Paris ne serait pas Paris sans l'eau, sans la Seine et sans ses (très) nombreuses fontaines...quelles soient figuratives ou abstraites, anciennes ou modernes, en marche ou arrêtées, ce sont dans chaque quartier, rue, place, cour qu'elle ornent un petit su
- Le 13/08/2011 à 18:42Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
La dernière fontaine parisienne croisée et furtivement capturée par mon appareil phoo est la fontaine située place Santiago du Chili, que la statue du grand Vauban dédaigne pourtant placidement en lui tournant le dos....ridicule de la part de ce monsieur qui aurait tout à gagner à regarder l'eau couler sous les rayons du soleil et les ébats des pigeons entre gouttes et détails sculptés....
Placée dans ce coin du 7ème arrondissement depuis 1902, elle est imaginée en 1864 par Gabriel Davioud à qui l'on doit plusieurs autres fontaines dans la capitale, comme
la fontaine du Châtelet, les fontaine de la
Place Malraux ou encore la
fontaine St Michel. Elle doit ses sculptures typiques du second empire à Théophile Murguet.
Au centre de plusieurs bosquet fleuri, sous une lumière ombragée offerte par un groupe d'arbres, la fontaine est constituée d'une grand bassin circulaire au centre duquel est posé une fut composé de quatre griffons. Ces
bestioles fantastiques supportent une vasque ouvragée de croisillons et dont le pourtour est orné d'une série de têtes de lions crachant, à leurs heures perdues, de l'eau (en effet, cet été, il semblent avoir du mal à approvisionner le bassin, ce n'est pourtant pas l'eau qui a manqué ces dernières semaines, mais pourtant la gorge des mascarons reste désespérément bien sèche, sans doute l'approvisionnement des canalisation du jardin n’ayant aucun rapport avec l'hygrométrie parisienne...). Le faite de l'édifice se compose d'une colonne évasée sculptée et notamment décorée de quatre visages féminins.
Élégance, quiétude, et sérénité se dégagent de cette fontaine parisienne qui jouxte les Invalides, dans ce petit espace vert chic du 7ème arrondissement où la blancheur de la pierre sculptée trouve naturellement toute sa place.
Bien souvent, quand le soleil joue à travers les branches des platanes, quelques pigeons viennent se réchauffer sur la pelouse qui sert d'écrin à cette oeuvre architecturale et poussent la malice à s'amuser entre les têtes et les pattes des griffons.
Cette fontaine était initialement située place de la Madeleine, au côté de sa soeur jumelle aujourd'hui posée au centre de la place François 1er,
- Le 02/08/2011 à 21:50Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
La pluie s'en est un peu allée, une trêve qui permet au soleil à nouveau de briller....laissant le trottoir de l'après-midi plus chaud que ces derniers jours, une trêve sans doute assez brève.... Alors pour apporter une note rafraîchissante à ce quartier d'été, et avant que l'orage ne succède aux lourdeurs climatiques de la journée, je vais évoquer ce soir une fontaine. Une fontaine nichée sur une petit place que j'ai rapidement déjà évoqué à l'automne dernier, lorsque je faisais référence à l’intriguante qui avait habité l'un des splendides hôtels particuliers qui délimitent le périmètre de ce coin de la nouvelle Athènes que j’affectionne particulièrement. La place Saint Georges, puisque c'est d'elle dont il s’agit ici, est marquée par trois bâtiments importants, l'Hôtel de la Païva donc, en face la bibliothèque Thiers, que vient directement jouxter, outre une bouche de métro, le théâtre du même nom que la place, point de ralliement des parisiens amateurs de bons mots et de spectacles, apportant ainsi une note aussi animée que culturelle à cet endroit tranquille de l'arrondissement.
Au centre, derrière une protection circulaire en fer forgé et en guise de petit rond point citadin, se dresse la fontaine Gavarni, érigée à l'origine en 1824 mais réaménagée au début du XXème avec les éléments que l'on lui connait aujourd'hui.
Un hommage rendu au célèbre caricaturiste du XIXème siècle qui habitait le quartier, un momument réalisé grâce à une souscription publique de
la
Société des Peintres-Lithographes, comme il est indiqué à la base du monument. Le buste du dessinateur surplombe ainsi la place, mais aussi les rues St Georges et la rue Notre Dame de Lorette.
Sur le pourtour de la colonne, des hauts reliefs représentant les personnages du Carnaval de Paris (inspirés de ceux de la Comédia dell'Arte) ont été sculptés, par Denys Puech et Emile-Oscar Guillaume, faisant presque ainsi écho (certes, muet) aux comédiens qui jouent sur la scène du Théâtre St Georges, à quelques mètres à peine de ces figurants de pierre....
Les yeux d'Arlequin, pointent vers un ciel parisien qui, même s'il est souvent gris, prend soudain des couleurs à travers le regard de cette gaieté à jamais immortalisée dans la pierre, et le sourire de Grisette croise subrepticement le passant apportant un peu de douceur à un quotidien peut être un peu trop routinier...
Leurs mains rejoingnent celles de Rapin et du Débardeur, pour esquisser une ronde imaginaire autour du
créateur. Une ambiance bonne enfant, artiste, fantaisiste, presque un peu bohème qui correspond totalement au cadre de son emplacement. Un peu de poésie, sur cette petite place, qui semble soudain délaissée par l'animation et la brutalité que connais aussi parfois Paris.
Au pied du joyeux quatuor ont été appliqués en guise de décoration mais aussi destinés (quand ils le veulent bien) à déverser de l'eau (la fontaine, enfin plutôt ceux qui régissent la distribution d'eau des fontaines publiques parisiennes, étant assez avares sur ce point...), quatre mascarons représentant (officiellement), les parisiens....si je ne me retrouve pas particulièrement parmi les faciès proposés par le panel (question d'époque sans doute....), il convient de relever que ces figures étaient probablement représentatifs de la société contemporaine de leur auteur....Mais entre Mamie Nova des jours de Carême et le peintre de Montmartre au chapeau, rien qui ne puisse vraiment rappeller l'autochtone de la capitale d'aujourd'hui......
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- Le 27/06/2011 à 20:39Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
La chaleur étourdissante, étouffante, fatiguante, un emploi du temps hors champs, hors temps ne m'ont pas permise de rédiger le billet du lundi sur une fontaine fontaine, mais voici tout de même un peu d'eau pour se rafraichir les idées, à travers les vers de Lucienne Delyle et la photo des reflets des bassins des fontaines de la Cour Napoléon du Louvre. Un reflet qu'on aimerait toucher d'un peu plus près par ces quelques 37°.....
"Prés de la fontaine
La fontaine des amours
Si ton cœur est en peine
Tu vas te pencher un jour
Dans l'onde qui jase
Tu jettes deux sous d'argent
En disant cette phrase
La même depuis mille ans :
Je l'aime et qu'elle m'aime aussi
Je l'aime et qu'elle m'aime aussi
Et dans l'eau qui chante
Tu vois danser un beau jour
Une image charmante
C'est toi mais au bras de l'amour
Ah qu'elle soit tout à moi
Rien qu'à moi
Je l'aime et c'est pour la vie
Je l'aime et c'est pour la vie
Heureux ceux qui viennent
Pencher leur visage un jour
Au bord de la fontaine
De la fontaine des amours
Des amours, des amours, des amours".
Lucienne Delyle
- Le 20/06/2011 à 20:43Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
Un souffle d'humanisme passera ce soir sur les ondes des fontaines parisiennes. Après la fontaine "euphésienne" placée à l'entrée de la place de la bataille de Stalingrad, voilà que nous descendons un peu plus au Sud de la capitale, traversons les deux bras de la Seine, tout près de Notre Dame, pour arriver dans le petit square Saint Julien le pauvre (appelé également square René Viviani Montebello), A l'ombre des tonnelles et surtout de notre doyen robinier, se dresse une fontaine réalisée par Georges Jeanclos, également à l’origine de notre petit bouddha du bassin de la Villette. Placée là depuis 1996, c'est d'elle dont il s'agira aujourd'hui.
