Comme l'intitulé l'indique, cette catégorie d'articles offre quelques informations et réflexions sur l’histoire et le patrimoine parisien (et souvent par extension au patrimoine national). Il permet de découvrir Paris sous l'angle de l’histoire des bâtime
"Dans le coeur du 3ème arrondissement, Au numéro 9 de la rue Charlot plus exactement, Derrière une haute porte cochère, Au large fronton de pierre, Se cache un endroit historique, Aujourd'hui tourné vers la création artistique.
(Admirez la succession de rime, totalement impromptue et involontaire...)
Un passage culturel et intemporel,
Qui permet de traverser les portes du temps,
En l'espace d'une cour pavée,
Et d'un accrochage approprié,
(Allez j'arrête là, je reconnais que ça pourrait devenir lassant..)
Je vais donc ce soir ,
Dévoiler un peu de l'histoire,
De ce lieu chargé de passé,
Aujourd'hui recomposé....
(Promis, je ne le fais pas exprès...)
Peut-être cette petite fantaisie littéraure introductive me vient de la visite faite aujourd'hui au Passage de Retz qui fut, il y a bien longtemps, marqué par quelques personnages ayant le goût des mots...
Cet ensemble architectural retrace à lui tout seul un peu de l'histoire parisienne depuis le XVIIème siècle. Construit entre 1613 et 1632 pour un homme de la cour, Daniel Martin de Mauroy, trésorier du duc de Guise, l'hôtel de Retz est ensuite racheté en 1649 par le Cardinal de Retz (connu pour ses "Mémoires", évoquant notamment l'épisode de la Fronde) et dont il héritera d'ailleurs du nom. Un peu plus tard l'hôtel y accueillit également un autre personnage de lettres, Mme de Sévigné. A partir de la fin du XVIIème siècle, il passa alors régulièrement de mains entre plusieurs familles aristocrates parisiennes et en 1804 il vit naître Nestor Roqueplan, rédactreur en chef du Figaro, directeur de l'Opéra comique et du Châtelet.
En 1839, l'hôtel brûla mais fut rapidement reconstruit. Passé la Révolution française et ses séismes politiques, économiques et sociaux, il devint alors un centre de production : les cartonnages du Marais, puis à partir de 1950 les jouets Frydmann. C'est l'héritière de cette entreprise qui décida quelques décennies plus tard de transformer l'ensemble architectural en plusieurs îlots où se côtoient aujourd'gui des ateliers de design, entreprises de prestige, mais aussi de(s) (chanceux) particuliers, et enfin le Passage de Retz, espace culturel dédié à l’évènementiel, ou vous pourrez jusqu'au 13 septembre allez admirer l’exposition estivale "Not for sale" (une visite in situ me donnera l'occasion d 'ailleurs de l'évoquer dans un prochain billet estampillé "la rue e(s)t la cimaise".
Dans la cour, quelques oeuvres d'art contemporaines annoncent d'ailleurs elle mêmes la couleur (enfin plutôt le style) de la démarche culturelle initiée par le Passage de Retz qui se veut "lieu d'expression, de relations et de rencontres. Un passage de questionnement et d'investigation". Comme cette sculpture que mon appareil photo a saisi et qui me semble illustrer parfaitement l’esprit de ce lieu culturel parisien, miroir entre passé et présent, entre l'histoire déjà écrite et celle qui reste encore à rédiger.....
Paris en toute lettre, c'était le slogan il y a quelques semaines de cette manifestation littéraire à l'initiative de la Mairie de Paris, et ce soir l'intitulé de ce billet. Aujourd'hui donc, pas de suggestions de sorties, de balade, d'expo ou d'excursions culturelles citadines, mais un peu de littérature. Paris a souvent été le cadre de romans, d'essais, de poèmes....une source d'inspiration inépuisable permettant de mettre en scène aventures, tragédies, romantisme, petits et grands drames, notamment au XIXème siècle, époque de grands bouleversements, urbains, économiques, culturels. Alors ce soir, voilà par ces quelques lignes comment Zola a utilisé la capitale pour faire jouer la grande fresque de la Comédie Humaine...
......"Il n'eut plus qu'une pensée, qu'un besoin, s'éloigner des Halles. Il attendrait, il chercherait encore, plus tard, quand le carreau serait libre. Les trois rues du carrefour, la rue Montmartre, la rue Montorgueil, la rue Turbigo, l'inquiétèrent : elles étaient encombrées de voitures de toutes sortes ; des légumes couvraient les trottoirs. Alors, il alla devant lui, jusqu'à la rue Pierre-Lescot, où le marché au cresson et le marché aux pommes de terre lui parurent infranchissables. Il préféra suivre la rue Rambuteau. Mais, au boulevard Sébastopol, il se heurta contre un tel embarras de tapissières, de charrettes, de chars à bancs, qu'il revint prendre la rue Saint-Denis. Là, il rentra dans les légumes. Aux deux bords, les marchands forains venaient d'installer leurs étalages, des planches posées sur de hauts paniers, et le déluge de choux, de carottes, de navets recommençait. Les Halles débordaient. Il essaya de sortir de ce flot qui l'atteignait dans sa fuite ; il tenta la rue de la Cossonnerie, la rue Berger, le square des Innocents, la rue de la Ferronnerie, la rue des Halles. Et il s'arrêta, découragé, effaré, ne pouvant se dégager de cette infernale ronde d'herbes qui finissaient par tourner autour de lui en le liant aux jambes de leurs minces verdures. Au loin, jusqu'à la rue de Rivoli, jusqu'à la place de l'Hôtel-de-Ville, les éternelles files de roues et de bêtes attelées se perdaient dans le pêle-mêle des marchandises qu'on chargeait ; de grandes tapissières emportaient les lots des fruitiers de tout un quartier ; des chars à bancs dont les flancs craquaient partaient pour la banlieue. Rue du Pont-Neuf, il s'égara tout à fait ; il vint trébucher au milieu d'une remise de voitures à bras ; des marchands des quatre-saisons y paraient leur étalage roulant. Parmi eux, il reconnut Lacaille, qui prit la rue Saint-Honoré, en poussant devant lui une brouettée de carottes et de choux-fleurs. Il le suivit, espérant qu'il l'aiderait à sortir de la cohue. Le pavé était devenu gras, bien que le temps fût sec ; des tas de queues d'artichauts, des feuilles et des fanes, rendaient la chaussée périlleuse. Il butait à chaque pas. Il perdit Lacaille, rue Vauvilliers. Du côté de la Halle au blé, les bouts de rue se barricadaient d'un nouvel obstacle de charrettes et de tombereaux. Il ne tenta plus de lutter, il était repris par les Halles, le flot le ramenait. Il revint lentement, il se retrouva à la pointe Saint-Eustache".
C'est récemment en faisant une promenade à vélo, balade qui m'a totalement séduite (du fait sans doute de la présence de l'eau),....que l'idée de faire un billet un billet sur le bassin de la Villette m'est spontanément venue. D'autant que lieu en question marque également un petit paragraphe historique parisien, du moins sur le plan architectural et urbain.
Je qualifierais cet endroit de "poumon" du 19ème arrondissement, du fait de la présence de l'eau bien sûr mais surtout parce que l'esplanade qu'elle offre, représente un lieu de passage et de rencontres en tout genre, à l'ombre de la rotonde. Cette vénérable dame qui ressemble un peu à une barrique (sans vouloir la vexer), offre un témoignage direct de l'ancien régime et de l'évolution de la ville de Paris. Il me semblait intéressant de m'y arrêter en quelques lignes pour évoquer l'histoire de ce lieu, sa configuration et son potentiel actuel.
En partant de la rotonde, vous pouvez longer les deux côtés du bassin, et ainsi sur quelques centaines de mètres flâner juste à fleur de l'eau. En trouvant un créneau horaire qui puisse vous abriter de l'affluence et de l'agitation parisienne quotidienne, vous entendrez peut-être le bruit de l'eau et voir le ballet des mouettes faire le rase motte sur les reflets au soleil...dans ce cadre, à l'ombre des arbres et au pied des vieilles pierres, vous en venez presque à vous demandez à quoi pouvait bien servir la vieille dame blanche...et bien voilà la réponse.
