 
Qui m’emporte 
Deça delà Pareil la feuille morte
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Art contemporain et patrimoine : "Super l'égo", ou l'égoïsme universel

pb110033.jpgC'est une nouvelle rencontre avec l'art contemporain, que j'ai faite samedi dernier sur la Place Maurice Barrès, au pied de l'église de l'Assomption, refuge religieux pour les polonais de France.

Là, dans une discrétion toute relative, trône sur un piédestal en contreplaqué blanc, une sculpture de Matteo Negri intitulée "Super l'Ego". Une oeuvre faisant partie du parcours hors les murs proposé jusqu'au 30 novembre par la galerie 208. Un légo de couleur "bleu.....légo", placé à la vertciale, subissant une torsion que personne n'aurait imaginé lui infliger plus tôt, à lui, petite brique dure, austère et surtout inflexible.

Qui enfant, tout en constituant minutieusement et patiemment une construction faite de pièces de légo n'a pas rêvé de voir ces cubes et autres rectangles rigides, aux lignes immuables et aux couleurs franches mais impersonnelles, pouvoir soudain se tordre pour construire autre chose que des réalisations droites, planes et anguleuses ?pb110030.jpg

Cette question et cette frustration que probablement tout constructeur et architecte en herbe a vécu ont poussé Matteo Negri à transformer nos briques colorées en véritables oeuvres d'art, mêlant nostalgie de l'enfance et fantasme physique et géométrique.

Car avec lui le légo se transforme. Aussi bien dans la forme avec des lignes qui s'assouplissent, perdent de leur rigidité implacable, défiant les lois de la physique pour mieux remettre en cause la rigueur et libérer ainsi l'énergie créatrice et la fantaisie, qui jusque là ne pouvait que rester irréelle ; mais également dans le fond : alors que l'imaginaire de l'enfant était bridé, contenu et retenu par la logique impitoyable du jeu de brique, l'artiste vient par sa créativité et son audace inverser les rôles. Ou comment la sensibilité détourne ce qui semblait immuable. Comme un rapport de force entre l'âme et la matière, le sensible et l'insensible, l'imaginaire et le matériel.

pb110036.jpgCe vecteur choisi par l'artiste permet il me semble de transmettre un message à portée universelle, doté d'une certaine intemporalité, induisant en chacun d'entre nous un sentiment de nostalgie lié à l'enfance mais aussi celle de la libération créatrice. Repousser des limites que l'on pensait figées.

Le lieu choisi pour exposer cette sculpture contemporaine me parait intéréssant et le lien que l'on peut faire entre l'oeuvre et son écrin l'est également, car la présence inattendue de ce grand légo bleu noueux s'élançant fièrement dans le bleu du ciel parisien, comme libéré de la contrainte rigide qu'on lui a donné à l’origine, s'oppose quelque peu au claccissime intemporel et lui aussi implacable de l'architecture du XVIIIème et du XIXème siècle de ce quartier plutôt chic et conventionnel. En effet, aux courbes modernes du "Super l'égo", s'opposent les colonnes de l'église de l'Assomption et l'imposante cour des comptes, toute proche. Des références religieuse et républicaine, elles aussi dogmatiques et implacables, qui voient à leur pied, un expression de joyeuse libération et d'imagination.

"Super l'égo" induit la notion d'égoïsme. Pourquoi ? Un titre référent à un égo artistique prononcé, voire exacerbé ? peut être, mais je veux plutôt y voir pour ma part, la référence au jeu d'assemblage souvent réalisé en solitaire, dans une logique de construction individuelle, permettant l'élévation d'un pont entre la créativité, l'intellect et le manuel. Une référence elle aussi brisée puisqu'à travers l'oeuvre d'art, ce légo vraiment hors du commun s'ouvre à la notion de partage.pb110032.jpg

Enfin, je ne peux m'empêcher de faire le lien entre la personnalité qui a laissé son nom à cette place où l'on a choisit de placer "Super l'égo" et cette sculpture contemporaine.

Si Maurice Barrès est davantage connu pour ses positions politiques et intellectuelles proches du nationalisme républicain et du traditionalisme (il est souvent dit qu'il est la figure de proue du nationalisme français de l'entre deux guerre), on oublie souvent qu'il fut également un grand écrivain et le défenseur d'un concept auquel je ne reste pas insensible : Le culte du moi, qui, loin d'être une idées narcissique est plutôt humaniste, visant à faire du premier devoir de chacun, la défense du moi individuel "contre tout ce qui risque de l'affaiblir dans l'épanouissement de sa propre sensibilité".

Oui,  cette notion de protection du "moi" épanoui et serein me plait bien, et il me semble que l'oeuvre d'art que la galerie 208 a choisi récemment de poser sur cette place qui porte le nom de l'écrivain et homme politique, n'est pas tellement du au hasard....ce légo tel une flèche fantaisiste et poétique ne monte elle pas vers les cieux de la créativité et de la sensibilité, défiant ainsi tous les carcans ?

Le mouvement noueux semble montrer que la sensibilité et la créativité prennent tous les chemins possibles, les chemins qui se fraie entre intelligence et émotivité....

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Art contemporain et patrimoine : "L'heure pour tous" au coeur de la gare St Lazare

"Aucun cadran n'affiche la même heure, aucun amant ne livre la même humeur"......en partageant ces deux vers d'une chanson de Bashung, je ne veux pas faire état de mes propres états d'âme mais juste par là, introduire ce billet de nouveau siglé "art contemporain et patrimoine" qui évoquera cette fois ci le temps....."L'heure pour tous" car c'est de cette oeuvre d'Arman installée dans la cour intérieure qui forme le parvis de la Gare St Lazare, dont il s'agit bien ici. Posée au pied de l'entrée de la gare en 1989, cette accumulation de cadrans superposés les uns au dessus des autres, évoque à elle seule un certain nombre de choses.

Une oeuvre on ne peut plus appropriée à cet endroit, et même si le fronton de la gare présente déjà un gros cadran (toujours à l'heure sil vous plait...et il vaut mieux..), il n'en reste pas moins que l'idée du temps qui file est bien présente à travers cette oeuvre typique de l'artiste, figure de proue du nouveau réalisme français. Les cadrans échafaudés les uns au dessus des autres, leurs aiguilles arrêtées, le temps les a comme figées dans un instant qui n'appartient plus qu'au spectateur qui les croisent sur leur trajet du quotidien, comme sur celui des grands destins.
Souvent en proie à la malice des pigeons parisiens qui s'évertuent à y laisser leur trace, qui en devient presque mesure que le temps passe.....indélébile, les cadrans ainsi momifiés semblent à jamais pris dans le temps qui file.....et personne n'ira songer à redonner éclat et jeunesse à ces formes circulaires qui dorment ainsi sous la "patine" du temps, leur conférant un caractère aussi vénérable que poétique. 
Amenant au pas de course, comme au pas nonchalant l'usager du métro-boulot-dodo, ou le voyageur d'un jour, elle accompagne sur le quai de la gare le tout à chacun. Il me semble que cette oeuvre nous permet de nous rappeler, à supposer que l'on prenne la peine (et le temps !) d'y réfléchir, quelles sont les choses essentielles de celles qui ne le sont pas, distinguer l'important du superficiel, laisser le temps se figer un peu sur les choses qui valent la peine que l'on s'attarde sur elles et laisser le temps poursuivre sa route pour celles qui ne valent pas forcément la peine qu'on y consacre autant de temps ....Peut être prendre le temps justement de méditer sur la valeur du temps, ce temps si précieux qui passe toujours de plus en plus vite, laissant parfois nos vies avec un pan d'inachevé...et si nous rattrapions le temps perdu en broutilles égocentriques pour prendre le temps de s'ouvrir à l'autre ?
Voilà qu'à force de cogiter, j'en oublie que ce temps d'écriture n'est pas non plus figé !!! Heureusement que je n'ai pas de train à prendre ce soir, je pourrai bien le rater....Mais si vous même deviez en prendre un, surtout ne vous fiez pas à l'un des cadrans de ces élévations intemporelles....vous manqueriez à coup sûr de le rater...

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Art contemporain et patrimoine : Quand des ovnis survolent les jardins du Palais Royal

Oui, je parlerai d'ovnis ce soir...Enfin, presque, car ces objets volants qui veillent tels des phares sur les jardins du Palais Royal sont pourtant bien identifiés...C'est en passant ce matin dans les allées sablonnées que j'ai croisé ces bizarreries évoquant de loin des lampadaires mobiles.

Nous devons cette étrangeté artistique à Takis, sculpteur grec contemporain (né en 1925). Cet ensemble de quatre oeuvres composées pour chacune d'elles d'un pied métalliques de 4,50 m de haut présentant deux bras au bout desquels sont fixées des demie-sphères colorées, sont en réalité plus justement appelées"signal eolien". Datant de 2006 il renvoie directement à la démarche générale de l’artiste qui se rattache depuis les années 50 à l'art cinétique (courant artistique fondé sur l’esthétique du mouvement) et plus précisément en travaillant autour des signaux lumineux et sonores construits à partir de tiges métalliques justement. 