Il faut se figurer l’équivalent d'un tronc de forme triangulaire, s'élevant à à peine quelques mètres du sol, une taille suffisante pour exprimer un intensité émotionnelle et un message symbolique. Un tronc noueux comme le piédestal sur lequel est assis le sage du 19ème arrondissement, et comme là bas, des oves, des mandorles sculptées et un réseau linéaire ornent le fut de colonne. Un fut qui rappelle étrangement celui d'un arbre où
apparaîtraient les noeuds du matériaux laissé à l'état brut. Par association d'idée, une image qui évoque le bois de l'âme, noués par ses faiblesses, ses blessures, mais aussi par sa richesse et ses qualités.
Un ensemble presque étrange aux volumes et aux formes inattendues, mais présentant toutefois une harmonie et un sens de lecture qui semblent n'appartenir qu'à son concepteur, lui même en dehors des chemins empruntés par ses contemporains.
Il suffit de se plonger quelques instants dans les regards des protagonistes de cette scène en trois dimensions, et d'observer les visages qui sortent comme de la matière première, pour comprendre quelle intensité l'artiste devait connaitre et vouloir transmettre aux visiteurs qui viendraient croiser ces figures et peut-être frôler le filet d'eau
déversé par les têtes de cerfs ornant chacune des faces du triangle.
Comme l'indiquait le critique d'art Pierre Morel, ce sont
"douceur, tendresse, silence, pitié" qui se dégagent naturellement de ces sculptures, des sentiments auxquels je ne peux m'empêcher d'ajouter celui d'humanité. A la pitié j'ajouterai également volontiers l'
empathie et surtout la compassion. Des vertus qu'on ne peut dissocier de celles de la vie chrétienne et de façon plus large, qu'inspire toute religion. D'ailleurs, si le sculpteur est traditionnellement influencé par l'art étrusque il s'inscrit également dans une référence au style bouddhique.
La fontaine raconte très simplement l'histoire de St Julien le pauvre dont l'église qui jouxte le square porte le nom, église qui se trouvait directement sur la route de St Jacques de Compostelle. La légende raconte que son chemin croisa un jour celui d’un cerf, qu’il voulut tuer. Le cerf lui déclara qu’un jour il tuerait son père et sa mère. Effrayé, il quitta son pays natal et refit sa vie dans un autre royaume. Mais ses parents désespérés retrouvèrent sa trace et frappèrent un jour à la porte de la femme de Julien qui les accueillit à bras ouverts, leur offrant même son lit conjugal. Julien trouvant à son retour des inconnus dans son lit, les tua et n’apprit que trop tard la vérité, faisant vœux de pauvreté pour expier sa faute. La prophétie du cerf s’était donc réalisée.
Alors pourquoi ce titre ? Cette oeuvre m'apparait oecuménique pour plusieurs raisons : son emplacement, à côté de Notre Dame de Paris, mais dans un square où le tout à chacun vient avec ce qu'il est, où l'on vient se poser, un lieu de rencontre et d'échanges, ou simplement de passage. De par sa référence historique et religieuse, renvoyant à la vie d'un saint. Une notion oecuménique également, tout simplement par son réalisateur était juif.
Mais rien dans cette légende ne caractérise non plus une pensée, une religion en particulier; sinon des valeurs universelles, que cette vieille légende hindoue me parait bien illustrer.
"Après avoir créé l'Univers, les dieux se demandèrent où dissimuler la Vérité.
Sur la plus haute montagne ? Tout au fond des mers ? Sur la face cachée de la Lune ?
Finalement, ils se dirent : "Cachons-la dans le coeur de l'homme.
Il la cherchera partout sans se douter qu'elle se trouve au plus profond de lui-même ..."
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- Le 13/06/2011 à 20:19Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
Dans le 5ème arrondissement, antre la rue Tournefort et la rue Lhomond, il y a, en pointe sur la place Lucien Herr, juste en dessous d'un bistrot, un petit espace vert, enfin, plutôt un "jardinet"...Quelque plates bandes, du vert, quelques touches de couleurs avec des fleurs....Un ou deux bancs, au centre une petite statue équestre, aux inspirations cubistes et suggérant vaguement un Don Quichotte se battant non pas contre des moulins à vent, mais l'air parisien.....Servant de fond à ce cadre (presque hétéoclite), dans le calme quasi inattendu de ce coin du 5ème, un peu à l'écart de l'animation du quartier Mouffetard, se dresse un mur de pierre sur lequel repose une installation sculpturale faisant office de fontaine.
Installée en 1982 la fontaine présente une mise en place étrange d'éléments en bronze, à écoulement d'eau en fins
filets, qui m'ont spontanément évoqué.....des serpillières....oui, en m'approchant un peu pour voir et écouter le doux chant de l'eau, pourtant bien discret...comme le filet d'une serpillière qu'on essore... je me suis aperçue que l'artiste avait peut-être moulé ses formes à partir de ces ustensiles de ménage.
Alors des serpillières oui, mais comment dire, pour certaines posées à l'envers....car certains éléments sculptés pointent tout de même vers le haut....mais l'image d'un objet domestique, totalement éloigné du cadre et probablement de la démarche de l'artiste m'a néanmoins bien amusée....
Que dire de plus sur cet alignement de "loques" de bronze (très chic...) posées le long du mur, et laissant filtrer un filet transparent ? Peut-être simplement que le chant de l'eau dégoulinant de ces serpillières en apesanteur rappellent aux passants du quartiers à leurs propres taches domestiques....
- Le 06/06/2011 à 19:58Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
La fontaine dont je parlerai ce soir est un (des) refuge(s) pour les bisets parisiens en pleine chaleur, comme celle de ces jours ci. Située à l'intersection des rues de Seine, Jacob et de l'Echaudé, elle dénote presque avec cette forme et son aspect si contemporain dans le cadre de ce 6ème arrondissement classique, conventionnel qui fait son environnement ....Elle semble avoir été placée là comme une perle ou une pierre précieuse dans un écrin, dans ce petit enclos de verdure, bien en vue, comme un bijou à admirer.
"La sphère en tranches", s'incarne donc en une sphère, une forme mystérieuse qui évoque la perfection l'absolu... mais aussi l'étrange, le cosmique presque. Et puis, la présence d'un
Invader juché sur le mur, qui semble presque de connivence
apporte encore un peu plus de fantaisie et d'extra-ordinaire à cette fontaine. Une forme d’autant plus mystérieuse qu'elle est en réalité composée de lamelles de marbres.
Car c'en est une, donc...la sphère en tranches est réalisée en 1977 par Guy Lartigue qui a également conçu et installé
celle de la place Jussieu, intitulée la "Boca della verita"... Le sculpteur de l'eau, alliant les matériaux statiques et immuables (pierre, granit, marbre) avec cet élément, vital, fugace, fantaisiste,
intemporel qu'est l'eau identioque, sans être vraiment jamais la même...un mariage entre l'immobile et le mobile, le muet et le chantant, l'ombre et la lumière....
Comme il l'indique lui même
"cette sculpture-fontaine représente une de mes meilleures complicités avec ma copine l’eau. Celle-ci ne cesse, par tension superficielle, de recouvrir, lors de sa lente descente, les surfaces successives du dessus
et du dessous que lui offre cette sphère, et elle la quitte avec son murmure de cascatelle".
Ainsi, Guy Lartigue nous transmet encore ici une ode à la vie à travers la mise en valeur si particulière de l'eau, son élément fétiche. Ici l'eau s'écoule du sommet de la sphère pour dégouliner le long des lamelles, jouant avec les interstices et les aléas du vent.
Il se dégage de cette sculpture, au delà d'un petit air cosmique, légèrement intersidéral, futuriste certainement, une grande poésie. Et si les pigeons ne vont pas chercher de grands explications sur le pourquoi du comment de la matière de sa place dans l'univers, et de tout questions métaphysique et artistique que cette oeuvre pourrait susciter chez quelques uns, ils profitent néanmoins bel et bien de ce bain rafraîchissant....