C'est à Claude Nicolas Ledoux, figure emblématique du classicisme français , que nous devons cette imposante barrique de pierre à fenêtres. Édifiée à la toute fin de l'ancien régime, elle avait notamment pour fonction celle de notre centre d'impôts d'aujourd'hui puisqu'il s'agissait du "péage" des fermiers généraux qui contrôlaient les marchandises entrant dans la capitale. Ce centre de contrôle se composait en fait de cinq bâtiments, la rotonde étant le plus imposant et le seul subsistant de nos jours. Pourtant elle n'a finalement pas beaucoup servi de pôle douanier, puisqu'en 1791 lorsqu'est décidé la levée de l'octroi, elle est désaffecté. Au XIXème siècle, elle sert successivement de caserne de la garde municipale puis de grenier à sel.
On a de la chance de pouvoir flâner autour de cette demoiselle, car elle a tout de même échappé par trois fois à la destruction : tout d'abord sous les assauts modernistes du baron Haussmann, puis sous l'assaut des flammes lors d'un incendie sous la Commune et enfin sous la menace du tracé du métro parisien en 1900....mais la belle résiste, et son inscription au registre des monuments historiques en 1907 devrait à présent la laisser tranquille et la protéger de projets destructeurs...
Ledoux a fait de ces pôles de contrôle des fermiers généraux (autrefois au nombre de 54 dans Paris) des propylées dont le plus imposant est notre héroïne du jour. Inspirées de la Rotunda de Palladio qui en est le modèle principal, elle sont réalisées en pierre de taille. Elles renvoient directement au registre architectural et décoratif de l'Antiquité : colonnes doriques, frontons, entablements, métopes et triglyphes sont ainsi des récurrentes. Les formes épurées et les volumes contrastés apportent le charme qui rappellent également la renaissance italienne.
Le propylée de la Villette a les pieds dans l'eau...aboutissement du Canal de l'Ourcq, le bassin de la Villette, creusé de 1806 à 1809 est inauguré en grande pompe le 2 décembre 1808 pour fêter la première arrivée d'eau. Long de 800 mètres et large de 80, le bassin fournit de l'eau en abondance aux parisiens grâce à quatre galeries qui alimentent les fontaines de la capitale. Le bassin servit également de patinoire lors des hivers rigoureux de 1810, 1816, 1820, 1827 et de cadre à des joutes nautiques l'été. A partir de 1838, un coche d'eau relie Paris à Meaux, deux fois par jour dans chaque sens. Ces diverses activités ont ensuite favorisé la multiplication des guinguettes le long des berges, qui finalement perdurent plus ou moins encore de nos jours.
Et aujourd'hui ? Et bien au delà d'agrémenter votre promenade, d'être un bel espace pour roller et autre trotinnettes et de servir de point de rencontre pour de nombreux parisiens, le bâtiment est depuis 2009 en réhabilitation pour devenir un lieu de rencontre, culturel et festif.
C'est par un fait d'actualité parisienne que je traite (partiellement et sous un certain angle bien sûr) par ces quelques lignes, les magasins de La Samaritaine,
Ce grand magasin au parcours historique incontournable dans l'histoire du commerce parisien, un peu d'ailleurs comme celui de M. Potin évoqué précédemment, a fermé il y a quelques années ses portes pour cause de vétusté et dangerosité. Mais aujourd'hui les propriétaires (en l'occurrence son voisin "d'en face"...LVMH) dévoile les projets de réhabilitation des bâtiments, qui font véritablement partie du patrimoine artistique et urbain parisien et sur lequel je voulais quelque peu ce soir.
Mais avant d'évoquer le futur... revenons un peu sur nos pas, dans ces petites rues qui font le quartier du Pont Neuf, où il y a quelques années encore les portes à battants vitrées s'ouvraient et se fermaient sans cesse sur le passage des parisiens, dans un bruit mécanique caractéristique inspirant la fébrilité de la capitale.
L'origine de ce temple du commerce est suffisamment intéressante pour que l'on s'y arrête quelques instants. Ce sont deux parisiens justement qui vont faire prospérer ce qui était à l'origine qu'une toute petite entreprise de cravates. Ernest Cognacq et Marie-Louise Jay (qui légueront ensuite leur patrimoine à la ville de Paris dans leur magnifique hôtel particulier du boulevard Haussmann qui deviendra plus tard le musée Cognacq-Jay) sont en effet partis de quasiment rien pour petit à petit faire de ce magasin un lieu de commerce incontournable à Paris.
La petite boutique devient au fur et à mesure des acquisitions dans le quartier du Pont neuf un vaste complexe commercial, chaque pâté de maisons acquis par le couple étant réaménagé ou reconstruit progressivement entre les années 1880 et 1900. C'est essentiellement l'architecte Frantz Jourdain qui applique sur les sept étages des bâtiments les principes de l'Art Nouveau qu'il affectionne particulièrement dont le thème récurrent est l'élément végétal et notamment floral, mis à l'honneur tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Les lignes sinueuses, les belles proportions, les tonalités pastels qui évoquent complètement l'aube d'un nouveau genre dans les arts décoratifs et l'influence du Jungenstil sont pleinement présentes dans ce témoignage architectural et décoratif. Pour se figurer les décors intérieurs de ce panthéon commercial, Il suffit de se figurer la coupole des Galeries Lafayette pour se faire une idée de celle de la Samaritaine.
Si je n'ai pas de photos de l'intérieur du bâtiment, je m'appuie sur mes souvenirs de parisiennes pour évoquer ce petit temple du commerce où la ménagère de la capitale trouvait tout ce dont son intérieur pouvait avoir besoin, et accessoirement sa petite personne également... (le slogan publicitaire : "on trouve tout à la Samaritaine", était une accroche qui a particulièrement fait mouche dans les années 1960 mais qui me semble pourtant bien démodée et bien usée en ce début de XXIème siècle, mais passons...).
J'ai souvent trouvé qu'au delà du témoignage d'un style artistique, les façades et les décors de la Samaritaine annonçaient surtout au client un petit côté surrané, démodé et vieillot au sein même de l'entreprise. Il me semble que l'organisation et le fonctionnement de ce magasin reflétaient une notion du commerce un peu dépassé et en perte de vitesse. Il aura simplement fallu d'un risque réel dans l’infrastructure de l'édifice, ajouté à la menace du commerce électronique pour faire fermer les portes du magasins qui était de plus depuis quelques temps assez distancé par ses concurrents du boulevard Haussmann...
Mais c'était sans compter la créativité et la détermination des propriétaires de l'enseigne sur lesquels semble veiller la samaritaine du puits de Jacob....En effet, depuis la fermeture des locaux, on planche sur un projet de réhabilitation présenté comme novateur et visionnaire : un hôtel qui ouvrira ses portes en 2014, mais pas uniquement : commerce, bureaux, logements sociaux (chers à la mairie de Paris), une crèche.
Ce projet au delà d'être un vaste chantier de restructuration architecturale (la verrière et l'ensemble des décors arts déco seront restaurés pour mettre en valeur ce nouveau complexe, faisant de ce plan un projet résolument tourné vers l'avenir mais attaché à son histoire et à son patrimoine), sera également social, économique et touristique et créera pas moins de 2400 emplois. Un nouveau poumon pour ce coin du 1er arrondissement qui fera écho non loi de là à la modernisation du forum des halles lui aussi réhabilité.
Il est heureux que les travaux prévoient une conservation de l'ensemble de ces bâtiments et de ces décors, véritables témoignages du passé et d'une époque que le magasin en lui même ne connaîtra plus et que les parisiens ne verront plus du même oeil...