Ces sculptures éoliennes, oeuvres des années 2000, tournent donc autour d'un axe actionné par le vent. Elles succèdent, mais sous une autre forme, aux télésculptures, sculptures magnétiques et autres scultpures musicales qui confirment au fil des décennies et des innovations l'attrait, que dis je la fascination, de l'artiste pour le mouvement, le son et parfois aussi la lumière, autant de signaux qui semblent venir d'un autre monde que le nôtre (la référence au ovnis n'était donc pas si inapprpriée...). 

Cette exposition temporaire, exposée à l'air libre, au coeur des jardins du Palais Royal, permet aux visiteurs et aux promeneurs qui passent ou se prélassent autour du bassin central, une petite parenthèse aussi étrange que poétique. Car même si à première vue, elles peuvent présenter un aspect un peu hermétique, on finit, le mouvement du vent et le silence aidant, à les trouver assez sympathiques. En fait, avec un peu de réflexion et d'ouverture d'esprit on ne peut rester totalement indifférent devant ces demies-sphères flottant au gré du vent....qui trouve aussi toute leur harmonie en compagnie du seul le bruit de la fontaine qui continue à cracher son eau juste à leurs pieds.
Le passant qui devient spectateur improvisé n'a plus qu'à se laisser envelopper par cette poésie aérienne, aléatoire, qui rend cette danse géométrique et colorée totalement inédite, et unique.
Certes, si l'apparition peut sembler incongrue au premier abord, chargé d'intensité et de témoignages historiques, il me semble que passé la première réaction de l'étonnement suscité par la juxtaposition proposée entre passé, histoire, patrimoine et futur et innovation, elles apparaissent en réalité très bien correspondre au cadre qui les accueille aujourd'hui. En effet, rigidité et équilibre semblent convenir aux volumes imposant des bâtiments, au classicisme de leurs lignes. Une certaine élégance se dessine sur ces vieux murs et les formes finissent par trouver habilment leur place. Une fantaisie mobile très maitrisée, par la rigidité des lignes qui suportent l'ensemble mais qui laissent néanmoins une totale liberté à ces "capsules" colorées qui viennent se juxtaposer à l'immobilisme des pierres ancestrales...

Une initiative supplémentaire qui nous permet d'ouvrir un peu plus notre horizon culturel et notre sensibilité à concevoir l'art dans tout ses états.

Art contemporain et patrimoine : "Taupologie pour l'Hôtel de Sully"

Sur les bords de la rue Saint Antoine, derrière un haut porche, un lourde porte en chêne et une façade en pierre blanche, dans ce coeur du Marais, le Paris de Louis XIII où la place des Vosges n'est à que quelques encablures de l'église Saint Paul, se dresse, majestueux (ou presque puisqu'il ne s'agit pas non plus d'une demeure royale...), l'Hôtel de Sully.

C'est donc par le biais de cet édifice autrefois privé, devenu public aujoud'hui, ce témoignage urbain d'une toute autre époque, que je souhaite évoquer à travers ce billet au parfum historique, l'architecture du début du XVIIème siècle, bien caché au coeur de la capitale, niché dans un écrin vert mais bien pour autant présent. Cet ensemble architectural aussi unique qu'exceptionnel dans Paris qui est aujourd'hui le siège du Centre des Monuments Nationaux, n'est pas ouvert à la visite mais le promeneur peut toutefois en admirer les façades, s'arrêter dans la cour intérieure ou le traverser totalement pour accéder ainsi à l'un des angles de la Place des Vosges, qu'il jouxte directement.

Entre ces murs d'histoire et autres couloirs du temps, tout évoque, rappelle et témoigne l'architecture du début du XVIIème siècle notamment à travers un registre sculptural directement issu de la fin de la Renaissance, que l'on retrouve également sur d'autres édifices de la fin du XVIème et du début du XVIIème siècle. Le plus bel exemple qui me vienne à l'esprit étant bien sûr celui du château d'Ecouen. Toutefois, l'hôtel de Sully reste particulier, une élégance architecturale parisienne qui annonce le classicisme qui s'épanouira quelques décennies plus tard à Versailles. D'une part à travers le choix de la pierre de taille (au contraire de la Place des Vosges par exemple), par la symétrie des façades, l'alignement vertical des fenêtres surmontées, successivement cintrées et circulaires ou encore par les deux pavillons encadrant le bâtiment principal. Ces caractéristiques deviendront des récurrentes dans l'architecture parisienne du grand siècle. Modèles féminins est masculins sculptés dans des niches, aux traits caractéristiques des oeuvres de la Renaissance, nés sous une main encore un peu maniériste, , entrelacs, mascarons... des détails décoratifs sculptés dans une finesse qui fera l'élégance de l’architecture et des arts décoratifs parisiens.

Passez dans les jardins de l'hôtel et vous aurez alors droit à une vision aussi étrange que drôlatique, qui m'oblige finalement à classer ce billet dans ma catégorie "Art contemporain et Patrimoine" plutôt que dans une catégorie d'articles à caractère purement historique. Une apparation (et c'est le mot adéquat)  qui ne peut que surprendre le visiteur subitement saisi par un anachronisme inattendu.

En effet, dans l'un des carrés de verdure soigneusement bordés de ces petits buis qui rappellent aussi bien les jardins moyen-âgeux que les grands parterres des jardins de nombreux châteaux français, règne une hôte étrange.....j'ai nommé "Taupologie pour l'hôtel de Sully". Quésako me direz vous ? (et à juste titre). "Taupologie", c'est ainsi qu'a été baptisée l'oeuvre d'art de Ghyslain Bertholon, qui trône littéralement ainsi entre les quatre murs de la cour intérieure de l'hôtel...Il convient de se figurer une motte de terre, sortie tout droit d'un jardin qui aurait été laissé au règne de ces petits mammifères fouisseur (si, si, c'est le terme) qui affectionnent l'obscurité et creuser des galeries souterraines pour mieux escamoter gazons et plates bandes de eurs propriétaires....Un monticule, donc mais pas de quelques centimètres non, mais plutôt à hauteur d'homme, au faite duquel émerge un museau et deux patounes...De haut, on dirait presque une taupe vêtue d'une grande robe qui rappellerait presque celles que l'on portait à l'époque où furent édifiés ces murs vénérables....Les couleurs naturelles de l'oeuvre se fondent toutefois assez bien dans l'ensemble, ce qui lui permet finalement de trouver assez bien sa place dans ce lieu historique, sans que le contraste ne soit trop violent ou d'emblée caricatural entre la bestiole (qui semble presque retarder le visiteur interloqué, par son oeil goguenard) et l'écrin qui l'accueille. 

"Taupologie" règne ainsi sur le jardin de l'Hôtel de Sully, volant véritablement la vedette aux nymphes nichées dans les façades, ces demoiselles à la demie nudité n'émouvant plus les yeux qui se lèvent vers elle et n'ayant plus que leur ancienneté et leur vénérabilité pour toiser le sombre animal qui ose ainsi concentrer tous les regards et autres appareils photos sur lui.....Une oeuvre qui s'inscrit dans la démarche artistique "Animaux et monuments", organisée par le Centre des Monuments Nationaux, à travers toute la France, jusqu'en octobre prochain.

Art contemporain et patrimoine : Le bonbon qatari de Laurence...

 

Au pied de l'Arc de Triomphe l'ambassade du Qatar en France a élu domicile. Si l'entrée est située dans la rue de Tilsitt qui longe de façon circulaire le rond point le plus large, le plus célèbre (mais aussi le plus dangereux !) de Paris, les jardins donnent directement sur la place de l'Etoile, cachée (en partie)  par une haute enceinte grillagée. C'est par hasard que j'ai croisé cette (petite (enfin pas tant que ça) douceur, m'inspirant ce billet "art contemporain et patrimoine".
Derrière la clôture d'arbustes se dresse fièrement et presque comme un ovni, un grand bonbon dans sa papillote aux même couleurs du drapeau qatari. Faite de résine polyester et de peinture aérographe, la friandise, qui mesure tout de même bien trois à quatre mètres de haut, détonne et en jette un peu à cet endroit...Une friandise pour les touristes qui décochent flash et clichés dans ce quartier fait un peu pour eux, mais pas seulement, pour les parisiens aussi ....
Si cette sculpture n'est pas vraiment étrange elle est certainement amusante, la confiserie étonne assurément dans ce cadre assez classique et chic même s'il est très touristique. Décalée l'oeuvre d'art arrive néanmoins parfaitement à se fondre dans le décor, même si elle serait sans doute plus appropriée dans le parc d'attraction de la souris au grandes oreilles noires....Et si elle ne se fait pas tout à fait oublier dans ce petit écrin de verdure, elle ne choque pas non plus. 
Rutilante sous le soleil, elle attire évidemment le regard, de près en sortant d'une bouche de métro, comme de loin de l'autre côté de la Place. Nous devons cette gourmandise aux couleurs du Qatar à Laurence Jenkell (dont je reparlerai), plasticienne, un brin fétichiste puisqu'elle s'est attachée à reproduire l'image du bonbon, par des sculptures, sous différents formats, presque toujours en hommage à un drapeau. Issue du pop art et du nouveau réalisme (cher entre autres, à Arman et Villeglé en France), son travail est essentiellement porté vers cet objet.
L'image du bonbon n'est peut être pas tout à fait choisie au hasard : consensuel, universel, cet objet renvoie à ce que tout le monde a connu (enfin en principe...) : l'enfance, c'est un élément fédérateur qui évoque forcément des souvenirs et une multitude de sentiments. C'est aussi un aliment qui traverse les frontières comme les générations et qui se soucie peu des différences de culture. Il évoque la sérialité, concept qui se rapproche directement du travail même de l'artiste. Celle ci fait d'un objet du quotidien une quasi icône, de façon presque ironique et subversive.
Rassembler les cultures par un dénominateur commun anodin, banal, voire kistch, dans sa représentation fait partie de la démarche de Laurence Jenkell. La gaieté apportée par ces sculptures que ce soit à l'ambassade du Qatar comme ailleurs, permet d'ajouter à l'insouciance du premier degré, à la réflexion qu'elles peuvent mener à un second degré.