- Le 30/05/2011 à 20:20Paris au fil de l'eauCommentaires (3)Ajouter un commentaire
Entre la rotonde de la Villette et la fontaine dont je vais dresser le portrait ce soir, il n'y a qu'un pas (ou s'il y en a plus qu'un, ça n'en fait tout de même pas beaucoup...). Avant de déboucher sur l'esplanade qui s'étale devant l'ancien pôle douanier construit par Claude Nicolas Ledoux, juste au sortir d'une bouche de métro, à l'entrée de la place de la bataille de Stalingrad, se dresse, bien humblement, dans la plus grande discrétion et la sérénité, la sculpture d'un petit bouddha décorant et humanisant une fontaine.
Depuis plusieurs mois, je suis quelques fois passée devant cette fontaine en imaginant le petit billet que je rédigerai à ce sujet. Alors comme le jour est venu, je vais tenter de transmettre à mon lecteur ce que je ressens quand je passe près du sage, imperturbable dans sa méditation.
Je n'ai pas réussi à glaner d'éléments historiques et culturels sur la raison d'être de cette fontaine, peut -être est ce mieux, ainsi le moine garde sa part de mystère, ses yeux resteront définitivement clos sur ses origines et le pourquoi du comment de sa présence aux pieds de la rotonde de la Villette, qui n'a sans doute pas beaucoup de points communs avec lui. Je ne sais pas à quelle époque il a pris racine ici, sur ce perchoir, mais les toiles d'araignée tissées, chevauchant ses doigts et son habit semble indiquer un âge déjà bien vénérable (même si cette explication poétique n'explique et ne confirme absolument rien évidemment....).
Si la colonne ne me parait pas très belle et si la vasque, simple et guère recherchée me parait dépourvue d'intérêt, la statuette en elle même est bien plus intéressante. Placé au sommet d'un fût décoré de lignes sinueuses et d'oves stylisées, le petit bouddha est assis en tailleur, drapé dans sa tenue de moine bouddhiste. Juché au sommet de cette colonne d'environ trois mètres de haut, il semble là haut comme quittant tout à coup le sol, transcendé par sa méditation. Il garde le visage impassible, dans la pose du lotus qui lui apporte la sérénité nécessaire pour ne pas se laisser atteindre par l'ébullition et l'agitation de la vie parisienne. Les yeux fermés, il prend de la hauteur..... Au dessus des autres, il garde cette distance qui lui permet de ne pas être submergé par les turpitudes et les aléas de la vie.
Croisé en plein hiver, lorsque la neige offre un contraste presque saisissant entre la blancheur immaculée et le bronze foncé des formes du bonhomme, comme en plein été sous le soleil qui lui offre ainsi des reflets dorés, ou encore sous la pluie sous laquelle il reste la tête haute, quand bien même les gouttes dégoulinent de son visage aux contours et aux traits parfaits, le bouddha reste égal à lui même, quelque soit la saison de l'année. Et malgré les animations qui ne manquent pas de se suivre à cet endroit si fréquenté où les passants ne cessent de défiler, il reste là, sans bouger, alors que des manifestations en tout genre pourraient venir perturber le calme de son intériorité.
Les bras ouverts, il accueille tout .....la paix, le calme...mais aussi des choses plus terre à terre...comme des petits "cadeaux" que des passants lui apportent, un geste qui peut paraître amusant, presque touchant pour certains, dégradant et horripilant pour d'autres. Moi, quand j'ai vu une cannette de coca et un petit pot de crème glacée, j'ai franchement souri, regrettant de ne pas pouvoir à ce moment là immortaliser cet instant quasi comique. Une petite offrande inattendue ou une poubelle détournée ? quoi qu'il en soit, le petit bouddha de la place de la bataille de Stalingrad accepte tout sans sourciller.....
- Le 23/05/2011 à 20:18Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
Dans la verdure du quartier de l'Elysée et plus précisément dans les jardins qui bordent la plus belle avenue du monde se trouvent outre les bancs et les fleurs...deux bassins circulaires... Du côté de la Seine, juste devant le restaurant Ledoyen, se trouve le bassin de Diane.
Cette fontaine a été commandée et réalisée en même temps que d'autres en 1840. Conçue par Hitorff et sculptée par Desprez elle porte en elle une physionomie, des proportions et des formes qui reflètent parfaitement les oeuvres réalisés durant la Restauration et la Monarchie de Juillet.
Ce point d'eau (qui a un pendant de l'autre côté de l'avenue des champs Elysées) est composé d'une vasque posée sur un piédestal de bronze octogonal décoré de dauphins et de feuilles, surmontée par une seconde, plus petite. L'eau sort de 12 mascarons à l'effigie de têtes de lion, retombant dans la vasque inférieure. Une statue de
Diane surplombe l'ensemble.
Oves, entrelacs et feuillages, des décorations qui viennent compléter les petites têtes de lions qui semblent monter la garde aux pieds de Diane. L'eau coule tranquillement, par un jet fin...les bulles dansent et les cascades chantent une chanson joyeuse....
La fontaine se fond et se marie parfaitement au cadre naturel qui l'accueille : à l'automne, elle reçoit sans broncher les feuilles qui tombent des arbes dans l'eau, fêtant dans un joyeux tourbillon d'écume la mort des feuilles et le changement immuable des saisons;..au printemps elle laisse se refléter dans l'eau les bourgeons
naissant et le frémissement des branches dans le vent et les giboulées, en été, les rayons du soleil du soir réchauffe son eau et apporte un léger hâle à la jeune femme qui, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente, reste égale à elle même, à veiller du haut de son piédestal sur ce petit poumon vert de la capitale.
Les feuillages se confondent presque avec la couleur de la pierre et du bronze faisant dans ce coin du jardin des Champs Elysées un endroit presque caché, privilégié, où la quiétude et la tranquillité règne en toute simplicité.
Juchée en hauteur Diane reste imperturbable regardant d'un air détaché la valse des saisons et l'ébullition parisienne...
- Le 16/05/2011 à 20:36Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
Dans le square Gabriel Pierné (6ème ardt), que longe la rue de Seine, il n'y a pas que les parisiens qui prennent une pause au soleil en lisant un bon bouquin....même les pigeons sont littéraires....cette image des bisets au pied de quelques ouvrages posés sur des bancs figurant un livre ouvert m'a amusée et m'a semblée être une bonne introduction à ce billet culturel, arrosé (et oui on va encore parler d'eau) de fantaisie et de légèreté....
Effectivement, ce n'est pas de littérature ou de plumes dont je vais parler ce soir ...mais bien d'eau pour cette nouvelle petite coulée de mots évoquant une fontaine parisienne. C'est donc dans le square Gabriel Pierné que j'ai croisé un point d'eau qui m'était alors encore inconnu. Non loin des bancs de pierre qui incitent presque à une petite lecture impromptue, se dresse une colonne de pierre surplombant une vasque circulaire. La fontaine en question a été sculptée par Alexandre Evariste Fragonard en 1830 pour alimenter en eau le marché aux Carmes avant la destruction de ce
dernier qui surviendra en 1930. L'édifice est alors déplacé vers le square Gabriel Pierné où on le trouve encore aujourd'hui.
Cette fontaine du 6ème arrondissement est composée d'une simple vasque au sol au milieu de laquelle une pile est érigée, d'où s'écoulent deux filets d'eau de Seine. La colonne est surmontée par une tête à deux faces révélant deux références à la prospérité et prenant les traits de visages féminins : l'un en hommage à l'abondance, l'autre en l'honneur du commerce, des vertus à priori bien éloignées des belles lettres...mais après tout pourquoi pas....