Je n'ai jamais été très douée en latin, j'ai décliné l'invitation des déclinaisons à en apprendre encore un peu plus sur notre belle langue française et me permettre par la même occasion d'élargir mon vocabulaire....je n'ai pas pour autant beaucoup de regrets, je préfère jouer avec les mots et les phrases de la langue de Molière (et ce blog en est d'ailleurs un bon moyen il me semble) et laisser le jeu des thèmes et des versions aux esprits plus mathématiques que le mien.... Non, ce soir je ne parlerai donc pas de latin mais j'en évoquerai tout de même quelques mots, trois précisément et pas n'importe lesquels puisqu'il s'agit de notre devise parisienne, ce "Fluctuat Nec Mergitur" qui orne fièrement frontons et agrémente l'espace public sur de nombreux décors un peu partout dans Paris.
Emblème de la capitale, ce bateau voguant au gré des eaux, s'il tangue à travers les mots, ne semble pas en péril sur les bas reliefs que l'on croise ici au dessus de l'entrée d'une école, là au fronton d'une mairie, érodé par l'eau sur les cartouches de la fontaine St Sulpice, à moitié effacé par le vent et les intempéries à certains endroit, il résiste au temps qui passe....On le voit encore sur les colonnes Morris, et s'impose de manière récurente dans le moindre espace ornemental susceptible de symboliser la ville de Paris (lampadaires panneaux.....). Si ce bateau apparaît à de nombreux endroits, il ne devient avec ces trois mots, officiellement la devise de la ville de Paris qu'en 1853, par le fait du "prince" Haussmann....En effet, ils n'étaient jusqu'alors qu'un symbole et une devise parmi d'autres. Couronnant les édifices publics et caressé par le drapeau national qui l'accompagne bien souvent, il rappelle à lui tout seul non seulement les origines de la ville qu'il symbolise mais aussi son âme.
Son histoire comme celle de la capitale est étroitement liée à celle de la Seine....une fois encore il s'agit d'une histoire d'Ô....Cette eau si présente dans Paris, essentielle, comme une colonne vertébrale, élément vivant qui fut et qui est encore le premier témoin de notre histoire qu'elle a forgé au fil des siècles. Les latins (encore eux) l'ont surnommée Sequanna, "la paisible rivière"....et c'est bien cette impression de force tranquille que je ressens à chaque fois que je flirte avec les quais...
Nous devons ce symbolique navire sur les flots à la puissante corporation des "nautes", marchands ayant une totale main mise sur la Seine, gérants de la municipalité au moyen âge, en quelque sorte la souche de notre administration municipale actuelle. Ces puissants avaient l'exclusivité de la navigation sur la Seine. Le chef des "nautes", prévôt de la marchandise d'eau, devient prévot des marchands, puis maire de Paris et enfin préfet de la Seine. Les historiens attribue les armes de Paris à cette origine plutôt qu'à la forme emblématique de la cité qui était composée de trois îles. C'est donc bien de la matrice de la Seine qu'est née la ville....
Aussi important que sont nos trois couleurs nationales pour la France, ce bateau aux voiles hissées comme pour faire face aux aléas de la navigation semble défier les siècles, les turpitudes de chacune des époques, et comme à chaque ère, aujourd'hui encore, malgré les vicissitudes de notre société actuelle, oui, il tangue, certes il chancelle, il oscille, il vacille, mais il ne sombre pas, il ne coule pas.
Tel cet emblème parfois je me sens, comme chacun, chacune d'entre nous je crois peut également se reconnaître dans cette barque, que nous sommes tous plus ou moins : Peu assuré, pas rassuré, allant vers l'inconnu que nous devons affronter, chaque jour, dans les petites comme dans les grandes décisions, les petites comme dans les grandes épreuves, il me semble que ce "fluctuat nec mergitur", c'est le sens de la condition humaine, ce qui fait que malgré les épreuves et les difficultés, aussi diverses et variées qu'elles puissent être, tant que le souffle de vie est en nous, nous ne sombrons pas. Au contraire, les tempêtes qui nous font vaciller nous permettent de mieux avancer, de poursuivre et de persister...sur le chemin de notre destin.
C'est par le biais d'Aimé Césaire, que la Nation a officiellement et symboliquement porté jusqu'au Panthéon, que je voudrais évoquer ce soir en quelques lignes ce bâtiment. Si je n'ai pas encore visité ce majestueux "temple des grands hommes", je suis déjà évidemment passé sur la place qui porte son nom. Il évoque d'ailleurs en moi des souvenirs très précis, notamment celui d'une rencontre marquante, un instant de ceux qui restent à jamais gravé dans votre mémoire, sans même que vous sachiez vraiment pourquoi.. .C'est ainsi qu'à chaque fois que je monte la rue du Cardinal Lemoine voyant se profiler dans le ciel (souvent bleu...le bleu du ciel des jours heureux), la lourde coupole chargée d’intensité historique, je ressens toujours le même impression, mais surtout un afflux d'images, de souvenirs et de sensations venant ainsi percuter ma mémoire.... Mais arrêtons là l'introspection et penchons nous plutôt quelques instants sur cet édifice. C'est donc en hommage au chantre de la négritude, Aimé Césaire, celui qui finalement prouve bien que l'homme africain est bel et bien "entré dans l'histoire", que je rédige ces quelques lignes sur cet édifice "phare" du 5ème arrondissement.
Et phare est justement le mot....du haut de la montagne St Geneviève, la Sainte patronne de Paris, il surplombe et semble éclairer, tel un phare, ce quartier latin si effervescent. Aussi imposant qu'il semble immortel sans doute du fait tout d'abord de son nom, mais aussi de la fonction qu’on lui a donné juste après la Révolution. Il faudrait plus de quelques paragraphes pour parler en détail de ce monument qui a respiré l'air des grandes heures de l'histoire, de France, l'air du souffre de la Révolution mais aussi celui plus clément qui a suivit, pour ensuite devenir, non pas le tombeau des rois de France, abolition de l’ancien régime oblige, mais de ceux qui ont fait la grandeur de la France, que ce soit sur le plan politique (Jaurès, Gambetta, Moulin...), scientifique (les époux Curie...) que littéraire (Hugo, Zola, Malreaux, Dumas....).
L'esquisse du portrait de ce tombeau géant dont la stelle pourrait être le magnifique fronton que l'on doit au sculpteur David d'Angers, comme les inscriptions que l'on trouve sur les murs à l'intérieur même du bâtiment, montrant ainsi à tous combien la patrie honore ses fils....prendrait nécessairement plus de quelques lignes...
Alors, pour ne pas vous lasser inutilement, lecteur, et surtout pour ne pas faire de l'ombre ce soir au poète, je me réserve un prochain article pour évoquer plus en détail l'histoire et la physionomie de cette prouesse architecturale (le temps surtout pour moi de me faire une opinion un peu plus précise in situ u_u....). Pour l'heure, je vous partage ce poème sur l'eau, quelques vers qui me rapprochent un peu d'Aimé Césaire...
"Mon eau n'écoute pas mon eau chante comme un secret Mon eau ne chante pas mon eau exulte comme un secret Mon eau trvaille et à traers tout roseau exulte jusqu'au lait du rire Mon eau est un petit enfant mon eau est un sourd mon eau est un géant qui te tient sur la poitrine un lion ô vin vaste immense par le basilic de ton regard complice et somptueux"
Dans la petite rue Cadet (située dans le 9ème arrondissement), passante et animée par ses nombreux commerce de proximité, se ache une adresse un peu oubliée derrière une grande porte cochère à la peinture un peu écaillée et à la façade ternie par le temps et les déboires urbains. De prime abord, impossible de savoir ce que l'on a fait derrière ce numéro 9...certes on peut se fier au panneau "photographie industrielle" qui surplombe le porche mais ce ne sera guère suffisant pour se faire une véritable opinion des vies qu'ont connus successivement ces murs.... seul un petit écriteau de la municipalité explique en quelques lignes un bref rappel de l'historique de l'Hôtel Cromot du Bourg : Au XVIIIème siècle, à l'époque où ce coin de Paris était encore un faubourg soit un quartier en dehors de Paris, le jardinier du roi Louis XV y résidait. A la fin du siècle des Lumières, le premier commis des finances du roi, Jules David Cromot, Baron du Bourg y fit de nombreux travaux, la propriété devenant ainsi un riche hôtel qui fut ensuite partagée en plusieurs lots dont l'un fut occupé par la famille Dutuit, célèbres collectionneurs. A la mort d'Auguste Dutuit en 1902, la municipalité recueillit les collections et racheta l'immeuble de la rue Cadet.
