C'est Voltaire qu'on assassine ! Oui, je sais en principe on ne parle pas du grand philosophe en ces termes et le titre du roman de Gilbert Cesbron qui s'applique à l'origine au génial Mozart, se trouve ainsi dénaturalisé dans cette introduction.
J'ai croisé le dit Voltaire dans le minuscule square Honoré Champion que longe la rue de Seine, un jour de grand beau temps, au coeur du très littéraire St Germain des Près. Ce qui m'a intrigué ce n'est pas en soi la présence de l'homme de lettre, mais bien la couverture sanguinolante dont on l'avait affublé par l'entremise de quelques giclures pugnaces de peinture rouge. Et c'est cette néo expression qui m'est spontanément venue à l'esprit : "C'est Voltaire qu'on assassine".....
Mais passons par dessus le délit criminel et regardons d'un peu plus près le bonhomme. Nous devons la figure du père de "Candide" à Léon-Ernest Drivier qui a réalisé plus d'une sculpture dans Paris. Sculpteur des années 30, il laisse dans la capitale un certains nombre d'oeuvres dont je reparlerai plus tard, toutes empreintes d'une certaine douceur et d'une grande sérénité, qui respire de chaque visage, même sur celui de Voltaire qui reste impassible sous les coulées rouge vif. C'est là que nait la magie de l'art : voyez ce visage serein et calme du philosophe qui reste imperturbable, comme si rien ne pouvait l'atteindre, même pas le second degré et l'absurdité de coulées rouge sur cette figure de pierre, qui, par association d'idée suggère le crime.
Je suppute l'amusement d'un étudiant des beaux arts dont l'école n'est situé qu'à quelques pas du piédestal... le Jackson Pollock en herbe n'a pas signé son oeuvre ni expliqué son crime mais il aura en tout cas eu le mérite de bien me faire sourire.