Les deux têtes sculptées au traits figés et à la stature hiératique, porte un regard vide, droit qui rappelle la rigidité qui transpire toujours un peu des oeuvres réalisées en ce début du XIXème. Car tout dans la physionomie de cette fontaine évoque le registre et le style que l'on apprécie sous l'Empire et la Restauration. Souvent en référence à l'Antiquité, on retrouve effectivement ici tout le répertoire dans lequel plongent les artistes à qui l'on commande un édifice ou une oeuvre, qu'elle soit à caractère publique ou privée. Mais ici elles correspondent surtout à la symbolique évoquée : des cornes d'abondance logiquement adressées à ...l'abondance et le serpent en référence au dieu du Commerce Mercure.
Deux simples goulots crachant un filet d'eau rappellent la fonction de cette colonne simple et (f)rigide.
Cette fontaine, qui fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 29 octobre 1952 donne un caractère simple, linéaire, avec un soupçon de sérieux, est heureusement légèrement "chahutée" par la présence coquine et légère d'une certaine "Carolina", une sculpture de Marcello Tommasi datant de 1968 représentant une fillette, qu'un petit malotru a récemment affublé d'un ostensible phallus....
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- Le 10/05/2011 à 20:53Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
Après le fond...la forme : j'évoquais hier la philanthropie wallacienne mais il me faut maintenant préciser comment elle s'est traduite dans les rues parisiennes....
L'installation des fontaines de Sir Wallace a répondu à un cahier des charges rigoureux, permettant d'allier esthétique et utilité : Les édifices devant être assez grande pour pouvoir être visibles de loin sans néanmoins rompre l’harmonie de l’environnement urbain les accueillant. Elles devaient également présenter une forme agréable à l'oeil, leur permettant ainsi de se fondre encore mieux dans le décor parisien. Ensuite, elles devaient être d'un prix raisonnable afin de pouvoir ainsi multiplier leurs installations. Enfin, il fallait qu'elles soient réalisées dans un matériau facile à travailler et commode d'entretien. Ce fut la fonte de qui fut choisi pour ce chantier d'aménagement urbain d'envergure.
Ces ainsi que les modèles en fonte, peints en vert ont donc trouvé leur place une fois leur emplacement désigné par la Mairie de Paris, à des endroits jugés facilement accessibles au public, notamment sur des places ou à l’angle de rues importantes.
Quatre modèles ont donc été proposés à la ville de Paris pour agrémenter la commodité des parisiens et leur fournir l'eau potable. J'évoquais dans mon dernier billet les nymphes décolorées...mais il convient de préciser à quoi elles ressemblent ...
Et bien ces demoiselles ont été directement inspirées à son auteur par celles dessinées par Pajou et figurant sur la Fontaine des Innocents que l’on trouve sur la place du même nom, aux portes du Forum des halles. Les quatre cariatides se tournent le dos et soutiennent à bout de bras un dôme surplombé d'une pointe et agrémenté de dauphins.
Sir Wallace a fait de cet édifice un véritable langage codé...digne d'un bon historien d'art en effet...Les nymphes symbolisent quatre vertus : la bonté, la simplicité, la charité et la sobriété (il s'agit bien de fontaine à eau....donc logique..). Si elles semblent identiques, un peu d'attention vous fera remarquer qu'elles sont en réalité toute différentes, soit par la position de leur pied, de leur genou ou la façon dont leur corsage est noué. De plus, Mlles Sobriété et Simplicité ont les yeux fermés.....alors que Mlles Bonté et Charité ont le droit regarder le spectacle de la vie parisienne....On attribue également à ces dames la symbolique des saisons : ainsi le printemps serait simple, l'été charitable, l'automne sobre (dur dur pour la période des vendanges...), et l'hiver bon...
Mais l'anglais ne s'est pas arrêté là, sur les huit facettes du fût de la colonne soutenant les pt'ites dames sont également propices à la décoration...tridents et dauphins alternant avec conque écoulant un chapelet de perles...représentant l’ouïe et la parole.
Des vertus attribuées aux parisiens ? Je ne saurai m'engager sur cette épineuse réflexion....
Le second modèle présente des colonnettes en lieu et place des cariatides, permettant ainsi une économie dans la réalisation. Il se claque directement sur le premier modèle, différent simplement au niveau du dôme qui n'est pas aussi pointu et présentant une partie inférieure plus incurvée. Les quatre faces étant néanmoins identiques au premier.
Deux autres modèles existent, mais n'ont pas été créé par le philanthrope anglais....plutôt des "fake" surfant sur le succès de leur grandes sœurs… Le modèle "en applique" que j'ai croisé non loin de la fontaine Cuvier dans le 5ème arrondissement (mieux vaut deux fontaines qu'une, d'autant que la seconde n'est pas en service), adossée au mur d'enceinte du Jardin des Plantes, rue Geoffroy St Hilaire c'est d'ailleurs le seul exemplaire subsistant. D'à peine deux mètres de haut, c'est par un mascaron à l'effigie d'une naïade que se déverse l'eau qui tombe dans une vasque marine reposant entre deux pilastres.
Enfin, le dernier modèle, dit "le petit modèle" en raison de ses 1,32 m, que l'on trouve surtout dans les squares et les jardins, est en réalité une simple "borne fontaine" à bouton poussoir marqué aux armes de Paris, le "fluctuat nec mergitur" gravé ou plaqué dans des endroits divers et variés, donnant une estampille toute parisienne supplémentaire.
La plupart des fontaines créées par Wallace et placées par la ville de Paris depuis les années 1870 sont toujours en service et distribuent de l’eau potable. Elles font partie du patrimoine et de la symbolique parisienne, au même titre que les plaques des noms de rue ou que les bouquinistes sur les quais. Il est donc un peu difficile de concevoir que ces fontaines prennent des couleurs aussi farfelues qu’inattendues et qu’elles délaissent ce joli vert qui leur permet de s’harmoniser et de se fondre en toute sérénité dans notre environnement quotidien.
- Le 09/05/2011 à 20:27Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
Alors que nous avons sorti la garde robe du plein été, que les terrasses sont envahies et que les glaciers sont déjà en rupture de sotck, j'ai décidé de donner à ce billet "au fil de l'eau" une tournure singulière. Au lieu de parler d'une fontaine en particulier, je vais évoquer ce soir celles que l'on croise dans tous les quartiers de la capitale et qui font pour certaines l'actualité parisienne (et plus précisément dans le 13ème arrondissement...). Je veux parler ici des fontaines Wallace, dont on remercie l'élégante et discrète présence en ces chaudes journées.
Mais d'où viennent elles et à qui les doit on ? Et bien c'est encore à la Commune, dont on entend pas mal parler en ce 140ème anniversaire que nous fêtons cette année, que l'on doit cette initiative particulière, reflètant totalement l'esprit de philanthropie qui flotte alors sur la France et particulièrement sur Paris à l'aube de la troisième République.
En effet, la guerre destructrice contre la Prusse et les évènements de la Commune sont autant de bouleversements qui nuisent à la ville et qui durcissent les conditions de vie des parisiens. Dans le cadre de la reconstruction et du développement de l'urbanisme de la capitale, l'esprit philanthropique est à la mode. Beaucoup d’initiatives sont prises et de nombreux bourgeois mettent leur fortune au service de tous. Parmi ces figures honorables il en est une qui s'est distinguée pour son engagement envers Paris et les parisiens et qui est passé à la postérité en dépit de la grande humilité et de la discrétion qui le caractérisaient. Il s'agit de Sir Richard Wallace qui a gravé son nom dans les pages du livre d'histoire de Paris.
Cet anglais amateur d'art avait comme simple souhait et pour seul but désintéressé d'aider efficacement ceux qui étaient dans le besoin, tout en répondant à un besoin réel et important : l'accession à l'eau potable pour tous, confort rudimentaire mais vital mis à mal durant le siège de Paris et la Commune pendant lesquels de nombreux aqueducs furent détruits amenant ainsi une difficulté d'approvisionnement et inévitablement à une forte hausse du prix de l'eau. Sir Wallace se lance donc dans ce projet de rendre à tous l'eau accessible et disponible tout en embellissant Paris. Ainsi il conçoit lui même ses fontaines, dans le souci d'allier utilité et esthétique. Il résulte de ces travaux plusieurs modèle dont je reparlerai dans une seconde partie.