Un jardinier, un collectionneur donc....mais pourquoi des pianos alors ? Tout simplement parce que le numéro 9 de la rue Cadet a également été à partir de 1808 la fabrique de piano de la famille Pleyel (Ignace le père et Camille le fils), originaire de Vienne. Au premier étage, Ignace Pleyel y organise des concerts qui lui permettent de faire connaitre ses pianos. Chopin y donna d'ailleurs le 26 février 1832, son premier concert devant le Tout-Paris musical. Il y jouera à plusieurs reprises et c'est là qu'aura lieu son dernier concert public parisien, devant la famille royale, le 16 février 1848. Les ateliers Pleyel emploient alors 350 ouvriers et fabriquent 1400 pianos par an. Mais c'est en 1831 que la la marque connait une véritable développement sous l'impulsion de Camille qui reprend la succession de son père. En 1839, les ateliers déménagent pour s'installer au 22, rue de Rochecouart (une adresse bien connue puisque) La suite de la saga pleyel se passe ensuite en dehors des murs de Paris....mais le numéro 9 de la rue Cadet reste associé au nom du célèbre fabricant de pianos... Et la photos dans tout ça ? et bien après les pianos, vinrent les photos...une autre production, un autre art, une autre vie pour ces murs du XVIIIème siècle....
Aujourd’hui, si l'on n'en entend plus le moindre bruit de piano on trouve un autre charme, un peu caché, en retrait, tout discret mais quand même là, et sans doute qu'il conviendrait encore développer....la cour intérieure de l’hôtel Cromot du Bourg a été réaménagée récemment par la mairie en un petit espace de biodiversité: "un jardin nomade corridor biologique de biodiversité" situé en plein coeur de la ville : quelques bancs, quelques bacs où "végètent" (après tout c'est leur boulot...) quelques plantations.... rien de prétentieux mais un peu de verdure et une initiative qu'il convient de saluer.....remettre un peu de nature là même où quelques siècles plus tôt fleurs en tout genre et peut-être fruits et légumes avaient déjà élus domiciles il sembvlerait que la boucle soit bouclée....
Pour plus détail sur cette initiative qui doit trouver des homologues dans d'autres coins de la capitale, lire la suite de l'article....
Alors oui, il y a déjà des photos qui on tété prises sur cette anomalie (ou fantaisie) architecturale du second arrondissement, notamment le photographe Laurent Atget qui en 1903 a immortalisé cette adresse où l'on trouvait à l'époque, notamment des journaux, mais aussi ces dernières années, le bâtiment ayant été visiblement l'objet de quelques clichés sur différents blogs... Alors je vais, moi aussi, apporter ma (petite) pierre à l'édifice (!), à ma façon...En fait je trouve que peu de choses ont été écrite, alors je vais essayer d'étoffer en quelques lignes les éléments qu'on peut trouver ça et là, à propos de ces quelques métres carrés d'ardoises et de murs peints d'un rose pâle qui n'est pas sans évoquer les façades du sud..
Si elle n'avait pas été évoquée lors de la traversée de Paris de dimanche dernier (voir l'article sur le sujet), ces quatre étages parisiens n'auraient sans doute pas fait l'objet d'un billet, mais puisque ces murs sont vénérables et notables...
La première particularité de cette bâtisse édifiée en forme de triangle, réside dans le fait qu'elle ne présente qu'une pièce par étage, une succession de fenêtres donnant sur la rue de Cléry, et acune de l'autre côté, dans la rue Beauregard. Ce petit immeuble se dresse en avant, fier, comme la proue d'un navire, surplombant le grand boulevard et devant la majestueuse et imposante porte Saint Denis, semble hausser des épaules, malgré ses quatre petits étages, il domine l'animation qui règne dans ce quartier qui unit le second au 10ème arrondissement. au dessus de la porte d'entrée, figure le nom que l'on a donné à cet endroit, sur une plaque habituellement réservée au nom des rues. Ainsi, cet édifice est estampillé du patronyme "Pointe Trigano"...
La seconde particularité est qu'elle a été le berceau d'un certain André Chénier (pour en savoir un peu plus sur ce monsieur, lire la seconde partie du billet) qui vécut là avant d'être arrêté par les révolutionnaires. Une plaque commémorative (une quatrième estampille sur le bâtiment...) rappelle que le poète a peut être trouvé à cette adresse l'inspiration nécessaire pour composer ses vers....
Tel un phare éclairant humblement les petites rues avoisinantes de cet arrondissement où les plaques bleues et vertes des rues côtoient encore les noms gravés dans la pierre de ce qui étaient avant Napoléon des passages ou des ruelles, la pointe Trigano marque à sa façon ce coin parisien qui jusqu'en 1860 était l'enceinte de la capitale.
Je parlais il y a quelques semaines de l'hôtel du Crillon et de ses fabuleux travaux suite au rachat du palace par une famille princière saoudienne, en vue d'un réaménagement important. Je souhaite évoquer par ce billet, non pas l’hôtel de luxe mais son jumeau qui se dresse juste de l'autre côté de la rue Royale, dans une perspective toute classique, bien en face de l'Assemblée Nationale et qui est au centre d'une polémique politico-éonomico-culturelle comme Paris sait si bien en créer.... cet article ne sera pas donc pas placé sous le ciel étoilé des mille et une nuit comme l'hôtel d"en face", mais sous le pavillon de l’hôtel de la Marine, puisqu'il s'agit effectivement bien de ce bâtiment....
Si j'évoque aujourd'hui ce joyau du patrimoine français (voir les quelques lignes en deuxième partie de l'article) que bon nombre de parisiens ignorent, ou tout au moins méconnaissent, c'est parce qu'il est l'objet de bien de causeries, articles, débats, passion (un peu), convoitise (beaucoup). Au point que les plus hautes sphères de l'Etat s'en mêlent...
Pour expliciter le cas, il convient de rappeler quelques éléments : Bâtiment historique, témoin des plus grandes heures de l'histoire de France, lieu de mémoire, ces murs abritent aujourd'hui l'Etat major de la Marine....seulement voilà, ce dernier va bientôt (d'ici fin 2014 précisément), larguer les amarres et prendre le large pour débarquer et installer l’équipage dans de nouveaux locaux dans le 15ème...Et comme la nature a horreur du vide (comme le disait ma grand-mère), le propriétaire des lieux (l'Etat), cherche à péréniser l'ensemble immobilier, et tant qu'à faire de manière à ce que cela ne coûte pas (et tant qu'à faire même, de façon à ce que ça puisse aussi rapporter un peu...), alors il a chargé un gestionnaire privé de proposer des initiatives en vue du transfert d'occupation et d'activité dans les locaux. Ce qui a suscité une première polémique, relayée par des personnalités du monde politique et culturel, puisqu'au vu des première suggestions faites, qui relevaient effectivement plus du "barnum commercial" tenus par des marchands du temple les lieux perdraient leur identité, et pire leur âme pour satisfaire des caprices luxueux de visiteurs "de prestige" (enfin tout dépend ce que l'on entend par prestige et par prestance...), en tout cas des hôtes aux poches beaucoup trop lourdes.