 

 

 

 

 

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Art contemporain et patrimoine : Monumental Anish Kapoor...

On ne peut jamais éviter, occulter ou passer outre le monumental...et quand il s'agit du "Monumenta" annuel du Grand Palais on le peut encore moins. Il faut dire de plus que, cette année, cet adjectif est de mise et totalement approprié, il serait d'ailleurs presque encore trop peu explicite, faible et flou. Oui, le terme de "monumental" est adéquat car l'oeuvre qui a trouvé sa place sous la nef du Grand Palais s'apparente totalement à la taille digne d'un monument et s'inscrit pleinement dans les proportions de son écrin.

Cette édition 2011 du "Monumenta" qui a pour nom "Léviathan" et l'hôte qui l'acueille me poussent à classer ce nouvel article dans ma catégorie "Art contemporain et patrimoine", car même si la présence de l'oeuvre d'Anish Kapoor, à qui l'on doit cette réalisation exceptionnelle, n'a pas vocation à rester éternellement sous la nef de verre, il n'en reste pas moins cette flagrante mais si intéressante juxtaposition entre passé et contemporain (où les forme et les lignes évoquent même le futur) corresponde totalement à cette thématique.
"Monumental" donc, mais pas seulement : on pourrait aussi parler d'imposant, de pharaonique, d'énorme, de colossal, de titanesque, de grandiose, de gigantesque, d'immense, de démesuré... d'autres qualificatifs pourraient encore sans doute s'ajouter à cette litanie comme ceux qui s'apparentent à la surprise que la rencontre avec ce gigantisme ne peut que susciter : inattendu, surprenant, étonnant, étrange sensationnel, curieux, singulier...
Mais moi j'ajouterais encore quelques qualificatifs pour évoquer cette réalisation qu'il est presque difficile de nommer tant elle étonne, surprend, laisse impressionné, presque abasourdi par sa démesure son (non)sens, la technologie qu'elle suppose dans sa conceptualisation et sa fabrication. Il serait presque difficile de trouver le bon champ lexical qui puisse correspondre à cette oeuvre hors norme. Chacun aura forcément son propre sens de lecture, mais je me risque, pour vous encourager à aller la rencontrer, à vous livrer le mien. Oui, plus que de vous transmettre la démarche et la philosophie d'Anish Kanpoor, je préfère m’attacher à vous transmettre ce que j'ai ressenti dans cette visite faite au Grand Palais, ce qui je l'espère, vous encouragera effectivement par la suite à  vous intéresser à la démarche de l'artiste.
C'est par le plus inattendu, je crois, que la visite commence, l'artiste ayant voulu dérouter le spectateur de près comme de loin, de l'intérieur comme de l'extérieur : deux univers, deux mondes, deux sensations. Il est donc proposé au visiteur de rentrer au sein même du "Léviathan", ce qui le transporte sur une superficie de 150 m² environ, dans un univers à l'ambiance inexplicable. Chacun je pense pouvant y ressentir une impression toute personnelle. Pour ma part, j'ai eu l’étrange sensation de faire un voyage in utero, ou dans une cavité interne comme celle du coeur ou d'un organe vital. Etrange sensation qui renvoie comme à une autre vie, où la notion temporelle et spatiale n'a plus raison d'être, la démesure prenant tout la place. La couleur rouge renforce cette notion presque chirurgicale et la trame que forment les lignes de la nef apparaissant en filigrane sous la peau de l'oeuvre, joue avec la lumière du ciel parisien qui perce sous le verre du Grand Palais, ne font qu'accentuer ces sensations très particulières. Et comme un enfant, le visiteur ne peut s'empêcher de toucher du doigt cet univers où les sens sont exacerbés : la vue bien sûr mais aussi l'ouïe, comme déformée sous ce toit gigantesque, le toucher...
A l'extérieur, le choc est égal à celui ressenti à l'intérieur, mais d'une autre façon : le cadre, la lumière et les matériaux étant différents. Je compare Anish Kapoor, artiste hors champs et hors catégorie et dont le "Léviathan" reflète totalement l'ensemble de son oeuvre, à un horticulteur presque apprenti sorcier qui aurait donné un peu trop d'oestrogène à sa bouture.... donnant ainsi à cette dernière cette forme extraordinaire et ces volumes déments...
C'est l'image de ce végétal qui m'est effectivement spontanément venu à l'esprit, du fait de sa couleur bien sûr, mais aussi de son aspect et de sa forme. Image d'autant plus renforcée par l’architecture métallique que constitue son écrin, venant se refléter directement sur la peau lisse et lumineuse du solanacée, évoquant tiges et feuilles. La lumière se posant doucement sur la résine, joue avec les couleurs  du Léviathan  et celle de la serre qui est aussi impressionnante que le légume en question....
"Les artistes contemporains construisent jour après jour le patrimoine de demain"....tels sont les mots d'Anish Kapoor évoquant le rôle de l'oeuvre d'art dans notre histoire. J’ajouterais que cela a toujours été ainsi : l'alchimie entre l'art et l'histoire, le temps faisant toujours l'effet d'un tamis entre les oeuvres notables de celles qui ne le sont pas, laissant ainsi à l'Histoire de l'Art les oeuvres qui méritent de passer à la postérité.
Je pense que cette oeuvre restera dans les mémoires de ceux qui l'auront croisé, d'une part pour sa singularité, son originalité et la performance artistique et technologique qu'elle représente mais tout simplement aussi parce qu'elle est éphémère justement. Ces deux éléments lui donnant, il me semble, la possibilité de passer dans la postérité. 
Personnellement je garderai en mémoire cette rencontre, "contemplative et poétique" comme le souhaite son auteur (et ce sont d'ailleurs ses propres mots). A ces deux derniers adjectifs, je préciserai personnelle, inattendue et tant au sens propre qu'au sens figuré....monumentale... évidemment.

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Art contemporain et patrimoine : Cour Napoléon, le verre nous fait rentrer dans les couloirs du temps...

Cela fait longtemps que je pense à elle, entre les lignes de mes billets, le choix des mots (pas le choc des photos, mais en tout cas la sensibilité et la poésie que je peux mettre dans les miennes.....) Chaque fois que je vois les murs du Louvre à travers ses facettes je pense à l'article que j'écrirai sur ce "monument" (un terme approprié aussi bien au sens propre qu'au sens figuré), de Paris. Chaque fois que je passe à côté d'elle je me demande comment je pourrai l'évoquer, avec les mots justes, les plus appropriés à son histoire, à son profil, à sa raison d'être aussi...  Je ne pouvais en effet ne pas évoquer la figure de proue de cette rubrique "art contemporain et patrimoine", je veux dire par là notre pyramide nationale, celle qui abrite l'âme et le coeur de notre patrimoine artistique.....la Pyramide du Louvre...