Mais évoquons rapidement le modèle le plus connu de tous qui fait l'objet de l'actualité parisienne... celui mettant en scène 4 nymphes hissées sur un fût et supportant un dôme ouvragé laissant couler en son centre un filet d'eau : Ce modèle raffiné et féminin fait aujourd'hui l'objet d'un relooking particulier...qui pourrait bien titiller le vieil aristocrate anglais dans sa tombe...pensez donc...ses jolies demoiselles rafraîchissant et divertissant les parisiens comme les visiteurs, virer du vert profond au jaune pétard et ce sans crier gare ?
Oh Shocking.... Oui car le vert sapin caractéristique est visiblement trop discret pour certains et manque de punch et de dynamisme ! Alors par une décision de la société chargée des opérations de rénovation de l'urbanisme du 13ème arrondissement (la Semapa), les demoiselle de Sir Wallace vont piquer un fard et hisser les couleurs, ici rouge vif, la jaune canari ou encore rose fuchsia...pour du punchy et du flashy nous sommes servis...mais le vulgaire ne nous attendrait il pas au coin de la rue ?
Si l'ambition des initiateurs est de souligner la modernité de ces fontaines, elles mêmes symboles de la capitale, il reste que ces éléments urbains qui sous sont si familiers et prenant part dans notre cadre de vie parisien doivent tout de même rester agréables à regarder et se fondre sans anicroche, ni coulure (!), dans notre environnement. Si les avis semblent diverger devant cette initiative, il n'est pas précisé si nos Miss Wallace vont rester dans leur habit Disco ou si elles vont aller se rhabiller de vert une fois la belle saison passée, soit le 15 novembre, date de leur entrée en hibernation habituelle...
- Le 02/05/2011 à 20:05Paris au fil de l'eauCommentaires (1)Ajouter un commentaire
Dans le quartier que je surnomme le "petit Paris médiéval", situé sur l'Ile de la Cité, se cache en contrebas de la rue des Ursins, tout près du Quai aux fleurs et de la demeure d'Héloïse et Abélard, une fontaine, totalement méconnue, placée au coeur d'un jardinet. Elle fait face aux vieilles maisons dont les fenêtres à meneaux décorées de petits écussons évoquant discrètement mais élégamment le moyen-âge, laissent aux tours de Notre Dame se refléter et rappeler les "riches heures" que ces demeures ont connu il y a quelques siècles....
La rue des Ursins porte le nom qu'on lui connait depuis 1881 seulement, en mémoire de l'hôtel ayant appartenu à la famille des Ursins de 1403 à 1636. Si elle est en contrebas et que son accès nécessite un petit escalier, c'est qu'elle se trouve à l'ancien niveau des berges de la Seine. C'est là que se trouvait le premier port de Paris auMoyen-Âge : le port de Landry, avant l'aménagement de la grève de l'Hôtel de ville. Il est à noter que si cette petite rue est aussi étroite que tranquille, elle a néanmoins été choisie comme cadre de vie pour quelques résidents assez connus...tels que "le juif errant", Racine, Rodin et les "amants persécutés" cités un peu plus haut.
C'est la simplicité qui caractérise cette fontaine constituée d'un bassin de pierre, de forme rectangulaire, totalement nu, qui accueille un jet d'eau craché par deux têtes de lions que j'ai spontanément pris pour des oursins (ursins...oursons....vous voyez ? je trouvais que ça sonnait bien...et puis franchement on ne peut pas dire
que la ressemblance avec le lion soit flagrante..).
Dépouillée, mais ornée d'un lichen qui court de part et d'autre sur son manteau de pierre, cette fontaine attire d'autant plus le regard le petit écrin végétal qui l'accueille renvoie directement aux jardins moyen-âgeux.
Je suis passée plusieurs fois devant ces deux têtes aux regard fixe, tirant la langue....tout d'abord à la fin de l'hiver alors qu'elle était encore muette, les "oursons" privée d'eau et la langue pendante attendant la remise en route des canalisations...Mais la dernière fois que je me suis promenée rue des Ursins, j'ai pu entendre l'eau chanter, et les petits ours soudain s'animer, comme heureux d'être de nouveau abreuvés, le museau brillant sous un rayon de soleil printanier....
- Le 25/04/2011 à 20:36Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
La fontaine dont il sera question aujourd'hui se trouve place du Québec au coeur de St Germain des Près, presque au pied de l'église du même nom et face au célèbre café "Les deux magots". La place du Québac, située au carrefour de la rue de Rennes et de la rue Bonaparte, est aménagée en 1980 et inaugurée par le Maire de Paris de l'époque Jacques Chirac, le 15 décembre 1980.
"L'Embâcle" tel est le patronyme de cet réalisation architecturale et artistico-aquatique (oui, c'est moi....) réalisée par le québécois Charles Daudelin et installée en 1984. J'aurais presque pu rédiger cet article dans le cadre des billets "Art contemporain et Patrimoine" car là encore il s'agit d'une oeuvre contemporaine dans un cadre qui se rapproche plus de l'évocation du Paris romantique que du Paris dynamique de la Défense par exemple...
"L'Embâcle" représente sous la forme d'une fontaine stylisée, un flot d'eau soulevant et perçant les dalles du trottoirs. Cette mise en scène moderne fait écho et symbolise la débâcle des glaces flottantes au printemps sur le fleuve Saint Laurent au Canada. Ces dalles métalliques pour les plus importantes (placées aux 4 points cardinaux) semblent ainsi comme se relever pour laisser au bruit de l'eau prendre un son différent dans cette cavité ventrale de la rue.
Comme un cratère en plein centre ville, l'eau jaillit et vit sans pour autant sortir complètement des entrailles de Paris. Elle est là, bruissante, frémissante, totalement vivante, mais en même temps comme étouffée par ces dalles qui semblent lui interdire de sortir totalement à l'air libre et de s'exprimer en toute liberté.
Tout dans cette fontaine, presque inattendue dans cet environnement très parisien transpire la modernité, où les lignes droites rencontrent les bulles et l'aléatoire des formes multiples que prend l'eau. Le mariage de couleurs est également harmonieux et tout à fait opportun : les dalles de métal offrent une palette variée allant des tons chauds aux tonalités froides répondant aux teintes des dalles de béton qui jouxtent directement le cratère. Le bleu métallisé qui n'est pas sans évoquer l'environnement hostile des régions froides, est presque élégant. Il s'allie aux tonalités du bassin et aux reflets de l'élément aquatique. L'opposition entre les matières, froide et inerte du métal à l'eau vivante, bruissante et bouillonnante ne laisse pas non plus totalement indifférent.
Si cet édifice peut paraître déjà dépassé par le style, les formes, les volumes les matières, cette alliance des matières et des couleurs en fait un agrément et une véritable attraction.
- Le 11/04/2011 à 20:41Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
A l'intersection de la rue du Val de Grâce et de la rue Pierre Nicolle, sur la petite place Laveran, au coeur du 5ème arrondissement, se trouve l'église du Val de Grâce, attenante à l'hôpital du même nom, situé à quelques encablures....le calme et la tranquillité sont maîtres des lieux, et le silence est perturbé par le chant de l'écoulement de l'eau qui coule d'une fontaine...
Massive, sobre, de forme rectangulaire, il s'agit une oeuvre commandée par Jacques Chirac en 1995 à l'architecte Yves Boiret. L'eau s'écoule de deux demie vasques adossées, puis retombe en cascade le long des parois pour atterrir dans des petits bassins.