Alors pour que les choses soient transparentes et que les décisions ne se prennent pas que dans un bocal, le Président de la République (hismelf) a choisi de poser un appel à candidature et de créer une Commission indépendante, placée sous le patronage du Ministère de la Culture et de la Communication, afin qu'effectivement toutes les propositions puissent être entendues. Ce à quoi se sont encore élevées certaines voix, notamment celle du pouvoir législatif, décidant à son tour de créer une "Commission de la Défense" (en collaboration avec le ministère de la Défense donc), chargée de réaliser d'autres concertations pour être dans la mesure de déterminer la meilleure utilisation de l'Hôtel de la Marine. Composée de 13 députés, elle a du effectuer ses propres travaux dans l'urgence puisque que le dépôt des candidatures pour l'appel à projets en vue de "l'occupation, la mise en valeur et l'exploitation" du bâtiment (lancé fin novembre et déjà repoussé) est fixée au....7 février prochain...Une décision qui sera tout de même lourde de conséquence puisque l'Etat propriétaire des lieux envisage de conclure un bail au long cours, soit sur 60 à 80 ans...
Mais au fait, quid des propositions, sur quel océan l’hôtel de la marine va il bientôt naviguer ?
Et bien, diverses propositions plus, ou moins tenables, réalistes ou idéalistes, culturelles ou mercantiles sont suggérées : d'où les mille et une vies...les idées en effet ne manquent pas pour pérenniser, égayer (oui, ça semble un peu dormir là dedans...) et revisiter ces bâtiments historiques qui ne demandent qui'à vivre et à servir, à conditions que ce soit fait intelligemment...
Pour relayer des avis déjà partagés dans la presse, voici ce que certains ont imaginé faire dans les locaux bientôt vide de la Place de la Concorde....
Un Musée du patrimoine maritime, de nouveaux bureaux pour le Conseil Constitutionnel, des appartements de prestiges pour les chefs d'états étrangers, un gite culturel à thèmes, un musée de Lumières du XVIII qui témoignerait de l'influence de ce siècle sur notre époqueun lieu de luxe français, un haut lieu de la gastronomie d'inspiration maritime, un espace pour loger le Mobilier National, un lieu d’échange culturel, vivant et festif, en mouvement qui ne serait pas un musée, un endroit pour célébrer le progrès des sciences, des techniques, des arts et des droits de l'homme, un haut lieu pour le marché des ventes aux enchères françaises...Certains ont pensé aussi à en faire des bureaux et des logements sociaux...
Voici donc les mille et une vie que l'on veut, ou que l'on peut, prêter à ces illustres murs égayés de quelques stores rayés bleus et blancs....aux lignes pures et aux détails sculptés d'une grande finesse....ce qui est sûr c'est que le pavillon qui flotte en haut du mat du bateau restera lui bien français...ouf....
C'est en parcourant un des passages couverts que j'affectionne tant que j'ai remarqué une plaque apposée sur le mur d'un commerce "à l'ancienne", indiquant par ce signe distinctif la présence d'un Monument Historique. Comme une estampille, elle prouve, ici pour l'honorable "Imprimerie Stern", comme ailleurs pour d'autres édifices, l'intérêt des pouvoirs publics et la "reconnaissance de la nation" pour son patrimoine. Je connaissais déjà bien sûr ce logo, sa signification et sa portée pour avoir depuis de nombreuses années parcouru, que ce soit plus jeune en famille quelques sites aux édifices dits "remarquables" et donc remarqués par l'administration culturelle, ou bien à travers des recherches ou ne serait ce, comme aujourd'hui encore, au hasard d'une promenade. Mais c'est cette petite plaque que je n'avais jamais vu auparavant dans cet espace si fréquenté et atypique, qui a suscité mon désir d'en savoir un peu plus justement sur le fonctionnement, les caractéristiques et l'histoire de cette protection culturelle française....et pourquoi pas aussi son devenir.
Soumise aux dispositions du Code du patrimoine, et plus particulièrement par l'article L.621-1, cette notion concerne les bâtiments présentant du point de vue de l’histoire ou de l'art, un intérêt public et nécessitant ainsi des dispositions de conservations particulière.
Cette mesure de protection présente deux niveaux différents : Le "classement" comme Monument Historique, qui est le niveau le plus élevé et "l’inscription" simple au titre des monuments historiques (autrefois appelé "inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques"). Ainsi on distingue les biens "classés" des biens "inscrits". Le classement et l'inscription concernent l'extérieur, l(intérieur mais aussi les abords d'un édifice. La loi impose en effet un droit de regard sur toute intervention envisagée à l'intérieur d'un périmètre de protection de 500 mètres de rayon autour des monuments classés, ce qui est, en soi, une double protection.
Le classement peut s'appliquer à des monuments, mais aussi à des jardins, et à des objets mobiliers présentant un intérêt historique (cloche, calice, ferrure, de porte....). Il est à préciser que jusqu'en 1979, les archives pouvaient faire l'objet d'un classement au titre des Monuments Historiques, la loi promulguée en 1979 a toutefois permis de les distinguer des autres biens en les distinguant par un régime spécifique de protection et de conservation, s'insipirant toutefois beaucoup de celui des monuments historiques.
Au 31 décembre 2008 on dénombrait plus 43 180 monuments répartis de la façon suivante : 14 367 "classés" et 28 813 "inscrits" au titres des Monuments Historiques (327 supplémentaires par rapport à 2007). Les crédits sont attribués par le Ministère de la Culture, déconcentrés par les Directions Régionales des Affaires Culturelles (DRAC), ou gérés par l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture.
La démarche de classement peut être proposée par n'importe quels acteurs publics, ou particulier, auprès de la conservation régionale des monuments historique rattachée à la DRAC. Le dossier doit comporter une partie documentaire donnant des renseignements déaillés de l'édifice (histoire, situation urbanistique, juridique etc) et des documents photographiques et cartographique. Il comprend également les avis de l'architecte en chef des Monuments Historiques, de l'Architecte des Batiments de France (ABF) et du Conservateur Régional des Monuments Historique .... Bref, une véritable enquête est réalisée sur nos vielles pierres avant de les considérer au rang auquel elles prétendent...les pièces (à conviction je ne sais pas, mais qui doivent être en tout cas convaincantes) font ensuite l'objet d'un acheminement administratif particulier: S'agissant d'une inscription, c'est le P, après avis auprès des commissions culturelles concernées qui peut, ou non, prendre l'arrêté désinscription. S'il s'agit d'un classement, le dossier est directement soumis au Ministère de la Culture. La publication de la liste des Monuments Historiques protégés a lieu dans le premier Journal Officiel de l'année.
Un arrêté d’inscription peut être pris pour un immeuble, sans l'accord du propriétaire du monument, au contraire d'un classement. En cas de refus du propriétaire du bien immobilier ou mobilier qu'il est proposé de classer; le classement peut être opéré d'office par décret en Conseil d'Etat. Par contre l’inscription d'un objet mobilier ne peut être faite dans le consentement du propriétaire. Enfin, en cas d'urgence, une procédure d'instance de classement peut être mise en place par le Conseil d'Etat. L'administration dispose alors d'un an à la date de la notification du propriétaire pour procéder aux mesures de protection.
Les conséquences d'un classement ou d'une inscription au Monument Historiques sont multiples. Pour toute transformation sur le bâtiment ou l'objet classé ou inscrit, les propriétaires doivent effectuer une demande d'autorisation auprès de l'autorité compétente (préfecture ou ministère). Le bien protégé ne peut être cédé sans que l’administration n'en ait été informé auparavant. Le nouveau propriétaire doit également être informé avant la vente du classement ou de l'inscription. Aucune construction neuve ne peut être effectuée en adossement de l'édifice protégé sans accord du ministre.
