Comme le froid a du bon de temps en temps....c'est sans doute à lui que je dois ce retour à mon clavier et mes clichés...souhaitons non pas que le froid polaire perdure mais bien que ce regain rédactionnel persiste le plus longtemps possible. Pour reprendre le fil des lignes et des photos en ce début d'année, je pars du coté de St Lazare. Au coeur des allées et venues des milliers de voyageurs qui transitent quotidiennement dans ce quartier animé, commercial et si bouillonnant d'activités en tout genre, il reste imperturbable depuis une trentaine d'année que l'on les y a là érigées, les deux compositions d'Arman : "l'heure pour tous" qui trône dans la Cour du Havre et qui avait d'ailleurs en son temps (!) inspiré la rédactrice herbe que je suis ; et "consignes à vie" qui se dresse sous le gros horloge de la cour de Rome. Ces deux oeuvres dans leur genre imposantes, ont toutefois su se fondre dans le décor à tel point que si on les décriait au moment de leur installation, elles sont presque aujourd'hui oubliées, tant les passants semblent les avoir intégré dans leur quotidien.
Mais revenons à nos bagages. L'accumulation commandée et installée en 1985 s'élève sur plusieurs mètres dans le ciel parisien. Aux heures ensoleillées sous les auspices de cieux bleutés les valises qui s'enchevêtrent dans une savante composition bien caractéristique du sculpteur prennent une jolie teinte brillante qui fait ressortir le teint naturel du bronze. Mais sous la pluie et les nuages bas, l'ensemble donne une impression triste, plus que mélancolique et dont la patine sombre évoque presque les heures troubles de la SNCF.
Une invitation au voyage ou bien celle de rester à quai ? Là où la toile, le cuir, le plastique ou le composite des bagages de nos petits et grands voyages ont fait place à un imputrescible bronze dont l'immortalité pérennise ce qui fait nos trajets divers et variés, les allées et venues de notre routine quotidienne comme celles des grands évènements, le temps poursuit toujours sa course, que l'on soit resté ou bien parti. L'artiste n'indique pas s'il s'agit de la consigne de départ, ou bien celle de l'arrivée, à chacun d'imaginer la vie de ces bagages en transit ou bien oubliés.
L'extrême précision propre aux oeuvres du maitre du Nouveau Réalisme en est même un peu énigmatique. On est presque tenté de grimper sur l'amoncellement pour tenter d'ouvrir les bagages qui semblent tenir les uns avec les autres dans une savante composition défiant les lois de l'équilibre et de l'apsesanteur, pour tenter d'en savoir un peu plus sur les propriétaires de ces valises abandonnées à la postérité.
Mais qu'est ce qui a bien inspirer Arman à baptiser son érection métallique "Consignes à vie" ?
Ici la définition de consigne sera forcément celle relative aux dépôts de nos biens dans les gares. Pas de dépôt temporaire comme l'indique le dictionnaire mais ici c'est bien à vie...et il faut dire que la consigne de ces valises géantes qui a débuté dans les années 80 ne semble effectivement pas être transitoire, enracinée comme elle est sur le parvis de la gare.
Le titre gravé dans le bronze indique "Dépôt de l'Etat", mais l'histoire ne dit pas si les présidents se transmettent le ticket de la dite consigne lors de leur transmission de pouvoirs...et ce n'est pas M. Arman qui repose quelques pieds sous terre au Père Lachaise qui pourra répondre à cette question...
Voilà que la douceur printanière vient faire (re)fleurir les murs et les places de la capitale d'un regain d'inventivité, de poésie et de créativité et par là même, m'offrir l'occasion d'un petit entrefilet cousu de fil non pas blanc mais quasi invisible. Le fil des mots, le fil abstrait de la créativité artistique empreinte d'une douce rêverie et d'un peu de mythologie, qui suffit pour renaître une inspiration assoupie par l'hibernation hivernale...
Le vent d'automne, la pluie et le ciel gris....malgré ces trois éléments telles des ritournelles annuelles qui valsent comme les feuilles tombant sur le bitume parisien, il y a dans Paris un peu de poésie et de féerie, qui cette année encore permet de ne pas voir en ce perpétuel cycle saisonnier autre chose qu'une sinistrose de fin d'année...
