"Rétine les pupilles, les garçons ont les yeux qui brillent".....j'ai trouvé ces vers sous le petit Passage des Abbesses sur la butte Montmarte, lieu bien connu des street artistes....Peut être que l'un d'eux a voulu y laisser son empreinte en ce printemps qui réveille les coeurs et favorise le rapprochement entre les êtres avec ces mots doux et légers, bien printaniers, mais surtout toujours d'actualité qui ne me font pas résister pas à l'envie de vous les faire partager, en long en large et en travers Et avec un peu de légèreté on peut très bien imaginer que cette petit cliché d'humanité se déroule aussi en plein Paris...
Le regain est définitivement là, dans les coeurs, les bacs de fleurs et les jardins... Il réveille même un peu mon inspiration et sur mon clavier mes mains....Si quelques idées germent à nouveau dans mon esprit, voilà encore pour ce soir quelques vers parisiens bien appropriés pour ce début de week-end printanier. C'est donc par les mots de Francis Lamarque que s'exprime ici la primavera parisienne.
Francis LAMARQUE
La paresse, la molesse, la torpeur....c'est un peu ce qui définit l'humeur de ce blog et de sa rédactrice en ce moment...mais pour ne pas laisser indéfiniment ces pages sans aucune activité, voilà que la Seine vient réveiller cette léthargie rédactionnelle. L'eau interpelle, l'eau rappelle, l'eau chatouille... Ainsi par ces quelques vers humide de poésie aquatatique qui, je l'espère, va rrelancer mon activité écrite....
"La Seine est aventureuse
De Châtillon à Méry,
Et son humeur voyageuse
Flâne à travers le pays ...
Elle se fait langoureuse
De Juvisy à Choisy
Pour aborder, l'âme heureuse,
L'amoureux qu'elle a choisi !
Elle roucoule, coule, coule
Dès qu'elle entre dans Paris !
Elle s'enroule, roule, roule
Autour de ses quais fleuris !
Elle chante, chante, chante, chante,
Chant' le jour et la nuit,
Car la Seine est une amante
Et son amant c'est Paris !
Elle traîne d'île en île,
Caressant le Vieux Paris,
Elle ouvre ses bras dociles
Au sourire du roi Henri...
Indifférente aux édiles
De la mairie de Paris,
Elle court vers les idylles
Des amants des Tuileries !
Elle roucoule, coule, couleµ
Du Pont-Neuf jusqu'à Passy !
Elle est soûle, soûle, soûle
Au souvenir de Bercy !
Elle chante, chante, chante, chante,
Chant' le jour et la nuit...
Si sa marche est zigzagante
C'est qu'elle est grise à Paris !
Mais la Seine est paresseuse,
En passant près de Neuilly,
Ah ! comme elles est malheureuse
De quitter son bel ami !
Dans un étreinte amoureuse
Elle enlace encore Paris,
Pour lui laisser, généreuse,
Une boucle ... à Saint-Denis !
Elle roucoule, coule, coule
Sa complainte dans la nuit...
Elle roule, roule, roule
Vers la mer où tout finit...
Elle chante, chante, chante, chante,
Chant' l'amour de Paris !
Car la Seine est une amante
Et Paris dort dans son lit !"
Jacqueline FRANCOIS : "La Seine"
Une bousculade dans mes différents projets litéraires et rédactionnels, des idées à creuser, des informations à trouver, un bout d'expo, quelques photos et voilà le temps qui manque pour faire un "vrai billet". Qu'à cela ne tienne, en dépit des mots il reste les vers et les refrains ; et l'imagination aidant, un bout de mélodie qui vient trainer dans la tête....En tombant par hasard sur ces vers d'Edith Piaf, j'ai spontanément pensé au Chevalier de Coeur dont j'ai ces derniers jours emprisonné dans ma boîte à images, quelques collages. Des dessins qui s'agrandissent "au fur" que la forme et le style s'épanouissent "et à mesure" que le Chevalier poursuit sa quête, que dis je, sa croisade sur les murs de Paris, mais plus seulement à présent. M'en tenant qu'aux seuls murs de la capitale, voici l'une des dernières apparitions que j'ai croisé. Je dois dire que le fond sur lequel cet étrange monsieur apparait, m'a presque autant plu que ce personnage né de l'imaginaire foisonnant du dessinateur. Comme une scène théâtrale à elle toute seule, cette surface déjà maintes fois visitée par des artistes comme par des revendications de tout poil, porte en elle un supplément d'âme. Un support idéal pour un dessin qui en a déjà véritablement une et qui s'en détache tout en l'épousant.