L’entretien est en contrepartie partiellement financé par l'Etat. Ainsi, au titre de la conservation de l'édifice, les propriétaires peuvent bénéficier d'une participation financière de l’Etat limitée toutefois à 40 % du montant total. Des mesures de défiscalisation sont également possibles. Les travaux sont toujours exécutés sous le contrôle de l’administration. Toutefois, depuis 2009 les services des Monuments Historiques se désengage de la maîtrise de l’ouvrage en supprimant notamment le recours à l'administration. Ainsi alors que les travaux devaient obligatoirement être réalisés sous le contrôle de l'ACMH, tous les architectes du patrimoine (ayant homologation de la DRAC) peuvent désormais prétendre aux travaux d'entretien et de restauration d'un monument classé. Pour les monuments inscrits, le recours à un architecte du patrimoine n'est pas nécessaire même s'il est fortement recommandé par l’administration.
A chaque fois plus qu'une reconnaissance pour ces figures des époques passée, témoigages de création architecturale et artistique, d'ingéniosité et de développement des différentes époques passées, c'est également un moyen de protéger notre patrimoine d'une initiative qui pourrait s'avérer malheureusement inopportune, inutile, voire injurieuse pour les époques passées. Les pouvoirs publics sont aujourd'hui toujours, et peut-être plus encore, soucieux de la préservation et de la protection de son patrimoine. Au fil du temps la politique se développe, se complète, et s'affine, pour ne pas perdre le fil de l'Histoire, le fil de notre Histoire....Il est heureux que notre société ait depuis la fin de l'Ancien Régime pris conscience des trésors présents sur son sol, et entrepris les mesures et les dispositions nécessaires pour les préserver dans le but de mieux pouvoir les transmettre aux générations futures.
Le 12ème arrondissement et plus précisément la rue du faubourg Saint Antoine ont toujours été orientés vers les métiers d'art...si déjà au au moyen âge on y trouvait des ateliers de menuiserie, d’ébénisterie de tapissiers ou autres tanneurs....et bien quelques siècles plus tard...cette tradition parisienne a finalement peu changé...je voudrais évoquer dans ce billet une initiative publique insufflée et structurée par la Mairie de Paris , résolument tournée vers la promotion des métiers d'art...Non je ne parlerais pas aujourd'hui du "Viaduc des Arts", même si le sujet sera peut être traité un peu plus tard, mais plutôt des "Ateliers de Paris", qui n'en est pas très éloigné (au sens propre comme au sens figuré...).
Situé rue du Faubourg St Antoine, à deux pas de la Place de la Bastille, les "Ateliers de Paris" représentent un véritable vivier de création, de savoir faire et de communication....une entreprise (même si le terme n'est pas forcément le plus approprié)...pour la création et la promotion de l'univers de la mode, du design et de l'artisanat d'art.... Ainsi, avec le soutien et sous la tutelle de la municipalité c'est plusieurs centaines d'artisans et de créateurs qui peuvent ainsi faire fructifier leurs dons, produire, diffuser et transmettre leur production artistique. Tous les secteurs des métiers d'art, comme l'ébénisterie, la verrerie, le costume, la céramique, le mobilier, la peinture...y sont traités et présentés.
Une bonne et intelligente alchimie entre économie, emploi, création artistique et entreprise, des éléments qu'il n'est pas toujours facile de concilier dès que l'on parle d'art et de créativité...La direction du développement économique, de l'emploi, de l’enseignement supérieur de la ville de Paris s'en est chargé pour l'intérêt des artistes, des entreprises, du public et des pouvoirs publics...
Les "Ateliers de Paris" proposent des initiatives diverses durant l'année, comme "la boutique éphémère" avant les fêtes de fin d'année, mais aussi des appels à candidatures, des appels à projets et différentes expositions. Mais ce n'est pas tout, à la même adresse sont centralisés une petite galerie permettant un esapce d'exposition aux différents créateurs, un pôle axé sur la formation des futurs créateurs et designers et sur tout type de conseil pour le développement de leur activité.
On peut sans doute rapprocher cette façon de travailler à celle d'une coopérative, mais moi je préfère surtout la comparaison avec une pépinière ...des jeunes pousses toutes différentes les unes des autres, à promouvoir, aider, à faire grandir et prospérer. Une sorte de tremplin vers la diffusion, l'expostion, la mise en lumière de jeunes talents, le trait d'union entre artisans d'art et entreprises, créateurs et clientèle.
Si dans mon précédent billet j'exposais les idéaux et les propositions du Comité pour la reconstruction du Palais des Tuileries, dans cette seconde partie, j'évoquerai la position de ceux qui estiment que ce projet ne doit pas être réalisé.
Aux premiers arguments qui démontraient l'utilité et l'opportunité de tels travaux, voici donc les réponses formulées aux propositions ambitieuses des "nouveaux bâtisseurs" :
Tout d'abord, sur le plan urbain, un nouveau bâtiment de cette ampleur nuirait à la "respiration de la ville"...et les travaux eux même auraient un impact important dans un endroit clé et où la circulation et le trafic sont déjà denses pour le coeur de la capitale.
Ensuite, sur le plan architectural, entreprendre un chantier de cette envergure est très délicat....qui peut assurer et promettre une reconstruction à l'identique ? Le bâtiment sorti de nulle part ne pourrait être que de l'à peu près, du pastiche et dans le pire des cas, une vulgaire copie (comme ce que l'on voit en Chine où les milliardaires s'offrent des Versailles ou des Chambord...), qui trancherait avec l’authentique qu'il jouxterait directement. Dans la même idée, il faut bien noter que la reconstruction de cette partie du Palais nécessiterait une destruction partielle des pavillons de Flore et de Marsan....ce qui n'aurait pas de sens, et bien risqué...
Et puis, on reproche aussi une certaine attitude passéiste à ces nostalgiques du Palais des Tuileries (et de l'Ancien Régime ?)...Courir après une chimère âgée aujourd'hui de 140 ans (tout de même), est ce vraiment utile ? Une reconstruction aurait été possible et censée peu après l'incendie, sur les bases des ruines qui perduraient alors.....mais près d'un siècle et demi plus tard cette course vers le passé n'est pas très cohérente, dans un monde qui va toujours un peu plus vers l'avant...
Avant de continuer de présenter ces contre arguments....je réponds à une question qui rentre en ligne de compte....mais quid du coût et du financement ?
Et bien retrouver le lustre de l'ancien a un coût.....que le Comité et les experts impliqués évaluent entre 300 et 500 millions d'euros (peuchère....). Si le Comité avance avec force et fracas, que rien ne coûterait à l'Etat, et donc au contribuable, et que le projet serait assumé par des souscription nationales et internationales mettant ainsi en avant la capacité d'effectuer une formidable opération de mécénat (tiens, cela me rappelle l'histoire d'un certain petit tableau de Cranach...), il n'en reste pas moins une entreprise très coûteuse qu'il conviendrait d'amortir à coup sûr....
Mais au fait, qu'en pense les futurs souscripteurs (particuliers ou non) et plus encore, le propriétaire du terrain et des bâtiments déjà existants, c'est à dire l'Etat ?? S'agissant du public, en tout bon panel français qu'il représente, et bien il est divisié, tous comme les experts, les autorités...l'Etat lui ne fait qu'un geste devant une idée aussi fixe depuis tant de décennies....il hausse les épaules....que voulez vous il a d'autres chats à fouetter....pour sûr...
Et si le Comité a des soutiens politiques, cela ne semble pas convaincre pour autant les hautes sphères de l'Etat, très sceptiques sur l'opportunité du dossier. Le Ministère de la Culture ne souhaite sans doute pas voir un chantier de cette ampleur que rien ne justifie, d'une part, et extrêmement coûteux d'autre part se mettre en place.....Un ministère d'ailleurs qui aurait besoin pour d'autres chantiers, eux bien existants et parfois très nécessiteux, quelques 10 milliards d'euros.... Oui, heureusement, les pouvoirs publics sont réalistes... ce genre de projet n'est pas autre chose qu'une lubie pour nostalgiques aux accents mielleux et aux us poussiéreux....Il y a en France tant de joyaux à préserver, des initiatives particulières ou communes à promouvoir, des chantiers à redresser, des lieux chargés d'histoire ou insolites à faire revivre ou à faire redécouvrir....alors pourquoi s'accrocher à quelque chose qui n’existe plus depuis si longtemps.....et comme l'avancent certains détracteurs du projet avec humour et ironie : "pourquoi ne pas reconstruire la Bastille ou les arènes de Lutèce ?" Non il vaut mieux certainement s'attacher à préserver du mieux possible ce qui existe déjà....