En plus du chant, elle offre le spectacle de la danse, de la chorégraphie faite de ligne et de jeu de transparence, derrière le rideau d'eau se cache une subtile composition de lignes offerte par la pierre sculptée, venant s'intercaler avec l'écoulement, aléatoire, de l'eau. Si le bassin n'a pas particulièrement retenu mon attention tant ses formes et son volumes sont imposants et sans personnalité (ces demies vasques m'évoquant, je ne sais pourquoi, l'image d'un abreuvoir...), je suis par contre restée à admirer le jeu de lumière venant accrocher ce tissu aquatique et transparent tombant sur la pierre.
Jeux de pierre, d'eau, de lignes, verticales, horizontales, pour autant de compositions abstraites, uniques, ephémères et evanescentes qui n'existent que le temps de la chute de l'eau dans un bassin.
Si l'aspect inspire la sobriété, la rudesse même, c'est que cette fontaine est placée dans un lieu largement consacré à l'architecture militaire...l'abbaye du Val de Grâce accueillant en effet aujourdhui le musée du Service de santé des armées, la bibliothèque centrale du Service de santé des armées, et l'École du Val-de-Grâce, anciennement École d'Application du Service de Santé des Armées (EASSA). Le même îlotmilitaire comprend l’hôpital d'instruction des armées du Val de Grâce, situé sur l'ancien potager de l'abbaye.
Un petit havre de paix, non loin d'un lieu paisible, celui du Val de grâce....dont je reparlerai probablement dans un prochain billet...
- Le 04/04/2011 à 20:38Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
Les fontaines reprennent vie avec ces températures qui montent, qui montent...preuve en est, les lions de la place Félix Ébouée recrachent joyeusement de l'eau...
Mais ce n'est pas de félins dont je parlerais ce soir (encore que..), mais plutôt d'allégories que j'ai croisé samedi en passant le long du Conservatoire des Arts et Métiers et plus précisément dans le petit square Chautemps qui lui fait face, le long du boulevard sébastopol, devant le théâtre de la gaieté lyrique....Les températures estivales avaient permis aux petits comme aux plus âgés de prendre ce premier vrai bol d'air de printemps, sous le feuillage des arbres devenus verdoyant en quelques jours.... C'est dans ce cadre printanier tout frémissant de renouveau après la trêve hibernale (oui oui, pas
"hivernale", mais bien
"hibernale"...), que j'ai fait la connaissance d'une fontaine supplémentaire constituant comme une antichambre à l'institution dont la porte d'entrée est située à deux ou trois foulées...
Construite en 1860 par Gabriel Davioud qui récidiva sur d'autres exemplaires de fontaines parisiennes, les deux bassins de formes oblongue offrent à chacune de ses extrémités un séant à deux statues qui viennent s'adosser à une vasque d'où jaillit l'eau, alors que deux tête de lions appliquées sur le côté qui viennent également cracher un jet d'eau . En pierre du Jura, elles semblent ainsi offrir une partition à quatre mains (ou plutôt 8 d'ailleurs....
Le bassin situé à proximité du théâtre représente l'alliance du Commerce (incarné par Mercure, reconnaissable à sa coiffure ailée) et de la Musique, jeune femme tenant dans ses mains, une lyre et un flambeau, statue que l'on doit au sculpteur Auguste Ottin.
Le bassin plus en retrait mais placé en parallèle du premier, met en scène l’Agriculture portant une corne d'abondance dans les mains et coiffée d'une couronne de fleurs et d'épis, et le Travail représenté par un jeune homme, oeuvres du sculpteur Charles Gumery.
Certes, ces fontaines ont tout d'une fantaisie aquatique traditionnelle, purement ornementale, sans grande originalité. Pourtant à l’époque où elles furent installées, ces quatre personnages façonnés dans la plus grande tradition de la sculpture française classique du Second Empire parisien si prolixe et productif, ont bien du entendre des "oh", des "ah" d'admiration, et l'on devait faire de ce lieu un point de rendez vous sinon mondain du moins bourgeois, comme en témoigne aussi la présence de la Gaieté Lyrique...
Aujourd’hui ce sont les enfants dégringolant les toboggans ainsi que les amateurs de pétanque et autres cochonnets qui sont les invités de ces quatre personnages statiques, impassibles malgré les gouttes d'eau qui ne manquent pas de mouiller leur symboliques attributs et leur visage à jamais figés... Les temps ont changé, les visiteurs qui se posent sur les bancs ne regardent plus les hôtes du square Chautemps....et semblent totalement indifférents devant ces figures qui restent ce pourquoi ils ont été créés, une figuration ornementale entre jets d'eaux, bosquets et plate bandes fleuries....
- Le 28/03/2011 à 21:49Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
Paris compte 182 fontaines (et oui, tout de même....), alors il est très facile de croiser l'une d'entre elle au hasard d'une promenade, à pied, à cheval, en vélo et en roller.....c'est d'ailleurs sur ce dernier moyen de locomotion urbain, que j'affectionne particulièrement, que j'ai croisé la Fontaine Boucherat qui fait l'objet de ce nouveau billet placé sous le signe de l'eau.
Située dans le 3ème arrondissement à l'angle des rues de Vertbois et de St Martin elle est édifiée en 1712 sous la direction de Pierre Bullet, alors responsable des travaux de modifications de l'église St Martin de Champs, dans une des tours fortifiées du prieuré, l'ensemble sera déplacé en 1882, pour son emplacement actuel. Se présentant sous la forme d'un fronton placé sur deux pilastres, l'eau jaillit de la bouche d'un mascaron de bronze à l'apparence d'un animal mythologique, une figure assez classique dans l'urbanisme parisien et que l'on retrouve d'ailleurs par exemple en applique sur la fontaine de mars dont je parlais lundi dernier.
D’après d’anciens ouvrages, cette fontaine serait la première fontaine publique installée à Paris.
Une plaque commémorative dont le texte est le suivant : "La tour dépendant de l’enceinte fortifiée du prieuré de St Martin des champs construit vers 1140 et la fontaine du Vertbois érigée en 1712 ont été conservés et restaurées par l'état en 1882 suivant le voeu des antiquaires parisiens" est lui même surplombé par un intéressant bas relief, représentant un vaisseau voguant sur les flots (une représentation du "fluctuat nec mergitur" parisien et que l'on retrouve un peu "à toutes les sauces" dans la capitale...). La sculpture est elle même couronnée (et le terme est particulièrement approprié) de l'écusson royal, couronné et ailé.
Empreinte de classicisme (pilastres vermiculés, fleurs de lys, coquille, sobriété et lignes pures), cette fontaine passe presque inaperçue dans le quartier de la porte St Martin, sans doute du fait de la sobriété des jeux d'eaux puisque seul un bouton poussoir permet à l'édifice de remplir toute sa fonction. Et oui, elle n'est pas "que" décorative.. Pour la remettre d'ailleurs en valeur, elle a fait l'objet d'un récent toilettage qui lui a rendu sa splendeur originelle....
Mais que viennent faire les antiquaires dans cette historie de fontaine ? me direz vous.... et bien voici l’explication....Au moment où la fontaine fut édifiée, le prieuré abandonna à la Ville la tour, qui se transforma ainsi en château d'eau. Leur décrépitude était extrême, il faut l'avouer, vers 1876, et c'est alors que l'architecte du Conservatoire, soucieux de mieux arrondir les angles de sa façade, conçut le dessein de renverser ces vestiges du passé. Heureusement, les archéologues faisaient bonne garde; ils protestèrent, et obtinrent ce premier résultat de gagner du temps. Mais il n'y avait pas alors comme aujourd'hui de commission administrative du vieux Paris et leur protestation aurait bien pu être classée sans l'intervention inattendue de Victor Hugo, qui écrivit "Démolir la tour, non; démolir l'architecte, oui"...-" L'architecte ne fut pas démoli, mais la tour était sauvée ; une inscription consacre la déférence que l'on eut enfin pour le "vœu des antiquaires parisiens". Le nom du grand poète y manque; il est permis de le regretter".