Telle la pointe d'un diamant aux multiples facettes, elle se niche dans l'écrin de la Cour Napoléon, au coeur de Paris, au coeur de l'histoire... Oeuvre d'art parmi les oeuvres d'art, toute de verre et d'acier, elle s'élève à 21,64 m du sol sur une base carrée de 35,42 m de largeur, composée de 603 losanges et 70 triangles de verres. Toute en transparence, actrice mais aussi théâtre d'un savant jeu de miroirs, d'ombres et de lumière...
Commandée par François Miterrand en 1983, elle est inaugurée le 30 mars 1989 pour être enfin ouverte au public le 1er avril de la même année. Mais l'idée de construire une pyramide en plein Paris n'est pas récente, elle date même de la période post révolutionnaire, concept que l'on retrouve dans un ouvrage de 1809 (écrit par un cerain Bernard François Balssa, père de Balzac) intitulé "Mémoires sur deux grandes obligations à remplir par les français", l'une des deux étant d'élever une pyramide dans la cour du Louvre, pour un hommage national de reconnaissance à l'empereur.... L'architecte à qui l'ont doit cette réalisation aussi surprenante qu'inattendue dans le paysage parisien, le sino américain Ieoh Ming Pei, a sans doute été au courant de ce projet du XIXème siècle et s'en est peut-être quelque peu inspiré. 
Pourtant l'érection de cet édifice hors du commun n'a pas été une mince affaire....un avant goût des "deux plateaux" qui feront autant de vagues et de séismes dans le petit monde politico-parisien du milieu des années 1980, où la mairie de Paris s'affronte régulièrement avec l'Elysée.... Et comme pour l'oeuvre de Buren, la construction de la pyramide connait bien des déboires, le chantier traine...jalonné et animé d'une levée de boucliers...
Certains s'insurgent contre cet édifice futuriste au style "international", qualifié parfois de "passe partout", qu'on a l'audace de loger dans un cadre classique, chargé d’histoire, d'identité artistique et patrimoniale. On lui reproche également d'obstruer la vue globale de la Cour Napoléon et d'insulter la mythique perspective allant de la Cour Carrée à l'Arc de Triomphe...Et puis de façon générale (et nous touchons là au coeur même de ce billet), on accuse cette oeuvre contemporaine de trancher de façon trop radicale avec le contexte architectural sobre, classique, rigoureux, voire imposant de l'écrin qui l'accueille. Pourtant face à ces détracteurs et autres Cassandre de la culture, d'autres se font défenseurs du projet présidentiel et voient en cette initiative un mariage, inattendu certes, mais tout de même heureux entre deux styles architecturaux, la fusion dans une juxtaposition (même si ceci peut paraître antinomique) du classique et du contemporain....
Une juxtaposition à travers les matériaux où l'acier et le verre répondent en toute légèreté à la pierre et à l'ardoise, une juxtaposition à travers la couleur, une juxtaposition à travers les surfaces planes des facettes de verre  et l'amoncellement de sculptures et de bas relief des façades du Louvre....une juxtaposition des époque aussi évidemment...suscitant à celui qui se penche un peu sur ces miroirs du temps, un sentiment d'éternité et d'intemporalité.  Une fusion permise par la transparence qu'offre non seulement le verre mais aussi l'eau, qui se fait témoin du mariage entre la pierre d'hier et le verre d'aujourd'hui.....par son jeu de reflet, son chant et sa présence pleine de gaieté, l'eau environnante vient fêter et sceller l'alliance, des matières, des styles et des époques.
Le temps semble la référence de cette forme géométrique parfaite, suscitant depuis des siècles interrogations et mystères.....Ces multiples facettes sont autant de fenêtres qui s'ouvrent pour nous entrainer vers le passé qu'elle protège (Le Louvre), mais pas seulement....par elles, se reflète l'histoire, comme un couloir du temps entre passé, présent et futur.
Symbolique de l'éternité qu'utilisaient il y a quelques milliers d'années déjà les pharaons égyptiens.... mais aussi de la perfection, avec ces lignes fuyant vers le ciel en quête d'absolu et d'intemporalité, notions qui se calquent directement sur ce qu'inspirent les bâtiments même du Louvre : ces murs et ces cours, ces enfilades de colonnades, où résonnent la voix de l'inabouti, de l'inachevé, la conquête de l'espace, la construction, la déconstruction, le pouvoir...exactement comme les pyramides de l'antiquité égyptienne.
Intemporalité donc, mais aussi évanescence... que j'ai souvent ressenti en saisissant le temps d'un instant, le reflet d'un nuage, d'une gerbe d'eau ou d'une façade, offert par la clémence du ciel...
S'il m'est arrivé de décrier et de dénigrer cette oeuvre qui reste pour beaucoup et sous certains aspects, incompréhensible, je reconnais que le temps passant et mon oeil s'aiguisant sous la lame de l'environnement culturel, artistique et historique permanent à Paris, cet édifice, que dis-je cette oeuvre, m’apparaît de plus en plus intéressante. Ne me révèlant selon le temps, la saison, l'heure du jour, bien souvent qu'une partie de ses facettes...me laissant ainsi toujours dans l'attente et dans l'envie d'en découvrir un peu plus sur elle...

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Art contemporain et patrimoine : Sur la Place René Cassin, c'est le soleil qui donne l'heure...

Dans le Jardin du Forum des Halles, à quelques pas de "l'écoute" précédemment évoquée, se cache presque aux pieds de l'église St Eustache, sur la partie occidentale de la place René Cassin le Cadran solaire d'Henri de Miller. Commandé en 1988 il est installée et inauguré le 22 septembre 1989.
L'oeuvre est constituée  de deux parties distincte : un monolithe de bronze d'environ 2 mètres de hauteur et d'une vague de béton située à ses pieds, permettant l'affichage de l'heure. Ce procédé, qui, à l'inverse des cadrans solaires classiques, ne fonctionne pas à partir de l'ombre du soleil puisque la vague est placée dans la direction du soleil par rapport au monolithe, a été inventé par le mathématicien François Dandrel. Ce système et la taille monumentale de ce cadran en fait un exemplaire rare et original
Sur le monolithe, 3 fentes ont été réalisées, orientées vers le Sud, l'Ouest et l'Est, des fibres optiques sont placées derrières ces fentes, que le soleil (quand il nous fait l'honneur de sa présence à Paris) vient illuminer tous les quarts d'heures. Chacune des fibres optiques passent sous la vague de béton et ressort à son sommet en un point précis. Le sommet de la vague est gradué de quart d'heure en quart d'heure, le seul point illuminé pemettant ainsi de connaitre l'heure solaire du lieu.
Pour comprendre un peu mieux ces savantes et mathématiques explications, l'inventeur et l'artiste ont eu la lumineuse idée (et le terme me semble adéquat) de graver le "mode d’emploi" de ce cadran sur un muret situé juste derrière le monolithe et que je m'empresse donc de vous rapporter : 
"Le soleil éclaire successivement des fibres optiques disposées en faisceau derrière les trois fentes du capteur logé dans le monolithe. Ces fibres ressortent sur la vague et en transmettant la lumière du soleil les unes après les autres donnent l'heure, de quart d'heure en quart d'heure. Les premières heures du jour apparaissent à la naissance de la vague et les dernières disparaissent dans sa chute : c'est le mouvement perpétuel des jours".....
Cette allocution d'Henri de Miller et du concepteur du système, François Dandrel, me permet de méditer quelques instants sur les heures de la journée, rythmant ainsi le jour et la nuit.  Cette course du soleil sur la vague sans cesse renouvelée, amenant ainsi la succession des jours qui, les uns derrière les autres, deviennent des semaines, puis des mois et des années, nous fait parfois dire, comme Alphonse de Lamartine, dans ces moments que l'on voudrait ne pas voir fuir aussi vite que les autres : "Ô temps suspends ton vol"... Mais rien n'y fait, la course continue...et si les minutes restent des minutes, des jours des jours et des semaines des semaines, on a parfois de plus en plus l'impression que cette course s'emballe et que l'on n'a plus le temps de vivre les instants comme on le souhaiterait.
Cette oeuvre contemporaine, s'inscrit parfaitement dans le cadre où elle a été placée, et ce pour plusieurs raisons : elle allie aussi bien l'ancien avec le moderne (les cadrans solaires ont été les premières pendules de l'humanité), elle s'inscrit dans un lieu de passage, animant ainsi la physionomie des jardins du Forum des Halles tout en interrogeant et en agrémentant la promenade du passant.  Elle trouve ainsi son utilité et sa fonction artistiques, voir métaphysique. Elle sert, comme d'autres sites contemporains de la capitale d’aire de jeux pour les enfants, ou de pause pour les plus grands. Le caractère un peu austère du monolithe est adoucie par la vague à la courbe presque féminine. Les couleurs font écho à l'église qui surplombe l'ensemble ; le bronze répond à l'ardoise, le béton couleur sable et les pavés sont en concordance avec la pierre des murs et des arcs boutants...
Enfin l'ensemble évoque également le monde aquatique avec les coquillages de bronze incrustés dans le bloc monolithique, accompagnés de stries, de même la référence à la vague et à l'onde...une connotation lointaine des marées qui évoquent elles aussi le temps .... Le temps qui fuit et qui nous emnène sans cesse vers demain, vers l'après, alors si nous ne pouvons pas arrêter sa course sachons parfois prendre le temps de prendre le temps, et de reconsidérer l'important de ce qui ne l'est pas, car peut être que dans cette impression de "toujours plus vite", nous nous laissons absorber par l'inutilité et la futilité.....qui mises de côté laissent déjà beaucoup plus de temps !!!

Art contemporain et patrimoine : "La vitrine de Publicis"

Oui s'agit bien d'une devanture dans ce billet, mais pas de n'importe laquelle puisque c'est celle du grand groupe français de communication Publici,s fondé par Marcel Bleustein-Blanchet (voir plus bas), située au pied de l'Etoile, entre l'Arc de Triomphe et le rond-point des Champs Elysées. Un lieu qui me permet encore d'évoquer ce soir le cas d'une "oeuvre" contemporaine dans un contexte urbain historique. Mais cette vitrine ne vient pas de nulle part, elle a son son histoire, sa symbolique, elle est liée à l'aventure du groupe, de sa philosophie et de celle de son fondateur. 

