Blog > En traversant les ponts : entre eau et ciel, entre 15ème et 16ème, la danse de l'acier...

Le 18/08/2011 à 19:01 En traversant les ponts...

Après le romantisme et mes états d'âme du Pont Alexandre III puis le ressourcement et la poésie historique du Pont neuf...voilà que nous quittons l'agitation du coeur de la capitale pour aller rejoindre l'allée des Cygnes. Le pont parisien dont il sera question ce soir étant en effet le point de départ (ou d'arrivée) de cette promenade parisienne un peu oubliée, un peu délaissée, mais pas totalement dénuée d’intérêt et dont l'une des deux entrées/sorties rejoint son centre. Il s'agira donc ici du Pont de Bir Hakeim, singulier et intéressant à plus d'un titre : historique, architectural, urbain et artistique.

Alors que l'allée des Cygnes et la Seine sépare naturellement les 15ème et 16ème arrondissement, le pont Bir Hakeim les relie. Anciennement appelé "Passerelle de Passy", il est construit en 1878 pour les besoins et les fastes de l'exposition universelle de la même année. Ce premier pont est largement remanié entre 1903 et 1905 dans le cadre d'une seconde exposition universelle. 

L'ouvrage est renforcé dans les années 19430-1940 par des travaux qui font disparaître une partie de sa décoration d'origine. Le pont est alors rebaptisé "Pont de Bir Hakeim" en 1948, en souvenir de la bataille du même nom (une victoire remportée en 1942 par les troupes de la France libre dans le désert de Lybie). L'ensemble est classé aux monuments historiques depuis 1986.

Mais que présente il de particulier ? Il est en réalité composé de deux étages, un pont fluvial (de deux fois trois arches), sur lequel passent piétons, vélo (puisqu'une piste cyclable y a été installée) et voitures ainsi qu'un viaduc aérien (installé durant les travaux de 1905), posé sur le premier, permettant les trajets d'une ligne de métro. Entre terre (mais aussi....ou plutôt... fleuve) et ciel, le pont Bir Hakeim présente une remarquable installation tant architecturale qu'artistique, le tout dans un certain éclectisme qui n'est pas sans rappeler celui du Pont Alexandre III, qui, quand bien même très différent reste un ouvrage du même acabit.

Long de 237 m sur 24,7 m de large, il offre aussi bien une vue sur la Seine comme un spectacle architectural moderne assez impressionnant lorsque l'on est sous l'arche métallique, éclairée de chaque  côté par un chapelet de lanternes art déco.

Le pont aérien présente en son centre, juste devant l'entrée de l'alée des Cygnes, deux bas reliefs imposants évoquant d'un côté, "la Science" et "le Travail" de Jules Coutan, de l'autre "l'Electricité" et "le Commerce" de Jean-Antoine Injalbert...autant dire qu'il fallait bien que soient symbolisés des progrès et des sciences notables pour que l'on compare ces atlantes massifs à des notions plutôt abstraites....que surplombent deux "Fluctuat nec Mergitur" de pierre ornent le milieu du pont aérien, face à la Seine.

Quant au pont fluvial, sa décoration n'a pas non plus été oubliée, dans la tradition des ponts parisiens du 19ème siècle, elle offre au passage des bateaux mouches et autre péniches, la vue de quatre groupes (deux en amont et deux en aval) composés de quatre nautes équipés d'accessoires maritimes (filet, bouée, voile, etc.) et attachant un blason de la ville de Paris pour la première pile, et quatre forgerons-riveurs, qui fixent un blason aux monogramme de la République Française à la seconde.

Voilà un éclectisme décoratif qui correspond assez bien à l'éclectisme urbain environnant dans ce quartier déjà un peu en retrait. En effet les quartiers cossus du 16ème, rive droite font face, à ce que je me permets d'évoquer la "bavure architecturale" de Beaugrenelle, située sur la rive gauche.
Toute de fer vêtues, ces passerelles, grisée dans le ciel, verte au ras des flots de la Seine, évoque la prouesse et le développement de l'utilisation de l'acier dans l'urbanisme, insufflé par la révolution industrielle. Bien qu'assez ternes et froides elles ne sont pas sans charme ni originalité, que ce soit de l'allée des Cygnes où c'est la passerelle fluviale qui accompagne de loin les promeneurs entre quelques feuillages qui se marient à ses propres couleurs, ou que ce soit sou l'arche métallique grise qui supporte les rames de métro et qui offre une perspective aussi moderne que saisissante, notamment de nuit.

Et d'ailleurs, de nuit, peut-être verrais je un jour le fantôme de Désiré passer rapidement en roller ou en vélo entre les piliers d'acier gris...


Commentaire (1)

1. phil gag Le 19/08/2011 à 09:27

Article intéressant...mais je ne suis pas sûr d'avoir compris qui est Désiré à qui vous faites régulièrement allusion...
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