Alors, certes cet édifice garde un côté anonyme et sans grand intérêt architectural et artistique, il ne présente finalement que peu d'utilité et ne marque pas non plus pour autant l'histoire de Paris de façon réellement notable....Mais comme chacune des lignes d'une page qui finissent par constituer un roman ... au même titre que le dicton "les petits ruisseaux font les grandes rivières"... (pour rester encore un peu dans l'eau...) cette fontaine par sa petite histoire, fait partie de la grande histoire parisienne...
- Le 14/03/2011 à 20:24Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
"
Dans ce monument exécrable
On ne voit ni talent ni gout
le diable ne vaut rien du tout
Saint Michel ne vaut pas le diable"
Il a de la prestance, sa position tranche entre le bien et le mal, comme entre les 5 et 6 ème arrondissements qu'il sépare par le boulevard qui porte également son nom. Il tient le glaive et écrase la tête du dragon....il surplombe un quartier bouillonnant comme les eaux dans lesquelles il baigne depuis 1860....vous l’aurez sans doute deviné à travers cette brève introduction littéraire (les vers sont anonymes, le reste un peu moins :)) que je souhaite évoquer ce soir la fontaine St Michel si emblématique pour
"le quartier latin", mais aussi pour Paris de façon plus générale.
Cet archange au corps d'airain en a vu depuis ce beau jour de 1860 où on l'a juché sur ce rocher, lui infligeant cette posture bien lourde d'asséner le Mal (avec un grand M) à coup de glaive, dans une posture qui doit laisser notre héros avec de sérieuses crampes aux bras...
Mais voyons de plus près comment cette tête d'ange est arrivée sur son piédestal...l'histoire de cette fontaine est directement liée à celle de la place qui l'accueille, oeuvre du Baron Haussmann qui en dirigea les travaux. Elle fut construite pour cacher le grand pignon de l'ilot en bordure de la place St André des arts, en légère déviation de l'axe nord-sud, alors jugé inélégant. Si l'on a tout d'abord pensé mettre en scène à cet endroit le grand Napoléon Bonaparte (le projet initial avait pour thème la paix, je ne vois effectivement par le rapport avec cet homme de pouvoir et de conquête guerrière et la colombe...), c'est finalement la victoire du bien sur le mal et notre archange qui ont raflé la mise...pour rappeler également sur cette place l'emplacement de l'ancienne chapelle Saint Michel de l’Île de la Cité.
Et si ce n'est pas l'empereur que l'on a mis en valeur, on n'a tout de même vu les choses en grand...(il y avait visiblement beaucoup à cacher ). Pensez donc : 26 mètres de haut et 15 m de large....(pour une histoire de flotte au bout du compte) et si les dimensions laissent déjà songeur, le côté monumental et la débauche d'ornements (chère au style "éclectique" qui fait alors fureur sous Napoléon III) donne aussi à penser : le sujet principal (notre héros) est logé dans une niche, encadré par un arc de triomphe et des colonnes engagées répondant aux pilastres de la place. Quatre vasques superposées en gradin versent leur eau dans une vasque semi circulaire. Deux dragons ailés accroupis de chaque côté du bassin projettent un jet d'eau par leur gueule. Chacune des quatre colonnes entourant la niche est surmontée d'une allégorie louant les quatre vertus cardinales que sont la force, la prudence, la justice et la tempérance. A cette ensemble phénoménal s'ajoutaient encore à l'origine un groupe d'enfants, qui fut si critiqué lors de l’inauguration le 5 août 1860 qu'il a été rapidement supprimé par la suite.
L'emploi de la polychromie dans cette oeuvre (pierre, granit rose, marbre et bronze) réfère d'une part aux oeuvres italianisantes (la fontaine
Médicis que l'on peut voir notamment dans les jardins du Luxembourg a largement inspiré les architectes), mais aussi au mauvais éclairage de la place en elle même et de l’orientation de la fontaine située plein Nord. Si ce dernier objectif n'est que très partiellement atteint me
semble t-il, l’utilisation de matériaux aux teintes claires (exceptées le bronze
effectivement), apporte une note supplémentaire de
fraîcheur à la présence de l'eau.
Il faut remercier les architectes Davioud, Simonet, Halo et Flament pour cette oeuvre aussi impressionnante que "remarquable" (au sens le plus littéral du terme entendons nous bien...), mais aussi au sculpteur francisque Joseph Duret à qui nous devons cette incarnation de l'archange St Michel (ce qui est en soit reste un exploit car représenter un ange n'est pas si aisé que ça, vous en avez déjà rencontré vous un ange ?).
Si ces quelques lignes vous semblent légèrement moqueuses il convient d'ajouter que l'accueil du public n'a guère été plus chaleureux (en témoigne d'ailleurs l'en tête de cet article), l'opinion jugeant l'ensemble incohérent et trop éclectique, dissimulant ainsi le mérite et le talent de chacun des architectes et sculpteur
étant intervenu sur
ce projet. Néanmoins, cette fontaine qui surplombe la Seine fait l'objet d'une inscription au titre de monument historique le 16 mars 1926.
Pour évoquer mon propre ressenti sur ce monument phare de Paris, je préciserai qu'effectivement l'ensemble reste dans une double obscurité : d'une part trop sombre car dévolu à un emplacement qui malheureusement n'est pas favorable à l'ensoleillement, mais aussi une lecture trop brouillée. Alors si notre bon St Michel arrive à trancher éternellement entre le bien et le mal et qu'il écrase le diable sur son rocher, son assaillant semble le conduire à rester invariablement dans la partie "obscure" ! (dans le sens premier du terme) ....une obscurité malgré tout bien relative et fort agréable les jours d'été et qui plus est par les temps caniculaires où l'archange voit alors à ses pieds non plus un satyre à piétiner mais des parisiens à abreuver (de fraîcheur). Car c'est bien l'eau qui m'a le plus retenue par une chaude journée d'août sur le bord du bassin, une fois de plus, hypnotisée par son chant, sa danse, sa fantaisie sans cesse renouvellée...
- Le 07/03/2011 à 20:31Paris au fil de l'eauCommentaires (4)Ajouter un commentaire
La grande Mosquée de Paris évoque suffisamment d'images en moi pour en faire un billet....Si c'est avant tout un lieu de rencontre, de transmission du savoir, de culture et de prière pour les musulmans c'est aussi un lieu d'échanges culturels pour les autres à travers les espaces que l'on peut visiter et qui sont aussi des lieux de vie pour tous avec notamment un salon de thé, un restaurant (hommage ici pour moi à un premier rendez-vous =)...), un petit souk et un hammam qui vous donnent des envies d'ailleurs. La grande Mosquée est un lieu suffisamment intéressant pour y consacrer un billet à part entière, ce que je ferai ultérieurement et s'il existe plusieurs fontaines entre ses murs, je m'arrête ce soir pour ce billet estampillé "au fil de l'eau" plus particulièrement sur les fontaines de la Cour d'Honneur.
Après avoir franchi la porte d'entrée faite de chêne clair clouté de bronze, le visiteur arrive dans la cour d'honneur (rhiad) inspirée des jardins hispano mauresques et des luxueuses habitations de l’Afrique septentrionale. Là, le jardin à l'andalouse est ponctué de plantations et de bassins, dans une palette de couleurs rafraîchissantes. Fontaines et escaliers s’entremêlent pour véhiculer l'eau jusqu'aux massifs de fleurs. Les deux fontaines qui occupent le centre du jardin et qui attirent forcément l'oeil du visiteur sont celles qui me plaisent le plus, faisant de ce lieu un petit oasis en plein Paris, assez dépaysant.
Construites en 1922 comme l'ensemble des bâtiments, (la Grande Mosquée est édifiée en hommage aux 100. 000 musulmans morts durant le premier conflit international, sur le modèle de la Mosquée de Fès), les deux fontaines centrales sont faites de marbre rose, pour la partie supérieure et d'un bassin au sol en forme d'étoile à huit branches (référence au symbole de l'Islam ?) pour la partie inférieure. Mosaïques de couleurs turquoise qui ne peuvent que plaire à la nageuse invétérée que je suis (oui, tout ce qui tourne autour de carreaux bleus pouvant évoquer ceux d'une piscine, me tapent en général dans l'oeil...)