Ainsi, au delà du hasard, il me semble que ces mots de la Môme conviennent plus que justement au trait élégant et à la poésie où plane la fantasmarogie et un brin de magie de notre Chevalier parisien. Oui, tout y est : les amis, les pommiers doux, les ritournelles, les loups, la belle, les enfants, les méchants, les genoux blancs, la bien aimée, l'amour, le coeur, les nuages, les visages, les voyages, le velours, la dentelle et Paris...
"Le grand chevalier du cœur de Paris
Se rappelait plus du goût des prairies.
Il faisait la guerre avec ses amis
Dedans la fumée,
Dedans les métros,
Dedans les pavés,
Dedans les bistrots.
Il ne savait pas qu'il en était saoûl.
Il ne savait pas qu'il dormait debout.
Paris le tenait par la peau du cou.
Ah ! Les pommiers doux,
Rondes et ritournelles.
J'ai pas peur des loups,
Chantonnait la belle.
Ils ne sont pas méchants
Avec les enfants
Qu'ont le cœur fidèle
Et les genoux blancs...
Sous un pommier doux, il l'a retrouvée,
Croisant le soleil avec la rosée.
Vivent les chansons pour les Bien-aimées.
Je me souviens d'elle au sang de velours.
Elle avait des mains qui parlaient d'amour
Et tressait l'argile avec les nuages
Et pressait le vent contre son visage
Pour en exprimer l'huile des voyages.
"Adieu mon Paris", dit le chevalier.
"J'ai dormi cent ans, debout sans manger
Les pommes d'argent de mes doux pommiers."
Alors le village a crié si fort
Que toutes les filles ont couru dehors
Mais le chevalier n'a salué qu'elle
Au sang de velours, au cœur tant fidèle,
Chevalier fera la guerre en dentelles".
Edith Piaf - "Le chevalier de Paris"
G. BRASSENS
"L'araignée"....c'est le titre d'une chanson de l'alchimiste des mots et des notes (dont j'aime ici quelques fois partager les vers), le grand Monsieur Bashung, mais c'est aussi une bestiole qui aime musarder sur les murs de notre capitale. Vous avez forcément comme moi vu cette mistinguette toujours de noir vêtue, gambader en toute liberté et en toute légitimité, bombée dans les ruelles comme sur les grands boulevards. Elle fait partie de notre patrimoine d'art urbain parisien...Une demoiselle qui suggère autant de malice et de gaieté tout comme les paroles de cette chanson française, méconnue mais pour autant guillerette et désinvolte, comme l'aimaient les années 80...
"Une araignée finit de tisser
Sa toile au fond de ma tête
Ca fait pas mal ça fait longtemps
Que je veux me payer une toile
Debout les braves, lundi je me rase
L'araignée couche avec moi
Pour une occase, c'est une occase
Je roule et elle braque pour moi
Défendu de parler au conducteur
Attention chutes d'autocar
Risque de se finir dans les décors
Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse
Deux araignées ont fini de tisser
J'ai la gorge un peu prise
Quand elles seront trois, je serai plus moi
Fallait que quelqu'un le dise
J'hésite encore entre l'omelette Foo-Yong
E t un bol de tapioca
Je pique du nez dans l'addition
À toi de jouer Tarentula
Défendu de parler au conducteur
Attention chutes d'autocar
Risque de se finir dans les décors
Qui sont de Roger Hart
Défendu de parler au conducteur
Défendu de parler au conducteur
Attention chutes d'autocar
Risque de se finir dans les décors
Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse"
A. BASHHUNG - "L'araignée"
Pas plus tard qu'il y a deux jours, j'évoquais par quelques lignes le grand Monsieur Balzac, le parisien littéraire du XIXème siècle. Il revient encore un peu ce soir dans ce roman-photos musical à travers les paroles d'une chanson de Bourvil évoquant l'homme comme la capitale, faisant ainsi de ce billet du jour, un épilogue logique à celui de mardi.
Une drôle d'association que seul Paris pouvait imaginer...Car entre l'homme de lettres aux descritpions, désormais pour la postérité qualifiées de "balzaciennes" et le langage direct et imagé de notre acteur humoriste au grand coeur qui souriait avec les yeux....il y a tout de même un pas....voire un monde...