Ouvert en 1958, date à laquelle le groupe s'installe au sommet de la prestigieuse avenue dans les bâtiments de l'ancien hôtel Astoria, le Drugstore symbolise à lui seul une certaine américanisation de la société française de l'époque, les 30 glorieuses, le développement de la société de consommation, des médias et de la communication. Il s'installe et devient rapidement un point de repère dans Paris, point d'autant plus lumineux de part sa situation géographique privilégiée. Si le tragique incendie du 27 septembre 1972 réduit à néant les locaux du groupe,  c'est sans compter sur la détermination du fondateur du groupe qui décide une rénovation immédiate des bâtiments pour permettre à l'entreprise de poursuivre son challenge et son ascension internationale dans l'univers de la communication .
C'est l'architecte Pierre Dufau qui est alors chargé en 1975 de la reconstruction des bureaux et du Drugstore, qui opte pour un immeuble "assez neutre pour ne pas s'imposer de manière malpolie dans la perspective de l'arc de Triomphe", selon ses propres mots, pour des "volumes qui ne dépassent pas, un vitrage qui réfléchit le ciel et l'Arc de Triomphe", un ensemble aux lignes sobres, épurées et élégantes. Il met en oeuvre  des angles et des lignes permettant au bâtiment de se fondre dans l'ensemble architectural du quartier empreint d'élégance et de classicisme. Mais le bâtiment devait aussi avoir suffisamment de personnalité pour être représentatif de la célèbre société de communication qui avait élu domicile à une non moins célèbre et prestigieuse adresse. Souci qu'avait lui même Marcel Bleustein-Blanchet pour son entreprise de dénoter par rapport à l'ancien immeuble. Le président du groupe avait en effet bien compris qu'il devait faire le choix d'une physionomie architecturale définitivement moderne qui ne risquerait pas d'être spoliée après avoir été victime d'un grave incendie. Le projet de Pierre Dufau devait donc être d'envergure, pour pouvoir satisfaire à ces différents paramètres et répondre aux exigences du patron de la communication française qui n'avait pas choisi pour rien l'emblème du Lion, qui surplombe depuis, tel un roi, tel un astre, le sommet de l'immeuble ainsi réaménagé, et par la même occasion  la plus belle avenue du monde.
La sobriété était donc le maître mot, pas de fioriture pas de spectaculaire (il faillait aussi que la physionomie ne fasse pas oublier qu'il s'agissait bien de bureaux....), mais une association avec le confort et le prestige qu'imposait le nom et l'adresse du groupe : ainsi, terrasse paysagée pour jardins suspendus, glaces réfléchissantes et marbres devaient pouvoir aussi y trouver leur place.
Toutefois, la partie réservée au Drugstore, qui fait la jonction entre le groupe et le client, le consommateur, les bureaux et la rue, l’intérieur et l'extérieur, n'avait pas d’identité particulière, alors que le lieu en avait une : il suffit d’évoquer les mots de Jean-Charles de Castelbajac qui rappelle que dans les années 1960 "le drugstore était la pierre angulaire du cool".....pierre angulaire que le couturier est venu draper de ses couleurs fétiches et de son style caractéristique l'hiver dernier. La devanture du Drugstore prenant le temps de quelques semaines, un habillage coloré.
C'est ainsi qu'en 2000, pour remédier à un certain essoufflement du Drugstore à l'aube du nouveau millénaire alors en pleine mutation mutlimédiatique, le groupe de communication fait donc appel à Mme Michele Saee, pour personnaliser l'espace extérieur et  inviter un peu plus le visiteur à prendre place dans cet espace de vie particulier. Le résultat amena (une fois de plus) des avis divergents..., en effet, les "superstructures" vitrées s'ajoutant à la façade initiale de Dufau que d'aucuns qualifient de "clinquantes et de ridicules" amènent un côté étrange qui m'évoque presque un décor "aérospatial".... (le symbole du millénaire naissant et de l'intensité symbolique futuriste qu'il véhicule ?). Toutefois c'est une fois de plus pour le groupe une façon de se démarquer, de se moderniser, d'aller sans cesse vers l'avant, de se renouveler, processus immuable qui était cher au père de l'entreprise. Une image et une devanture qui n'aurait sans doute pas déplu au lion de la communication.
L'ensemble architectural qui trône ainsi au sommet des Champs Elysées offre donc au spectateur, passant parisien comme touriste étranger, le spectacle d'une superposition vitrée, combinant lignes et courbes, transparence et réfléchissement, droites et obliques, verre et acier, formes planes et convexes, une curiosité architecturale qui devrait amener les consommateurs, attirés par cette façade qui sort de l'immeuble, comme une invitation à y entrer, dans ce lieu que le Drugstore définit lui même : comme étant "un luxe à la portée de tous, lieu de référence contemporain pour de nombreux rendez vous tant privés que professionnels qui attire aujourd'hui chaque jour environ 12 000 personnes"....
Ainsi les formes créatives, l'esthétique contemporaine, la dynamique ambitieuse proposée par ces courbes qui s'entremêlent avec audace aux lignes sobres et élégantes de l'immeubles de Dufau, correspondent bien au goût de l'aventure, à l'ouverture sur le monde et à l’innovation technologique, trois concept, trois notions qui caractérisent l'esprit de Publicis et de Marcel Bleustein-Blanchet. L'harmonisation entre la nouvelle et l'ancienne structure, l’interaction entre les activités du groupe de communication et la vie de la cité est rendue possible et tangible par ces multiples effets de transparence, les énergies de l'intérieur et de l’extérieur circulant sans obstacles.
Si l'ensemble peut paraître audacieux, voire provocant, dans ce quartier empreint de classicisme, vitrine du luxe parisien, du patrimoine français placé entre deux symboles de la république française (l'Etoile et la place de la Concorde), il n'empêche que cette façade se fond sans trop de peine dans cet écrin de pierre du 8ème arrondissement. Lieu de vie et de rencontre, il est aussi la carte de visite d'un fleuron de l'entreprise française.

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Art contemporain et patrimoine : "L"écoute" sur le parvis de St Eustache...

Pour évoquer une oeuvre contemporaine placée dans un cadre historique, je me déplace aujourd'hui de quelques centaines de mètres à peine du quartier du Palais Royal, des "Sphérades", des "Noctambules", des "deux plateaux" et des "Bons enfants" pour vous enmener vers Saint Eustache et plus précisément sur la Place André Cassin. En arrivant sur le parvis de l'église, il suffit de suivre le petit labyrinthe dallé (donc pas de risque de se perdre...), pour tomber sur la sculpture que je souhaite évoquer à travers cet article. Oui, il s'agit bien de "l'Ecoute" d'Henri de Miller... oeuvre très souvent prise d'assaut par les enfants, les touristes, les photographes (je confirme qu'il n'est pas si facile prendre cette sculpture contemporaine sans un manteau rouge ou un coin de pantalon, un parapluie, une main qui traine quelque part, ou encore deux pieds qui rentrent dans le champ de l'objectif...).
Si elle semble très populaire et appréciée par les passants et les promeneurs, il reste néanmoins difficile de trouver des informations sur ce bloc de 70 tonnes de grès de Bourgogne, placé au pied de l'Eglise Saint Eustache, au coeur du Jardin du Forum des Halles, entre deux fontaines et quelques arbres....sinon qu'il fut commandé en 1986 dans le cadre de l'aménagement de cet espace vert parisien. Alors, au lieu d'inventer n'importe quoi, je préfère délivrer mes impressions et susciter quelques réflexions que peut suggérer ce visage et cette main de pierre...
L'ensemble évoque spontanément la posture de celui qui porte son attention à la parole de quelqu'un, ou bien au son d'une musique quelconque ou encore d'un bruit.... l'attente de quelque chose.... Les yeux ouverts, la main tendue vers l'oreille qui ne l'est pas moins, les traits sereins mais impassibles, tout est synonyme de calme et de quiétude dans cette attitude. L'oeuvre suggère aussi directement les cinq sens, avec la représentation des yeux, de la bouche, du nez, de la main, de l'oreille, mais aussi par le matériau en lui même, d'une couleur sable rappelant directement son origine, le grès, strié sur toute sa surface qui invite au toucher, voire à la caresse.
Si elle ne semble pas présenter de lien direct entre l'église située quelques mètres derrière elle, il semble y avoir plus d'une concordance entre les deux éléments : la paroisse propose en effet de nombreuses activités et manifestations liées au chants et à la musique, de même une église n'est elle pas le lieu de l'écoute d'un prêche ?
Enfin, du point de vue visuel, rien n'oppose les deux éléments, en effet, les deux sont faits d'un matériau "noble", de même couleur, ou presque, et inspirent la réflexion, le calme, la sérénité, la médiation et l'écoute !! Une sorte de "résonance" pour rester dans le champ lexical de l'ouïe.....entre la sculpture et le cadre  dans lequel il a été choisi de la placer. Il semblerait que "l'Ecoute" soit judicieusement placée sur cette place André Cassin, en plein coeur de Paris, dans ce quartier bouillonnant d'activité en perpétuel renouvellement, dans ce lieux de passage et de commerce, où nous sommes souvent pressés, sollicités..... 
Ainsi, l'écoute justement, parfois mise à mal dans notre société actuelle faite de communication et de "surinformation" ne serait elle pas à reconsidérer et à retrouver ?.... Les conversations actuelles n'en sont parfois plus, l'information se situe souvent entre l'intox et la désinformation, la musique ne correspond plus qu'à des sons ou des bruits.....Savons nous encore écouter, c'est à dire prendre le temps et faire l'effort d'attention que nécessite le rapport à l'autre ?  Savons nous encore tendre l'oreille pour garder ce qui nous est transmis, et retenir ce que nous entendons, voire mieux, écoutons ? 
Si ce bloc de grès ne peut pas parler, par ces quelques traits il peut nous faire réfléchir le temps de quelques instants sur notre capacité à véritablement écouter...Ici, l'oeuvre contemporaine sans s'opposer ici au cadre historique qui l’accueille s'y accorde, tant sur le fond que dans la forme....