Alors, chimère, utopie de passéistes, rêve des monarchistes, visionnaire, projet fédérateur, entreprise nationale voire internationale ? qu'en penser ... personnellement, je me rangerais du côtés des sages, ceux de la Commission des Affaires Culturelles du Sénat par exemple qui viennent de rendre un avis sur les orientations du Ministère de la Culture et de la Communication pour l'année à venir...Document qui fait état des biens de la patrie à sauver, et des chantiers pour lesquels l'Etat s'investit financièrement (comme des cathédrales en province, telles que celles d'Arras, Tours ou Beauvais, ou encore des aménagements pour les archives nationales ou de grand établissements publics comme le Louvre ou Versailles...)...mais aussi de la politique des musées ou encore de la transmission des savoirs...
Et puis j’ajouterai un dernier point qui me semble également important, je pense qu'il faut aussi respecter l’Histoire de France pour ce qu'elle est, faite par les évènements tel que cet incendie de 1871. Pourquoi essayer de corriger les bavures les égratignures de l'Histoire. Notre Histoire est faite de ces évènements, quels qu'ils soient, respectons les...cet incendie et les décisions qui ont été prises par la suite, ont eu lieu, prenons en acte et laissons l’Histoire de France, l'Histoire de Paris, et l’Histoire des Tuileries, telle qu'elle s'est écrite....Et regardons plutôt devant nous....
Alors comme tout ce qui suscite passion et fantasme, le fantôme des tuileries continue et sans doute continuera encore, de faire couler de l'encre, bavarder, débattre....mais pour l'instant, comme tout bon fantôme, il reste invisible laissant la pyramide de verre couler des jours paisibles dans son écrin ouvert, lui permettant ainsi de prendre de bons bains de soleil parisiens...dans la belle perspective des Champs Elysées...
Et bien il attise le feu....le feu de la passion et de la polémique entre passéistes et modernes, entre l'histoire, le passé et le futur....un incendie franco-français qui fait suite à un autre, celui de 1871 lors de l'insurrection de la Commune qui a ravagé en trois jours et trois nuits un des quatres côté du Palais des Tuileries, laissant la résidence historique des rois de France amputée d'un de ses membres. Car c'est bien de ces quelques centaines de mètres carrés de pierres et d'ardoises que je vais évoquer à travers cet article.
La polémique est née le jour où la question s'est posée de reconstruire ce pan de l’histoire et d’architecture, qui laisse aujourd'hui ce quartier et ce site du coeur de Paris un peu inachevé, voire bancal.... projet de reconstruction qui est devenu au fil des ans, que dis je des décennies, un véritable serpent de mer....puisque Jules Ferry l'avait déjà promis, en son temps en 1882, quand il décida de raser les ruines du vieux palais ...C'était probablement en effet à cette époque que le projet était encore réalisable....quand les cendres étaient encore chaudes, que Paris n'avait pas encore transformé la physionomie de ce site et que les différents corps d'ouvrages travaillaient encore sous le regard de leurs aînés du XVI et du XVII... De même le grand Général avait en son temps relancé le débat au milieu du XXème siècle .....sans pour autant faire entrer architectes et buldozers au pied du petit carrousel du Louvre... Ni les injonctions ni les prières de certains intervenants passés ou actuels, mus par des motivations diverses et variées.....n'ont fait bouger le moindre morceau de pierre...
Si aujourd'hui le chantier colossal (que dis je pharaonique) ne reste que dans les tiroirs, il continue d'alimenter les passions, et plus vivement encore depuis 2002 quand un comité se met en place pour la reconstruction de Palais des Tuileries (j'en reparlerai plus précisément en deuxième partie). Depuis la mise en place de ce lobbying (car c'en est un...) cette petite guerre aux accents politicio-parisiens et aux multiples enjeux (aussi bien économique, historique, politique culturels....) fait un peu rage....entre avis favorables et les farouchement contre....Mais au fait, quels sont les arguments revendiqués et défendus par les deux camps ?
Pour les âmes constructives et ambitieuses ce projet d'envergure permettrait une cohésion historique, dans un lieu où de nombreuses pages de l'histoire de France se sont écrites avant l'incendie de 1871. Au souci d'honorer la mémoire, s'ajoute aussi la réhabilitation architecturale de l'ensemble du Louvre qui retrouverait ainsi son quatrième membre.... et qui rendrait à tout cet espace du coeur de la capitale son caractère urbain initial qui répondait à l'exigence des proportions et des perspectives recherchées et désirée par ses différents commanditaires et concepteurs (voir l'historique du bâtiment un plus bas).....
Mais cet attachement aux lignes et aux belles proportions ne sont pas les seuls arguments avancés par les nostalgiques du feu Palais des Tuileries.... Sur le plan économique les nouveaux bâtisseurs avancent des retombées financières non négligeables : ainsi ces nouveaux espaces construits (ou plutôt retrouvés) permettraient des espaces de réception et de salon, de séminaire et de congrès nationaux ou internationaux, et surtout permettrait de nouvelles opportunités d'aménagements pour le Musée du Louvre qui voit se fréquentation augmenter d'année en année, dont les réserves sont pleines....
Et puis, il nous est assuré que ces travaux titanesques représenteraient une véritable manne pour des dizaines de corporations d’artisans et de multiples secteurs économiques gravitant autour d'un tel chantier et remettrait en lumière des métiers d'art oubliés du moins méconnus, ou en voie de disparition...
A écouter les porteurs du projet les arguments ne manquent pas....on se demande juste parfois s'ils réalisent bien que nous sommes passés au XXIème siècle...mais nous en reparlerons....
"Qui paye y va"...vous aurez sans doute compris qu'avec cette brève déclaration faisant office d'introduction j'évoquerai ici la célèbre courtisane parisienne du XIXème siècle, la marquise de Païva, véritable aventurière et intriguante dont la personnalité et le destin ont autant choqué qu'étonné, tant à son époque qu'aujourd'hui, quelques 126 ans après sa disparition....On ne peut rester indifférent à l'histoire de cette femme à la vie et au caractère hors du commun. C'est en évoquant son lit d'acajou dans mon billet de jeudi dernier (on entre ainsi presque dans le vif du sujet), que j'ai eu envie d'en savoir un peu plus sur cette femme à la vie extravagante....Je n'aurais peut être pas choisi d'en parler ce soir si je n'avais pas appris au cours de quelques recherches qu'elle avait résidé dans deux prestigieuses adresses, dont l'une dans un quartier que je connais bien et devant laquelle je suis déjà souvent passée sans jamais soupçonner qu'elle ait pu abrité une occupante aussi extraordinaire ...