Bourvil : "Monsieur Balzac"
La chaleur des derniers jours de l'été, une fin de semaine déjà si vite arrivée....et pas de billet....Alors pour ne pas laisser de page vide dans mon roman-photos, voici un intermède poétique et musical (empreinté ce soir à Henri Tachan), qui me rappelle encore et toujours à ma chère capitale...
"Quelque part, à Paris,
Au métro d'minuit,
Deux amants s'embrassent,
Quelque part, à Paris,
Devant un boui-boui,
Deux amants s'enlacent.
Mais les gens de Paris
Leur jettent, contrits,
Des regards fugaces,
Sans voir, ce samedi
D'été, à Paris,
L'amour aux terrasses...
Quelque part, à Paris,
Sur les Tuileries,
La grande ourse danse,
Dans le ciel de Paris,
Comme des bougies,
Les étoiles tremblent.
Mais les gens de Paris
Marchent, rabougris,
Sous les lampadaires,
Sans voir, ce samedi,
Sur leurs fronts pâlis,
Ce bal de lumières...
Quelque part, à Paris,
Derrière un taudis,
Pleure un limonaire,
Quelque part, à Paris,
Un pauvre génie
Joue en solitaire.
Mais les gens de Paris
Préfèrent la musi-
Que avec partenaire,
Sans ouïr, ce samedi,
Cette symphonie,
A travers les pierres...
Quelque part, à Paris,
Quand les chats sont gris,
Les fantômes sortent,
Quelque part, à Paris,
Ils restent transis,
Sur le pas des portes,
Car les gens de Paris,
Au fond de leur lit,
Comm'e des natures mortes,
Crèvent, petit à petit,
En ce samedi d'été,
A Paris."
Henri TACHAN
D'une fontaine je passe au cygnes....en effet, c'est un billet "au fil de l'eau" qui aurait du trouver sa place ici ce soir mais une boutade de mon appareil photo (enfin plutôt une absence d'esprit de son utilisatrice...pour être honnête) m'oblige à changer de cap, pour néanmoins rester au bord de l'eau, cette eau qui me définit si bien....et qui coule ici le long de l'Allée des Cygnes, entre le Pont de Bir Hakeim et la réplique de la statue de la liberté qui trône au milieu du Pont de Grenelle. Et pour accompagner le pas des promeneurs qui arpentent ces 890 m du chemin bordé d'arbres et de bancs bleutés, ce soir les mots de Charles Trénet qui évoque "Les oiseaux de Paris", à l'image des anatidae de l'allée.....
Paris vu à travers les lunettes de la country, que ce soit à travers les notes de musique qu'à travers les mots, il n'y avait que Bashung pour oser le lien entre la place de l'Opéra, une selle, un cow boy et..Dylan....Ce qui prouve que Paris peut prendre aussi par le biais des vers et des mélodies un petit côté décalé et fantaisiste. Une chanson des débuts de l'artiste, tirée de son premier album..."Roman-photos"...
Alain BASHUNG - Roman-photos
Elles sont statiques, elle sont stoïques, elles sont passives, parfois lascives...elles sont habillées, parfois quasi dénudées, elles portent à bout de bras le poids des façades, ont le regard perdu au loin vers un horizon invariablement fait d'ardoises. Elles restent imperturbables, qu'il pleuve qu'il neige ou qu'il vente, toujours figées dans leur pose....vous l'aurez deviné, j'évoquerai ici brièvement ce soir les cariatides, ces parisiennes de pierre qui veillent sur la rue du haut des frontons, des balcons et des entablements.
"Léonie a le torticolis
Léonie a descendu la nuit
Léonie monte sur son pony
Ici y’a moi, ici y'a moi
Elle n'est pas là
Du haut du mât
La vigie me crie terre
Elle révise deux ou trois mousquetaires
Vilenies tout ce que ton nous dit
Sur Léonie
Elle fait l'avion, elle fait l’avion
Décrit un cercle dans le ciel
Je fais des ronds, je fais des ronds
La patte dans une écuelle
J'ai fait une croix sur ses seins galbés
Rien n'y fait, rien n'y fait
L’amour est encore de son ressort
Elle fait l'avion, elle fait l'avion
Décrit un cercle dans je ciel
Je fais des ronds, je fais des ronds
La patte dans une écuelle
Je veux te dominer aux dominos
Je te veux nue sur l’avenue à chaud
Je veux te dominer aux dominos, dominos, dominos
J' m 'attends à tout et je m'endors
Le dernier couché baisse le store
La joie qui nous inonde n'est pas feinte
Vilenie tout ce que l'on nous dit
Je veux te dominer aux dominos
Je te veux nue sur l'avenue à chaud
Je veux te dominer aux dominos, dominos, dominos".