La mantille des Bons enfants...

Non, non je ne parlerai pas chiffon ce soir, ni bambins.... mais bien architecture ....si le titre de ce nouveau billet consacré aux oeuvres contemporaines situées dans un cadre historique peut le laisser croire, il en va pourtant tout autrement.

"Les Bons enfants", Ministère de la Culture actuel, se situe dans un quartier chargé d'intensité historique (territoire de l'ancienne section révolutionnaire de 1790,  et présence du Palais Royal à quelques arcades et autres galeries), mais aussi culturelle avec évidemment le Louvre, la Comédie Française, le Jardin des Tuileries, le tout baignant dans l'opulence et le prestige, en face du Louvre des Antiquaires, non loin du Palais de la Bourse, la rue de la Paix et la Place Vendôme. C'est donc cet écrin que renferme le "bloc des Bons enfants", ainsi baptisé par l'architecte Francis Soler dont je dirai quelques mots plus bas.

Mais le bloc n'a pas toujours été bloc.....a l'origine l'ensemble immobilier situé à la croisée de la rue Croix Rue des Bons Enfants des Petits Champs, de la rue St Honoré, de la rue des Bons enfants et de la rue Montesquieu se composait de deux bâtiments distincts et totalement hétérogènes : Un immeuble construit en 1919 par Vaudoyer, donnant sur la rue St Honoré pour les réserves du grand magasin du Louvre, bâtiment occupé dans les années 1930 par le ministère des finances. Un second, donnant sur la rue Montesquieu, conçu par Lahalle en 1960, constituant une extension à ce même ministère des finances. 

L'ensemble est affecté en 1999 au Minsitère de la Culture dont les locaux étaient alors disséminés dans la capitale, afin d'assurer dans un même bâtiment, un meilleur fonctionnement de ses services, une meilleure information du public, une modernisation de son équipement logistique et une valorisation de son image pour être ainsi mieux identifié. Pour répondre à ces exigences, le ministère entreprend de réhabiliter cet ensemble vétuste et disparate. Francis Soler et Frédéric Druot qui se voient confier ce chantier d'envergure en 1995, héritent d'un contexte architectural et urbain désastreux d'incohérence, de délabrement et d'insalubrité... mais l'audace et génie humain allaient dépasser ce piteux constat . C'est en mars 2002 que débutent les travaux pour s'achever en décembre 2004, l'ensemble étant inauguré début de l'année 2005.

rue Montesquieu
Dans sa démarche générale, Francis Soler a cherché à donner une cohérence et une véritable identité commune aux deux ilôts, par le biais "d'une démolition ponctuelle et d'une restructuration des bâtiments permettant ainsi une réécriture générale, conduisant le tout vers une lecture homogène, répondant ainsi à une exigence, celle d'un ministère", selon les termes de l'architecte lui même. Il fallait trouver le moyen de lier le côté opulent et révolutionnaire, conservateur et moderne du quartier, le poids de l'histoire et celui du futur que ce bâtiment était déjà en train d'écrire....
Ce "liant" a été trouvé en la création d'une "résille" (qui n'a pourtant rien d'un bas et qui n'évoque pas vraiment de la lingerie, mais le terme est joli, et il vrai assez approprié...) suggérant aussi bien les arabesques de l'art nouveau (en consonance avec la genèse du "bloc St Honoré") que les lignes modernes, voire futuristes, Rue St Honoré auquel le matériau fait également écho. Ainsi, se marient pierre et fer, entrelacs et sculptures de pierre avec les lignes sinueuses et désinvoltes de ce gigantesque voile arachnéen....l'ensemble sait à la fois s'imposer et rester discret, comme une parure élégante, mais en rien ostentatoire, envahissante sans être encombrante.  Ainsi, sur 5 000 m², cet habillage unifie les deux lots originaux en un ensemble harmonieux. Le motif abstrait qui court sur toute la façade pour se terminer au faite du monument vient  d'un tableau de Giulio Romano (peintre de la renaissance italienne) et dont l'architecte (ou plutôt l'artiste) a déformé les personnages par ordinateur jusqu'à obtenir ces entralcs se répétant à l'infini. La dentelle  ainsi créée et ensuite réalisée dans une plaque d'acier découpée au laser. Mais c'est encore le créateur qui parle le mieux de cette mantille : "Elle est garde du corps et oeuvre confidentielle, elle est cuirasse, armure ou cote de maille, s'attachant à protégéer le ministère contre toute intrusion intempestive".... "la lecture qu'on en a, se déplace sur des valeurs visibles souvent contraires. Celle de la brillance et de la matité, celles de la finesse et de la profondeur, celles du ciselé et du contour flou, celle de la figuration et de l'abstraction...Légère et puissante elle enserre le bâtiment du premier étage aux combles et l'ancre ainsi dans le sol parisien".

Rue St Honoré De l'intérieur, la mantille (finalement, ce terme s'y prête presque plus...) ne gêne pas la vue des occupants du bâtiment mais crée des jeux de lumière en fonction de la couleur du ciel de Paris. Je serais d'ailleurs bien tentée de dire qu'il en va de même pour l'extérieur, car pour avoir photographié le bâtiment à deux dates différentes, un jour de grand beau temps et un jour de pluie, le rendu est très inégal, la lumière "n'accrochant" pas le métal et le verre de la même manière. Très certainement, j'irai de nouveau immortaliser l'ensemble en fin de journée en été, quand le ciel devient rose, la lumière devant donner un aspect féérique à la dentelle d'acier qui doit alors se transformer en véritable parure sur la pierre. Oui, le Ministère a trouvé son joyau, le quartier historique a retrouvé et conservé son allure, et le bijou a trouvé son écrin. L'alliance entre le contemporain et l'ancien semble ici plus que jamais réussi. Cet ouvrage est plus qu'une réahbilitation architecturale, c'est une véritable oeuvre d'art.

"Oeuvre ambitieuse et courageuse" pour beaucoup, "une abomination" pour certains le résultat a divisé et provoqué des réactions tranchées, comme pour de nombreuses innovations... Pourtant l'architecte a réellement trouvé le moyen de coordonner les notions de temps (cadre historique, immeubles de différentes époques) et d’espaces (deux ilots, qui plus est dans un triste état), tout respectant l'essence même de la mission du ministère de la Culture "qui évoque un mélange encourageant de disciplines différentes, en affichant un enhousiame identique pour tous les arts, un regard égal sur tous les temps et toutes les époques".

 

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Art contemporain et patrimoine : "Les deux plateaux" de la Cour d'Honneur

Il s'agit bien des "colonnes de Buren" que l'on pourrait aussi bien nommer de "Bataille d'Hernani" moderne.....ou bien de graine de la discorde...ou tout au moins celle de la polémique... "Les deux plateaux" puisque c'est le titre véritable de l'oeuvre réalisée par Daniel Buren font donc l'objet de ce nouveau billet évoquant les oeuvres d'art contemporaines nichées dans le patrimoine historique parisien, voire national.

Les colonnes suscitent donc la polémique, depuis leur genèse lorsque le ministère de la Culture commande une oeuvre monumentale en 1985 pour habiller la Cour d'Honneur du Palais Royal, haut lieu de la monarchie et de la République françaises, puisqu'encadrée par les murs de la Comédie Française, du Conseil Constitutionnel, du Ministère de la Culture et du Conseil d'Etat.... Comme pour de très nombreuses oeuvres contemporaines celle-ci a suscité une levée de boucliers, mais dans une certaine démesure.... des cris d'orphraies, un dégoût, une incompréhension, un déferlement de haine, bref toute forme de rejet possible leur a été réservé....