C'est une nouvelle rencontre avec l'art contemporain, que j'ai faite samedi dernier sur la Place Maurice Barrès, au pied de l'église de l'Assomption, refuge religieux pour les polonais de France.
"Aucun cadran n'affiche la même heure, aucun amant ne livre la même humeur"......en partageant ces deux vers d'une chanson de Bashung, je ne veux pas faire état de mes propres états d'âme mais juste par là, introduire ce billet de nouveau siglé "art contemporain et patrimoine" qui évoquera cette fois ci le temps....."L'heure pour tous" car c'est de cette oeuvre d'Arman installée dans la cour intérieure qui forme le parvis de la Gare St Lazare, dont il s'agit bien ici. Posée au pied de l'entrée de la gare en 1989, cette accumulation de cadrans superposés les uns au dessus des autres, évoque à elle seule un certain nombre de choses.
Oui, je parlerai d'ovnis ce soir...Enfin, presque, car ces objets volants qui veillent tels des phares sur les jardins du Palais Royal sont pourtant bien identifiés...C'est en passant ce matin dans les allées sablonnées que j'ai croisé ces bizarreries évoquant de loin des lampadaires mobiles.
Nous devons cette étrangeté artistique à Takis, sculpteur grec contemporain (né en 1925). Cet ensemble de quatre oeuvres composées pour chacune d'elles d'un pied métalliques de 4,50 m de haut présentant deux bras au bout desquels sont fixées des demie-sphères colorées, sont en réalité plus justement appelées"signal eolien". Datant de 2006 il renvoie directement à la démarche générale de l’artiste qui se rattache depuis les années 50 à l'art cinétique (courant artistique fondé sur l’esthétique du mouvement) et plus précisément en travaillant autour des signaux lumineux et sonores construits à partir de tiges métalliques justement.
Ces sculptures éoliennes, oeuvres des années 2000, tournent donc autour d'un axe actionné par le vent. Elles succèdent, mais sous une autre forme, aux télésculptures, sculptures magnétiques et autres scultpures musicales qui confirment au fil des décennies et des innovations l'attrait, que dis je la fascination, de l'artiste pour le mouvement, le son et parfois aussi la lumière, autant de signaux qui semblent venir d'un autre monde que le nôtre (la référence au ovnis n'était donc pas si inapprpriée...).
Une initiative supplémentaire qui nous permet d'ouvrir un peu plus notre horizon culturel et notre sensibilité à concevoir l'art dans tout ses états.
Sur les bords de la rue Saint Antoine, derrière un haut porche, un lourde porte en chêne et une façade en pierre blanche, dans ce coeur du Marais, le Paris de Louis XIII où la place des Vosges n'est à que quelques encablures de l'église Saint Paul, se dresse, majestueux (ou presque puisqu'il ne s'agit pas non plus d'une demeure royale...), l'Hôtel de Sully.
On ne peut jamais éviter, occulter ou passer outre le monumental...et quand il s'agit du "Monumenta" annuel du Grand Palais on le peut encore moins. Il faut dire de plus que, cette année, cet adjectif est de mise et totalement approprié, il serait d'ailleurs presque encore trop peu explicite, faible et flou. Oui, le terme de "monumental" est adéquat car l'oeuvre qui a trouvé sa place sous la nef du Grand Palais s'apparente totalement à la taille digne d'un monument et s'inscrit pleinement dans les proportions de son écrin.
Cela fait longtemps que je pense à elle, entre les lignes de mes billets, le choix des mots (pas le choc des photos, mais en tout cas la sensibilité et la poésie que je peux mettre dans les miennes.....) Chaque fois que je vois les murs du Louvre à travers ses facettes je pense à l'article que j'écrirai sur ce "monument" (un terme approprié aussi bien au sens propre qu'au sens figuré), de Paris. Chaque fois que je passe à côté d'elle je me demande comment je pourrai l'évoquer, avec les mots justes, les plus appropriés à son histoire, à son profil, à sa raison d'être aussi... Je ne pouvais en effet ne pas évoquer la figure de proue de cette rubrique "art contemporain et patrimoine", je veux dire par là notre pyramide nationale, celle qui abrite l'âme et le coeur de notre patrimoine artistique.....la Pyramide du Louvre...