Alain BASHUNG - "Elle fait l'avion".
Depuis plusieurs jours ces vers hantent mon esprit...alors comme pour exorciser les mots, je les écris...une analogie désirée en souvenir de Désiré...une chanson du regretté Bashung qui a le pouvoir de me laisser dans un état second, comme paralysée par les images et les souvenirs venant soudainement illustrer les mots et la mélodie....et comme il est impossible de décrire ce que l'esprit figure, c'est cette cariatide du Quai de la Megisserie qui portera ces mots... et mes maux...à bout de bras, le regard perdu dans des pensées aussi intemporelles qu'éternelles....
Alain BASHUNG - "Mes bras" (l'Imprudence)
"Dans Paris y'a une brune plus belle que le jour
Sont trois bourgeois de la ville qui lui font la cour
Qui lui font la cour
Qui lui font la cour
Ils se disaient l'un à l'autre : Comment l'aurons-nous ?
Le plus jeune se mit à dire : Moi je sais le tour
Moi je sais le tour
Moi je sais le tour
Je me ferai faire une selle avec tous ses atours
Et j'irai de ville en ville toujours à son nom
Toujours à son nom
Toujours à son nom
Enseignez-moi donc le chemins des grands
Allez, allez donc ma fille à ce pauvre passant
À ce pauvre passant
À ce pauvre passant
Allez jusqu'à la barrière, là revenez-vous en
Fille qui était jeunette elle a été plus avant
Elle a été plus avant
Elle a été plus avant
Le galant qu'est fort adroit lui donna la main
Il la prit et il l'amène sur son cheval blanc
Sur son cheval blanc
Sur son cheval blanc
Adieu père et adieu mère, adieu tous mes parents
Si vous m'aviez mariée à l'âge de quinze ans
À l'âge de quinze ans
À l'âge de quinze ans
Je ne serais point dans la ville avec tous ces brigands
Je ne suis pas brigand la belle, je suis votre amant
Je suis votre amant
Je suis votre amant"
Quelques vers et quelques rayons de soleil pour mettre un peu de gaîté et de sérénité dans ce jeudi ensoleillé... Et pour moi de laisser mon clavier sans le bruit sympathique de la frappe et des mots qui s’entrechoquent avant de s'aligner sur la page blanche de mon écran....pour prendre quelques jours de repos...
Jacques BREL
Ce soir c'est à Joseph d'Anvers que je laisse la parole, le poète saura en effet bien mieux que moi traduire quelques pensées, quelques états d'âme et peut-être quelques sentiments, dont le décor ne peut être que Paris....un Paris qui s'allume sous nos pas.... comme ce rendez vous au soleil couchant, et une promenade près de la Seine, tranquillement, le temps subitement s’arrêtant....
La bruine ambiante propre au printemps et un emploi du temps un peu chargé m'inspirent ce soir ces quelques vers d'Anne Vanderlove et en guise d'illustration cette photo, prise au cours d'un samedi hivernal, gris humide et morose précisément sur la pointe de l'Ile St Louis....Je me souviens particulièrement bien de ce jour de février, où le spleen planait... jusqu'à laisser couler quelques larmes sur mes joues, finissant par se mêler aux gouttes de pluie pour finir leur course sur le bord d'une balustrade, devant le calme apaisant de l'onde... l'onde que seul le vol plané d'une mouette vient perturber...point blanc, comme une lueur d'espoir dans un coeur en hiver.
"Il pleut sur Paris,
Sur la Seine et l'Ile Saint Louis
Sur Notre Dame et la Cité,
Sur les avenues désertées
Et sur les jardins endormis,
Il pleut sur Paris
Que m'importe après tout
Qu'il vente ou bien qu'il pleuve,
La rivière, après tout,
S'en va toujours au fleuve
La pluie vient dans mon cou,
Voilà que je frissonne,
Je voudrais sur mon cou
La main, la main d'un homme
Mais il pleut sur Paris,
Sur la Seine et l'Ile Saint Louis
Et je vais sous la pluie
Noyer dans les averses
L'étrange nostalgie
De baisers, de caresses,
Qui desserre mes dents ?
Qui ouvre les genoux ?
Est-ce toi que j'attends ?
Est-ce toi ? Est-ce vous ?
Mais ce n'est que la pluie
Sur la Seine et l'Ile Saint Louis"
Anne Vanderlove