La polémique a enflé, et ce sous toutes ses formes... : médiatique à travers 225 articles de presse dans 45 journaux ou revues ; politique, faisant l'objet de questions au parlement, de recours en justice (notamment par la mairie de Paris de l'époque), par la mise en place de différentes associations de défense du patrimoine, et par de nombreuses pétitions. Pour faire aboutir son projet l'artiste livre un véritable parcours du combattant : Les travaux sont plusieurs fois arrêtés, menacés d'être totalement abandonnés lorsque le ministère de la Culture bascule à droite. Mais plus qu'une querelle politique franco-française, le coeur du problème est bien la confrontation entre art contemporain et patrimoine, et de surcroît dans ce cas précis, un patrimoine extrêmement symbolique. En comparaison, la construction du forum des Halles en lieu et place des anciennes halles de l'architecte Victror Baltard ont fait bien peu de vagues...Pourtant le choix du ministère de la Culture pour ces colonnes avait été jugé plus consensuel que l'option proposée par l'artiste Guy de Rougement qui avait alors suggéré un sol mutlicolore....comme quoi....C'est finalement au tribunal que se joue la poursuite des travaux et l'oeuvre est finalement achevée en juillet 1986, sans pour autant faire l'objet d'inauguration particulière (peut être pour ne pas jeter un peu plus d'huile sur le feu .....).

Si les colonnes ont été vilipendées à leur début, petit à petit les parisiens et les touristes ont fini par les accepter (avec plus ou moins de dégoût, et puis d'ailleurs avaient il le choix ?), faisant l'objet de nombreux clichés photographiques de la part des touristes et le jeux des enfants s'amusant à les esacalader. Suscitant la curiosité, plus par le tapage de leur gestation que par la démarche artistique de leur créateur, elles ont fini par s'installer dans la ville, et le paysage urbain parisien. Au point de devenir même un site emblématique de Paris et de faire l'objet d'un classement au registre des Monuments Historiques. Pourtant au fil du temps l'oeuvre se dégrade, sans pour autant préoccuper les pouvoirs publics. Alors une fois de plus le plasticien s'est insurgé, dénonçant "un vandalisme d'Etat", menaçant de faire un procès pour défendre son droit moral et demandant la destruction de l'oeuvre "si l'Etat n'avait pas les moyens de la restaurer" et si rien n'était fait pour "sauver" ces précieuses colonnes....à la vie si mouvementée... Ainsi, c'est sous l'impulsion du ministère de la Culture que la rénovation a débuté fin 2008 pour se terminer en janvier de cette année, et fêtée par une (re)-inauguration en grandes pompes...... Les travaux ont coûté pour cela la bagatelle de plus de 3,2 millions d'euros alors que le coût original des "deux plateaux" s'élevait à ....1,2 millions d'euros...
Le prix (fort) à payer pour (sauve)garder une oeuvre, certes emblématique mais qui coûte sans doute plus qu'elle ne rapporte ? et en définitive assez fragile (23 ans d'existence pour connaitre le délabrement...) Le prix d'un coup de gueule artistique ? Le prix de la concorde ?
Quoi qu'il en soit, l'oeuvre reste toujours sujet de polémique, divise encore autant les spectateurs....question de goût, de coût....je ne sais pas.....comment vieillira t elle ? A présent classée, rénovée, comment imaginer qu'elles puisse à présent disparaître ? Si elles ne se fondent pas aussi bien dans leur décor que d'autres oeuvres contemporaines, les colonnes de Buren ont au moins le mérite de faire parler d'elles, de susciter les passions, d'amuser petits et grands, d'allonger les files de touristes sous les arcades des galeries du Palais Royal et constituer de "royales" pissotières aux chiens !
Pour ma part, à force de les regarder, d'observer le regard du public et sa façon de les aborder, de trouver les meilleurs angles de vue pour les photographier dans le cadre pour lequel elles ont été conçues et installées, de saisir le pourquoi du comment de ces deux niveaux, de la présence de l'eau....je crois avoir compris l'intérêt de cette oeuvre : c'est la pluie qui m'a fait comprendre la subtilité de la mise en scène, il faut dire que sans le jeu du reflet des façades dans les flaques d'eau sur l'asphalte, je n'aurais pas vu l'attrait que ces blocs de marbres noirs et blancs pouvaient avoir. J'interprète ce lignes blanches et noires, à l'aspect rigoureux, ces multiples jeux visuels géométriques comme une réponse en concordance aux lignes architecturales strictes qui les entourent. Il me semble enfin que leur écrin historique et institutionnel aussi prestigieux que strict soit par leur biais un peu plus "abordable" au public du XXème et du XXIème siècle.
Plus de photos dans ce diaporama....

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Art contemporain et patrimoine : "Oui mais"... pour la FIAC

Avant de poursuivre la série d'articles consacrés aux oeuvres contemporaines situés dans un cadre chargé d'intensité historique et culturelle, je profite de la toute récente FIAC, dont une partie était visible dans les jardins des tuileries, pour évoquer ici l'exemple même de ce que j'appelle "l'éphémère heureux ".

Je suis partie flâner samedi dans les allées du célèbre jardin royal parisien, prendre le poul de l'art contemporain et surtout celui du spectateur.....à voir le regard des touristes et des parisiens aller d'oeuvres en installations disposées à au gré des allées, j'ai deviné que si la curiosité était présente, l'intérêt n'était que tout relatif, et la passion plutôt absente.....certes les oeuvres présentées faisaient naître des questions (encore fallait il que ce soit les bonnes, enfin je veux dire par là, celles que l'artiste souhaite que nous nous posions... (encore qu'il puisse avancer que le spectateur lui même puisse avoir le choix ....)
La "fratrie de Roswell"
Ici deux indiens immortalisant ce que j'appelle "la fratrie de Roswell" mais qui a du être baptisé par son créateur d'un nom à consonance beaucoup plus 'hype-glam", là une famille d'espagnols plus intéressés par les nus féminins en bronze, abonnées à l'année aux pelouses du jardin.... Ici encore deux étudiantes parisiennes cherchant le pourquoi du comment du "kiosque à rêves" (encore de moi) comprenez par là un pavillon de bois formé d'une douzaine de pans, dont chacun s'ouvre par une porte à battant, permettant ainsi de multiples entrées et sorties, et ayant pour seul et unique mobilier une table en bois surmontée d'une ampoule (cassée dont un débris est artistiquement posé sur la table), le tout dans un univers immaculé.... 
Le "kiosque à rêves" Rêve ou cauchemar, fantasme ou réalité, j'aimerais savoir quelle problématique l'artiste veut nous transmettre par ce biais, et quel sentiment il souhaite faire naître en nous. Je citerais encore les monumentales haies aux couleurs bleues banche et rouge évoquant ainsi le drapeau français et américain ... je pencherais pour la métaphore du déclin US face aux nouvelles puissances des pays émergents, à moins que ce ne soit une référence à la dégringolade récurrente du sport français ?
Mais il ne fallait surtout pas louper ces deux "vers de terre" géant, de toutes beauté, placé sous le regard imperturbable des statues néoclassiques, elles d'une éternelle beauté, qui, si elles étaient de chair et de sang pourraient bien avoir des hauts le coeur devant pareil panorama.....Le "cinéphémère" a du plaire au cinéphiles amateurs d'art contemporain et vice versa....qui faisait l’objet d'un conteneur vert ouvert à une quinzaine de personnes, pour les amoureux du 7ème art ne souffrant pas de claustrophobie... On pouvait également suivre les "cailloux" habilement semés par le "Grand Poucet" dans l'allée principale du Jardin, permettant effectivement aux touristes de ne pas perdre le Nord dans un tel paysage...
Enfin, la plus vivante mais la non moins étrange "volière à hirondelles", véritable happening artisitique qui réunit dans un habitacle grillagé amoncellement de livres, bouteilles vides et autres détritus au milieu desquels batifolent quelques hirondelles complètement désintéressées par tout ce remue-ménage extérieur, et dont le spectacle général semble amuser les pigeons, librement perchés sur les statues entourant la dite volière...
Les cailloux du "Grand Poucet"
La démarche générale est donc certes louable, le pari audacieux, l'ensemble, même s'il manquait de cohérence (mais la FIAC n'est pas une rétrospective ou une exposition comme une autre) a eu le mérite d'intriguer, de susciter la curiosité et l'interrogation chez les spectateurs. Toutefois, on ne peut que se féliciter que ces installations ne restent que ponctuelles, leur relative beauté risquerait de dénaturer le cadre dans lesquelles elles ont été accueillies. Voilà donc pour moi un bon exemple de "l'heureux éphémère", un "Oui, mais"....au mariage entre l'art contemporain et le patrimoine ancien.