Les couleurs froides (turquoises, verts, bleus) dominent et se juxtaposent subtilement aux couleurs chaudes (ocres, roses et marron), tout comme les matériaux : le bois (chêne, eucalyptus, cèdre) et le végétal dans son ensemble s'opposent au minéraux : mosaïque, corail, marbre blanc, dans une véritable harmonie qui laisse le visiteur dans la quiétude et la sérénité.
L'eau que j'ai rencontré lors de ma dernière visite était un peu endormie, comprenez stagnante, la saison imposant sans doute encore à ces fontaines un état d'hibernation...mais l'image du cadre accueillant cette eau, hautement symbolique dans l'Islam, s'y reflétant était déjà en soi un petit voyage poétique et exotique. L'ocre rose du marbre des bassins rappelant la couleur des paysages moyen orientaux.
Les fontaines adossées aux murs d'enceinte de la cour d'honneur, comme un écho aux vasques centrales, complètent et encadrent l'ensemble. Elles offrent, outre le rafraîchissement et le chant des cascades aquatiques, de véritables oeuvres d'art sur le plan sculptural du bois, du marbre et de la mosaïque....mais j'y reviendrai plus précisément dans un prochain billet...
- Le 28/02/2011 à 20:40Paris au fil de l'eauCommentaires (0)Ajouter un commentaire
De la place Jussieu à la place de la Sorbonne, il y a plus qu'un pas, il y a même surtout une belle petite montée avant d'atteindre le quartier du Panthéon...Nichée entre la Chapelle de la Sorbonne et le boulevard St Michel, la Place qui accueille la fontaine (ou plutôt l'ensemble des fontaines) que je vais évoquer dans ce billet, est un espace ouvert, lieu de rencontre et de passage pour les étudiants comme pour les touristes ou les parisiens du quartier (et d'ailleurs...). Construite en 1639, elle verra notamment Charles Baudelaire faire sa première lecture des "Fleurs du Mal "en 1857 (au numéro 3, porécisément).
En 1902 un mémorial est édifié à la gloire du philosophe Auguste Comte devant la Chapelle. Réalisé par Antoine Injalbert il rassemble une femme et un enfant
"symbole de l'humanité qui s’élève elle même un peu plus à chaque génération", et leur gauche un jeune homme, un livre à la main et une hache à ses pieds représentant
"les travailleurs manuels appelés à la culture intellectuelle". Une illustration de la vocation de ce haut lieu de la transmission du savoir, de la culture, de l’histoire (notamment marqué par la présence de l'Ecole des Chartes) et de l'enseignement supérieur dans son ensemble.
En 1980, l'architecte Boiret se voit attribuer la tâche du réaménagement de la place de la Sorbonne. L'hommage rendu au philosophe est déplacé à l'angle Nord-Ouest de la place et l'espace central ainsi dégagé est alors consacré à l'établissement de trois fontaines, comportant un bassin octogonal et de deux autres, rectangulaires placés en longueur, amenant le passant jusqu’à l'entrée de la chapelle.
Les jets des fontaines sont à écoulement permanent sous forme de geysers placés tout le long des bassins, jalonnant ainsi les flancs de la place. Je me suis un jour longuement arrêtée devant cette eau, en remous, presque
en ébullition, pleine de vie et de renouvellement, presque hypnotisée par les jeux de lumière dans la transparence de l'élément aquatique, et par les multiples formes créées par la force hydrolique. Outre le chant des cascades, c'est aussi un vrai plaisir pour les yeux..Avec ses larges margelles accueillant la pause du pasant, elles marquent cet endroit de Paris chargé d'histoire, par un élément de vie, par cette présence simple, elle rend ce cadre quelque peu sévère, austère et hiératique (tout comme les statues nichées dans la façade de la chapelle qui surplombent l’ensemble), vivant, simple, accessible, presque joyeux.
Sans cesse en mouvement, l'eau est ainsi une source d'innombrables effets visuels différents, tendis que le fond des bassins offre une multitude de compositions abstraites (qui pourraient inspirer plus d'un artiste), où viennent se fondre la vivacité et la fugacité de l'élément vital. Différents selon la lumière du jour, le fil des saisons, le spectacle de l'eau en mouvement, dans le cadre qui l'a dompté, reste éternellement unique, insaisissable et inaltérable.
Lire la suite ...
- Le 21/02/2011 à 20:34Paris au fil de l'eauCommentaires (1)Ajouter un commentaire
Pour ce nouveau billet évoquant une des nombreuses fontaines parisiennes, je vais (tenter) de décrire le travail de Guy Lartigue qui a laissé Place Jussieu une fontaine que bien des parisiens connaissent et notamment les étudiants qui la croisent pour se rendre à leurs cours. Il sera donc en effet ici question de "la Bouche de la vérité", réalisée en 1994, qui orne la place Jussieu et agrémente ce coin du 5ème, au pied de la station de métro et de l'entrée de l’université du même nom....si je n'avais pas eu à rechercher quelques éléments d'information sur le sculpteur à qui l'on doit cette réalisation, je n'aurais pas imaginé rencontrer et connaitre une analyse et une vision de l'élément aquatique aussi proche de la mienne et que je tente (à ma façon et à mon niveau bien sûr) de retransmettre à travers les photos (cf : Histoires d'Ô par exemple).
Mais c'est le sculpteur, sculptant la pierre comme il sculpte l'eau qui nous transmet au mieux tout ce que cet élément peut nous donner d'émotion, pour peu qu'on l'écoute et qu'on la regarde...
"La bouche de la vérité", comme son homonyme antique, est une fontaine monumentale de 3,5 m de diamètre, réalisée dans deux blocs
de granit gris celtique et percée dans sa partie supérieure d'une forme sphérique. Reposant dans un bassin également en forme de cercle, elle reçoit dans l'espace laissé vide, un jet d'eau de chaque côté, partant du bassin inférieur. Une rencontre entre deux jets d'eaux dans un creux propre à l'intimité comme à la connivence, un dialogue mais aussi une caresse entre deux éléments : l'eau et la pierre . Ici comme dans de nombreuses autres oeuvres monumentales, l'artiste sait provoquer chez le spectateur diverses impressions, après la première interrogation suscitée par l'inattendu de la forme et des volumes choisis pour cette fontaine dont la présence surprend toujours un peu.
Comme un magicien, Lartigue joue avec sa muse, ici en fines gouttelettes là en jets puissants, lui créant des chemins parfois inattendus, jouant sur les débits, les volumes, les espaces, les interstices parfois, bref, tout ce qui a trait aux trois dimensions, afin que l'eau qui entrera, passera et sortira puisse s'exprimer comme il l'entend....danser et chanter, d'une voix forte, comme dans un murmure...S'il joue avec l'eau, il joue aussi avec le regard et l'oreille du spectateur intrigué parfois par l'origine des jets et le bruit savamment orchestré de la chute de l'eau....un spectacle dont seul l'organisateur et le concepteur connait les coulisses...
Un bouillonnement dans les bassins, deux jets et un filet d'eau qui s'écoule comme le refrain d'une chanson...Avec quelques lignes pures, une savante maîtrise des données physiques hydroliques mais surtout avec beaucoup d'âme et de poésie, l'artiste nous transmet plus qu'un instant rafraîchissant et une oeuvre d'art moderne, c'est un ensemble vivant à part entière, participant ainsi pleinement à la vie du quartier pour lequel elle a été créée.
Ainsi Guy Lartigue exprime ici tout son admiration, sa vision mais aussi sa connaissance de l'élément vital à toute vie. S'il définit chacune de ses oeuvres comme un modelage avec l'eau, "sa copine inspiratrice", l'artiste réussit à l'exprimer, dans tous ses états, à travers des fontaines très différentes les unes des autres.
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