Blog > Paris à cheval : Sous la "France renaissante", une jeune guerrière...
Le 21/08/2011 à 18:52 Paris à cheval Oui il s'agira d'une renaissance ce soir dans cet article néanmoins placé sous le signe du cheval puisqu'une statue équestre sera donc ici évoquée, et pas n'importe laquelle. Je n'évoquerai en effet ni roi, ni empereur, ni héros, mais tout simplement une allégorie de notre pays, qui marque notre histoire moderne, celle de la "France renaissante". Symbole d'un pays qui sort triomphant de la bataille livrée à l'ennemi, symbole d'un pays qui garde son identité et sa liberté et qui renait de ses cendres.
Allégorie donc, située au centre du pont Bir Hakeim (charnière entre les 15ème et 16ème arrondissement), évoqué pas plus tard que dans l'un de mes derniers billets, sur un terre plein circulaire qui termine, en amont, l'allée des Cygnes. Face à la Seine, tournant le dos au viaduc, la statue semble presque prendre son envol..... Exécutée en 1930 par le sculpteur danois Holger Wenderkinch elle est offerte à la ville de Paris par la communauté danoise.
Alors qu'elle était censée représenter Jeanne d'Arc, sainte patronne de la France, la statue déplaît à la commission chargée de valider les édifices commémoratifs publics, qui ne reconnait pas dans les traits et la posture guerrière du personnage représenté l'image traditionnelle véhiculée par la pucelle d'Orléans. Pour éviter tout incident diplomatique avec le Danemark, il est finalement décidé de la rebaptiser "la France renaissante", de manière à lui retirer sa portée commémorative pour ne lui donner qu'un rôle décoratif (la commission n'ayant à donner son aval uniquement pour les éléments de commémoration). Elle est finalement installée en 1958.
Cet sculpture équestre représente donc un guerrier (à défaut d'une Jeanne d'Arc, je dirai guerrier mais le personnage m’apparaît plutôt androgyne, voire féminin...), sur son cheval, brandissant d'un bras une longue épée tendue vers l'avant, en plein assaut, de l'autre un étendard, tendis que le cheval est au galop.Si la statue a été dénigrée, la référence à Jeanne d'Arc est pourtant bien criante et relativement fidèle il me semble à l'image que l'on peut se faire de cette jeune femme qui était bel et bien une guerrière.....son armure (féminine !), mais aussi son étendard, son épée, et plus subtilement son auréole. Tout dans cette sculpture transpire l'allégorie et un grand lyrisme. Une vraie fusion semble régner entre le cavalier et sa monture, ils ne font presque plus qu'un dans l'élan de l'assaut, qui semble instinctivement, déjà victorieux....
Cette fusion se perçoit entre les deux éléments principaux, les deux protagonistes semblent en réalité ne plus faire qu'un (il faut dire qu'un cavalier sans sa monture ne gagne rien...), le corps du cavalier semble épouser la lignes et les formes de son cheval, pour à certains endroits, se confondre comme par exemple au niveau de sa jambe gauche.
L'artiste a sensiblement eu le souci de la symétrie qui contribue à l'équilibre et à la dynamique de l'ensemble. Le bras et le sabre tendus sont parallèles à la tête du cheval tendis qu'à l'autre extrémité de la statue, c'est l'étendard et la croupe de la monture qui sont en osmose, comme une réponse harmonieuse avec l'avant du groupe. De
même à la base de l'édifice, le mouvement du galop apporte autant de symétrie qu'en l'air, ce que n'aurait pas évoqué un trot ou une marche au pas.
Le mouvement est intégralement tourné vers l'avant et surtout en quête de hauteur, la tête du cheval semble apporter à lui seul le signe d'une victoire et d'une renaissance que vient encore accentuer la représentation de la bête au galop. Par cette dynamique empreinte d'une grande fluidité cette statue semble presque avoir été faite
pour cet emplacement précisément du fait de sa couleur vert d'eau qui fait presque écho à la Seine (même si cette dernière ne fait pas état d'une grande pureté....), mais aussi des lignes sinueuses qui m'évoquent instinctivement l'onde, une conquête presque fluviale, un emplacement pour un grand destin, une renaissance...
Il ressort également une grande pureté qui correspond au personnage initialement représenté, mais aussi à l'idée que l'on peut se faire d'une naissance et donc d'une renaissance....cette pureté se traduit par les lignes, le mouvement et les volumes donnés à cet édifice.
Il est bien dommage que cette statue ne soit pas plus mise en valeur et ne soit pas plus connue, car elle mérite un intérêt, tant sur le plan artistique, que symbolique et même politique.....c'était à l’origine un cadeau...