Oui s'agit bien d'une devanture dans ce billet, mais pas de n'importe laquelle puisque c'est celle du grand groupe français de communication Publici,s fondé par Marcel Bleustein-Blanchet (voir plus bas), située au pied de l'Etoile, entre l'Arc de Triomphe et le rond-point des Champs Elysées. Un lieu qui me permet encore d'évoquer ce soir le cas d'une "oeuvre" contemporaine dans un contexte urbain historique. Mais cette vitrine ne vient pas de nulle part, elle a son son histoire, sa symbolique, elle est liée à l'aventure du groupe, de sa philosophie et de celle de son fondateur.
Non, non je ne parlerai pas chiffon ce soir, ni bambins.... mais bien architecture ....si le titre de ce nouveau billet consacré aux oeuvres contemporaines situées dans un cadre historique peut le laisser croire, il en va pourtant tout autrement.
Il s'agit bien des "colonnes de Buren" que l'on pourrait aussi bien nommer de "Bataille d'Hernani" moderne.....ou bien de graine de la discorde...ou tout au moins celle de la polémique... "Les deux plateaux" puisque c'est le titre véritable de l'oeuvre réalisée par Daniel Buren font donc l'objet de ce nouveau billet évoquant les oeuvres d'art contemporaines nichées dans le patrimoine historique parisien, voire national.
La polémique a enflé, et ce sous toutes ses formes... : médiatique à travers 225 articles de presse dans 45 journaux ou revues ; politique, faisant l'objet de questions au parlement, de recours en justice (notamment par la mairie de Paris de l'époque), par la mise en place de différentes associations de défense du patrimoine, et par de nombreuses pétitions. Pour faire aboutir son projet l'artiste livre un véritable parcours du combattant : Les travaux sont plusieurs fois arrêtés, menacés d'être totalement abandonnés lorsque le ministère de la Culture bascule à droite. Mais plus qu'une querelle politique franco-française, le coeur du problème est bien la confrontation entre art contemporain et patrimoine, et de surcroît dans ce cas précis, un patrimoine extrêmement symbolique. En comparaison, la construction du forum des Halles en lieu et place des anciennes halles de l'architecte Victror Baltard ont fait bien peu de vagues...Pourtant le choix du ministère de la Culture pour ces colonnes avait été jugé plus consensuel que l'option proposée par l'artiste Guy de Rougement qui avait alors suggéré un sol mutlicolore....comme quoi....C'est finalement au tribunal que se joue la poursuite des travaux et l'oeuvre est finalement achevée en juillet 1986, sans pour autant faire l'objet d'inauguration particulière (peut être pour ne pas jeter un peu plus d'huile sur le feu .....).
Avant de poursuivre la série d'articles consacrés aux oeuvres contemporaines situés dans un cadre chargé d'intensité historique et culturelle, je profite de la toute récente FIAC, dont une partie était visible dans les jardins des tuileries, pour évoquer ici l'exemple même de ce que j'appelle "l'éphémère heureux ".
"L'impertinente"....n'allez pas croire qu'il s'agit là d'un billet autobiographique, c'est un chemin détourné pour arriver au véritable nom de l'oeuvre que je souhaite évoquer aujourd'hui. Si l'impertinence ne fait pas partie de mes qualités (à moins que ce ne soit plutôt mes défauts...), et je ne suis pas plus noctambule. Car il s'agit bien ici des "Noctambules" de la Place Colette (oeuvre appelée dans un premier temps "l'Impertinente")
L'exposition actuelle de Takashi Murakami au Château de Versailles a suscité à la rentrée la polémique que l'on connait. Cette levée de bouclier contre l'initiative du Domaine National du Château de Versailles me donne l'opportunité de poser une problématique qui me semble intéressante, qui fait depuis longtemps et qui fera toujours débat : La place de l'oeuvre d'art contemporaine dans l'espace (urbain ou pas) à caractère historique et culturel important. J'entendais récemment Jean-Jacques AILLAGON interviewé sur la place donnée aux oeuvres de l'artiste contemporain japonais dans le Château de Versailles, qui expliquait que c'est en définitive l'histoire qui "tamise entre le bon grain et l'ivraie", qui juge "in fine" et qui a toujours en quelque sorte "le dernier mot" sur la perenité de l'oeuvre générale de l'artiste dont il est question.