 

Les vers de terre de la FIAC

Patrimoine et art contemporain : "L'impertinente" de la place Colette

Place Colette (1er ardt) "L'impertinente"....n'allez pas croire qu'il s'agit là d'un billet autobiographique, c'est un chemin détourné pour arriver au véritable nom de l'oeuvre que je souhaite évoquer aujourd'hui. Si l'impertinence ne fait pas partie de mes qualités (à moins que ce ne soit plutôt mes défauts...), et je ne suis pas plus noctambule. Car il s'agit bien ici des "Noctambules" de la Place Colette (oeuvre appelée dans un premier temps "l'Impertinente"), plus connus sous le nom du "Kiosque des Noctambules". C'est donc de l'édifice marquant l'entrée de la station de métro "Palais Royal, Musée du Louvre" que l'on doit au plasticien Jean-Michel OTHONIEL, qui fait l'objet de ce second article portant sur la dualité Art contemporain / Patrimoine historique. 

Les noctambules, les noctambules mais au fait, qui sont ils ceux là ?... les derniers clients quittant la terrasse du "Nemours", dont les portes vitrées ne cessent jamais de faire des bravos, en écho aux applaudissement des salles de la Comédie Française, située à deux pas ? Ou bien les amoureux de théâtre sortant de la divine Comédie ? Peut-être encore les usagers nocturnes de la ligne 7 du métropolitain qui passe en sous sol ? Plus vraisemblablement les deux statuettes surplombant l’édifice, placées au sommet de chacune des deux coupoles faites de bulles d'acier et de verre coloré. L'une au teintes chaudes, évoquant le soleil et les heures du jour, la seconde, aux teintes froides, suggérant ainsi la lune et les heures de la nuit. Le Soleil aurait il donc rendez-vous avec la Lune, Place Colette ou sur les quais d'un métro ? Mystère et boule de verre (quoi qu'à en voir ces bulles, la boule de gomme n'est pas très loin....mais ce billet n'a pas non plus vocation à devenir  une chronique sucrée...)

Conçue en 2000 et faisant ainsi écho aux stations de Guimard construites 100 ans plus tôt, cette oeuvre rappelle, tout en s'en démarquant, les bouches de métro caractéristiques de l'Art Nouveau. A la fonte et à la pierre mises en valeur par GUIMARD, OTHONIEL préfère le verre et l'acier, mais dans les deux cas les artistes ont choisi d'innover, de rompre avec l'attendu et le classique pour prendre des chemins détournés, dans la forme, la couleur et les matériaux. Hier comme aujourd'hui ils étonnent leur contemporains, et se démarquent de l'environnement dans laquelle l'oeuvre est censée s'intégrer.

Rêverie, douceur... ce décor égaye et adoucit les matins d'hiver frileux, rafraîchit et fait pétiller les longues nuit d'été par ses couleurs, ses formes et les matériaux utilisés. Il divertit le qutodien des usagers faisant leur trajet de travail, surpend et étonne le touriste dans sa visite. Et avec un peu d’imagination se figurer que chacun se voit ainsi couronné de cette tiare poétique et légère au moment de sortir des entrailles de la terre.

L'ensemble évoque il est vrai une double couronne (association d'idée avec le lieu, théâtre d’évènements historiques et cadre du pouvoir sous l'ancien régime ?). Les bulles de couleurs rappellent des perles colorées mais évoquent aussi un peu des pierres précieuses, elles semblent fondues, coulées, soufflées dans la fantaisie et la légèreté.  Cette image poétique donne aussi un petit air de fête baroque qui se fond dans le contexte du cadre choisi pour élever cette oeuvre. Ainsi, cette bouche de métro qui se démarque des autres, apporte une note de couleur, de gaieté et d’opulence aux lignes structurées, droites et rigoureuses, du quartier marqué par l’architecture classique qui prédomine dans le 1er arrondissement. Si cette "Impertinente" surprend tout d'abord le regard du visiteur et l’interroge (mais n'est ce pas le but ?), comment ne pas être charmé par ce petit "joyau" dans son écrin royal ????

Jean-Michel OTHONIEL (né en 1964) appuie son travail sur l'utilisation des matières réversibles, souvent le verre, l'acier, l’aluminium, et affiche une prédilection pour les formes rondes, sphériques, à travers des oeuvres de tailles monumentale. L'oeuvre suit une forme et un mouvement se référant à la chaîne au collier véritable "fil rouge". Si la démarche de l'artiste lie souvent l'intime au politique ("le bateau de larmes" 2004), les oeuvres sont autant chargées d'intensité poétique, qu'érotique, à laquelle s'ajoute la blessure, discrète mais néanmoins omniprésente.
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Patrimoine et Art contemporain : "les Sphérades" de la Cour d'Orléans

 « Fontaines ou sculptures, chacune fera ce qu’elle voudra dans un lieu, elles ne m’appartiennent plus, elles vivent leur vie propre avec leur soleil, leur lune, leur pluie. Quand une fontaine est dans la nature, elle atteint son point final, son apogée ; elle respire, elle s’oxygène » (Pol Bury)
Les fontaines du Parvis de la Cour d'Orléans, comme deux traits d'union  entre le Ministère de la Culture et le Conseil Constitutionnel, font l'objet de ce billet aujourd'hui, premier d'une série évoquée dans le précédent article, ne sont pas dans un espace vert mais urbain. Mais les "Sphérades" ainsi nommées par leur créateur, semblent avoir également trouvé leur place sous le ciel parisien, sous le regard des nombreuses fenêtres de l'ancienne résidence royale. Elles reflètent parfaitement la démarche de l'artiste :
Pol BURY, artiste belge en 1922 a fait ses débuts dans le surréalisme aux côtés de Magritte et de Dali puis dans le mouvement COBRA, pour ensuite fonder le cinétisme qui lui permet d'explorer les multiples possibilités du mouvement. Dans ses oeuvres, l'eau prend une place majeure, elle se joint à l’aléatoire et à l'instabilité.  De même, le temps et la patience y trouvent également naturellement une place de choix. Ainsi, sphère, boules, triangles coupelles qui se remplissent, basculent, bougent, pour reprendre invariablement leur place initiale, afin de répéter le même mouvement. Mais si les mouvements répétitifs constituent le principal pôle de recherche de l'artiste, il ne suivent jamais un rythme linéaire ; entre deux mouvements, le temps paraît parfois suspendu, où le spectateur est maintenu en attente de l’action. Souvent on retrouve les mêmes formes mais sous différents assemblages, témoignant de la recherche continuelle de l’artiste dans de multiples possibilités de montage. Formes et mouvements se mêlent à la matière dans un mélange ludique grâce au jeu de miroir qu’offre l’acier inoxydable ; les rayons du soleil, pour les réalisations en plein air et notamment notre exemple parisien, donnent un côté féerique, magique et imprévisibles aux oeuvres.

Ainsi, les sphérades qui sous le mouvement de l'eau semblent aussi légères que des bulles, donnent un caractère poétique et fantaisiste au cadre rigoureux de leur emplacement, tout en se conformant à cet environnement, par le caractère immuable, invariable, et perpétuel qu'inspire leur mouvement. 

En considérant cette approche, et en constatant l'attrait qui leur est conféré par les badauds, les curieux, les promeneurs, les photographes, comment ne pas dire que ces fontaines ne sont pas inscrites depuis 25 ans dans notre patrimoine parisien ?
 
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Patrimoine et Art contemporain

L'exposition actuelle de Takashi Murakami au Château de Versailles a suscité à la rentrée la polémique que l'on connait. Cette levée de bouclier contre l'initiative du Domaine National du Château de Versailles me donne l'opportunité de poser une problématique qui me semble intéressante, qui fait depuis longtemps et qui fera toujours débat : La place de l'oeuvre d'art contemporaine dans l'espace (urbain ou pas) à caractère historique et culturel important. J'entendais récemment Jean-Jacques AILLAGON interviewé sur la place donnée aux oeuvres de l'artiste contemporain japonais dans le Château de Versailles, qui expliquait que c'est en définitive l'histoire qui "tamise entre le bon grain et l'ivraie", qui juge "in fine" et qui a toujours en quelque sorte "le dernier mot" sur la perenité de l'oeuvre générale de l'artiste dont il est question. 

Je suis tombée aujourd'hui sur cet article du Monde, qui a étayé mon point de vue et qui permet de poser des pistes de rélfexion sur le sujet. Au fil de mes promenades j'ai souvent rencontré bon nombre d'exemple "heureux" de l'alliance du contemporain et de l'ancien, de la modernité et du patrimoine à portée historique importante. Il me semble que bon nombre d'oeuvres dans Paris, contemporaines ou déjà un peu moins, aient trouvé leur place et se fondent à présent tout naturellement dans notre paysage quotidien, alors même qu'elles soulevaient dégoût et indignation à leur naissance. Aujourd'hui totalement intégrées, elles font même parfois l'objet de mise en place de systèmes de conservation et de rénovation. Avec le temps et le recul, l'histoire a visiblement donné une raison à leur existence même si cette dernière est  souvent étroitement liée au pouvoir (ce qui est encore une autre question...).

A cette entrée en matière médiatique et un peu "extrêmiste" que représente cet exemple, fera ensuite écho une petite série de billets qui évoqueront pour chacun, une oeuvre contemporaine parisienne dont le cadre (sans association d'idée aucune...) revêt un caractère patrimonial et historique important.