Je vais donc évoquer ces deux résidences qui ont abrité des tranches de vie de cette aristocrate que beaucoup estimaient plutôt comme une "mondaine", voire une courtisane.....Esther Lachmann (puisque c'est là sa véritable identité) nait à Moscou en 1819 de parents juif polonais réfugiés en Russie. Les premières années de sa vie ne sont que misère et pauvreté, cloîtrée dans un ghetto. Son père la marie à 16 ans à un modeste tailleur français, Antoine Villoing, qu'elle quitte un an plus tard, le laissant avec un jeune enfant naît de cette courte union. Elle s'enfuit donc de Moscou pour gagner, après un long périple la capitale française, pleine d'ambition de réussite et d'assurance que lui donne sa beauté et sa sensualité naturelles. La jeune Esther devient alors Thérèse et rencontre le riche pianiste Henri Herz qui lui ouvre les portes du tout Paris lui faisant ainsi rencontrer les artistes de son temps. Commence alors l'ascension sociale d'une des femmes les plus en vue du Paris des années 1840, la plus mondaine et la plus élégante, désirant toujours plus d'attention, de richesses et d'amants, toujours utilisés à bon escient et dont elle disait : "si les alouettes ne tombent pas toutes rôties, les pigeons tous plumés tombent dans mon lit"....ce qui en dit long sur la capacité de la dame à utiliser tous les moyens pour satisfaire sa folie des grandeurs, ses goûts de luxe et un arrivisme poussé à l'extrême. ...Ainsi se succèdent un certain nombre de noms de l’aristocratie européenne et la belle finir par "épouser" le marquis de Païva, riche portugais dont le nom et le titre "sonnait bien" mais à qui elle dit en guise de rupture : "Vous m'avez voulue, vous m'avez eue. Je voulais un nom, je l'ai, nous sommes quittes." Séparation de corps et de bien avec la bénédiction de Rome.... et suicide du pauvre homme quelques années plus tard. C'est à cette époque qu'elle réside dans le bel immeuble de la place St Georges, au numéro 28 ...
Mais l'aventure ne s'arrête pas là, car la belle souhaite assouvir depuis longtemps un désir : habiter la plus belle avenue du monde...revanche d'une enfance pauvre et d'une jeunesse passée sur le trottoir....La légende voudrait que, poussée hors de la voiture d'un client pressé, elle est été légèrement blessée ......peut être..... meurtrie dans son amour propre, certainement ! Pour conjurer le sort elle se serait alors promis de faire construire sa demeure en face de l'endroit où elle était tombée... Pour atteindre cet objectif elle épouse le richissime Henckel von Donnersmarck, prussien cousin de Bismarck, plus jeune qu'elle mais terriblement amoureux, et comme d'autres avant lui, totalement envoûté par la marquise aux charmes et à la séduction plus que rodés et au goût pour le faste assez prononcé..... C'est ce nouvel époux qui va régler les quelques millions-or nécessaires à la construction de la nouvelle résidence de la courtisane....au numéro 25 de l'avenue des Champs Elysées....
Mais l'insatiable souhaite encore un peu plus, son mari lui offre donc le châeau de Pontchartrin (Yvelines) en guise de villégiature.....comme dans ses résidences parisiennes elle y reçoit ce que Paris compte de grands esprits : artistes, hommes de lettres et même hommes d'Etat avec Gambetta. Pourtant le climat politique lui fait ombrage et on la soupçonne d'espionnage. Contrainte de s'exiler en 1877, elle se retire dans son château de Silésie (Pologne) pour y mourrir le 21 janvier 1884. Figure parisienne incontournable, destin incroyable, l'histoire de cette petite polonaise partie de rien me laisse songeuse, et me fait penser aux extravagances de certaines personnalités actuelles prêtes à tout pour atteindre la lumière....comme quoi l'humanité reste ce qu'elle est...
Ce nouvel article est, en quelque sorte, la suite logique du précédent En effet, au cours de ma promenade de dimanche, ma rencontre avec le "potelet cyclope" (cité et mis en illustration hier) s'est faite devant la porte d'entrée (il était donc à sa digne place de potelet) des anciens magasins de la faïencerie BOULENGER. C'est donc sur ce bâtiment situé au 18, rue de Paradis (10ème) que je souhaite rédiger la chronique du jour.
Pour dire la vérité, je suis un peu tombée en arrêt devant cette façade qui sort complètement du lot de ce qui fait l'alignement des immeubles anonymes de cette rue et qui dénote complètement du quartier en lui même, concentré autour des fabriques de produits voués aux arts de la table (cristallerie de St Louis, Villeroy et Boch...etc....). Outre cette distinction "de façade" (au sens propre comme au sens figuré donc), ce qui m'a interpellée c'est de voir cet immeuble un peu hors du commun, manifestement à l'abandon, même si quelques signes semblent marquer une amorce de travaux de rénovation. Pour en savoir un peu plus sur le pourquoi et le comment du bâtiment en question et surtout sur son état d’abandon, j'ai "Googlisé", "Wikipédié" (non, pas "exépdié" car je prends tout de même le temps de rédiger au lieu de faire un bête "copier-coller" de bribes encyclopédiques...), en somme "e-recherché", le réflexe de tout internaute normalement constitué, et j'ai effectivement glané quelques informations pouvant être relayées pour faire ce billet à caractère historique.
Le 18, rue de Paradis était donc en réalité les locaux des magasins de ventes et le siège social de la faïencerie BOULENGER, dont les usines setrouvaient à CHOISY LE ROI (94). La dynastie des BOULENGER ayant été propriétaire de la faïencerie de 1863 jusqu'aux années 1980 environ.
Mais si l'on parle des locaux, il faut bien évoquer la production de la faïencerie BOULENGER en elle même. Celle-ci connait au XIXème siècle, son âge d'or, une production diverse et variée : des pièces de sanitaire aux services de tables, en passant par des pièces d'art plus rares et plus luxueuses à partir de 1867. En 1936 dans le contexte du Front Populaire, la manufacture de Choisy ferme ses portes et est transféré dans les usines de Creil et de Montereau où l'activité de revêtement évolue encore au cours du XXème siècle, pour subsister à l'heure actuelle pour ses activités de carrelages, de revêtements plastiques et de moquettes. La période glorieuse des années 1890 qui voit la faïencerie participer à l'essor de l'urbanisme parisien du XIXème siècle, et connaitre son heure de gloire lorsqu'elle obtient la commande des 2/3 des revêtements muraux des stations de métro, ainsi que des façades de certains immeubles parisiens.
Le bâtiment qui nous intéresse ce soir correspond à cet âge d'or de la maison BOULENGER, construit entre 1889 et 1892 et conçu par les architectes JACOTIN et BRUNNARIUS. Un temps Musée de l'affiche, puis, Musée de la publicité, il est inscrit au registre des Monuments Historiques en 1981. Du point de vue architectural, le style est dit "industriel", mais annonce déjà par certains éléments, l'Art nouveau. La façade elle même du magasin reflète directement le registre stylistique utilisé autrefois par la manufacture de Choisy le Roi et indirectement celle de Creil et Montereau. En effet, le mascaron, la vasque font partie des "classiques" artistiques des pièces de forme, parfois de taille monumentale.
Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos carreaux, car il s'agit bien de fresques de faïence qui se retrouvent aujourd’hui sans spectateurs (et encore moins de potentiels acheteurs), dans le froid et l’humidité de ce corps de bâtiment laissé à tout vent et au monopole des courants d'air. Ce qui frappe le promeneur c'est le contraste entre l’originalité et la beauté de ces différents éléments et l'état d’abandon dans lequel ils se trouvent. En effet, rien n'indique vraiment que l'immeuble soit en rénovation. Je me demande si ce "dossier" n'est pas en dessous d'une pile poussiéreuse à la mairie du 10ème....à moins que ce ne soit le Ministère de la Culture qui gère le destin de cet immeuble du fait de son statut "protégé". Quoi qu'il en soit, il me semble que les pouvoirs publics ne devraient pas laisser ce petit bijou de l'urbanisme parisien du XIXè siècle et témoin direct de la révolution industrielle, assister à la chute de ses carreaux ou l'affaissement de son escalier central, ou encore que le tout soit squatté, ce qui serait en définitive une drôle de façon de préserver un monument dit historique.....
Aujourd'hui, pour me laisser le temps de développer un prochain billet, je vous "raconte" des hsitoires de métro...non non, pas d'anecdotes ou de potins entendus au détour d'un couloir ou dans une rame animée par des adolescents énervés, mais la véritable histoire du Métropolitain à travers 4 commentaires donnés par le responsable design de la RATP et retransmis par le Figaro, dans le cadre des récentes journées du patrimoine. Une introduction à la page sur le sujet que je me mettrai évidemment bientôt à rédiger....